EcoRéseau EcoRéseau DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 Bimestriel - 4,90 € N°6 Comprendre, Entreprendre, Innover L’information économique & stratégique, autrement ecoreseau.fr PANORAMA Regard sur l’Actualité © DR “Le mental, le socle du succès” Tony Estanguet, triple champion olympique et membre du CIO p. 4 L’Entretien © DR “La prochaine loi sur la famille, une nécessité” Dominique Bertinotti, Ministre chargée de la Famille p. 6 Interview croisée p. 24 © Duval-Leroy “Terroir et réputation se défendent au quotidien” Baby pousse, Papy krach Les disparités démographiques entre France etAllemagne vont redistribuer les cartes en Europe. Walter Ronchetti, fondateur de Kronometry 1999 La Suède zlatane-t-elle la pollution ? p. 16 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE Décryptage CLUB ENTREPRENDRE L’Analyse Sauvons l’Artisanat ! Prospective, Le modèle de la « première entreprise de France » est-il tenable ? Oui, à plusieurs conditions. p. 26 RH & FORMATION Réseaux & Influences Rotary et Lions, halte aux fantasmes p. 60 ART DE VIVRE & PATRIMOINE L’Air du temps Belgique/Luxembourg : 5.50 € Suisse : 8 CHF Canada : 8 $ CAD Maroc : 60 MAD p. 18 International Carol Duval-Leroy, présidente de la Maison de Champagne éponyme “Nous ne vendons pas, nous donnons envie d’acheter” © DR A la Une Business du vintage p. 68 Produits d’hier, profits d’aujourd’hui. un oeil avisé sur la société d’après-demain. p. 48 EDITORIAL n°6 La fin d’année, pas une fin en soi… C ette année 2013 fut sans conteste acrobatique, tant et si bien que nous n’étions même pas sûrs de participer à la Coupe du Monde au pays du ballon rond ! Qu’importe, retenons avant tout les motifs de satisfaction car oui, il y en a. C’est à propos ce que le journal EcoRéseau s’accorde à accomplir, en prenant le parti d’exposer à la « Une » nos entrepreneurs et nos artisans, d’associer les uns et les autres à la création de valeurs, de décrypter les enjeux de demain ; le tout en suggérant conseils pratiques et choix d’orientation. En d’autres termes : rassembler, fédérer et se projeter. Pour cette dernière édition de l’année, nous avons d’abord souhaité aborder les sujets liés à la famille et sommes allés à la rencontre de Madame Bertinotti, notre Ministre en question. Nous avons ensuite pénétré l’univers des Ateliers du Grain d’Or, entreprise adaptée qui mérite à être connue et reconnue tant sa vocation sociale et humaine est déterminante. Aussi nous nous sommes attachés à disséquer la société du futur, avec entre autres l’analyse de notre démographie, impliquant une probable redistribution des cartes en Europe, un sujet sur l’Artisanat dont la bonne réputation est indéniable mais la préservation menacée, ou encore le décodage d’un nouveau monde émergent qui soulève la question de la cohabitation entre Internet et les énergies renouvelables. Enfin, nous avons rencontré trois personnalités hors du commun : Tony Estanguet, illustre champion et aujourd’hui membre du CIO pour qui le mental a été déterminant ; Carol Duval-Leroy et Walter Ronchetti respectivement présidente de la Maison éponyme et fondateur de Kronometry 1999 - qui nous ouvrent les portes d’un univers si souvent décrié en France quand nous autres aimons signifier que nous sommes LE pays du luxe. Un véritable paradoxe pour ces maisons qui font pourtant notre fierté. Dans la continuité de vos messages de soutien, et parce que les années se succèdent les unes aux autres plus qu’elles ne se terminent réellement, nous sommes heureux de vous annoncer en avant-première, chers lecteurs, que votre journal EcoRéseau deviendra votre rendez-vous mensuel dès janvier prochain ! En attendant, toute l’équipe se joint à moi pour vous souhaiter d’excellentes fêtes, et d’ores et déjà une belle année 2014. Jean-Baptiste Leprince Fondateur & directeur de la publication PANORAMA n°6 Enfin une troisième voie ! L e mariage pour tous a fait des émules au Centre. Jean-Louis, 62 ans, né à Paris, président de l’Union des démocrates indépendants (UDI) depuis 2012 a donc dit oui à François, d’un mois son cadet, originaire des Pyrénées-Atlantiques et président du Mouvement démocrate (MoDem) depuis 2007. En couple moderne, ils ont décidé de garder chacun leur nom : le ménage s’appellera donc UDI-MODEM L’alternative. Et les deux amants feront pour l’heure chambre à part. Pas de parti unique, mais deux forces politiques alliées. Sans doute pour ne pas froisser les vieux amis et compagnons de route. En couple moderne, toujours, et sans doute grisés par leur amour naissant, ils ont déclaré à la sortie de la mairie se considérer l’un et l’autre sur un pied d’égalité. La répartition des tâches ? Oh, ils verront ça le moment venu, il n’y a pas le feu. Sérieux et prévenants, ils ont tout de même établi un contrat de mariage fixant la barre au centre droit. C’est Jean-Louis qui était content ! Mais pas d’inquiétude pour François, les anciennes œillades vers sa gauche ont été immédiatement pardonnées par JeanLouis. Dans les deux familles, la nouvelle a été plutôt bien accueillie. Selon un sondage BVA, 66% des sympathisants du MoDem se sont déclarés satisfaits, contre 76% à l’UDI. Un vieux copain, François lui aussi, Premier ministre de 2007 à 2012, aurait même aimé être témoin. En tout cas, il a bien fait comprendre aux deux tourtereaux qu’ils pouvaient compter sur lui pour tenir la chandelle. Un ménage à trois qui ne manquerait pas d’allure, ont souri certains convives. Et quand le maire a prononcé la fameuse phrase « pour le meilleur et pour le pire », tout le monde a entendu la même chose. D’un côté, que ça serait vraiment formidable que François et Jean-Louis s’entendent jusqu’aux présidentielles pour contrer le Front National et offrir une véritable troisième voie aux électeurs déboussolés. De l’autre, qu’un divorce à l’approche de 2017 serait catastrophique. Enfin, sauf pour Marine, une très très lointaine cousine, et Nicolas, un cousin parti vivre à l’étranger, qui riaient en bout de table. Olivier Faure Rétrospective Dans chaque numéro, EcoRéseau vous propose de revenir sur un événement ou une institution qui fait l’actualité, en les mettant en regard de ce qu’ils étaient ou auraient pu être il y a un demi-siècle. Pas question de comparer l’incomparable, de fustiger ou de glorifier le passé. Simplement de montrer que non, ça n’était pas forcément mieux avant. P as de cravate, une barbe de six mois, un costume rouge ridicule et un véhicule de société tiré par des rennes. Pourtant, le Père Noël est aujourd’hui le plus efficace des VRP. En 2012, selon la traditionnelle étude du cabinet Deloitte sur le sujet, il a fait dépenser en moyenne 378 euros à chaque Français pour les cadeaux, et près de 200 euros en Sauternes et foie gras. En période de crise, chapeau l’artiste. Son secret ? Une expérience de plus d’un siècle en VPC, comprenez Vente Par la Cheminée. Car contrairement aux idées reçues, cela fait belle lurette que Noël est devenu une fête commerciale. « Dès la fin du XIXe siècle, des voix s’élèvent pour critiquer cette dérive, d’autres pour se plaindre de la traditionnelle corvée des cadeaux, affirme Martyne Perrot, sociologue et ethnologue, auteur en 2013 de Le cadeau de Noël, Histoire d’une invention (éd. Autrement). Pour autant, au début du XXe siècle, le côté très mercantile de la fête est réservé aux familles bourgeoises. C’est dans les années 1960 qu’il se généralise à l’ensemble de la population. » Les raisons de cette évolution ? Les Français sont sortis de la guerre, connaissent avec les Trente Glorieuses une période Noël Company Fête de famille, fête religieuse, fête commerciale ? Noël est aujourd’hui un mélange parfois indigeste de dinde aux marrons, de Jésus dans la crèche, de Père Noël dans la cheminée et d’ours en peluche sous le sapin. Rassurons-nous, elle l’a toujours été. Par Olivier Faure de prospérité économique et de plein emploi. De plus, la décennie 1960 voit fleurir sur le territoire les grandes surfaces, leurs rayons de jouets, leurs étals de produits de bouche, et leurs promesses de prix bas. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, et il serait cruel de ne pas offrir une jolie poupée à la petite et un nouveau camion de pompier de chacun sont réaffirmés. Madame se voit offrir de l’outillage ménager, du nécessaire à couture, du matériel pour l’entretien de la maison, voire quelques produits de beauté. Monsieur, lui, reçoit la panoplie du parfait fumeur : briquet, porte-cigarette, cendrier magnétique à fixer au tableau de bord de la voiture. Le fiston a droit au garage, au déguisement “En 1962, Noël est déjà une fête commerciale ” à l’aîné. Signe des temps, c’est en 1962 qu’est créé à Libourne le courrier du Père Noël, à l’initiative de Françoise Dolto. Car l’autre star des 25 décembre des années 60, c’est l’enfant. « On souhaite le gâter à tout prix, sans aucun sentiment de culpabilité, et sans faire entrer en ligne de compte la notion de sage-pas sage, sourit Martyne Perrot. Il n’y a plus de Père Fouettard. L’enfant est vraiment devenu le roi de la fête comme il l'est toujours aujourd'hui. » Et à travers lui, c’est en réalité une grande célébration de la famille qui se joue, à l’instar d’aujourd’hui. Une fête durant laquelle les liens se renforcent, et les rôles de Zorro ou de Robin des Bois, et la fille à la dînette ou au petit aspirateur à piles. « Tout cela était terriblement conformiste. L’homme était père de famille, la femme mère et ménagère. Le rituel de Noël était et est encore un véritable conservatoire des rôles sexués », note la sociologue. Quant aux grands-parents, ils offrent déjà plus qu’ils ne reçoivent, et donnent le coup de pouce au couple de jeunes parents en cas de besoin. Enfin, contrairement à aujourd’hui, la notion de cadeau responsable, éthique ou porteur de sens n’a pas droit de cité. Le citoyen des sixties est un consommateur pur sucre assumé. Et Dieu dans tout ça ? « La Rédaction N°6 Jean-Baptiste Leprince (jbl@lmedia.fr) Administration & gestion Courriel : marketing@lmedia.fr Dessinateur : Philippe Geluck Cahier Stratégie & Innovation numérique Chroniqueurs : Eric Barbry, Gwenaëlle Bernier, Arnaud Jules, Francis Kuhn, Jean-Louis Pascon, Isabelle Renard, Jean-Laurent Santoni Secrétaire de rédaction : Anne-Sophie Boulard EcoRéseau est édité par LE CHAT by Philippe Geluck DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr RCS Paris 540 072 139 Actionnaire principal : Jean-Baptiste Leprince Commission paritaire : CPPAP n° 0318 K 91730 - Dépôt légal : à parution Numéro ISSN : 2265-7436 Marketing, publicité & partenariats Directeur du développement – Associé : Damien Delachaux (damien.delachaux@lmedia.fr) Président comité éditorial : Jean-Marc Rietsch Jean-Eudes Sanson (jean-eudes.sanson@lmedia.fr) Si la ville a succombé aux clochettes du Père Noël, le monde rural est quant à lui encore préservé de la déferlante mercantile. Et pour cause, les grands magasins n’ont pas encore investi les campagnes, où la fête de Noël continue de revêtir un aspect plus authentique. Le 25 décembre au soir, le père offre au fils un jouet en bois qu’il a fabriqué de ses mains, la famille se rend à la messe de minuit, et on s’autorise un repas légèrement amélioré. Presque un soir comme un autre. Mais cela n’aura qu’un temps. Courriel : redaction@lmedia.fr Ont collaboré à ce numéro : Geoffroy Framery, Julie-Chloé Mougeolle, Mathieu Neu, Yann Petiteaux, Thomas Pitrel, Catherine Quignon, Ariane Warlin Fondateur & directeur de la publication pratique religieuse étant alors moins affaiblie qu’aujourd’hui, la dimension spirituelle était naturellement plus importante, reconnaît Martyne Perrot. Mais de nombreux articles de presse se faisaient déjà l’écho de voix dénonçant la disparition de l’aspect religieux de la fête au profit de sa dimension marchande. » Si l’on saute moins la messe de minuit, en revanche, on n’a que faire des marchés de Noël et autre folklore de saison. Bien sûr, le sapin – tradition en provenance d’Allemagne –, est devenu un achat obligé, et quelques grandes avenues se parent de guirlandes lumineuses. Mais l’heure n’est pas à la surenchère. Direction de la rédaction Marie Bernard, Matthieu Camozzi, Olivier Faure, Aymeric Marolleau Éditorialistes Sophie de Menthon, Arthur de Soultrait, Marc Drillech, Pascal Junghans, Michel Kahn www.ecoreseau.fr 201/203, rue de Vaugirard – 75015 Paris Tél. : +33 (0)1 43 06 23 16 Courriel : contact@lmedia.fr 2 Sommaire Edito Rétrospective : Noël Company Imprimeur : Léonce Deprez – imprimé en France Diffusion, abonnements & vente au numéro LMedia / EcoRéseau 201/203, rue de Vaugirard – 75015 Paris Tél. : +33 (0)1 43 06 23 16 - Courriel : abonnement@lmedia.fr Abonnement 1 an : 35,50 €TTC Abonnement 2 ans : 68,90 €TTC Vente kiosque : Pagure Presse Distribution : Presstalis Production & Editing Courriel : production@lmedia.fr Responsable : Frédéric Bergeron Crédits photos : Thinkstock, DR Toute reproduction, même partielle, des articles ou iconographies publiés dans EcoRéseau sans l’accord écrit de la société éditrice est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. La rédaction ne retourne pas les documents et n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes et photos qui lui ont été adressés pour appréciation. 2 3 PANORAMA 3-20 Regard sur l’Actualité : Tony Estanguet L’Entretien : Dominique Bertinotti Régions & Territoires : Strasbourg Hexagone : La guerre des indignations International : Suède A la Une : - Démographie, “ich liebe dich”, moi non plus CLUB ENTREPRENDRE 24 26 28 30 32 33 34 38 42 48 50 52 56 58 60-67 Réseaux & Influence : - Rotary club et Lions club Observatoire Carrières & Talents - La formation professionnelle en chantier ART DE VIVRE & PATRIMOINE 23 47-58 Décryptage : La nouvelle société Expertises Haute résolution : - Insécur-IT - Factures allégées Business story : Criteo au Nasdaq RH & FORMATION 18 23-45 Baromètre & Tendances Interview croisée : - Un monde à part L’Analyse : Artisans : Handle with care En immersion : Fenêtre sur Ateliers Electron libre : Someo Leçons de maux : Lejaby Prospective : Money, Money… e-Money Créer aujourd’hui : - Les séniors entrepreneurs Business guides : - Séminaires d’entreprises - Cadeaux d’affaires STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE 4 6 12 14 16 60 62 64 68-82 L’Air du temps : - Un rétro-business fructueux - Hôtellerie, la spécificité française L’Art du temps Patrimoine : Atouts et pièges de la Toile La Sélection culturelle 68 70 72 80 82 www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 3 PANORAMA n°6 PANORAMA n°6 Regard sur l’Actualité Regard sur l’Actualité « À un moment, il faut mettre de l’humain dans le process pour progresser » pays. Il est important que les Jeux soient très différents entre eux et ressemblent au pays d’accueil. Le CIO est simplement ferme sur le côté opérationnel des Jeux, qui nécessitait deux milliards d’euros à Londres. Mais il laisse la liberté d’investissement pour les installations et infrastructures autour. Les Russes ont décidé d’ajouter un aéroport, une gare, des routes, un centre de tri de déchets qui restera. Ils ont décidé de transformer la région. On ne peut certainement pas critiquer ceux qui veulent investir dans un territoire. Mais les Jeux en eux-mêmes doivent rester raisonnables. Parcours d’athlète d’anthologie, rare membre français du CIO, Tony Estanguet fait partie de ces personnages dont le vécu et les réflexions sur le mental servent à tout le monde, dans tous les secteurs. Illustration. Comment êtes-vous devenu athlète ? Le canoë monoplace est une histoire de famille. Mon père a participé à des compétitions internationales, ainsi que mes deux grands frères. Patrice a même été médaillé aux JO d’Atlanta en 1996. Dès mes cinq ans j’ai donc suivi le mouvement. Mon père, professeur de sport, nous a poussés vers l’activité physique : le ski, le parapente, le surf, le basket, le rugby… Mais arpenter les montagnes et découvrir des rivières n’avait pas d’équivalent. J’ai vite progressé et me suis retrouvé en équipe de France à 17 ans. Cette acti- vité prenait du temps, mais n’a en aucun cas représenté des sacrifices. Le fait de voyager, de découvrir des rivières et de rencontrer de nouvelles à l’Insep en 2001. Après les JO de Sydney j’ai suivi un Mastère spécialisé part-time « Sport, Management et Stratégies d’entreprise » à l’Essec, est aussi le plus passionnant, et c’est ce qui sera le mieux transféré dans l’autre vie, extrasportive. lue… Le défi est de s’adapter continuellement à ces nouvelles configurations pour se fixer les bons objectifs de moyens. Il importe souvent de repartir “Travailler sur le mental est le plus passionnant ; c’est ce qui sera le mieux transféré dans la vie extrasportive ” personnes a été un apprentissage inestimable. Avez-vous suivi des études en parallèle ? Après un Bac scientifique à Pau, je me suis dirigé vers des études en Staps. J’ai passé le concours de professeur de sport que j’ai obtenu après les JO d’Athènes. Il a toujours fallu concilier cycles d’études et cycles sportifs. Cette association m’était nécessaire, pour me nourrir de nouvelles compétences mais aussi parce que je suis moins performant lorsque je suis uniquement Comment avez-vous agi sur ce point tout au long de votre carrière ? J’ai eu un entraîneur fédéral, mais j’ai aussi travaillé avec des gens extérieurs. Les préparateurs mentaux m’ont alerté sur quelques couacs dans mon fonctionnement. En début de d’une feuille blanche. Les gens se rassurent en adoptant une approche technique des choses, mais l’expérience montre qu’il importe de mettre de l’humain dans les process pour véritablement augmenter les performances. Comprendre comment chacun peut être bon si- Biographie Héros du sport moderne, gendre idéal A 35 ans, le Palois Tony Estanguet, ex-athlète pratiquant le canoë monoplace, a un des plus beaux palmarès du sport français. Triple champion du monde de slalom (2006, 2009, 2010), mais surtout triple champion olympique, à Sydney en 2000, à Athènes en 2004 et à Londres en 2012. Il est le seul tricolore à avoir gagné trois médailles d’or dans trois Jeux différents, et a eu l’honneur d’être porte-drapeau de la délégation française à ceux de Pékin en 2008. Sont gravés dans les mémoires ses incessants duels avec le Slovaque Michal Martikán, les deux protagonistes ayant presque tout gagné entre 1996 et 2012. Humilité, simplicité, carrière haute en couleurs, auteur de scénarii à suspens… Tony avait tout pour plaire. Il a ajouté à sa panoplie du parfait athlète un engagement hors des rivières, dans la Fondation du sport par exemple, tournant des clips d’éducation nutritionnelle pour les enfants. Son engagement lors de la candidature olympique Paris 2012, 4 ou lors de la construction du stade d’eaux vives de sa ville de Pau ont marqué les esprits. En décembre 2010, il rejoint la « Dream Team » RMC Sport et est chroniqueur chaque samedi matin dans « les Grandes Gueules du sport » sur RMC. En décembre 2012, il intègre une nouvelle cellule fondée par la ministre des Sports Valérie Fourneyron, chargée des relations internationales du sport français, dirigée par Bernard Lapasset. Le but ? Promouvoir les candidatures françaises à l’organisation des grandes compétitions. Celui qui met fin à sa carrière sportive en novembre 2012 devient membre du CIO pour une période de huit ans sur décision du Tribunal arbitral du sport prononcée en mai 2013, suite à une longue procédure suspensive en appel, consécutive à son élection à la commission des athlètes du CIO lors des Jeux de Londres. Il devient le troisième membre français actif du CIO, en compagnie de Jean-Claude Killy et de Guy Drut. DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr © DR « Il est faux de penser que les membres du CIO gagnent chacun des centaines de milliers d’euros et sont déconnectés, sans culture du sport » concentré sur la préparation sportive. Il me faut avoir envie, être frustré pour me donner à 100% dans le canoë. Le mental est-il si important ? Il est même crucial dans le sport de haut niveau, qui est loin d’être seulement du physique et de la technique. Il est d’abord un parcours avec soimême, un apprentissage de ses émotions et de ses limites. Il m’arrive d’ailleurs d’être complètement perdu, parfois. Le mental était mon point faible au départ, d’où les irrégularités de mon début de carrière. Travailler sur ce point carrière j’étais trop centré sur le résultat, peu importait la manière. Or en me fixant des objectifs de moyens, j’ai appris à prendre de la distance avec le résultat, qui apparaît de plus en plus comme une conséquence du travail accompli. Les objectifs ont besoin d’être mis à jour constamment tout au long de la carrière. Les fixer trop haut équivaut à accroître la pression, à se surpasser et parfois à se blesser. Les fixer trop bas atténue la motivation. Durant tout le parcours du sportif, l’état d’esprit change. On devient père, on trouve un travail, on a des soucis, notre maturité évo- gnifie qu’à un moment donné il faut aller au-delà de la technique pour progresser. Les JO de Pékin ont été un véritable échec sportif (ndlr : éliminé à la surprise générale en demifinale, 9e au classement final). Mais ils m’ont fait grandir. Être le seul athlète français qui gagne trois médailles d’or à trois olympiades différentes change-t-il une vie ? Ces évènements se sont accompagnés d’un changement de statut, d’une augmentation de revenus, et d’une reconnaissance. Mais c’est surtout le chemin qui a permis d’arriver à ces victoires qui m’a fait grandir. Les premières étaient plus simples, j’étais jeune et ne me posais pas autant de questions. Je voulais seulement tout dévorer dans les compétitions. Plus j’ai avancé, plus les choses se sont compliquées. La porte de passage s’est réduite. Ma grande satisfaction a été de me régaler à Londres, j’ai réussi à mettre du plaisir en plus de la conception technique, rationnelle, méticuleuse. En fait de l’humain, ce qui est un aboutissement. Il était temps. La donne a-t-elle changé dans ce sport depuis le début de votre carrière ? Pas vraiment en termes de concurrence. Il existe toujours une suprématie européenne. La montée en puissance de l’Australie, ou le fait que la première médaille ait été obtenue à Londres par le continent africain sont des avancées, mais la discipline reste une petite dans la grande famille olympique, avec 100 pays représentés. L’état d’esprit reste familial. En revanche les technologies ont évolué. Le matériel, l’utilisation du froid dans la récupération et la préparation physique sont le fait d’innovations continues. J’ai changé ma manière de respirer, je me suis aidé du yoga. Les logiciels vidéo les plus récents permettent de visualiser, décortiquer, superposer les passages des concurrents, les gestes d’équilibre et les choix de trajectoires, alors que j’ai débuté avec les cassettes VHS. Avez-vous des mentors ? D’abord la famille. J’étais fasciné par mon père et mes frères. Patrice est d’ailleurs devenu mon entraîneur en 2004. D’autres m’ont tout simplement inspiré à distance, comme John Lugbill, un Américain d’une autre génération qui a tout dominé pendant 12 ans, et dont j’ai appris les manches par cœur. De même © VINCENT CURUTCHET / KMSP / DPPI « L’ exemple de l’impact des Jeux de Londres est intéressant à suivre dans la durée, car le pays et les structures sont comparables » l’Anglais Richard Fox a apporté une gestuelle technique à la discipline. Mais dans l’ensemble j’ai un côté solitaire, autonome, qui peut être un enfer pour mes entraîneurs. J’ai pratiqué l’apprentissage par essai/erreur jusqu’à mes 18 ans. C’est seulement à la fin de ma carrière que j’ai vraiment professionnalisé mon approche en me faisant accompagner par des experts de différents champs. A Londres ils étaient six. Quels sentiments avez-vous éprouvés en devenant portedrapeau de la délégation française ? De la fierté car il s’agissait avant tout d’une reconnaissance de mon sport et de mon parcours. J’ai été en quelque sorte « capitaine » de mon équipe. y déceler un syndrome national. Il existe certes en France une difficulté à assumer et valoriser la réussite, dans le sport ou ailleurs. Mais les athlètes sont tout à fait capables de gagner et ne souffrent pas d’un handicap dans la tête au départ. Nous avons en revanche une belle marge de progression dans la préparation, comme les autres pays. Comment avez-vous vécu votre élection mouvementée au CIO ? Plutôt bien malgré les rebondissements, parce que j’étais à Londres et venais de gagner mon titre olympique. J’étais donc détendu durant le process de candidature et le recours présenté devant le tribunal arbitral du sport. Les Français n’étant pas impliqués, nous intention d’optimiser mon mandat jusqu’en 2020. La commission des athlètes a du pain sur la planche en matière de lutte contre le dopage, de reconversion des sportifs, de programme olympique. Il importe de favoriser les retombées médias. Je suis allé à Rio afin de constater les avancées des préparatifs pour la compétition de canoë. Je suis allé à Sotchi aussi. Nous attendons les premières décisions du nouveau président, l’Allemand Thomas Bach, qui veut par exemple remettre à plat les processus de candidature aux JO. Il existe un vrai décalage entre l’image du CIO et la vérité. Les gens m’interrogent, imaginent que les membres gagnent chacun des centaines de milliers d’euros et sont déconnectés, sans culture du sport. C’est totale- Les Jeux en valent-ils vraiment la chandelle ? La France reste un grand pays de sport avec une influence, légitime pour prétendre à une candidature olympique. Le traumatisme de Paris 2012 reste dans les mémoires, mais il nous faut réessayer. L’impact salutaire du sport pour la société et le bien-être est indéniable. Le sport de haut niveau influence l’éducation sportive des gens. Les collectivités devraient encore plus investir dans ce domaine. Je ne sens pas encore cette passion, comme par exemple en Australie où le sport fait vraiment partie de la vie des gens, qui le pratiquent tôt le matin ou tard le soir. L’état d’esprit doit encore évoluer vers un véritable sport de masse, et les JO y contribueront. L’impact financier à moyen et long terme n’est pas non plus négligeable. L’exemple de Londres est intéressant à suivre, car le pays et les structures sont compa- “En me fixant des objectifs de moyens, j’ai appris à prendre de la distance avec le résultat, qui apparaît comme une conséquence du travail accompli Nous n’avons pas forcément beaucoup de contacts entre athlètes de disciplines différentes. Il subsiste toujours cette peur de griller du « jus », de l’énergie en profitant de la fête. Cela a donc été très fort. Que manque-t-il aux athlètes français ? Je ne crois pas au problème de mental français éternellement soulevé. Les journalistes qui stigmatisent les sportifs qui craquent en finale m’agacent, surtout quand ils croient avons eu peu d’informations, il ne s’est donc rien passé avant mars pour moi. J’ai attendu le verdict. Il ne s’agit pas d’un job à plein temps, mais plutôt d’une occupation avec quelques moments forts, et je rappelle qu’elle est bénévole. Que pensez-vous de la mauvaise image de cette institution ? Je suis fasciné par cette organisation, dont les membres sont prestigieux. J’ai la ferme ment faux, beaucoup sont d’anciens sportifs et n’auraient pas besoin d’y siéger. Ils ne semblent pas affectés par ce ressentiment à leur égard, ou du moins ne le perçoivent pas. 95% des revenus sont redistribués aux mouvements sportifs, le travail réalisé est impressionnant. Que vous inspirent les dépenses faramineuses de Sotchi ? Je ne suis pas favorable à ce que les JO deviennent inaccessibles pour la majorité des ” rables. Les Anglais vont-ils surfer sur la vague, comme ils l’annoncent ? C’est un exemple parlant de ce que les JO peuvent apporter en termes d’emploi, d’économie, de tourisme, de dynamisme, d’image, d’exportation. Propos reccueillis par Matthieu Camozzi www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 5 PANORAMA n°6 Regard sur l’Actualité « Il y aura de plus en plus un service public à la parentalité » Longtemps élue du Marais et soutien de Ségolène Royal, Dominique Bertinotti, la ministre déléguée à la Famille, est rompue au combat politique et au débat. Une fois le mariage pour tous entériné, elle se tourne vers la loi sur la famille, qui promet des changements dans le quotidien de beaucoup de monde. en plus le mécanisme sera progressif. L’évolution n’est donc pas excessive. Nous devons en passer par là car – je le rappelle – le déficit de la branche famille s’est creusé. En outre nous avons la volonté de mettre en place une politique plus redistributive, des services plus fournis aux familles comme les 275 000 places supplémentaires en 5 ans dans les structures d’accueil des jeunes enfants ou le doublement du budget de soutien à la parentalité. © Eric Feferberg « Aujourd’hui je ne dirais pas que les mariages homos se déroulent toujours sans heurts, mais la banalisation est en marche » Comment expliquez-vous que chacune de vos décisions, propositions et initiatives soient si vivement commentées ? Un récent sondage montre que si les Français croient encore en une chose, c’est bien en la famille. Les décisions prises dans ce domaine touchent souvent tout le monde, c’est un sujet universel, et chacun a son avis sur la question, sur l’enfance, l’adolescence, la séparation. La famille ne laisse jamais indifférent. Elle a pu être considérée comme un sujet annexe dans d’autres gou- Mais les principales accusations portées à l’encontre de la politique gouvernementale concernent le matraquage des classes moyennes (cf. « L’Entre- de l’avantage fiscal pour les parents de collégiens et lycéens, et l’abaissement du plafond du quotient familial pour la deuxième année consécutive ? “ mois percevait 350 euros par enfant, un couple gagnant entre 6 et 8 000 euros en recevait 450 par enfant. Ce n’était donc pas équitable, et on ne peut pas dire que ceux Les beaux-parents ont besoin d’un statut, car ils participent à l’éducation d’enfants qui ne sont pas d’eux et ont donc des droits et des devoirs de vrais mécanismes de redistribution, et non une stigmatisation des familles comme cela a été le cas durant l’ère Sarkozy. DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr ” tien » avec Laurent Wauquiez, EcoRéseau n° 4 août/septembre 2013). Ne serait-ce pas aussi le cas en matière de politique familiale, avec la suppression Une étude poussée a montré que la politique familiale après impôts rapportait plus aux familles aisées. Un couple de deux enfants totalisant 2 000 euros de revenus par qui s’en sortaient le mieux faisaient partie des classes modestes. Quant à l’abaissement du plafond du quotient familial, celui-ci touchera 12% des familles, et Î 6 vernements, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je veux prouver qu’on peut suivre une politique familiale de gauche, avec une véritable aide apportée aux parents et La grande loi sur la famille est annoncée pour 2014. Quel en est l’esprit ? J’ai pour habitude de dire qu’il existe non pas une famille, mais des familles, tant les modèles se sont diversifiés. Il faut donc adapter les dispositifs juridiques à ces évolutions, pour mieux coller à la réalité et aux nouvelles configurations des familles. Nous allons soumettre le texte début 2014 en conseil des ministres, et celui-ci sera présenté au parlement après les municipales. J’ai proposé à des experts et des professionnels spécialistes de constituer des groupes de réflexion en leur garantissant une totale liberté intellectuelle. Ils vont par exemple pouvoir réfléchir sur un statut du beau-parent qui élève les enfants de leur conjoint, et qui ont donc des droits et des devoirs. Ils vont aussi faire des propositions pour améliorer l’ accès de l’enfant à son histoire originelle. Aujourd’hui encore, alors que nous vivons dans une société où la transparence est un maître mot, ceux qui sont nés sous X passent par un véritable parcours du combattant pour connaître leurs origines, ceux qui sont nés d’une PMA (procréation médicalement assistée) n’y ont tout simplement pas droit. Il PANORAMA n°6 PANORAMA n°6 Regard sur l’Actualité faut donc harmoniser. Il leur faudra aussi réfléchir à la question de l’adoption et notamment l’adoption internationale, qui se raréfie , change de nature, concerne de plus en plus des enfants à critères spécifiques (malades, de familles nombreuses, d’un âge élevé,…). Il y aura également deux autres groupes de réflexion portant respectivement sur la médiation familiale et les droits des enfants. Pourquoi ce statut de prémajorité des 16-18 ans dont vous avez parlé ? Un autre grand volet de la loi est le droit des « enfants » jusqu’à l’âge de 18 ans. D’objets de droits ils doivent devenir sujets de droits, l’idée n’est pas forcément de leur permettre de voter aux élections locales – il faudrait pour cela changer la Constitution –, mais de cesser de « découper » les ados “prémajoritaires” en tranches. Aujourd’hui, la majorité sexuelle est à 15 ans. Mais un mineur de moins de 18 ans ne peut acheter ni alcool ni tabac. Ceux qui ont 16 ans peuvent travailler, mais ne peuvent avoir le permis. Or de nombreux emplois exigent de se déplacer en voiture. Celui qui a 17 ans peut s’engager dans l’armée, mais il ne participe pas obligatoirement à son orientation scolaire ou professionnelle. Il existe de vraies incohérences à corriger. La justice pénale Biographie Des convictions assumées Séparée et mère d’un fils trentenaire, cette socialiste de 59 ans, qui a arraché de haute lutte la mairie du 4e arrondissement de Paris en 2001 pour la conserver jusqu’en 2012, a touché de près les problématiques des foyers monoparentaux notamment. Se définissant comme la ministre « des » familles, elle est aussi maître de conférences d’histoire contemporaine à l’université Paris VII – Diderot depuis 1989. Née à Paris, elle a habité en Seine-Saint-Denis pendant 20 ans, avant de devenir agrégée d’histoire en 1977 et de débuter sa carrière comme professeur dans un collège de l’Oise, puis au collège Jean-Baptiste Clément à Dugny en Seine-Saint-Denis. Ses travaux de doctorat portent sur « la vision de la France chez François Mitterrand, de 1945 à 1981 (à travers ses œuvres et son action politiques) », ce qui l’amène à réaliser des entretiens auprès du président en 1989. De 1992 à 1995 elle devient une de ses chargés de missions, pour le suivi des archives présidentielles et la rédaction de notes historiques pour ses écrits personnels quant à la politique étrangère et la défense. Membre de la section du PS du 4e arrondissement de Paris depuis 1988, Dominique Bertinotti se présente pour la première fois aux élections législatives de 1993 dans la première circonscription de Paris où 8 elle obtient, dans un contexte défavorable à la gauche, un score de 45 % au second tour. Tête de liste socialiste (« Paris s’éveille » de Bertrand Delanoë ) dans le 4e lors des municipales de 1995, elle recueille 48 % des voix et devient Conseillère de Paris. De 1995 à 2001, elle joue un rôle d’opposition actif dans l’arrondissement. En 2001, la liste « Changeons d’ère » qu’elle conduit obtient 54 % des voix. En désaccord avec l’appel au « non » de Laurent Fabius quant au référendum sur la Constitution européenne, elle quitte son courant en septembre 2004. Elle est à l’initiative du groupe « Nouvelle Voix », créé au sein du parti socialiste en 2005 avec Gaëtan Gorce, Christophe Caresche et Jean-Louis Bianco. Elle travaille alors sur les sujets relatifs au modèle social français, à l’exclusion et à la précarité, à la politique de proximité, à l’enseignement supérieur et la recherche. Le groupe rejoint Ségolène Royal en août 2006 au moment de la campagne interne et elle devient un soutien indéfectible de la candidate durant la campagne présidentielle. Elle gagne à nouveau les élections municipales de mars 2008 avec 61% des voix. En 2011 elle est directrice de campagne de Ségolène Royal lors des primaires socialistes, puis en 2012 est nommée ministre déléguée à la Famille. DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr s’est déjà adaptée, dans des cas exceptionnels celui qui n’est pas encore majeur peut être condamné à perpétuité. L’harmonisation est de rigueur. L’amendement du Sénat quant à une résidence alternée par défaut ne contrecarre-t-il pas ce que vous projetiez en la matière ? Les pères, notamment à travers le mouvement des « pères perchés », ont exigé l’égalité comme principe de base dans la garde alternée. Mais l’amendement du sénat est une aberration. Qu’on partage l’autorité parentale est normal mais chaque histoire de séparation est singulière. Ce qui peut poser problème, c’est qu’un juge aux affaires familiales, de bonne volonté et souvent débordé, décide en l’espace de dix-huit minutes que la garde va à la mère ou au père. Il faut au passage que certains cessent de colporter l’idée que les femmes-juges favoriseront les femmes. C’est indécent. Je pense que systématiser ce mode de garde est une fausse bonne idée car il ne résoudra pas les conflits s’il en existe. Par ailleurs cela ne peut fonctionner que dans un cadre précis, quand les ex-conjoints vivent à proximité et ont le même niveau de revenus. Mon avis est qu’il faut sortir de la culture du conflit pour aller vers celle de l’apaisement ; je plaide donc pour le développement de la médiation. Je souhaite la rendre obligatoire, en amont d’une audience devant le juge aux affaires familiales. Aujourd’hui, en France, seules 4 % des divorces passent par la médiation.Par ailleurs, il n’y a que 600 médiateurs familiaux. et leur formation, notamment juridique, doit être renforcée. Le recours plus sytématique à la médiation désengorgerait la justice, puisque des contentieux seraient ainsi évités. Au Québec, où la culture de la médiation est forte, seules 10% des décisions concernant la garde des enfants posent problème. Et en Belgique, où la garde alternée est le principe par défaut, on s’aperçoit que le taux effectif de résidence alternée n’est pas supérieur à celui de la France. Où en est-on de la PMA (procréation médicalement assistée) qui risque de faire débat ? Nous attendons l’avis du comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui rendra son avis aux alentours de mars-avril 2014, et qui va Regard sur l’Actualité Un commentaire sur l’affaire des mini-miss ? Il est gênant que de très jeunes enfants soient prédéterminés dans un certain rôle, de manière caricaturale. L’amendement a été proposé géométrie variable selon les cas. Je sens chez la part des gens la volonté de pouvoir choisir comment vivre et constituer sa famille. Mais dans le même temps je sens un grand désir de protection, La vérité est que de nombreuses femmes arrêtent de travailler parce que le mode de garde est trop onéreux. Le « rappel à l’ordre » de Jean-Marc Ayrault à l’in- enrichissante car de portée nationale. Je ne me sens pas éloignée de la base car mon sujet concerne le quotidien propos ne sont pas acceptables, mais dans l’ensemble c’est un formidable media qui me permet aussi de don- Vous affectionnez la littérature. Quels sont les récents ouvrages qui vous ont marqués ? sion. L’écrivain français Grégoire Delacour, qui s’est illustré avec son ouvrage « la liste de mes envies », ne me “Systématiser la garde alternée des enfants après le divorce est une fausse bonne idée car elle ne résoudra pas les conflits s’il en existe ” des gens. Les capacités de conviction et la détermination doivent être au rendez-vous. Mieux valait en avoir lors de la loi sur le mariage pour tous. Mais surtout il importe d’assurer le « service aprèsvente » et de surveiller l’application d’une loi si on veut qu’elle ait vraiment un impact, par exemple les décrets qu’ils faut souvent prendre. Les 275 000 solutions de garde pour la petite enfance annoncées pour 2017 nécessitent un suivi constant. Nous avons aussi été attentifs à ce qui a suivi la loi du mariage pour tous. Aujourd’hui je ne dirais pas que les mariages homos se déroulent toujours sans heurts, mais la banalisation est en marche. "La famille sera toujours un cercle auquel on restera attaché, mais ce cercle sera à géométrie variable selon les nouveaux repères" organiser des états généraux de bioéthique. D’aucuns ne voient que la question de la PMA pour les couples de lesbiennes, mais ils occultent par Chantal Jouanno et il ne me choque aucunement même si le principe de l’interdiction pure et simple est compliqué en droit. Il est et c’est là que nous avons un rôle à jouer en instituant de nouveaux repères. Le droit peut aider, en reconnaissant par exemple le beau parent “Le statut de prémajorité des 16-18 ans ne leur permettra pas forcément de voter aux élections locales – il faudrait pour cela changer la Constitution ” le fait que 1500 enfants naissent chaque année de PMA au sein de couples hétérosexuels : comment fonctionnent les Cecos (ndlr : centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme), les procédures et demandes d’accession à la PMA, le mécanisme d’assistance à la procréation…. Autant de problématiques à éclaircir déjà possible de devenir mannequin à 16 ans, c’est amplement suffisant. EcoRéseau affectionne la prospective. Quelles évolutions pressentez-vous pour la famille française dans le futur ? La famille sera toujours un cercle auquel on restera attaché, mais ce cercle sera à qui se trouve sécurisé, ainsi que l’enfant. Il y aura de plus en plus un service public à la parentalité. Les parents veulent être aidés, accompagnés, tous milieux sociaux confondus. Et je vais même aller plus loin. Dans 5-10 ans, l’accueil des 0-3 ans relèvera du service public. Nous évoluerons vers un droit à l’accueil des jeunes enfants. tention du gouvernement pour plus de solidarité entre les ministres sonne-t-il comme une rupture ? Je dirais plutôt un rappel de principes comme la collégialité, la responsabilité et la solidarité. Nous sommes là pour travailler ensemble, et ne pas laisser parasiter la bonne marche gouvernementale par des débats mis sur la place publique. Vous avez récemment dit que la présence au gouvernement de Ségolène Royal serait une bonne nouvelle ? La gauche a besoin de tous ses talents, et Ségolène Royal en est un. Sa capacité de compréhension et de proximité avec les classes modestes est un véritable atout, et permettrait de les détourner du FN,. Le « job » de ministre estil à la hauteur de vos attentes dans sa capacité à faire bouger les choses ? Assurément. La fonction est ner mon avis sur des questions d’actualités, auxquelles je répondrais en 2 minutes à la télévision ou à la radio. Je mêle le sérieux et le plus léger lorsque je lis, car je considère que cette occupation relève avant tout de l’éva- laisse pas indifférente. Son dernier livre, « la première chose qu’on regarde », m’a touchée par certains passages d’apparence légers mais d’une grande profondeur lorsqu’on s’y arrête. Ce garagiste qui trouve Scarlett Johansson derrière sa porte va se demander s’il s’agit bien d’elle. Toutes sortes de questions sur l’identité sont soulevées. Ce qui me ramène d’une manière ou d’une autre à mon travail et aux diverses identités. Propos reccueillis par Matthieu Camozzi Quel style de management de votre équipe avez-vous mis en place ? Ici plus qu’ailleurs un travail d’équipe doit être facilité. Ce qui signifie que tout le monde doit disposer du même degré d’information, quel que soit le secteur qu’il a en charge. L’intelligence collective, primordiale en politique, ne peut s’activer si la communication n’est pas totale. Même si les nouvelles technologies permettent de toujours rester en contact, je tiens aux réunions physiques toutes les semaines. Le degré de responsabilisation de chaque membre doit être maximum. Mais bien sûr au final je reste le leader, qui trace, aiguille, puis tranche. A quoi vous sert l’utilisation de twitter ? L’usage de cet outil reste très professionnel, je ne mêlerais certainement pas ma vie privée à ce media. Le fait de synthétiser en 140 caractères mes actions et communications me convient parfaitement. Ce résumé vient en appui, en complément de mon travail quotidien, à destination de ceux qui me suivent. Il arrive que je sois insultée sur Twitter, certains www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 9 PANORAMA n°6 PANORAMA n°6 Régions & Territoires La ville attire de nombreux touristes, qui viennent pour découvrir ses traditions, sa gastronomie, son marché de Noël, mais aussi ses monuments. Une véritable industrie du tourisme s’est développée ces dernières années. Par Ariane Warlin Depuis 1570, au moment de Noël, la ville se pare de lumière pour accueillir les traditionnels marchés. Couleurs, odeurs, saveurs… les fêtes de fin d’année sont l’occasion de découvrir l’artisanat et les spécialités gourmandes. Le marché de Noël attire des touristes venus des quatre coins d’Europe. Un site internet est d’ailleurs dédié à cet événement, qui aura lieu cette année du 29 novembre au 31 décembre 2013. La Croatie sera à l’honneur. Il s’agit de faire découvrir la richesse des traditions culturelles, culinaires et artisanales de ce nouveau membre de l’Union européenne. « J’ai crée l’opération Strasbourg, Capitale de Noël en 1991. Depuis, le succès ne s’est pas démenti. Elle est devenue une marque déposée », explique Jean-Jacques Gsell, adjoint au maire de Strasbourg et à la tête de l’office de tourisme de la ville. Une marque qu’il exporte volontiers, comme il l’a fait à Tokyo en 2009 et 2010 : « des artisans alsaciens se sont déplacés, avec un retour sur investissement très important. L’événement a été couvert par la NHK et depuis le nombre de touristes japonais en Alsace a augmenté de 58% ». L’opération est également dupliquée en Russie cette année, en respectant le calendrier orthodoxe : « nous partons avec des produits et des sapins alsaciens. 150 chalets sont actuellement fabriqués pour Moscou par des équipes qui travaillent jour et nuit pour finir leurs réalisations à temps. Avec les conséquences économiques très positives que cela induit ». Cette année, il a fait venir un sapin de 31 mètres, installé sur la place Kléber, lequel constituera l’un des principaux pôles d’attraction. « Strasbourg est la ville la plus illuminée d’Europe au moment des fêtes. En parallèle de ces décorations, nous déployons aussi de nombreuses actions de solidarité. Entre le 29 novembre et le 31 décembre, une quinzaine de chalets permettront de découvrir le visage de plusieurs associations », ajoute-t-il. Et de poursuivre : « la ville investit 2,5 millions d’euros dans l’opération Strasbourg, capitale de Noël. Le retour sur investissement est 500 fois plus important pour l’économie, grâce notamment à la création d’emplois temporaires. Avant la création de cet événement, le mois de décembre était le pire mois de l’année en termes de fréquentation. C’est désormais la période où le tourisme est le plus important, avec un flot de visiteurs estimé à 2,2 millions de personnes ». De plus en plus d’hôtels sont d’ailleurs en construction, sans parler des projets d’agrandissements du Palais des Congrès et de la refonte totale du parc des expositions. 12 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr TOURISME M ême indépendamment des fêtes, la ville attire régulièrement des flots de touristes. C’est la 4ème ville après Paris, Nice et Avignon dans le classement pour la part des nuitées hôtelières des résidents étrangers dans les villes françaises. Chaque évènement du calendrier donne lieu à des réjouissances. Pour la Saint Valentin, par exemple, l’opération « Strasbourg, mon amour » a été lancée l’an dernier. Face au succès, en 2014, elle passera de quatre à dix jours. « L’an dernier, certaines personnes ont été frustrées de ne pouvoir accéder à certains événements. D’où notre souhait d’allonger l’opération l’an prochain. Sans compter que c’est une bonne affaire pour les restaurateurs », raconte JeanJacques Gsell. Il a récemment lancé l’assaut contre les fermetures des commerces le dimanche. Le fait est que le tourisme est l’une des principales sources de développement économique. L’arrivée récente du TGV a encore accentué l’attractivité de cette ville. A partir de l’été 2016, le TGV Est circulera entièrement sur voie nouvelle entre Paris et Vendenheim. Strasbourg, paradis du tourisme Strasbourg PATRIMOINE B aptisée « la magnifique », Strasbourg porte bien son nom. Sa cathédrale ciselée, la richesse de son patrimoine, son centre-ville (la grande Île) classé patrimoine mondial de l’Unesco, son art de vivre et sa gastronomie font de cette ville un véritable bijou, prisé des touristes du monde entier. La Maison Kammerzell, la Petite France, le quartier sur l’eau ou encore l’Eglise Saint-Thomas sont des incontournables. Il flotte sur la ville un parfum de melting-pot. Outre les nombreuses nationalités représentées dans la population, les monuments eux mêmes sont le signe d’une grande ouverture. L’Eglise protestante Saint-Pierre-le-Jeune, la maison « égyptienne » et la synagogue de la Paix sont des lieux passionnants et chargés d’histoire. Façades médiévales à colombages, hôtels particuliers du 18ème siècle, multiples musées et espaces verts valent le déplacement. Sans parler de la richesse de la culture gastronomique, qui se traduit par l'une des plus importantes concentrations de restaurants étoilés au guide Michelin en France. Lonely Planet, éditeur de guide de voyage australien fait d’ailleurs figurer l'Alsace en première place du Top 10 des dix régions mondiales à visiter. Best in Travel a consacré plusieurs pages à Strasbourg, à la cuisine alsacienne, à son authenticité, son caractère et son vignoble. Le tourisme a encore de beaux jours devant lui… PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ L e dynamisme d’Alsace Biovalley n’y est pas étranger. Labellisé à dimension mondiale, ce pôle, dédié aux innovations thérapeutiques, concentre son activité sur le développement de nouveaux médicaments (du gène et de la chimie aux médicaments) et sur l’imagerie et la robotique tant médicale et chirurgicale. Quatre autres pôles représentent aussi de véritables leviers pour rendre l'économie plus compétitive, créer des emplois et rapprocher la recherche publique et les entreprises. Véhicule du Futur positionne son activité sur le véhicule urbain ou périurbain, mais aussi sur l'organisation des mobilités dans une perspective de développement durable. Le pôle Fibres d'éco-materiaux est axé sur les ressources d'origine fibreuse pour la production d'éco-matériaux. Alsace Énergivie a vocation à renforcer l'efficacité énergétique par la recherche de solutions innovantes à énergie positive dans le bâtiment. L’objectif, à terme, est de diviser par 4 la consommation des bâtiments d'ici 2025 dans la région. Enfin, Hydreos a développé des produits et services novateurs autour de la qualité de l'eau et des écosystèmes. L’Alsace est la 1ère région pour les emplois créés par les investissements étrangers. C’est aussi la 1ère région en termes d'investissements étrangers directs au cours des 25 dernières années et 4ème sur les 15 dernières années. On estime que 35% des entreprises alsaciennes ont des capitaux étrangers (contre 23% en France). Plus de 1 200 sociétés ont des capitaux étrangers (suisses, allemands et américains principalement). Un dynamisme économique qui contribue au rayonnement de ce territoire! LA RECHERCHE, MOTEUR DE CROISSANCE L ’université de Strasbourg jouit d’une grande renommée, du fait de la qualité de son enseignement. Elle a été primée 29 fois dans le cadre du Programme Investissement d’Avenir, ce qui représente plus de 930 millions d’euros pour la recherche. Du fait de ce niveau d'excellence, elle accueille plus de 43 000 étudiants dont 20% d'étrangers. Les chercheurs viennent, eux aussi, du monde entier, et participent à des publications scientifiques. La région est ainsi devenue le 3ème pôle de recherche publique et 4ème rang national pour le nombre de chercheurs par habitant. Elle se classe au 3ème rang national en termes de dépôts de brevets européen dans le secteur de la pharmacie et de la biotechnologie. Une capitale européenne L Le dynamisme de Strasbourg est encore accentué, du fait que la ville accueille de nombreuses organisations européennes. es villes qui accueillent des institutions internationales sont généralement des capitales d’Etat. Strasbourg fait exception à la règle. Y siègent le Parlement Européen, le Conseil de l'Europe, la Cour Européenne des Droits de l'Homme, le Médiateur Européen, la Pharmacopée (DEQM), l'Eurocorps, le Centre Européen de la Jeunesse ou encore le système d'information Schenghen. De ce fait, c’est la seconde ville diplomatique de France avec 75 ambassades et représentations diplomatiques, une centaine d'ONG à caractère international et une communauté internationale de plus de 22 000 personnes. Du fait de sa localisation sur l'axe rhénan, la ville bénéficie d'une position géographique stratégique. « Vu d’ici, on a un peu le sentiment que c’est Paris qui est en province tant l’ouverture sur monde et le dynamisme culturel font partie du quotidien », ironise Jean Weber, Président du Pôle Européen d'Administration Publique. Il explique que, compte tenu de l’environnement, la conscience européenne y est plus développée qu’ailleurs. Et d’ajouter : « c’est un lieu de rendez-vous où sont organisés plusieurs évènements, si bien que le tourisme d’affaires s’est beaucoup développé ». Strasbourg est au troisième rang français des villes de congrès et parmi les grandes villes de congrès internationales. L'Aéroport de Strasbourg Entzheim, situé à 10mn du centre ville, représente un atout majeur en la matière, de même que la proximité des aéroports de Francfort et de Zurich, et de l'Euroairport de Bâle-Mulhouse. Cette activité européenne a bien évidemment des répercussions positives sur l’économie. « La ville accueille des populations avec des revenus élevés. L’activité du marché immobilier y est donc importante avec des transactions de biens de valeur », conclut Jean Weber. AU CŒUR DU RÉSEAU FLUVIAL ET ROUTIER EUROPÉEN L e Port Autonome de Strasbourg est le deuxième port fluvial de France. Première plate-forme industrielle et multimodale, l'espace portuaire, d'une superficie de 1057ha, accueille 320 entreprises et 13 000 emplois. C’est un atout majeur de la métropole dans le développement du transport de marchandises par voie d'eau. Ce Port permet d'ouvrir Strasbourg et l'Alsace aux marchés internationaux et investit des moyens considérables pour développer le trafic par conteneurs, et faire de la ville une plate-forme d'échanges multimodaux. En effet, la ville est aussi au croisement des axes autoroutiers Paris-Munich et Hambourg-Milan. www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 13 PANORAMA n°6 Hexagone La guerre des indignations L’affaire Leonarda, du nom de cette jeune fille de 15 ans interpellée lors d’une sortie scolaire et expulsée avec sa famille au Kosovo, a suscité une vive polémique au sein de la majorité en octobre dernier. Entre ceux qui s’indignent des conditions de cette expulsion et ceux qui s’indignent du manque de solidarité du PS avec son ministre de l’Intérieur, la réconciliation s’annonce difficile, sinon impossible. Par Thomas Pitrel Esther Benbassa, sénatrice, Europe Ecologie-Les Verts L Le poids des mots e philosophe Alain Finkielkraut a parlé de « honte absolue » et « d’idiotie compassionnelle », tandis que l’historien Benoît Rayski clouait au pilori les « poncifs les plus éculés de l’indignation réputée antiraciste ». Il faut dire que les déclarations de la sénatrice écologiste Esther Benbassa, suite à l’affaire Leonarda, dans une tribune sur le site du Huffington Post, sont un condensé de tout ce que cette frange d’intellectuels déteste. « Moi qui pensais que la France n’avait pas perdu la mémoire de sa sombre histoire, j’étais loin d’imaginer qu’en 2013, en tant que parlementaire, élue du peuple, je serais témoin d’une rafle, attaquait-elle. Car oui, il faut bien le «U n ministre, ça ferme sa gueule. S’il veut l’ouvrir, il démissionne.» © Marck © DR 14 Delaunay dire, c’est une rafle. » A tête reposée, cette historienne spécialiste de l’Histoire du peuple juif persiste et signe : « Il n’y a pas de mot sacré. Bien sûr, au départ, il s’est appliqué à la déportation des Juifs, aux rafles de fin 41 et de 42. Mais cette jeune fille a bien été ramassée comme dans les rafles. On est monté dans le bus pour la prendre. Sur les écoles, il y a des plaques parlant des enfants qui ont été pris pendant le temps de la scolarisation. C’est pour cette raison que j’ai utilisé ce mot, qui m’a rappelé les cours que j’enseigne. » Si Esther Benbassa a tendance à être à fleur de peau lorsqu’elle évoque les thématiques de l’immigration, c’est peut-être en raison Philippe Esnol, s’il n’a jamais été ministre, tient à marquer son accord avec la célèbre déclaration de Jean-Pierre Chevènement. « Moi j’ai fermé ma gueule pendant longtemps, bien qu’essayant de l’ouvrir en interne, pose le sénateur-maire de Conflans-Sainte-Honorine (78). Quand je fais partie d’une délégation politique, je soutiens les gens qui ont les mains dans le cambouis. Maintenant que je n’en fais plus partie, je peux dire ce que je pense. Et je ne vais pas m’en priver. » C’est le moins que l’on puisse dire. Militant au Parti Socialiste depuis 1986, Philippe Esnol a claqué la porte de la formation majoritaire avec fracas, le 23 octobre dernier, pour rejoindre le Parti Radical de Gauche. Un tweet d’abord : « Mort aux cons. » Puis une lettre dans laquelle il dénonce « un parti d’apparatchiks ». La raison de la rupture violente avec son parti de (presque) 30 ans ? La DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr de son histoire personnelle. Née à Istanbul, elle a d’abord posé ses valises en Israël, puis en France, se retrouvant à l’arrivée pourvue d’un statut tri- par là, je défends les personnes qui sont confrontées à des problèmes de ce genre. » Très engagée sur ce front, Esther Benbassa garde tout de même un goût amer de l’affaire Leonarda, de sa médiatisation et de la polémique autour des mensonges du père de la jeune fille pour obtenir plus facilement l’asile. « On a attiré l’attention sur cette affaire alors qu’il y en a d’autres avec des histoires beaucoup moins pro- “Cette jeune fille a bien été « ramassée » comme dans les rafles ” national franco-israélo-turc. « Je ne fais pas de misérabilisme, je suis une immigrée qui s’en est sortie, juge-t-elle. Je suis prof à la Sorbonne, sénatrice, je n’ai pas le complexe de l’immigrée, au contraire. Mais parce que je suis passée blématiques, des parents qui travaillent, qui ne doivent rien à personne, se désole-t-elle un peu. C’est ça le problème. Cette histoire a un effet négatif sur tous les immigrés. » Une fois la jeune fille et sa famille éloignées des cameramen et des photographes, la sénatrice Europe Ecologie-Les Verts a rapidement trouvé d’autres motifs d’indignation. « Je suis une militante, une femme de conviction, je me bats pour les Noirs, pour les immigrés, pour les Arabes, pour les trans, pour les prostituées », égrènet-elle. Ce dernier combat l’a d’ailleurs mise sous les projecteurs une nouvelle fois, lorsqu’elle a qualifié, dans L’Express, le manifeste des 343 salauds (visant à lutter contre la pénalisation des clients de prostituées, ndlr) de « texte de beaufs ». « Vous savez, je suis contre la pénalisation des clients, je ne soutiens pas la loi du gouvernement qui va être débattue fin novembre, soupire-t-elle. Mais ce manifeste m’a choquée. « Touche pas à ma pute »…, on se place vraiment dans le contexte de beaufs qui parlent de nanas au bistro. » Utiliser © DR © Marck Delaunay des mots qui choquent, oui, mais avec modération. Philippe Esnol, sénateur-maire, Parti Radical de Gauche réaction de celui-ci à l’expulsion du territoire français de la jeune Leonarda. « Les dirigeants socialistes ont été les premiers à s’en prendre au gouvernement pour des raisons qui n’avaient pas grand-chose à voir avec le fond de l’affaire, mais simplement pour essayer de déstabiliser l’un La goutte d’eau n’y a eu absolument aucune faute de commise dans l’expulsion de cette famille, sur laquelle il y a beaucoup à dire. Le père était un voyou. Ce sont des gens qui ont trompé tout le monde, et on a pris beaucoup de temps, je “Impossible de prendre la défense de gens qui bafouent la loi ” de leurs collègues, qui est le ministre le plus populaire du gouvernement. Au bout du compte c’est tout le gouvernement qu’on met en difficulté, et le président de la République qui est ridiculisé. » S’il admet que le fait d’intervenir dans le cadre scolaire était une « maladresse », Philippe Esnol ne fera pas d’autre concession. « Il trouve, pour les expulser. Il est impossible de prendre la défense de gens qui bafouent la loi, qui renient les règlements, qui se foutent de la figure du président de la République en direct à la télévision.» De manière générale, Philippe Esnol considère qu’il est « impératif d’adopter une politique d’immigration suffi- samment ferme, dans la mesure où la situation économique et sociale héritée de l’ère Sarkozy ne permet pas d’accueillir, comme le disait mon prédécesseur (à la mairie de Conflans, ndlr) Michel Rocard, toute la misère du monde ». Désormais affilié aux Radicaux de gauche, Philippe Esnol affirme que l’affaire Leonarda n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder un vase de désaccords ne désemplissant pas depuis un an. Il empile les récriminations envers le PS et le gouvernement. Au niveau national : « Au niveau de la laïcité, la plupart des responsables socialistes font du clientélisme communautaire, pour éviter d’être taxés d’islamophobie. La réforme des rythmes scolaires, le Grand Paris, la refiscalisation des heures supp’, tout cela se fait en dépit du bon sens, et ce sont souvent les gens les plus modestes qui en pâtissent. » Et au niveau local : « Depuis que M. Hamon et ses amis ont pris le contrôle de la fédération des Yvelines, cela se passe très mal pour ceux qui ont le malheur de ne pas être de la même sensibilité. Je demande depuis des mois qu’on me reçoive au niveau national du PS, et je n’ai même pas d’accusés de réception à mes courriers. Je n’ai jamais vu ça. J’ai eu un rendezvous avec le président de la République, je n’arrive pas à en avoir un avec le premier secrétaire du PS. » Un problème qui ne devrait plus se poser dans son nouveau parti. PANORAMA n°6 International Suède : vraiment la main verte ? La Suède, modèle de développement durable ? Certes, le pays se montre en pointe dans de nombreux combats, et la volonté de l’ensemble des décideurs de tirer dans le même sens est remarquable. Mais n’oublions pas que c’est le nucléaire qui fournit la moitié de l’énergie dont ont besoin les dix millions de Suédois. C ’est un peu la fameuse scène du poumon du « Malade imaginaire », version écolo. Un modèle en matière de fiscalité verte ? La Suède. Un exemple en termes de bilan carbone ? La Suède. Un précurseur sur les énergies propres ? La Suède. Un Etat en pointe dans la mobilité propre ? La Suède. Un pays au top en ce qui concerne la gestion des déchets ? La Suède. Mais au-delà des affirmations souvent martelées davantage qu’étayées, le pays de Zlatan mérite-t-il sa réputation de modèle en matière de développement durable ? En tation du principe pollueurpayeur, qui a vraiment permis à la Suède de découpler croissance économique et émissions de C02. C’est grâce à elle que les énergies renou- à l’extrême rudesse du climat suédois, et à la nécessité de chauffer en abondance quasiment toute l’année. Par ailleurs, près de la moitié du bouquet énergétique suédois provient de ressources renouvelables, et la part du pétrole dans ce dernier est passée de 75% en 1970 à 32% en 2012. Les raisons de ces bons résultats ? L’histoire, tout d’abord. « En Suède, le développement durable représente un axe politique majeur depuis 50 ans, explique Daniel Dray, journaliste à Stockholm, et fondateur des sites lasuededurable.com et lefrancophile.com. Ce n’est d’ail- leur permettent d’agir efficacement », expliquait en avril 2012 au site expert en développement durable « Novethic » Bo Franck, maire de la ville de Växjö (80 000 âmes), souvent montrée en exemple pour ses chiffres exceptionnels en matière d’émissions de CO2. Mais ce qui marque surtout en Suède, c’est le partage de la conscience écologique. Politiquement, d’abord, la Suède a émis le souhait d’être totalement indépendante du pétrole à l’horizon 2020. C’était en 2005, soit deux ans avant notre fameux Grenelle de l’Environnement… Au niveau des municipalités, aussi, nants. Des initiatives d’autant plus efficaces que le citoyen suédois se met à l’unisson de ses dirigeants. « Le développement durable fait aujourd’hui partie de la culture des Suédois, avance Daniel Dray. Des gestes comme le tri sélectif sont totalement assimilés depuis très longtemps. Et puis les Suédois, en matière écologique comme ailleurs, sont assez discipli- velables non taxées sont devenues plus compétitives que le fioul. D’où la forte pénétration de la biomasse dans les réseaux de chauffage urbain ». Quant aux entreprises privées, elles ne sont pas en leurs pas un hasard si la première déclaration de l’ONU sur le développement durable fut faite à Stockholm, en 1972. » Autre raison importante, le fonctionnement décentralisé du pays. « Les municipalités disposent de moyens importants et de très larges marges d’action, notamment sur les questions liées à l’environnement et au changement climatique, qui l’innovation verte n’est pas un vain mot. Les exemples se bousculent. Dès le milieu des années 1990, la ville de Stockholm commence par exemple la construction d’un éco-quartier sur le secteur en reconversion d’Hammarby Sjöstad. La ville de Växjö, encore elle, s’est dotée d’un système unique de chauffage grâce à des résidus forestiers provenant des bois environ- nés : lorsqu’une loi est votée, ils ont plutôt tendance à la considérer d’abord avec bienveillance et à attendre d’en observer les résultats. C’est ainsi que l’écotaxe, qui fait tellement parler en France actuellement, existe là-bas depuis 1991. » Et selon Susanne Akerfeldt, conseillère au ministère suédois des Finances, citée par Novethic, « c’est la taxe carbone, adap- reste. Le constructeur de poids lourds Scania travaille ainsi actuellement main dans la main avec le gouvernement suédois à l’électrification par le sol de certaines autoroutes. L’intérêt ? Permettre la recharge en continu de poids lourds électriques. Autre exemple marquant : la gare de Stockholm. La société Jernhusen, en charge de la gestion immobilière des gares “ La Suède, davantage un laboratoire qu’un modèle ” HLM suédois grande partie, oui. Les chiffres, d’abord, sont éloquents. Ainsi la Suède est-elle l’un des pays développés émettant le moins de CO2 par habitant au monde : 5,10 tonnes par an estimées en 2011, contre 17,3 tonnes aux Etats-Unis, 9,10 en Allemagne, 7,8 au Royaume-Uni ou encore 5,60 en France, qui fait plutôt figure de bon élève en la matière. Des chiffres à rapporter 16 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr du pays et des immeubles attenants, a ainsi eu l’idée de chauffer ces bâtiments par un transfert de chaleur depuis la gare. Direction les bâtiments jouxtant la gare pour la chaleur émise par les 200 000 voyageurs quotidiens de la gare, direction la gare pour l’air froid des immeubles adjacents. Résultat : un système de chauffage et un système de climatisation totalement efficaces, propres et gratuits ! Pour autant, tout n’est pas totalement rose entre Norvège et Finlande. Gros sujet de débat pour de nombreux écologistes pur sucre : le nucléaire. La Suède a en effet, comme la France, opté pour l’atome dès les années 1950. Ce qui lui permet, au passage, à l’instar de l’Hexagone, d’afficher des émissions de CO2 particulièrement faibles. Pourtant, en 1980, avait été décidée la sortie du nucléaire civil. Mais confrontée à la difficulté de trouver une énergie de substitution, et à une opinion publique favorable à l’atome, la Suède est revenue sur sa décision en 2009. Résultat, aujourd’hui, avec dix réacteurs dans cinq centrales, le pays produit près de 50% de son énergie grâce à l’atome, et 90% si l’on y ajoute l’énergie due à l’hydroélectricité. Quant aux déchets, ils sont pour l’heure entreposés dans un site de stockage transitoire, avant que la structure définitive ne voie le jour, pas avant 2070 vraisemblablement. Enfin, avec une population de dix millions d’habitants seulement sur une superficie identique à celle de la France, la Suède possède une situation assez exceptionnelle. « A ce titre, elle est davantage un laboratoire qu’un modèle, juge Daniel Dray. Il est ainsi très difficile de généraliser la politique écologique suédoise tant elle est liée au contexte particulier de ce pays. » Olivier Faure PANORAMA n°6 PANORAMA n°6 A la Une A la Une Démographie, « ich liebe dich », moi non plus 80 millions d’habitants aujourd’hui, en a 60 demain, cela ne sera pas une catastrophe, avertit Gérard Cornilleau. Il n’y aura qu’à financer l’augmentation de l’espérance de France a besoin de croissance et la vieille Allemagne d’épargne, elle qui se montre déjà des plus précautionneuse en matière de finance. Les tiraillements dans le gouverne- 2000 et 2011, les populations actives française et allemande ont augmenté du même ordre de grandeur, de 7,1% en Allemagne, de 10,2% en France ; mais alors qu’en Allemagne La France et ses bébés, l’Allemagne et ses papis. L’image est brocardée par les politiques comme une étoile à regarder pour ceux qui sont englués dans le maelström de la crise. Fantasme ou réalité ? Un peu des deux, mais les cartes en Europe seront redistribuées, assurément. nataliste dès le début du XXe siècle », précise le rédacteur en chef de la revue Population et Sociétés. En 1900 la France et l’Allemagne sont toutes les deux peuplées de 40 millions d’habitants, mais les dynamiques sont opposées. Dans l’entre-deux-guerres les Alle- Crèche du futur S 18 nérations depuis 1947 malgré le vieillissement, quand l’Allemagne est entrée dans une phase de diminution de sa population en plus de son vieillissement », nuance Gérard Cornilleau, directeur adjoint du département des études de l’OFCE. Et le fait que d’ici 2060 il y ait vraisemblablement 15 millions d’habitants en moins d’un côté du Rhin, et 9 millions de plus de l’autre, n’est pas sans conséquence pour l’équilibre du Vieux Continent. DES ÉVOLUTIONS OPPOSÉES ? VRAI ET FAUX Bien que les politiciens se gargarisent de la santé démographique tricolore, la dynamique générale est la même que celle des voisins : « le vieillissement est même plus accentué en DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr France qu’on ne le croyait, à cause des records d’espérance de vie des femmes », soutient Anne Salles, maître de conférences en études germaniques à l’université Paris-Sorbonne, spécialiste de la politique familiale. Pour autant les deux grands moteurs de l’UE sont habitués aux chassés-croisés en termes de naissances. « Il y a deux siècles la France était le pays le plus peuplé d’Europe après la Russie. Les paysans français, éclairés par les idées des Lumières, ont alors limité les naissances ; du jamais vu jusqu’alors dans le monde, où une femme en âge d’avoir des enfants devait procréer », retrace Gilles Pison, directeur de recherche à l’Institut national des études démographiques (Ined). Il s’est ensuivi un rattrapage de la Prusse. « Les élites françaises ont longtemps été persuadées que la guerre de 1870 avait été perdue pour des raisons démographiques. D’où les velléités de politique qui n’aura pas qu’une influence anecdotique sur la vente de baguettes en hausse et de Bratwürste en baisse. DES CONSÉQUENCES SUR LA MARCHE DE L’EUROPE ? VRAI La taille de la population n’est pourtant plus si cruciale d’un point de vue économique. Nous ne sommes plus au temps où être plus nombreux signifiait être plus puissants. « Regardons la Suisse ou le Luxembourg. C’est le PIB par tête qui compte. Si l’Allemagne, qui a suffisant dans certaines régions, où des plaintes sont donc déjà en préparation. L’Allemagne, si elle dépense chaque année 200 milliards d’euros en allocations et avan- Technocrate bruxellois essayant de concilier les situations allemandes et françaises en 2060 vie, et il existe toujours des marges de manœuvre sur le travail des femmes, la durée de travail,… » Seulement le danger réside dans la période de transition permettant d’arriver à ce niveau. « La baisse de la population a un coût énorme. Durant toute une période une génération devra la supporter, au niveau des retraites ou de la charge de la dette. Les Allemands vont rencontrer de grandes difficultés dans les 30 ans à venir », annonce en Cassandre le spécialiste. La soutenabilité à long terme est en réalité mieux assurée dans l’Hexagone. En découlent donc des visions de l’avenir opposées : la jeune ment de l’Europe et les nuits blanches des technocrates n’en sont qu’à leurs débuts. Même les dépenses des deux pays ne seront plus les mêmes : la France va principalement les accroître dans l’éducation, l’Allemagne dans les retraites. D’après la Commission européenne et compte-tenu des réformes engagées, la part des dépenses publiques de retraites dans le PIB passerait en France de 14,6 à 15,1% du PIB entre 2010 et 2060, de 10,8 à 13,4% en Allemagne. Ceci malgré le report de l’âge de la retraite à 67 ans en Allemagne contre 62 ans en France. Les marchés du travail vont aussi connaître des destins différents. Entre les deux tiers de cette hausse résultent de l’augmentation des taux d’activité, la démographie en explique 85% en France. L’Allemagne ne pourra les amplifier indéfiniment. Et la France, qui part d’un niveau plus faible à cause des seniors qui partent plus tôt, dispose de davantage de réserves de hausse. DES MOUVEMENTS MIGRATOIRES COMPENSANT LES DÉSÉQUILIBRES ? FAUX D’aucuns attendent les grandes migrations internationales pour combler ces déséquilibres, tels des agriculteurs asiatiques guettant la mousson. Mais ils ris- L’Art d’innover. Nouvelle Audi A8. Rendre la conduite de nuit plus sûre est un art. Découvrez la technologie Audi Matrix LED qui permet d’éclairer la route de manière précise et sélective. Elle s’adapte à l’environnement lumineux et atténue l’éblouissement des véhicules qui vous précèdent et qui vous croisent. Nouvelle Audi A8 avec phares Matrix LED*. Retrouver les Offres de Votre Partenaire Audi Aliantis en page 30 et sur www.aliantis.com ” mille Kristina Schröder. Un aveu d’impuissance alors que les instituts de recherche économiques d’outre-Rhin Ifo, DIW et ZEW sont unanimes fin octobre : « Il faut plus investir dans la politique familiale ». Et pour cause. Fin septembre, quelques jours à peine après la réélection d’Angela Merkel comme chancelière, le patron de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann, a rappelé qu’il manquera 1,5 million de personnes sur le marché du travail allemand en 2020, si l’on ne tient pas compte de l’immigration. L’activité économique pèsera 70 mil- natalistes comme l’introduction en 2007 d’un congé parental d’un an payé à 66% du salaire ont peu d’effets. Depuis le 1er août 2013, la « prime aux foyers » de 150 euros pour les mères restant au foyer pour élever leur progéniture est boudée, renommée « prime aux fourneaux » par les détracteurs. Le droit opposable à une place en crèche décrété, alors que la ministre de la famille ose à peine y rêver en France (cf. Entretien avec Mme Bertinotti), va se révéler coûteux et incertain. Selon les estimations, le nombre de places disponibles pourrait être in- tages fiscaux, n’a pas réussi à faire remonter la courbe de sa natalité. Les efforts ne se sont pas portés sur la construction de structures de garde. Tout se passe comme si la politique familiale allemande, malgré son coût, passait à côté des véritables besoins des femmes. 31% des diplômées renoncent à devenir mères selon l’Institut fédéral de recherche sur la population. La « prime au fourneau » est malvenue, alimentant l’idée encore trop ancrée dans les esprits allemands, surtout à l’Ouest, qu’une bonne mère se mesure au nombre d’heures passées à la maison. quent de patienter longtemps. Certes la population allemande diminuerait aujourd’hui s’il n’y avait l’arrivée d’étrangers. « Le solde migratoire de 370 000 (contre 65 000 en vers l’Allemagne est un mythe, à cause de la barrière linguistique. Dès que les économies se redresseront, elles repartiront dans leurs pays d’origine. De même l’immigration turque même l’Espagne, qui connaît une évolution semblable mais plus récente, peut compter sur son ancien empire, en témoignent les 500 000 migrants annuels attirés par les perspectives du BTP lorsque l’économie était prospère. Et la France ? Elle pourra toujours ouvrir les vannes de ses anciennes colonies. Pour l’heure, dans ses analyses de 2012, la Commission européenne retient des taux de migration net proches pour la France et l’Allemagne à l’avenir, contribuant à augmenter la population de 6% seulement dans chaque pays d’ici à 2060. L’ONU table sur les mêmes statistiques, précisant que l’enrichissement des pays en voie de développement va freiner le mouvement. “ L’Allemagne a peu de liens historiques avec les principales zones d’émigration mondiales ” France) a été un ballon d’oxygène conjoncturel, les Allemands profitant de l’apport des jeunes grecs ou espagnols sans participer à l’effort d’éducation », observe Gilles Pison. Mais ce phénomène reste très conjoncturel. Les pays d’Amérique du Sud ou l’Angola offrent par exemple des opportunités plus favorables pour les lusitanophones ou hispanophones. « L’immigration des populations du sud de l’Europe historique s’inversera », prévoit Gérard Cornilleau. Le taux brut de solde migratoire allemand est monté à 3,4 pour mille habitants en 2011 (1,2 pour mille en France) alors qu’il était pratiquement nul sur 2006-2009. L’Allemagne a en plus peu de liens historiques avec les principales zones d’émigration mondiales. L’Italie connaît une baisse de natalité similaire, mais sa diaspora constituera une marge de manœuvre. De DES DIFFÉRENCES EN TERMES DE DYNAMISME ? VRAI Le vieillissement coûte de la croissance, de l’innovation et occasionne de l’épargne, bien Î i le bientôt-né pouvait choisir son lieu de naissance en toute rationalité économique entre la France et l’Allemagne, quelle rive du Rhin choisirait-il ? La réponse est moins évidente qu’il n’y paraît. Les publications accompagnant la journée du 1er octobre consacrée aux personnes âgées étaient une fois de plus agrémentées de chiffres alarmistes quant au vieillissement des pays occidentaux. Mais certains plus que d’autres. Les taux de natalité de part et d’autre du Rhin sont tels que la population française en croissance dépassera en 2045-2050 la population allemande déclinante selon les prévisions d’Eurostat, le point de rencontre se situant à 73 millions d’habitants. « La population hexagonale s’est stabilisée, et assure le renouvellement de ses gé- mands, portés par la politique nataliste des nazis, se moquent de ce « pays de vieux » accolé à leur frontière. En 1951 la différence atteint 27 millions d’habitants, avec 42 millions de Français pour 69 millions d’Allemands. Mais depuis la guerre le taux de fécondité français a toujours été supérieur. L’Allemagne a même connu un « baby krach » juste après l’armistice. L’écart n’était plus que de 19 millions en 2011, avec 64 millions de Français pour 83 millions d’Allemands. Le taux de fécondité remonte liards d’euros de moins qu’elle ne pèserait sans cet effet démographique. Il y a donc le feu, mais les pompiers tardent à trouver la bonne lance à incendie. Les mesures trop ancrée dans les esprits allemands qu’une bonne mère se mesure au nombre d'heures passées à la maison “La population française en ” Quand l’argent ne résout pas tout « Si les gens n’ont pas d’enfant, c’est souvent parce qu’ils n’ont pas trouvé le bon partenaire, et là l’Etat ne peut rien pour eux », justifie la ministre allemande de la fa- “La « prime au fourneau » alimente une idée en France depuis le début des années 90, pour s’établir à 2,1 enfants par femme en âge de procréer. En Allemagne, il est de 1,4, et l’Est a tôt fait de s’aligner sur l’Ouest. Les générations ne se renouvellent plus depuis longtemps. Un petit tremblement de terre européen croissance dépassera aux alentours de 2045-2050 la population allemande Barrière des mentalités www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 19 PANORAMA n°6 A la Une litique familiale, mais n’obtiennent pas de résultats (cf. encadré, ndlr). Les Français se disent satisfaits de l’évolution peut se mener sur une même ligne à l’avenir. « Les déséquilibres provoqués par la démographie doivent se combler à “La politique économique de ces deux pays ne pourra se mener exactement sur une même ligne à l’avenir Jeune trader de Francfort en 2060 que les experts, qui ne disposent pas de point de comparaison dans le monde avec l’infécondité de la société allemande depuis 40 ans, restent partagés. En 2060, la part des plus de 65 ans atteindra le tiers de la population en Allemagne, contre un peu moins de 27% en France. La différence ne sera donc pas flagrante, mais les dynamiques opposées au- ront des conséquences notables sur la croissance potentielle. Selon les projections de la Commission européenne, qui reposent sur l’hypothèse de la convergence de la productivité du travail en Europe autour d’un rythme de croissance annuel de 1,5%, la croissance potentielle annuelle française à long terme serait le double de l’allemande d’ici à 2060, de 1,7% contre 0,8%. La différence restera faible jusqu’en 2015 (1,4 en France contre 1,1 en Allemagne), mais elle se creusera ensuite rapidement. Il devrait en résulter, comme pour la population, une inversion de la hiérarchie des PIB français et allemands aux alentours de 2040-2045. Auréolée de cet avenir radieux de progression du PIB sur le long terme, la France aura aussi une capacité d’emprunt plus importante. GOUVERNEMENT EUROPÉEN À ADAPTER ? VRAI Cette divergence de destins va entraver la bonne marche de l’UE. « Or personne n’en parle ! Les Allemands s’inquiètent, font évoluer leur po- sans approfondir », déplore Gérard Cornilleau. En effet Bruxelles se contente de modestes recommandations quant à la politique familiale de chaque pays membre. La Commission se concentre sur l’emploi des mères, enjoignant au ratio honorable de 60%. Dans la dernière mouture du programme Europe 2020, l’objectif de 75%, identique pour les hommes et les femmes, est même avancé. Elle prône aussi 35% d’enfants de 0 à 3 ans pris en charge dans des structures d’accueil, et 90% des 3 à 6 ans dans des structures maternelles. « En Allemagne de l’Ouest la prise en charge des 0-3 ans atteint les 25% à temps partiel, et 10% à temps plein. La France a biaisé grâce aux gardes alternatives, comme celles des assistantes maternelles. 60% des 0-3 ans sont gardés à l’extérieur, 50% à temps plein », décrit Anne Salles. Les courbes ne s’inverseront donc pas de sitôt. Si bien que la politique économique de ces deux pays ne ” l’échelle du continent », ponctue Gérard Cornilleau. Nombreux sont les économistes affirmant qu’il faudra accepter dans le futur que la France soit plus endettée, que les industries s’installent où la main d’œuvre ne va pas décroître et non l’inverse. « Les américains résolvent nombre de problèmes grâce à la mobilité. Nous ne pouvons pas encore jouer sur cette carte, mieux vaut donc anticiper et traiter les déséquilibres à l’échelle européenne », ajoute l’expert de l’OFCE. Mais tout cela prend du temps. Nous sommes actuellement dans le modèle économique de l’Allemagne, qui était il y a peu « l’homme malade de l’Europe ». La roue tourne en économie, alors que les évolutions de populations sont longues, nécessitant une mise en commun des points forts et difficultés. N’en déplaise aux eurosceptiques… Matthieu Camozzi Fausse bonne idée Dynamisme démographique synonyme de chômage ? « Quand vous avez comme cette année 150000 nouveaux entrants sur le marché du travail, (...) il faut créer plus que 150 000 emplois pour faire baisser le chômage », avait déclaré Frédéric Lefebvre, alors secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, invoquant la natalité pour justifier la difficulté à réduire le chômage en France. Une maladresse qui avait suscité les flèches empoisonnées de l’opposition, mais aussi l’embarras de la majorité face à un sujet passionnel et transpartisan, souvent remis sur le tapis par les malthusiens. Une forte natalité 20 peut effectivement 20 ans plus tard compliquer le retour au plein emploi. Une étude Insee de Jamel Mekkaoui démontre que la phique, a pu limiter cette aggravation. « Durant une courte période, il est vrai qu’il est plus facile d’amortir le choc du chômage lorsque damentale de savoir si plus de population signifie plus de croissance mérite d’être posée. Des doutes peuvent être émis au regard des pays qu’avant de rechercher l’effet de masse, la qualité de l’éducation ou des infrastructures constitue le vrai pré-requis au développement La natalité a un impact sur la population active qui influence le taux de chômage. Mais le lien est indirect, décalé dans le temps et partiel Guyane et la Réunion, en dépit d’une forte création d’emplois, ont vu leur taux de chômage augmenter depuis 1990, alors que la Martinique, affichant une plus faible croissance démogra- DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr moins de jeunes entrent sur le marché du travail. Mais c’est une vision de court terme », explique Gérard Cornilleau, directeur adjoint du département des études de l’OFCE. La question fon- les moins avancés où les nouvelles bouches à nourrir annulent les faibles gains de croissance. Au contraire, des pays à la population faible comme la Suède ou la Suisse viennent rappeler et à la croissance. Et dans ce cas plus de naissances induisent plus d’individus qui travaillent, achètent, échangent à terme, donc plus de croissance et moins de chômage. Pour la France, c’est aussi la garantie d’une poursuite de son modèle social généreux. Les avantages semblent donc l’emporter sur les inconvénients, d’autant plus que la corrélation n’est pas évidente : la natalité a un impact sur la population active qui influence le taux de chômage. Le lien est indirect, décalé dans le temps et surtout partiel : la population active dépend aussi de l’âge de départ à la retraite. Aux politiques de dynamiser les secteurs porteurs, de faire partager le travail par du temps partiel ou de créer des emplois aidés, en attendant les beaux jours… CLUB ENTREPRENDRE n°6 Baromètre & Tendances u LES ASSISES DE L’ENTREPRENEURIAT, BIS Le 28 octobre dernier, le Premier ministre JeanMarc Ayrault et la ministre déléguée en charge des PME, de l’Innovation et de l’Economie numérique Fleur Pellerin recevaient dix entrepreneurs à Matignon pour dresser le bilan des Assises de l’entrepreneuriat. C’était surtout l’occasion pour le gouvernement de faire quelques annonces : un deuxième tour pour les Assises de l’entrepreneuriat en avril 2014 et une conférence des financeurs. « Plus de 3 milliards d’euros d’argent public sont consacrés à l’aide à la création d’entreprise. L’idée est de coordonner les aides, d’aligner les outils pour gagner en efficacité », a expliqué Fleur Pellerin. Les entrepreneurs ont profité de l’occasion pour faire part de leurs inquiétudes sur la fiscalité et le coût du travail. u UN CADRE RÉGLEMENTAIRE POUR LE CROWDFUNDING Pour accompagner le développement du financement participatif en France, qui démarre timidement dans l’Hexagone mais connaît déjà un grand succès aux Etats-Unis, le gouvernement a présenté fin septembre un cadre réglementaire qui devrait entrer en application au premier trimestre 2014. Bercy veut ainsi créer un statut de « conseiller en investissement participatif » afin d’alléger les procédures et obligations (pas de capital minimum, obligation de conseil…). Le monopole bancaire va être assoupli pour faciliter les prêts entre particuliers (plafond de 250 euros par personne pour un financement global de 300 000 euros par projet). u LA TAXE SUR L’EBE ANNULÉE Pour remplacer l’imposition forfaitaire annuelle (IFA), le gouvernement a inscrit dans le projet de loi de finances 2014 un projet de taxation de l’excédent brut d’exploitation (EBE) – qui devait rapporter 2,5 milliards d’euros. Devant la fronde des patrons, ce projet a été abandonné. Pour le remplacer, taxer l’excédent net d’exploitation (ENE) a aussi été envisagé. Finalement, le gouvernement pourrait opter pour une surtaxe temporaire sur l’impôt sur les sociétés. Ces questions seront largement abordées à l’occasion des Assises de la fiscalité des entreprises qui devraient se tenir ces prochains mois. LE CARNET DES NOMINATIONS en partenariat avec ■ PME INNOVANTES Pour soutenir le développement des PME, le gouvernement s’est fendu de plusieurs mesures (pacte pour la compétitivité et l’emploi, crédit d’impôt compétitivité et emploi, création de BPI France…). En octobre, la société de conseil en financement public pour les entreprises Sogedev a dévoilé les résultats d’une étude afin d’analyser la compétitivité des PME innovantes françaises et d’identifier leurs besoins pour financer leur développement. - 60% des entrepreneurs interrogés ont déjà bénéficié du Crédit impôt recherche (CIR) et 37% utilisent simultanément le CIR, le statut Jeune entreprise innovante (JEI) et les aides d’Oséo. - 39% des PME interrogées indiquent que leurs activités de R&D seraient réduites de moitié sans le CIR. - Depuis la création du statut JEI, près de 20 000 emplois ont été créés. - La quasi-totalité des entreprises interrogées mène des projets à l’international, la moitié envisagerait même d’augmenter leur CA à l’export de 25% dans les trois à cinq ans. - 11% des répondants affirment ne pas utiliser les aides à l’innovation, considérant que « l’offre n’est pas toujours adaptée aux PME » ou qu’il subsiste encore « trop d’incertitudes » sur l’avenir pour se lancer dans la recherche d’aides publiques. Méthodologie : Questionnaire en ligne adressé à 5000 PME et complété par 402 répondants entre juillet et août 2013 ■ « LA FRANCE EST UN PARADIS FISCAL », XAVIER NIEL. L’entrepreneur star français, fondateur de Free, sixième fortune française, était début octobre l’invité d’une Master Class à Science-Po. Devant un parterre d’étudiants, pour dénoncer la « perception fausse » sur la fiscalité en France, il a cité l’exemple de la taxation sur les plus-values à 23%, inférieure à ce qui se pratique aux Etats-Unis, et le régime de cession de son entreprise à ses enfants, « taxée à 6 ou 7% seulement ». Une affirmation qui a eu le mérite de provoquer un débat sur les réseaux sociaux. Il en a profité pour défendre « l’écosystème qui existe à Paris : c’est simple, c’est possible » de créer son entreprise. « Il y a des petits défauts mais c’est la ville fantastique pour créer son entreprise. Allez-y et vous vivrez une aventure géniale. » A propos de l’entrepreneuriat, Xavier Niel a ajouté que « pour être entrepreneur, il faut avoir une vision révolutionnaire de ce qui existe ». ■ LES 7 CHANTIERS « INNOVATION 2030 » « Sélectionner, en nombre limité, des ambitions fortes, reposant sur des innovations majeures, pour assurer à la France prospérité et emploi sur le long terme ». Telle était la mission donnée à Anne Lauvergeon et sa commission « Innovation 2030 », qui a remis son rapport au gouvernement le 11 octobre dernier. Après plusieurs mois de consultation, que les 20 membres de la commission ont mis à profit pour rencontrer des chercheurs, des prospectivistes, des chefs d’entreprise, des industriels ou encore des ministres, sept grandes ambitions se sont dégagées, pour lesquelles l’innovation et les efforts budgétaires seront mobilisés. Ambition n°1 : le stockage de l’énergie, brique indispensable de la transition énergétique. Ambition n°2 : le recyclage des matières premières, en particulier les métaux rares. « La raréfaction et le renchérissement des métaux mais aussi la protection de l’environnement rendront indispensables le recyclage. » Ambition n°3 : la valorisation des richesses marines, en particulier les métaux présents au fond de la mer et un dessalement de l’eau de mer moins gourmand en énergie. Ambition n°4 : les protéines végétales et la chimie du végétal, pour concevoir de nouveaux produits alimentaires pour nourrir la planète. Ambition n°5 : la médecine individualisée, s’appuyant sur les sciences « omiques » (génomique, protéinomique...) pour « faire émerger une médecine (…) porteuse d’une plus grande efficacité collective et individuelle ». Ambition n°6 : la « Silver économie », l’innovation au service de la longévité pour répondre aux défis de la perte d’autonomie et faire du vieillissement de la population un levier de croissance. Ambition n°7 : le « Big data », pour valoriser les données massives, porteuses de nouveaux usages et de gains de productivité. Seules sept ambitions ont été retenues pour éviter un saupoudrage stérile. Mais dans des domaines aussi balbutiants que ces sept-là, on peut douter de l’efficacité de l’intervention publique. La politique industrielle dans des secteurs matures ou pour la recherche fondamentale, pourquoi pas ? Mais pour développer de nouveaux secteurs, le marché est réputé plus performant. Quoi qu’il en soit, l’objectif de la commission est de « susciter, d’ici dix ans, des leaders industriels français à l’échelle internationale, dans des secteurs précis, en concentrant les moyens sur des axes clefs ». En particulier, « ces efforts stratégiques doivent s’accompagner d’importantes réformes du contexte dans lequel les entreprises évoluent ». } 3M FRANCE (GROUPE 3M) Laurence Verdier Madame Laurence Verdier est promue directeur général du marché Electronique et Energie de 3M France, à ce poste depuis septembre 2013, en remplacement de Monsieur Olivier Pirez. Laurence Verdier , 45 ans, ESC Rennes, a réalisé le parcours suivant : ■ 2008-2013 : 3M France, directeur ventes et marketing du département Solutions pour la protection individuelle. ■ 2004-2008 : 3M France, directeur ventes et marketing du département Réparation automobile. ■ 2002-2004 : 3M France, directeur de projet. ■ 2000-2002 : 3M France, responsable ventes et marketing au département Signalisation du trafic. ■ 1995-2000 : 3M France, responsable ventes et marketing au département Construction automobile. ■ 1991-1995 : 3M France, responsable ventes et marketing au département Marchés hospitaliers. ■ 1991-1991 : A commencé sa carrière comme chef de produit pour les Laboratoires 3M Santé. } AÉROPORTS DE PARIS (GROUPE AÉROPORTS DE PARIS) Bertrand De Lacombe Monsieur Bertrand de Lacombe est nommé directeur des affaires publiques d'Aéroports de Paris, à ce poste depuis novembre 2013. Il est sous la responsabilité directe de Monsieur Patrick Collard, directeur de cabinet du président-directeur général. Il s'agit d'une création de poste, suite à la mise en place d'une direction des affaires publiques regroupant les relations avec l'Union européenne et les relations parlementaires. Bertrand De Lacombe , 42 ans, ESSEC (1995), IEP Paris (1993), a réalisé le parcours suivant : ■ 2009-2013 : Conseiller transport à la Représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne. ■ 2007-2009 : Conseiller diplomatique du secrétaire d'Etat chargé des transports, Dominique Bussereau. ■ 1999-2007 : SNCF, occupe différents postes à responsabilité, notamment directeur adjoint des affaires européennes. } THOMAS COOK FRANCE Jérôme Delente Monsieur Jérôme Delente est promu directeur du réseau de distribution de Thomas Cook France, à ce poste depuis novembre 2013. Jérôme Delente , 42 ans, EDC (1993), a réalisé le parcours suivant : ■ 2008-2013 : Thomas Cook France, directeur des accords commerciaux. ■ 2005-2008 : Groupe Nouvelles Frontières, directeur des transports réguliers. } BANQUE LEONARDO (GROUPE BANCA LEONARDO) Marc Lévy Monsieur Marc Lévy est nommé directeur général du bureau de Paris de la Banque Leonardo, à ce poste depuis octobre 2013. Marc Lévy , 42 ans, DESS de droit bancaire et financier de l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne (1995), DEA de droit des obligations de l'université Paris-V René Descartes (1994), maîtrise de droit privé de l'université Paris-II Panthéon-Assas (1993), a réalisé le parcours suivant : ■ 2011-2013 : La Compagnie financière Edmond de Rothschild, directeur général adjoint puis directeur général (2012). ■ 2007-2011 : La Compagnie financière Edmond de Rothschild, secrétaire général. ■ 1999-2007 : La Compagnie financière Edmond de Rothschild, chargé de mission au sein du secrétariat général du groupe. ■ 1996-1999 : La Compagnie financière Edmond de Rothschild Banque, début de carrière comme juriste au sein de la direction juridique et fiscale. } LEFÈVRE SOCIÉTÉ D'AVOCATS Julien Cohen Monsieur Julien Cohen est Coopté associé au sein de Lefèvre Société d'avocats, à ce poste depuis octobre 2013. Il est ainsi chargé de renforcer la pratique et l'offre de services du cabinet en corporate et M&A. Julien Cohen , 40 ans, LLM de Duke University of Law (2000), Capa (1998), DEA en droit des contrats de l'université Paris-XI (1998), a réalisé le parcours suivant : ■ 2007-2013 : Landwell & Associés, director. ■ 2005-2007 : Hoche Law Offices, avocat associé. ■ 2003-2005 : De Gaulle Fleurance & Partners, avocat associé. ■ 2000-2002 : Salans, avocat associé. } PHONEVALLEY (GROUPE PUBLICIS) Mathieu Morgensztern Monsieur Mathieu Morgensztern est promu président de Phonevalley, à ce poste depuis octobre 2013, en remplacement de Monsieur Alexandre Mars. Phonevalley, acquise par le groupe Publicis, et DigitasLBi travaillent pour plusieurs clients en commun. Les 2 entités sont installées dans les mêmes locaux et regroupent environ 300 personnes. Mathieu Morgensztern , 40 ans, Wharton Executive Education (University of Pennsylvania, 2008), DESS génie des logiciels applicatifs de l'université Paris-VI Pierre et Marie Curie (1996), MIAGE de l'université d'Orsay (1995), a réalisé le parcours suivant : ■ Depuis 2013 : DigitasLBi, président-directeur général France et Europe de l'Ouest. ■ 2011-2013 : DigitasLBi, président-directeur général France. ■ 2009-2011 : Isobar (groupe Aegis Media), directeur général. ■ 2007-2009 : BETC 4D Euro RSCG, directeur général. ■ 2004-2007 : Euro RSCG 4D, directeur associé en charge du pôle Digital. ■ 2000-2004 : Euro RSCG The Connect Machine (groupe Havas), président-directeur général. ■ 1996-2000 : Data Planet (agence web, revendue à Euro RSCG en 2000), directeur fondateur. VOUS AVEZ CHANGÉ DE FONCTION ? Faites part de votre Nomination à la presse et aux acteurs clés du marché sur www.nomination.fr Nomination, les 200 000 décideurs qui font le business en France ! www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 23 CLUB ENTREPRENDRE n°6 CLUB ENTREPRENDRE n°6 Interview croisée Un monde à part Qualité, savoir-faire, beauté… Chacun son appréhension du luxe et du marché. Ces chantres du haut de gamme révèlent le dessous des paillettes et leur passion pour leurs produits. Pourquoi vous être lancé(e) dans l’aventure ? CDL : La Maison existe depuis 1859 et se transmet de père en fils. Mon mari, décédé alors que nos enfants étaient âgés de quatre, six et huit ans, a eu le temps de préparer le futur en expliquant aux collaborateurs qu’il allait me passer le relais, afin que j’assure la transition et que je réalise son souhait le plus cher : que les enfants prennent la relève. En 1991 j’ai repris la Maison bien que je sois une « pièce rapportée ». Les trois enfants sont entrés dans l’entreprise, et 20 ans plus tard je suis en passe de remplir ma promesse. Julien, l’aîné, est secrétaire général, gérant l’administratif, le personnel, les contrats à l’expor- quantité, afin de continuer de surclasser les mousseux qui ont beaucoup progressé. C’est pourquoi nous diminuons la production et axons nos efforts sur l’approvisionnement. 40% sont des grains de grands crus et premiers crus, qui donnent toute la quintessence de l’appellation. Le caractère exceptionnel est apporté par le savoir-faire du vigneron et le terroir qu’il met dans la bouteille. C’est cette touche quasi artistique que je sens être du luxe. WR : L’exigence d’investissement massif est inégalée. Travailler avec des produits à très forte valeur induit forcément une approche de long terme. Il nous faut comme nulle part ailleurs créer un en- “ Les journalistes du vin ont attendu que nous fassions nos preuves. Le nouvel arrivant doit passer par une phase de purgatoire dans la luxe ” Carol Duval-Leroy tation ; Charles, le cadet, prend en charge le marketing et la communication ; et Louis, le benjamin, arrivé il y a un an et demi, participe aux actions commerciales. WR : J’ai été salarié dans le secteur de l’horlogerie durant six ans, avec toujours l’envie de voler de mes propres ailes. Les hasards de la vie, et surtout mon ancien employeur, m’ont conduit à franchir le pas en 1999. Je souhaitais aller plus loin dans le traitement de la clientèle et le marketing, en me spécialisant sur le très haut de gamme, des marques de niche et des séries limitées. vironnement, peaufiner les détails dans l’accueil des clients. A l’heure où je vous parle nous sommes en train de former les équipes de Paris et Londres, car l’attention au client doit y être exactement la même. La communication via le magazine est déterminante, ainsi que le marketing. Cela passe aussi par la réparation d’une montre ou d’un bracelet, même s’il n’a pas été acheté chez nous. L’essentiel est que nos 8000 clients reviennent, car dans ce secteur de niche nous ne pouvons compter sur celui qui vient nous voir par hasard. Le luxe est-il définitivement un monde à part ? CDL : Pour un produit de luxe trois critères doivent être remplis : la rareté, la qualité et le caractère exceptionnel. L’objectif est d’augmenter la qualité, pas de développer la La demande internationale croissante – notamment des pays émergents – change-t-elle votre manière de travailler ? CDL : En 1991, notre seule ouverture était le RoyaumeUni. Aujourd’hui 50 à 60% de nos ventes sont effectuées 24 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr Walter Ronchetti, dirigeant de Kronometry qu’il a fondé en 1999 près de Lyon, une des rares enseignes françaises spécialisées dans la haute horlogerie, réalisant 20 millions d’euros de CA – dont 70% à l’international – pour 18 salariés et 12 boutiques. à l’international, auprès des principaux marchés du champagne que sont le RoyaumeUni, les Etats-Unis, le Japon et la Chine. On ne peut nier les effets « bling-bling » et les modes. Nous avons par exemple un importateur en Russie, où bien souvent le gens ne boivent que des grandes marques pour lesquelles il faut que le prix soit élevé. Il en est de même en Chine. Mais cet état d’esprit n’est pas celui de la majorité de nos clients. Les Japonais avaient par le passé cette approche, mais ils ont évolué. Le fait que de nombreux grands chefs s’y soient installés, qu’une école de sommeliers avec laquelle nous collaborons se soit créée, ont perfectionné leurs goûts et connaissances. Le vin s’apprend. Bien souvent les palais s’habituent aux bulles par les mousseux. Les Chinois n’y sont pas habitués : il est donc intéressant qu’ils passent par cette étape pour ensuite percevoir la plus grande longueur en bouche du champagne. WR : Notre savoir-faire et le côté exclusif sont partout mis en avant de la même manière. Le même concept est appliqué, sans dogmatisme. Ainsi à Londres a-t-on ajouté des salons privés fermés pour nous adapter à la demande. De même nous nous habituons à l’exigence particulière des Russes, dont la culture horlogère est très poussée. Il existait déjà une boutique Breguet à Moscou avant la révolution. Le marché chinois est difficile à appréhender, car les marques y multiplient les efforts. Les récentes lois anticorruption ont fait décroître le marché. De plus les goûts sont ceux du passé, avec des préférences Carol Duval-Leroy, présidente de la Maison de Champagne éponyme comptant parmi les grands indépendants, réalisant 60 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 140 salariés, avec 200 hectares de vignes mais aussi un achat de raisins. © DR pour les montres bicolores ou en acier qui ne font pas partie de nos modèles. Cet univers s’apprend. aussi une pression supplémentaire, il faut que le produit soit exceptionnel pour parachever cette image rassurante et qualitative. Le champagne est un “Nous ne sommes pas là pour vendre une montre, mais pour donner envie de l’acheter ” Walter Ronchetti Êtes-vous satisfait(e) de l’image véhiculée par votre entreprise ? CDL : La saga familiale plait à l’étranger. Les Américains ouvrent de grands yeux quand je leur dis que la Maison date de 1859. C’est un atout, mais vin, ce ne sont pas que des bulles. La notion de terroir est présente, et le fait qu’une famille, très « terrienne », ait dirigé cette Maison depuis tant d’années participe à la réputation indispensable dans le secteur. Cette notion se travaille au quotidien. En 2000 nous sommes devenus partenaires des Meilleurs ouvriers de France (MOF) Sommeliers, ce qui nous a fait connaître auprès d’un public averti, prescripteur d’opinion. Nous avons mis au point la cuvée MOF, faite par 15 sommeliers qui ont apposé leur nom, sur la base d’un vin de 2008. Notre savoir-faire a évolué, nos vins sont plus fins, nos cuvées spéciales différentes. Prenez la bouteille Pierre Hermé pour le dessert, ou la Rosé de saignée pour la fin d’année (ndlr : élaboré uniquement avec le Pinot noir par macération). C’est l’avantage des maisons familiales, il est possible d’explorer des niches d’exception, et d’arrêter s’il n’y a pas de demande. Nous ne sommes pas connus © Duval-Leroy comme Krug ou Dom Pérignon et n’avons pas les moyens de travailler notre notoriété auprès du grand public, il nous faut donc passer par ces voies alternatives. WR : Je le suis, mais il est possible de toujours mieux faire. Le grand luxe est irrationnel, personne n’a besoin d’une montre à 500 000 euros, ni même à 15 000 euros. Il importe donc de faire rêver l’acheteur. Nous ne sommes pas là pour vendre une montre, mais pour donner envie de l’acheter. Faire du « forcing » à la vente ne servira à rien. Il faut développer une approche pédagogique pour démontrer la qualité et même la magie de nos produits. Nous ne vendons pas de Rolex ou de Cartier, c’est un autre métier. Mes sa- lariés sont des passionnés qui connaissent parfaitement leurs produits. Même un vendeur en grand magasin d’une expérience de quatre ans ne pourrait être opérationnel chez Krono- Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés ? CDL : Je préférais le vin à la vente de vin, j’ai donc dû beaucoup apprendre dans le commercial et l’administratif. “ Les Américains ouvrent de grands yeux quand je leur dis que la Maison date de 1859 ” Carol Duval-Leroy metry 1999 immédiatement, il lui faudrait suivre une formation. Nous essayons de le faire savoir, par notre magazine envoyé tous les deux mois à nos clients et de nombreuses publicités dans la presse. Mais le plus difficile reste la gestion du personnel. Le fait d’être une femme ? Le monde du vin est conservateur et masculin et il a fallu faire ses preuves. Mais la mixité n’a pas posé de problème. 40% des salariés de la Maison sont des femmes, dont la chef de cave. Autre difficulté, les journalistes du vin ont attendu que nous fassions nos preuves. Le nouvel arrivant dans le luxe doit passer par une phase de purgatoire. WR : Je me suis frotté au plus grand paradoxe hexagonal : la France est le pays du luxe, mais c’est aussi là que le luxe y est le plus mal perçu. Nous avançons par autofinancement car il a été dès le début difficile de se faire accompagner. Les banquiers lyonnais travaillent avec de grosses entreprises industrielles qui ont une ancienneté de 50 ans et connaissent parfaitement leur chaîne de production et donc leurs besoins, ou avec des artisans de moindre taille. Mais lorsque nous leur demandons un chèque de 300 000 euros pour une boutique sur la Croisette à Cannes, ils ne comprennent pas, ne connaissent pas ce marché haut de gamme, ont l’impression que nous pouvons nous en passer. Enfin les Français ont un rapport étrange, et même unique au monde, avec l’argent. Je me souviendrai longtemps des gens qui parlaient de « problèmes de riches » lors des braquages de cette année à Cannes. Comment définiriez-vous votre management des collaborateurs ? CDL : Les dés sont pipés car je travaille beaucoup avec la famille et les collaborateurs du départ. La part affective a donc une bonne place. Nous avons tous fait la même promesse à mon mari avant sa mort, et ceux qui ont choisi de rester sont devenus des piliers. Je leur fais confiance, une nécessité à chaque poste dans une maison familiale. Je gère cette entreprise comme une mère de famille, laissant des responsabilités. Chacun est patron dans son domaine, mais doit me dire la vérité. Je délègue de plus en plus, puisque mes enfants ont vocation à prendre le relais. WR : Mon management est juste et proche, puisque j’accomplis sans cesse des tournées dans les douze magasins. Il est aussi dur avec le vendeur qui ne suit pas les procédures. Son métier est difficile, exigeant. Il doit être au rendezvous avec le client, il n’est donc pas possible de banaliser les tâches. Je suis là pour qu’il « ne rate pas le train ». Je contrôle la partie commerciale ; par la suite, mais il fait perdre du temps. Je préfère la ligne droite à la sinueuse, le mieux est de réussir dès le début. Cependant il permet parfois d’ouvrir les yeux, d’arrêter de prendre une voie qui n’était pas la bonne. Que changeriez-vous dans la règlementation ? CDL : Trop c’est trop en ce qui concerne les impôts. Les PME vont mourir les unes après les autres en France, nous faisons tout pour tuer la richesse dans ce pays. La bataille menée contre l’alcool, les obligations de signifier que nos produits sont mauvais pour la santé, sur cette terre de vignoble, en est l’exemple parfait. Malgré les apparences, les in- “ Le plus grand paradoxe : la France est le pays du luxe, mais c’est aussi là que le luxe y est le plus mal perçu ” Walter Ronchetti d’autres, avec qui j’ai de la complicité pour leur confier une telle mission, contrôlent l’opérationnel. Le facteur humain est plus dur que la comptabilité, le marketing ou les finances. Quelle est votre perception de l’échec ? CDL : Le pire est passé pour moi, lors de la perte de mon mari. Mes beaux-parents sont décédés un an après, mes parents n’étaient déjà plus de ce monde. Je me suis retrouvée seule pour élever les enfants. Nous nous sommes soudés dans l’adversité. Donc l’échec peut me toucher, mais certainement pas m’anéantir après ce que j’ai vécu. Je préfère en retirer le côté positif, ce qui est peut-être dû à mes origines belges. Les Français devraient s’inspirer de cet optimisme parfois. WR : Bien sûr il permet d’apprendre, mais il m’incombe de l’éviter. On le dit valorisable dépendants souffrent en Champagne, à cause du prix du raisin en hausse. WR : L’amalgame entre les chefs d’entreprise – qui travaillent 16 heures par jour et mettent leurs deniers personnels dans leur affaire – et les dirigeants du CAC40 traduit bien la méconnaissance de l’entrepreneuriat. En outre, audelà du montant des prélèvements, je voudrais attirer l’attention sur leur complexité et leurs changements incessants. Pour mon magasin à Londres je m’acquitte d’une somme mensuelle à un seul organisme qui se charge de tout redistribuer, y compris les charges et impôts pour le personnel puisque le prélèvement se réalise à la source. Propos reccueillis par Matthieu Camozzi www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 25 CLUB ENTREPRENDRE n°6 CLUB ENTREPRENDRE n°6 L’Analyse L’Analyse Artisans : handle with care Rarement sous les feux de la rampe, l’artisanat poursuit pourtant son bonhomme de chemin, entre les morsures de la crise et la concurrence des grands groupes. Charmantes anomalies, gages d’une qualité made in France, ou structures de proximité inégalables ? Les trois, mon capitaine. P lus une semaine sans l’annonce de la suppression de milliers d’emplois dans une grande entreprise. Et à chaque fois, la même impression que l’économie française se délite un peu plus de jour en jour. Mais c’est oublier une évidence : ETI et multinationales ne représentent pas la totalité de l’activité du pays. Car comme l’affirme un slogan efficace, c’est bien l’artisanat qui constitue la première entreprise de France. Au premier janvier 2013, les Chambres de métiers et de l’artisanat annonçaient plus d’un million et mal connu. C’est en tout cas l’avis d’Olivier Torrès, professeur d’économie à l’université de Montpellier 1 et à l’EM Lyon, et créateur de l’observatoire Amarok sur la santé des artisans : « Tout l’enseignement du management est pensé et structuré autour de la grande entreprise. D’ailleurs, la plupart des professeurs sont spécialisés en marketing, en finance ou en gestion des ressources humaines. A l’inverse, il y a un impensé majeur, une absence totale de théorisation autour de la PME et de l’artisanat. La preuve : en cinq “ appréciés des consommateurs. C’est là l’une des principales forces de l’artisanat : la perception de qualité de leur travail par les consommateurs. Une réputation qui s’explique aisément. « Aujourd’hui, les gens sont en quête d’authenticité, de qualité individuelle, d'unicité et de personnalisation du produit et du service, ce qui a toujours été la spécificité de l'artisanat », affirme Florence Cognie, sociologue, spécialiste de l’artisanat au laboratoire de recherche Dysola de l’université de Rouen. Même son de cloche chez Alain Griset, L’artisan est proche de son marché, de ses salariés, de ses fournisseurs, des institutions d’entreprises artisanales regroupant 3,1 millions d’actifs – soit un sur dix – pour un chiffre d’affaires de 300 milliards d’euros. Le tout réparti de façon relativement équilibrée entre alimentation (11%), production (17%), bâtiment (40%) et services (32%). Malgré cette forte implantation en France, l’artisanat demeure pourtant un secteur mal compris, ans d’études pour décrocher mon agrégation d’économie, je n’ai pas entendu une seule fois prononcé le terme d’artisanat ! Cette méconnaissance explique en grande partie le manque de pertinence des décisions prises par les gouvernants en matière d’artisanat, ainsi que le sentiment partagé par de nombreux artisans d’être incompris. » Incompris des décideurs, mais ” président des Chambres de métiers et de l’artisanat : « Pour le consommateur, les scandales récents de la filière de l’agroalimentaire industriel expliquent le retour à la qualité et à la traçabilité. Le savoir-faire des artisans répond également à une nouvelle demande des consommateurs, le « sur-mesure », très prisé de nos jours, qui répond au rejet de la standardisation. simplement à bien vivre de son métier », explique la sociologue. Pour autant, l’artisan ne demeure pas terré dans son coin comme on pourrait le croire trop souvent. Ainsi, 30% des exportateurs français sont des entreprises artisanales, pour un montant supérieur à 4 milliards d’euros. Mais 77% des artisans n’ont pas d’expérience préalable à période difficile, l’entreprise artisanale peut être très rapidement en difficulté car elle est essentiellement assise sur les capitaux propres du patron, ou sur l’emprunt », regrette Florence Cognie. Difficile, par exemple, de s’offrir un nouveau local en cas de modification géographique de la demande… L’attitude des banques et des clients est aussi Les clients font passer la qualité avant le coût. » La qualité, un enjeu d’autant plus important que les petites entreprises et les indépendants fondent avant tout leur communication sur le bouche-à-oreille local. L’artisan jouit aussi d’autres atouts majeurs dans sa manche. La passion de son travail, et de son travail bien fait, érigée en élément clé de la culture artisanale. « La grande majorité des artisans que j’ai rencontrés, même chez les reconvertis, ont bâti leur parcours sur le modèle de la vocation, selon les termes de Gilles Moreau », juge la sociologue. Mais l’essentiel pourrait bien être ailleurs : dans la notion de proximité, à tous les sens du terme. « L’artisan est proche de son marché, de ses salariés, de ses fournisseurs, des institutions, énumère Florence Cognie. Or cette proximité, qui était jusqu’à il y a peu considérée comme quelque chose de ringard, est devenue un atout majeur. » La preuve, c’est que les grandes entreprises s’essaient aujourd’hui de plus en plus au marketing personnalisé, afin de répondre au plus près aux besoins de leurs clients. A la différence près que malgré tous leurs efforts, « Le salut passe avant tout par la réouverture de l’accès au crédit » 26 menté, mais cette diminution demeure préoccupante. Comment l’expliquer ? Sur le temps long, nous avons pâti d’une transformation des habitudes alimentaires. Autrefois, les gens achetaient systématiquement un gâteau pour les fêtes et le repas dominical. Aujourd’hui, c’est passé de mode. Plus récemment, au risque de manquer d’originalité, je suis obligé d’évoquer la crise économique qui nous a frappés de plein fouet, comme de nombreuses autres branches de l’artisanat. Et mal- DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr heureusement, les mesures du gouvernement actuel ne sont pas pour améliorer la situation. L’Union des professions artisanales (UPA) a d’ailleurs mis en place le collectif des « Sacrifiés » pour s’élever contre le déplafonnement des cotisations vieillesse et maladie, ainsi que la suppression des aides à l’apprentissage. Finalement, l’artisanat représente-t-il encore un modèle économique viable ? Je l’espère de tout cœur, car nous faisons tous de formidables métiers de passion. Mais vous avez raison, la question est aujourd’hui d’actualité. Selon moi, le salut de l’artisanat passe avant tout par la réouverture de l’accès au crédit. Or la situation est aujourd’hui totalement bloquée : plus aucune banque n’accepte de prêter à un artisan. Et pourtant, nous avons des besoins récurrents, notamment en termes de modernisation de matériel. C’est la survie de l’artisanat qui est ici en jeu. Propos recueillis par Olivier Faure les Universités régionales des métiers de l’artisanat (URMA) qui, s’appuyant sur la nécessité de former des managers de l’artisanat, permettent aux décrocheurs de se réinsérer, aux étudiants de rejoindre les métiers de l’artisanat et aux artisans ou à leurs salariés de progresser dans les domaines de la gestion des entreprises ou de la technique des métiers. Concernant la question financière, les Chambres “Les coopératives d’artisans représentent un nombre incalculable d’atouts pour les artisans Zoom sur la pâtisserie, avec Frédéric Lescieux, pâtissier à Valenciennes et président de la Fédération nationale des pâtissiers, chocolatiers, glaciers, confiseurs et traiteurs de France. Comment se porte la pâtisserie artisanale ? Nous sommes 5000 entreprises en France, représentant 25 000 salariés et un chiffre d’affaires cumulé de 3 milliards d’euros. Nous avons par ailleurs formé 13 000 apprentis en 2013, contre 7000 en 2012, soit une augmentation très encourageante. Mais derrière ce chiffre flatteur, il faut se rappeler que la pâtisserie artisanale représentait encore 15000 entreprises il y a 20 ans, soit trois fois plus qu’aujourd’hui. Bien sûr, dans le même temps, le nombre de salariés a aug- entre les artisans et leurs fournisseurs, oubliant les particuliers qui ne sont pas concernés. Or beaucoup d’entre eux ne règlent pas leurs factures immédiatement et ce sont les artisans qui assurent la trésorerie. » Même constat de schizophrénie en ce qui concerne l’innovation. Proche de ses clients, très professionnel en termes métier, et extrêmement flexible, l’artisan est un laboratoire de R&D à lui Les artisans demeurent des entrepreneurs fortement soumis aux aléas économiques. les géants n’offrent que des produits ou services « de série », quand l’artisan offre une forme d’unicité. Même constat en ce qui concerne la relation de l’artisan à ses salariés. « Les uns et les autres sont extrêmement proches, note Olivier Torrès. Ils se voient tous les jours, et les artisans sont extrêmement fiers d’annoncer à la fin de leur carrière avoir formé dix ou vingt apprentis. Il existe une grande fierté à transmettre des savoirs et des valeurs. » Proximité aussi en matière de capital. En général, le petit patron est propriétaire de son outil de production, contrairement aux grandes entreprises où l’assise financière est basée sur l’actionnariat. Proximité fonctionnelle enfin, qui se retrouve dans une forme de polyvalence. Mais chaque médaille a son revers. Et qui dit modèle basé sur la proximité ne dit-il pas nécessairement développement limité ? « Il est exact, et c’est d’ailleurs une de ses particularités, que l’artisan est un entrepreneur non maximisant, c’està-dire qu’il ne cherche pas à tout prix à se développer, mais l’international, et l’acte d’importation est impulsé dans 73% des cas par le client. Pour faire évoluer la situation, Alain Griset pointe un élément d’importance : « L’oubli des artisans dans les dispositifs d’accompagnement et leur insuffisante insertion dans les dispositifs de guichets uniques à l’export. Quand y aura-t-il une entreprise artisanale ou représentant une filière de l’artisanat faisant partie des invités du président de la République pour un déplacement à l’étranger ? » Autre contrepoint à la structure même de l’entreprise artisanale : sa faible assise financière. « En mise en cause par le président des Chambres de métiers et de l’artisanat : « Les difficultés pour obtenir des crédits ne datent pas de la crise ! En France, la culture bancaire est très prudentielle. A tort, car ce ne sont pas les entreprises artisanales qui mettent les banques en faillite… Récemment, l’action du médiateur du crédit a fait évoluer le comportement de certaines banques et les Chambres de métiers et de l’artisanat ont résolu bon nombre de difficultés par son intermédiaire. Reste également à régler le problème des délais de paiement. La loi LME de 2009 les a modifiés tout seul. Mais trop souvent « tête dans le guidon » selon leurs propres termes, les artisans n’ont pas toujours le loisir de réfléchir au renouvellement de leur gamme, ou à l’amélioration de leurs produits. Enfin, l’une des préoccupations majeures des petits patrons demeure la difficulté à trouver une main d’œuvre formée et qualifiée. Pourquoi cette pénurie ? « Car l’artisanat, malgré tous ses attraits, attire peu, tente d’expliquer Olivier Torrès. Et en France, on préfère toujours que son fils devienne un petit fonctionnaire que plombier à son compte. » Autant de difficultés qui ont, avec la crise, fragilisé la filière artisanale en France. « Le métier répondant le plus souvent à un service de proximité ou à un besoin fondamental du consommateur, cela a permis de maintenir le niveau d’activité, juge Alain Griset. Pour autant, et pour la première fois depuis dix ans, le nombre des entreprises diminue et la situation de nombreux artisans est précaire. Entre 2008 et 2010, les artisans avaient plutôt bien géré la crise. Mais depuis le second semestre de 2011, la situation s’est fortement dégradée. Pendant plus de dix ans l’artisanat a créé 50 000 emplois par an ; en 2012, on a tout juste réussi à stabiliser nos effectifs salariés et dans les prochains mois, cela ne risque pas de s’arranger. Le bâtiment est l’activité la plus touchée, mais les autres ne sont pas à l’abri d’un coup de froid. » Aussi importe-t-il aujourd’hui que la filière réalise les bons choix stratégiques. Au premier rang de ceux-ci, la perpétuation et l’amélioration de la tradition de formation des apprentis. Dans ce sens ont été crées en 2009 ” de métiers ont aussi créé un outil censé améliorer l’accès au crédit grâce à un système de cautionnement mutuel porté par la Siagi, une société gérée par les Chambres des métiers et de l’artisanat. Mais aujourd’hui, la vraie porte de sortie par le haut pourrait résider ailleurs : dans la mise en place de coopératives d’artisans. « Elles représentent un nombre incalculable d’atouts pour les artisans, affirme Michel Pernin, président de la Fédération française des coopératives et groupements d’artisans (FFCGA). En mutualisant les ressources et en permettant des commandes de groupes, elles empêchent les fournisseurs d’imposer leurs prix. Et ainsi, elles offrent plus d’autonomie aux artisans. Ensuite, elles leur font gagner en moyenne une demijournée de gestion administrative par semaine : demandes de devis, études des prix, gestion comptable… Elles leur permettent aussi de réduire les stocks, d’améliorer les conditions de livraison, et offrent un accès sans précédent à l’information et à la formation technique. » Une solution qui attire de plus en plus d’indépendants : aujourd’hui, on compte 425 coopératives en France – soit une hausse de 7% par rapport à 2012 – qui représentent 59 000 entreprises artisanales. Des chiffres qui augmenteront encore davantage le jour où sautera un verrou psychologique majeur : celui du passage de l’indépendance à l’interdépendance. Olivier Faure www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 27 CLUB ENTREPRENDRE n°6 En immersion Fenêtre sur Ateliers À La Chaussée Saint-Victor, dans le Loir-et-Cher (41), les Ateliers du Grain d’Or tracent leur sillon. Avec sa main d’œuvre de travailleurs handicapés, une bonne dose d’énergie et beaucoup de bonne volonté, l’entreprise adaptée tente d’en remontrer à ses concurrents dans un environnement rendu de plus en plus précaire par la crise, sans négliger sa mission sociale. H uit heures du matin, le thermomètre affiche à peine dix degrés, mais aux Ateliers du Grain d’Or, dans la banlieue de Blois (Loir-et-Cher), les ouvriers sont déjà à pied d’œuvre. Armé d’une pelle, l’un d’eux est monté dans la remorque d’un camion où attendent les feuilles mortes ramassées la veille, qu’il déverse énergiquement dans une benne. Dans un vaste hangar de stockage, des équipes de trois à quatre personnes s’emparent de souffleurs de feuilles, de taille-haies et de râteaux dont ils chargent des camions qui les emmèneront sur les chantiers de la journée : entreprises, collectivités et particuliers les attendent pour l’entretien de leurs espaces verts. Le hangar communique avec un atelier où une vingtaine d’ouvriers s’installent dans la bonne humeur, prêts à s’atteler à leurs travaux de la journée : conditionnement, étiquetage, câblage… Un début de journée banal, comme en vivent tant d’entreprises en France. A la seule différence que les Ateliers du Grain d’Or sont une Entreprise adaptée (EA), c’est à dire qu’au moins 80% de ses salariés sont des travailleurs handicapés. ENTREPRISE ADAPTÉE Un secteur méconnu, rattaché à l’Economie sociale et solidaire (ESS) et qui alimente beaucoup d’a priori chez les non initiés, mais qui compte tout de même 700 entreprises et emploie 30 000 salariés – dont 24 000 salariés handicapés – pour un chiffre d’affaires estimé à 1,05 milliard d’euros. Leurs activités sont très variées : espaces verts, soustraitance, entretien, travaux administratifs, restauration, blanchisserie, imprimerie, logistique… « La vocation des entreprises adaptées est d’employer des salariés très éloignés de l’emploi (75% des 28 salariés en situation de handicap n’ont aucune qualification, ndlr) et de permettre à des travailleurs handicapés d’exercer une activité professionnelle salariée dans des conditions adaptées à leurs possibilités, tout en prenant en compte les exigences économiques », explique Patrice Petit, le directeur des Ateliers du Grain d’Or. Leur mission sociale est capitale puisqu’en France, selon une étude de la Dares (ministère du Travail) portant sur des chiffres de 2011, deux millions de personnes de 15 à 64 ans ont une reconnaissance administrative de leur handicap, mais seulement 700 000 travaillent, et leur taux de chômage est de 21%, soit plus du double de celui de la population totale. FIBRE SOCIALE… Les Ateliers du Grain d’Or ont été fondés en 1989 par l’Adapei 41 (Association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales du Loir et Cher), qui gère une douzaine de structures dans le département (jardin d’enfant spécialisé, institut médico-éducatif, foyers de vie, structures d’hébergement, etc.). L’entreprise adaptée compte une soixantaine de salariés, dont une cinquantaine Une frontière moins hermétique qu’il n’y paraît plus calme, mieux aménagé », explique l’homme de 45 ans. Nathalie Pourmarin, 28 ans, travaille dans une équipe de au-delà de l’aspect professionnel : leur hygiène, leur tenue, leur santé, leurs fréquentations…, explique “Sa fibre sociale n’empêche pas l’entreprise de revendiquer des parts de marché ” ont été reconnus comme travailleurs handicapés – maladie génétique, accidents de la vie, déficience intellectuelle légère et moyenne – et orientés vers le marché du travail par la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH). JeanFrançois Hamel travaille aux Ateliers depuis cinq ans. Suite à un accident de voiture, il n’a pas pu conserver son emploi à la chocolaterie Poulain de Blois. « Ici, le rythme est DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr nettoyage. La jeune femme a aussi travaillé dans des entreprises classiques, mais ne souhaite pas y retourner de sitôt : « Ici, on se sent plus en sécurité et on prend davantage en compte nos handicaps ». De fait, le travail est aménagé en conséquence : les tâches sont réparties selon les capacités de chacun et les horaires allégés pour les activités les plus éprouvantes. « La fibre sociale de l’encadrement nous permet d’être attentifs aux salariés Alexandre Hausknost, le directeur général de l’Adapei. Nous sommes très vigilants car tout changement de comportement peut indiquer un problème. » … ET ENJEUX ÉCONOMIQUES Sa fibre sociale n’empêche pas l’entreprise de revendiquer des parts de marché. Pour cela, elle a pris position sur trois grandes activités : création et entretien d’espaces verts (environ 45% de son CA), nettoyage et propreté (environ 10% du CA) et industrie (conditionnement, étiquetage, assemblage mécanique, etc.). L’atelier industriel, labellisé ISO 9001 et qui garantit un taux d’erreur proche de zéro, s’appuie sur quelques clients historiques, comme Delphi, Valeo, Mercura et Daer. Mais Jean-Marie Guérin, un homme affable d’une cinquantaine d’années qui en est le responsable depuis 25 ans, laisse poindre une touche d’inquiétude : « Depuis la crise, certains clients préfèrent conserver en interne des tâches qu’ils nous auraient confiées autrefois. L’activité reste correcte mais la visibilité ne dépasse pas 15 jours. Notre force réside dans notre souplesse qui nous permet de nous adapter très vite à de nouvelles commandes. » Pour assurer sa mission d’insertion, l’entreprise, comme toutes les EA, bénéficie de quelques coups de pouce. La rémunération des salariés est au minimum égale à 100% du SMIC, et leur employeur perçoit des aides aux postes de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE). En outre, depuis la loi de 1987, les entreprises de plus de 20 salariés doivent compter dans leur effectif au moins 6% de personnes handicapées sous peine de pénalités financières. Dans les faits, aussi bien dans le privé que dans le public, le taux moyen ne dépasse pas 4%. Alors, pour se mettre en conformité avec la loi, ces entreprises ont aussi la possibilité de verser une contribution à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), conclure un accord de branche, ou passer un contrat de sous-traitance avec une entreprise adaptée ou un Etablissement et service d’aide par le travail (ESAT), comme celui du Moulin Chouard, avec lequel les Ateliers du Grain d’Or partagent leurs locaux. « Même si nous sommes compétitifs et bien que certaines entreprises aillent au-delà de leurs obligations, nombreuses sont celles à travailler avec nous simplement pour remplir leurs obligations légales », reconnaît Patrice Petit. Mais ces coups de pouce ne sont pas toujours suffisants et la crise n’a pas épargné les Ateliers du Grain d’or, qui ont perdu 2000 euros en 2011 puis 105 000 euros en 2012, pour un chiffre d’affaires de 1,488 millions d’euros. Début 2013, la situation devint si grave que, devant la menace de faillite, l’Adapei 41 remercia son directeur pour placer Patrice Petit à la tête des Ateliers en avril. Cet ancien directeur dans une entreprise de fabrication de matériel de boulangerie est parvenu en quelques mois à redresser la situation en réorganisant la structure et en redynamisant l’activité. Fin 2013, les comptes devraient revenir à l’équilibre et le chiffre d’affaires atteindre 1,7 millions d’euros. « L’objectif principal n’est pas de dégager une très forte rentabilité mais de créer des emplois, car la liste d’attente de travailleurs handicapés au chômage est longue », pointe le dirigeant. Mais tout n’est pas réglé pour autant : « la crise nous affecte comme n’importe quel soustraitant. Les marchés partent à l’étranger et nous devons chercher à développer des activités de service de proximité qui ne soient pas menacées par la délocalisation », poursuit-il. Une preuve de plus que l’entreprise adaptée des Ateliers du Grain d’Or est, à quelques détails près, une entreprise comme les autres. Aymeric Marolleau CLUB ENTREPRENDRE n°6 CLUB ENTREPRENDRE n°6 Electron libre Electron libre « Bonne nuit les petits… salariés » Aymeric Masson et Benoit Germanos, marchands de sable des temps modernes, facilitent le sommeil en entreprise. Et ça marche ! Un rêve éveillé qui a suscité tout l’intérêt d’EcoRéseau. sans se coucher. » Des sessions de 8 ou 20 minutes sont proposées. « Celle de 8 minutes est davantage une pause régénératrice qui va permettre un regain d’énergie pour les deux à trois heures "Non, vous ne pouvez voir Mme Durand entre 13h30 et 14h. Elle est ailleurs" C onsultants en somnolence en milieu professionnel… Il fallait oser. Les deux fondateurs de Someo à Lyon n’ont rien de doux rêveurs ou de facétieux agitateurs. Mais plutôt de prestataires en rodage, qui ont la ferme conviction, preuves à l’appui, que la sieste est un vecteur d’amélioration de la performance. « En 100 ans, nous avons perdu 90 minutes de sommeil par jour, soit l’équivalent d’un cycle de sommeil », argumentent les audacieux entrepreneurs. Or une pause régénératrice de 20 minutes augmenterait la vigilance de phée, afin de réduire à la portion congrue accidents du travail, baisse de productivité, absentéisme, risques psychosociaux et turn-over élevé. L’OREILLER HONNI AU BUREAU Leur but ? Que le salarié se sente mieux physiologiquement. Les deux entrepreneurs se diversifient ainsi sur le bien-être en général, avec un coach sportif qui aide à se positionner devant l’ordinateur, ou des spécialistes alimentaires. Mais leur axe d’intervention principal reste la sieste. « L’idéal serait 20 à 25 minutes de sommeil dans “Une pause régénératrice de 20 minutes augmenterait la vigilance de 54% et la performance de 34%, selon une étude réalisée par la NASA ” 54% et la performance de 34%, selon une étude réalisée par la NASA en 1995. Les associés ont donc mis au point des dispositifs de pauses régénératrices opérationnels et institutionnalisés, des formations adaptées et un accompagnement pour faciliter ces rendez-vous avec Mor- 30 la journée, deux à trois fois par semaine dans un lieu dédié », proclame Aymeric Masson. Un scénario peu probable compte tenu des modes de vie modernes. « Nous travaillons donc sur les microsiestes, en créant un environnement propice à ces petites tranches de repos prises DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr qui suivent. Elle est adaptée avant une importante échéance par exemple. Celle de 20 minutes constitue une vraie phase de récupération », distingue Benoit Germanos. Someo accompagne les salariés pour les aider à identifier leurs pics de somnolence – 20% d’entre eux reconnaissent somnoler au travail – et met à disposition des outils pour atteindre plus vite les phases de sommeil. Au programme, dans une pièce spécifique, des effets olfactifs (parfums), visuels (jeux de lumières particuliers) mais surtout sonores, avec des bruits de la nature et des voix, inspirés des techniques d’hypnose, de yoga, et de sophrologie. « Ce guidage verbal est censé ralentir l’activité cérébrale », explique Aymeric Masson, qui révèle que Someo teste en ce moment des outils sonores à destination des salariés en travail de nuit. L’accompagnement se révèle en revanche nécessaire, parce qu’ « en Occident le sommeil est tabou. Contrairement aux pratiques en vigueur en Chine, au Japon ou en Afrique, celui qui part dormir en entreprise est considéré comme un paresseux. La salle de sommeil ne suffit pas, il faut y ajouter des ateliers pédagogiques et une communication de la direction. Sinon c’est très simple, les gens n’y vont pas », révèle Aymeric Masson. RENCONTRE FORTUITE ET FRUCTUEUSE Le concept atypique Someo est né d’une rencontre amicale dans un club d’Aïkido. Aymeric Masson et Benoit Germanos sont issus d’uni- vers bien distincts, mais ont en commun cette appétence pour plusieurs domaines. Le premier est un ingénieur de 38 ans, sorti de l’Ensimag à Grenoble. Attiré par la médecine, Aymeric Masson a obtenu en parallèle un DEA en médecine et biologie à Grenoble. « Je gardais à l’esprit la thérapie, malgré une carrière de consultant en informatique. En 2011 j’ai franchi le pas et me suis lancé dans une reconversion vers l’hypnothérapie, suivant les cours de l’Institut fran- çais d’hypnose Ericksonienne à Paris, sur mes congés au début, totalisant au final 100 jours de formation. » Le second est un ingénieur du son de 29 ans, passionné par « l’influence du son sur l’état d’esprit des gens ». Un BTS obtenu à Cannes puis une licence en audiovisuel et cinéma décrochée à l’université Lumière Lyon 2, Benoit Germanos a travaillé dans un studio indépendant durant plusieurs années, mais a vite souhaité s’éloigner de cette Encore un dossier bien pesant voie : « le savoir-faire accumulé était surtout utilisé à des fins de communication sonore et de marketing ». Les deux hommes n’avaient pas pour objectif de s’associer et de créer une entreprise. « Nous avons accompli un travail « one shot » avec de sieste, ou Zen - Le bar à sieste, font parler d’eux, ce qui laisse quand même du champ libre ». En avant toute pour Someo donc, qui bénéficie depuis avril 2012 de l’expertise de la couveuse d’activités Cap Services à Lyon, organisée sous forme “En Occident le sommeil est tabou. Contrairement aux pratiques en vigueur en Chine, au Japon ou en Afrique, celui qui part dormir en entreprise est considéré comme un paresseux ” un designer de lumière qui voulait installer des dispositifs éphémères pour une entreprise. Perfectionnistes, nous avons passé beaucoup de temps à tout peaufiner. Nous nous sommes alors dit qu’il serait dommage de ne pas capitaliser sur les efforts fournis et les résultats obtenus », résument pragmatiquement les deux complices. LE SOMMEIL, UNIVERS INFINI Signe que dormir devient un enjeu de bien-être au travail, trois jeunes diplômés de l’Insa viennent de mettre au point leur cabine de sommeil, Napiz, reprenant l’expression anglo-saxonne de « power-nap », ou « sieste énergisante ». « Nous avons pu y diffuser nos scénarii sonores lors de la journée du sommeil en mars 2012 », se souvient Aymeric Masson, selon qui la concurrence est pour l’heure faible : « Seuls Sixta, qui installe des salles de coopérative. « Nos clients, qui sont au nombre d’une dizaine, peuvent être des collectivités, de grands groupes industriels comme des startup de trois personnes. L’élément déclencheur reste la prise de conscience du chef d’entreprise », affirment les deux entrepreneurs, qui procèdent par étapes, débutant par des ateliers, des conférences de sensibilisation, puis seulement des salles spécifiques. « Nous équipons un service, puis si les dispositifs plaisent ils sont diffusés. Notre porte d’entrée ? La médecine du travail, le CHSTC, les RH, les dirigeants et parfois le CE », résument les maîtres du sommeil qui signent enfin des contrats. « Les choses mettent beaucoup plus de temps que prévu à se mettre en place ». Le monde de l’entreprise n’est pas un conte à dormir débout… Matthieu Camozzi www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 31 CLUB ENTREPRENDRE n°6 CLUB ENTREPRENDRE n°6 Leçons de maux Prospective Reprise culottée Money, Money… e-Money Rachats successifs, délocalisations, perte de clients… Après un siècle de succès, Lejaby a sombré. Mais renaît aujourd’hui dans différents projets où le luxe et les petites séries s’imposent. Les monnaies digitales, décentralisées et en open source, sont en plein essor. Malgré leur part d’ombre, elles pourraient déstabiliser le système monétaire mondial traditionnel. Pour le remplacer par un modèle plus démocratique et au service de l’économie réelle ? Prospective fiction. ans les années 1930, Gabrielle Viannay travaille comme « cousette » dans l’entreprise de lingerie F. Gauthier et Cie. Lorsque cette dernière migre à Bourg-en-Bresse, l’ouvrière décide de créer sa propre marque, à Bellegarde-sur-Valserine, dans l’Ain, avec l’aide de son beau-frère, Marcel Blanchard. C’est une créatrice qui multiplie les innovations pour l’élégance et le confort de ses clientes. Si bien que ses créations rencontrent vite le succès. En 1961, soit sept ans après la mort de Gabrielle Viannay, Lejaby est acheté par Maurice et Charles Bugnon. Doués pour le marketing, ils développent la marque dans toute l’Europe. En 1966 ils rachètent la marque de maillots de bain Rasurel, fondée en 1928, puis la marque de collants Well dans les années 1970. Dans les années 1960, ils révolutionnent la lingerie en recourant à des matériaux innovants, comme la fibre Lycra. nologies, comme les microfibres, marquent le début du déclin. Deux maux, en particulier, tombent sur l’entreprise familiale : les délocalisations et la vente à des fonds étrangers. En effet, en créant un premier atelier en Tunisie en 1992, Maurice Bugnon inaugure une longue série de délocalisations pour Lejaby. En 1996, après le décès de Maurice Bugnon à 85 ans, l’entreprise est cédée usines en France et en licenciant 650 employés. SENS DESSUS-DES- SOUS Ainsi, au début des années 2010, Lejaby ne compte plus que quatre sites de fabrication dans l’Hexagone : Yssingeaux, une centaine de salariés ; Bourg-en-Bresse, 88 salariés ; Bellegarde-surValserine avec 47 salariés ; Le Treil, une soixantaine de au dernier trimestre 2011, par manque de trésorerie, la société est mise en redressement judiciaire, puis en liquidation. En décembre, cinq offres de reprise sont présentées. MAISON LEJABY En janvier 2012, Lejaby est reprise pour un euro symbolique à la barre du Tribunal de commerce de Lyon par un consortium mené par l’en- L’ÂGE D’OR Jusque dans les années 1990, la société connaît un fort développement et comptera jusqu’à une dizaine de sites en Rhône-Alpes et Auvergne, pour 1200 salariés. Elle vend dans toute l’Europe ses soutien-gorge, culottes et autres guêpières. Les années 1990, malgré l’apport de nouvelles tech- 32 ciété des Atelières est en train de tisser sa toile. En janvier 2012, Muriel Pernin, qui dirige une société de communication, est particulièrement émue par le sort des salariées de Lejaby. Elle contacte Nicole Mendez, déléguée CFDT entrée chez Rasurel en 1974. Ensemble, elles vont mobiliser les éner- D écembre 2033, les fêtes de Noël approchent et il est temps de faire les derniers achats pour garnir le pied du sapin OGM – fluorescent et paré d’une neige éternelle. Dans les magasins, les clients scannent leur smartphone aux caisses automatiques : pour soumises à beaucoup de spéculation et souffraient d’une faible liquidité, puisqu’elles n’étaient connues que de quelques geeks tendance anar. Elles avaient aussi mauvaise presse, puisqu’elles étaient accusées de servir de refuge aux hackers et à la mafia Russe, et de favoriser le blan- ou encore la Grande-Bretagne. D’autres pays se sont montrés plus conciliants, comme l’Allemagne, qui a reconnu le Bitcoin dès octobre 2013 comme une monnaie privée, se donnant ainsi les moyens de le taxer. D’ailleurs, malgré l’opposition des banques et “ Les monnaies alternatives, digitales et décentralisées, ont supplanté les reliques qu’étaient le Dollar et l’Euro ” Maison Lejaby mise sur le luxe Lejaby tente de recoudre les morceaux French touch visé par deux leurs commandes. Pas de quoi néanmoins décourager Alain Prost : « J’étais un entrepreneur dans l’âme et quand l’opportunité de reprendre Lejaby s’est présentée, j’ai décidé de plonger et de réaliser un projet qui me tenait à cœur. Je connaissais bien le secteur et Lejaby, qui avait au groupe Américain Warnaco, qui possède la marque de sous-vêtements Calvin Klein et de maillots de bain Speedo. En 2003, Lejaby subit son premier plan social, avec la fermeture de quatre usines et la suppression de 250 emplois. 40% de la fabrication seulement reste en France. En 2007, même si la marque reste numéro 2 en France derrière Chantelle, elle ne compte plus que 650 employés et est mise en vente par le groupe américain. Elle est finalement achetée en 2008 pour 45 millions d’euros par le groupe autrichien Palmers Textil AG, qui s’empresse de mener un nouveau plan social en fermant trois DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr salariés. A Rillieux-la-Pape, le siège social compte 250 salariés. Mais en mars 2010, un nouveau plan social est annoncé, visant à délocaliser la production en Tunisie, au Maroc trepreneur Alain Prost – homonyme du célèbre pilote automobile. Il conserve le site de Rillieux-la-Pape, avec 195 employés. « La société était très mal en point, elle venait de perdre 10 millions “L’esprit de Lejaby rejaillit dans plusieurs projets ” ou en Chine, pour ne conserver que 7 à 10% de la fabrication en France, contre 30% auparavant. Dès septembre, les ouvrières se mettent en grève et occupent les locaux et jusqu’en 2012, les personnalités politiques vont se succéder à leur chevet. Mais d’euros en 2011, pour un chiffre d’affaires de 40 à 50 millions d’euros », se souvient le repreneur, ex-numéro 2 de Chantel et président de La Perla. Le défi était grand : l’entreprise avait perdu la moitié de ses clients et ceux qui étaient restés avaient di- un grand savoir-faire, une marque forte et une notoriété que quelques années de difficultés ne pouvaient pas vaincre. » Pour relever l’entreprise, il change le nom : Lejaby devient Maison Lejaby. Puis il mise sur quatre collections : Collection Principale, Collection Elixir, pour les femmes rondes, Collection Bain (ex-Rasurel) et Collection Couture, une nouvelle gamme luxe 100% made in France lancée en juillet 2012. En 2012, Maison Lejaby a réalisé 24 millions d’euros de chiffre d’affaires, et vise 30 millions d’euros pour 2013. Pour l’avenir, Alain Prost assure que « Maison Lejaby devra récupérer ses clients traditionnels et, pour le luxe, sortir des frontières françaises afin de viser les marchés européens, asiatiques et moyen-orientaux ». LES ATELIÈRES L’esprit de Lejaby rejaillit dans plusieurs projets. Outre la reprise du site de Bourgen-Bresse avec 50 salariés par la marque de lingerie Princesse Tam-Tam, la So- gies pendant un an. En juin, elles créent une association et lancent une souscription sur les réseaux sociaux qui leur permet de réunir 85 000 euros, et elles réunissent des financements, notamment 60 000 euros de la part de la région Rhône-Alpes. En juillet, elles nouent un partenariat avec Maison Lejaby, qui leur passe des commandes et leur vend à prix d’ami des machines. En octobre 2012, elles créent une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), lancent les recrutements et la formation. Le 14 janvier 2013, Muriel Pernin et Nicole Mendez ouvrent finalement la Société des Atelières à Villeurbanne avec 26 employés, dont 22 couturières. « J’aurais pu prendre ma retraite tranquillement, mais ce projet est fantastique, explique Nicole Mendez. Après avoir passé les dernières années dans la difficulté, dos au mur, je peux enfin regarder devant. » Aymeric Marolleau 300 bictoins, c’est un robotmajordome pour toute la famille ; pour 100 bitcoins, un skateboard volant pour le fils de 16 ans. Un café coûte 50 satoshis – les centimes de bictoins. Depuis quelques années, les monnaies alternatives, digitales et décentralisées, qui se passent des institutions financières, ont supplanté les reliques qu’étaient le Dollar et l’Euro. Aux Etats-Unis et en Europe, les planches à billet des Banques centrales ont cessé de tourner. Dans le choix d’émettre la monnaie, les internautes ont remplacé les gouvernements, les pièces conservées dans les foyers servent à caller les meubles et les billets à bourrer les oreillers. Après avoir révolutionné l’industrie de la musique, des médias, du commerce et de la banque, Internet a renversé la monnaie traditionnelle, centralisée et arbitraire. Les débuts des « crypto-monnaies » ont pourtant été laborieux. Dans les années 2000, de nombreuses monnaies électroniques décentralisées ont vu le jour, soit créées par des développeurs sous forme de logiciels libres, comme le Bitcoin et le Litecoin, soit parce qu’elles sont apparues dans des jeux vidéos avant de s’immiscer dans l’économie réelle, comme le Linden, la monnaie de Second Life. Ces monnaies étaient alors très instables, chiment d’argent et les transactions illicites. Avec comme point culminant la fermeture par le FBI du site Silk Road – l’eBay de la drogue – en 2013, amenant la saisie de 26 000 bitcoins, soit l’équivalent de 3,5 millions de dollars. En juillet 2013, la Thaïlande a été le premier pays à interdire la circulation de la monnaie créée en 2009 par un certain Satoshi Nakatomo – un pseudo – suivi dès 2015 par les Etats-Unis, la Russie des gouvernements, les monnaies décentralisées ont profité des erreurs de ces derniers, en particulier la crise de l’Euro, l’instabilité monétaire et économique mondiale, et l’affaire de l’espionnage par la NSA en 2013, incitant les individus à protéger davantage leurs données personnelles. Devant l’obstination de la Banque centrale européenne à refuser de relancer l’inflation malgré le poids écrasant de la dette, Alternative crédible ou monnaie de singe ? de plus en plus de jeunes se sont tournés vers le Bitcoin pour investir et placer leurs économies. Dans le même temps, les banques traditionnelles étaient court-circuitées par l’essor du financement participatif et des prêts entre particuliers. Les épargnants prenaient leur revanche sur un système financier qui les avait dupés en 2007-2008. Dans des pays où les échanges financiers étaient très contrôlés, comme l’Iran ou la Chine, les monnaies peer-to-peer anonymes ont apporté une liberté bienvenue. Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent même pour réclamer l’instauration de l’étalon-Bitcoin pour remplacer l’étalon-or. La finance enfin domptée par l’esprit peer-to-peer ? Aymeric Marolleau Oleg Andreev, éditeur de logiciels (Pierlis) et programmeur informatique installé à Paris, familier de la monnaie digitale Bictoin. Le point de vue du spécialiste D Qu’est-ce que Bitcoin ? C’est d’abord un protocole informatique et un logiciel open source qui définit comment des jetons digitaux peuvent être transférés d’une personne à une autre sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir un tiers de confiance intermédiaire. Le protocole et toutes les transactions sont publics, ce qui rend le système très transparent. Comme le nombre de jetons est limité et le rythme de leur création prédictible, c’est un bon collectible, à l’instar de l’or. Mais Bitcoin a aussi des frais de transfert et de conservation très faibles, ce qui en fait une bonne monnaie, contrairement à l’or. Par qui a-t-il été créé ? Bitcoin a été créé en 2009 par un développeur qui a pour pseudonyme Satoshi Nakatomo et appartient sans doute à la communauté des « cypherpunks », constituée de personnalités telles que Julian Assange, Wei Dai ou Hal Finney. Il a expliqué avoir travaillé sur le projet pendant deux ans. Fin 2008, il a rendu public un livre blanc expliquant les principes de base de Bitcoin, puis, le 3 janvier 2009, la première version de Bitcoin. Depuis, de plus en plus de gens étudient son fonctionnement exact. Combien de Bitcoins sont en circulation ? Il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins, et chaque bitcoin contient 100 millions de satoshis. Mais le montant réel n’a pas d’importance, c’est un simple choix de nom. Ce qui importe, c’est la liquidité totale (« combien de personnes l’utilisent ? ») et quelle part vous en possédez comparativement aux autres. Si Bitcoin s’apprécie tellement que même 1 satoshi est trop grand pour acheter un chewing-gum, alors les internautes n’auront qu’à ajuster légèrement le protocole pour permettre des divisions plus petites. Est-ce une monnaie sûre ? Bitcoin échange un risque systémique (la confiance reposait sur le gouvernement et les banques) contre un risque individuel. Il est toujours possible de confier ses bitcoins à un tiers, mais vous pouvez aussi conserver vos clés secrètes (utilisées pour signer des transactions) dans votre propre ordinateur, sur votre téléphone mobile ou votre disque dur externe, ou même sur une feuille de papier. La plupart des utilisateurs les stockent dans leur propre « porte-monnaie ». Si ce dernier rencontre un bug, ou si leur ordinateur a un virus, les bitcoins peuvent être volés ou irrémédiablement perdus. Au moins, la perte d’une seule personne n’a que peu d’effet sur l’ensemble de l’économie, au contraire du système bancaire traditionnel. Avec le temps, la sécurité des porte-monnaie électroniques s’améliore et les utilisateurs seront de plus en plus éduqués à la sécurité de leurs bitcoins. Quels sont ses avantages ? Bitcoin est bien moins cher pour envoyer de l’argent dans d’autres pays. Western Union prend 30 dollars là où Bitcoin prélève 0,05 dollars ou rien du tout. Il peut être utilisé dans des pays où aucune autre monnaie ne passe, par exemple pour envoyer de l’argent en Iran ou en Chine. Les comptes Bitcoin ne peuvent pas être gelés et il n’y a pas de limite de retrait. Pour les commerçants, c’est un mode de paiement moins onéreux que les cartes de crédit, qui prélèvent une commission de 3 à 5%, et plus sûr. Pour les acheteurs, c’est un mode de paiement plus sûr, puisqu’on ne révèle pas ses codes secrets au marchand, contrairement aux cartes de crédit. A.M. www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 33 CLUB ENTREPRENDRE n°6 Créer aujourd’hui Les séniors entrepreneurs Les séniors sont de plus en plus nombreux à créer leur boîte. Plus expérimentés, plus prudents, mieux armés financièrement que leurs cadets… Leurs atouts sont nombreux et le phénomène prend de l’ampleur. Une bonne nouvelle face au problème du vieillissement de la population. 2 2 millions de français ont 50 ans ou plus. En 2030, les séniors seront 30 millions, soit 40% de la population. Le vieillissement de la société n’est pas sans poser problème, puisque les dépenses de santé et de retraite pèsent de plus en plus sur le budget de l’Etat. Il est également réputé menacer l’innovation et le dynamisme économique, puisque les séniors manifestent plus d’aversion au risque que leurs cadets, et se montrent moins novateurs. De plus, « l’espérance de vie en bonne santé à la retraite est passée de neuf ans en 1975 à presque 20 ans aujourd’hui, alors que les régimes de retraite sont en danger », observe l’économiste Stéphane Rapelli. CRISE ET AUTO- ENTREPRENEURIAT Une partie de la solution pourrait provenir d’un phénomène qui prend de l’ampleur : les séniors sont de plus en plus nombreux à créer leur entreprise. C’est le constat qui ressort d’une étude menée par deux chercheurs, Stéphane Rapelli, déjà cité, et Serge Guérin, sociologue, pour le compte de l’Observatoire Alptis de la protection sociale. Selon leur étude, « plus un sénior actif avance en âge, plus il se tourne vers l’entrepreneuriat » ; « si les entrepreneurs représentent seulement 11,1% des actifs occupés, ils regroupent 15,7% des travailleurs âgés de 50 ans et plus. » Autres chiffres : « selon l’Insee, près de 16% des créateurs ont au moins 50 ans » et « un entrepreneur sur cinq âgé de 50 ans ou plus en 2011 a lancé une activité ou pris la direction d’une entreprise après avoir atteint la cinquantaine ». En outre, « il y a une forte corrélation avec la simplification de la création d’entreprise à partir de 2003, et une accélération depuis 2009 avec l’auto-entrepreneuriat », observe Stéphane Rapelli. Comment expliquer cet engouement des aînés pour l’entrepreneuriat ? Il y a d’abord un phénomène social propre à la France, où les séniors sont progressivement exclus de l’emploi salarié : « A partir de 50 ans, ils ne se sentent plus très bien dans l’entreprise, ils ressentent un regard négatif peser sur eux, et préfèrent partir créer leur propre affaire », observe Stéphane Rapelli. Pour Serge Le nouvel attribut des entrepreneurs modernes Guérin, « l’image des séniors en entreprise reste négative en France, contrairement aux pays du Nord. A mesure qu’on vit plus longtemps, on nous rend vieux plus tôt ». La crise et le chômage des séniors ont aussi un effet non négligeable, car en dépit des études qui prouvent le contraire, ils sont souvent considérés comme moins productifs par leurs employeurs. Tomber au chômage à quelques années de la retraite peut entraîner une création d’entreprise contrainte, pour répondre à un besoin de compléter de trop faibles revenus. Mais toutes les créations d’entreprise ne sont pas contraintes : « En arrivant à la retraite, certaines personnes perdent leur réseau, leurs contacts, leur statut social, et souffrent de devenir une charge pour l’Etat. Ils ne se sentent pas vieux, et créer leur petite entreprise est une façon de rester actifs plutôt que de rejoindre le club de bridge », observe Stéphane Rapelli. Le phénomène pourrait encore s’accentuer à l’avenir : « Les séniors vont continuer Î J’aime ma boîte par Sophie de Menthon Présidente d'ETHIC Présidente de SDME Membre du CESE 34 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr L Souriez ! vous aimez votre boîte… ’entreprise c’est une aventure quotidienne, c’est l’aventure de chacun d‘entre nous. Une aventure qui se vit sous toutes les formes possibles, qui constitue un socle sur lequel, qu’on le veuille ou non, repose notre vie personnelle ; le socle fondamental non seulement de notre économie mais aussi de notre pays. Que deviendrait ce fameux « vivre ensemble » (nouvelle expression favorite des médias et des politiques) sans entreprises… Le fait de dire J’aime ma boîte c’est revendiquer tout simple- ment que chaque matin on se lève pour aller participer à une aventure collective, avec ses déceptions, ses joies, ses succès et ses échecs. Que l’on ait plutôt choisi en France de dire de l’entreprise qu’elle est le creuset de l’exploitation des salariés et un nouvel enjeu de la lutte des classes est totalement contre-productif et gravement anxiogène. On ne peut pas résumer le monde de l’entreprise quelle qu’en soit la taille ou l’activité à des conflits sociaux, du stress, un décompte des heures ou à la pénibilité. Rappelons au contraire que chaque jour des salariés font gagner leur boîte en se dépassant et qu’ils en sont heureux, que chaque jour des employés s’épanouissent, se consolent, s’expriment, créent ou tout simplement font avec plaisir ce qu’ils ont à faire ! Ce n’est pas parce que des syndicats font grève, parce qu’un licenciement collectif bouleverse une petite ville qu’un secteur se porte mal qu’il faut endeuiller la nation toute entière… STOP à cet amour de ce qui ne fonctionne pas dont les médias se repaissent en contribuant à faire croire que l’entreprise est un lieu de rapport de force toujours en défaveur des salariés. Nous avons envie d’un autre regard (non pas celui d’un « bisounours ») mais celui qui permet de raconter ce qui a fait un succès, la fierté de lancer un produit nouveau, la difficulté qui a failli faire capoter un projet, une proposition pour simplifier… un reportage objectif du quotidien de l’entrepreneur et de ses acolytes. Le rendez-vous de ceux qui agissent et qui aiment ça ! CLUB ENTREPRENDRE n°6 Franchise & Partenariat Créer aujourd’hui bénéficient de plus de capital. De ce fait, les banquiers leur déroulent plus volontiers le tapis rouge qu’aux jeunes entrepreneurs moins bien lotis question portefeuille. En- tionnels », observe Stéphane Rapelli. Là où les jeunes ambitionnent de conquérir des parts de marché, leurs aînés se contentent plus souvent de chercher l’indépen- phique du pays, Stéphane Rapelli met en garde : « Ce n’est pas la solution absolue, il ne s’agit pas de mettre 100% d’une génération à son compte passé 50 ans. par Michel Kahn Î à rajeunir, ils seront mieux formés, plus préparés », considère Serge Guérin. Et si, aujourd’hui, les séniors entrepreneurs sont en grande majorité des hommes, leurs Consultant expert en franchise et partenariat, Président de l’IREF - Fédération des Réseaux Européens de Partenariat et de Franchise, Auteur de « Franchise et Partenariat » (Dunod. Paris, 2009) Que choisir ? S Près de 16% des créateurs d’entreprise ont au moins 50 ans, et sur la période 2003-2011, les 60-64 ans sont ceux qui contribuent le plus à la croissance des effectifs entrepreneuriaux derrière les moins de 39 ans. rangs devraient se féminiser progressivement. « Dans une société de services, il serait logique de les voir créer plus souvent des entreprises dans ce secteur », explique le sociologue. RÉSEAU, EXPÉRIENCE ET PATRIMOINE Stéphane Rapelli remarque que « l’espérance de vie des entreprises créées par les séniors dépasse la moyenne », ce qui montre que leurs tentatives sont davantage couronnées de succès que leurs cadets. Il faut dire que, par rapport aux jeunes, les anciens ont de sérieux atouts. D’abord, leur assise financière est plus importante. Ils ont fini de rembourser leurs emprunts et suite, ils ont eu le temps de constituer un réseau conséquent, et d’acquérir de l’expérience. « Cela les rend “ L’espérance de vie des entreprises créées par les séniors dépasse la moyenne ” plus prudents, plus attentifs aux alertes comptables », remarque l’économiste. Quant au réseau, il compte beaucoup au moment de se constituer une clientèle. Autre différence générationnelle : « Les jeunes ont tendance à miser sur de grands projets à la Bill Gates, tandis que les séniors sont plus ra- Avant la création : Les futurs entrepreneurs doivent réunir et analyser de nombreuses données. Le site de l’Insee propose des outils gratuits : - Odil (Outil d'aide au diagnostic d'implantation locale), un dispositif qui permet de réaliser une étude de marché ou d'implantation, de prendre connaissance de statistiques et de visualiser la carte des concurrents potentiels. Lien : http://www.insee.fr/fr/publics/default.asp?page=entreprises/odil.htm de laisser une trace par la transmission de son affaire lorsque l’heure de la retraite professionnelle aura sonné pour de bon. CUMUL EMPLOI- RETRAITE Si l’entrepreneuriat des séniors peut être une partie de la solution au défi démogra- Tous n’ont pas la fibre entrepreneuriale. » En revanche, il plaide pour une meilleure prise en compte du phénomène par les pouvoirs publics, et notamment le maintien de l’auto-entrepreneuriat. « Il faut des structures de formation pour aider les séniors à sauter le pas, de l’information pour les orienter dans la mise en place de leur projet. » Il estime aussi que « le plafond du cumul emploi-retraite, qui est de 18 000 euros par an aujourd’hui, mériterait d’être relevé ». Surtout pour des catégories professionnelles dont les régimes de retraite ne donnent droit qu’à une pension n’excédant même pas 10 000 euros par an. Aymeric Marolleau et renforce la confiance. A quel type d'enseigne devraient s'intéresser les candidats à l'entrée dans un réseau ? Il faut être pragmatique. Certains quittent un niveau de revenus pour trouver une situation dans une activité pour eux plaisante. Le choix n'est pas simple et dans les 1800 réseaux, il y a de tout. L'intérêt portera sur : • les concepts différenciés de la concurrence ; • les enseignes qui permettent de capitaliser et valoriser le fonds de commerce ; • les enseignes positionnées sur un marché porteur, durable et d'avenir ; • les enseignes dotées de stratégies où chacun a la capacité de s'exprimer et d'optimiser ses résultats avec l'apport d'expériences souvent riches ; • les enseignes ayant une culture et des valeurs qui favorisent la fertilisation croisée dans un esprit de partenariat. Outils d’aide à la gestion astucieux Conseils l'Insee qui vise à définir les critères de réussite d'une création, en suivant une génération d'entreprise sur cinq ans. Lien : http://www.insee.fr/fr/publics/default.asp?page=entreprises/sine.htm - Alisse (Accès en ligne aux statistiques structurelles d'entreprises) : base de données comptables de tous secteurs d'activité utile pour celui qui élabore ses comptes prévisionnels Lien : http://www.insee.fr/fr/bases-dedonnees/default.asp?page=alisse.htm - Sine (Système d'information sur les nouvelles entreprises) : enquête de 36 dance. En outre, le fait de créer sa boîte, chez les anciens, peut répondre à un besoin de « survivance », elon une tradition annuelle bien ancrée, l'IREF (Fédération des réseaux européens de partenariat et de franchise) a décerné le 21 octobre dernier, les trophées du 26e concours des " Meilleurs Franchisés & Partenaires de France". Les réseaux de franchise et de partenariat se portent plutôt bien et résistent mieux que le commerce traditionnel à la crise, toutes enseignes confondues, malgré un environnement économique plutôt morose. Comment l'expliquer ? Le premier facteur est d'ordre psychologique. Un réseau, par son management participatif (essentiellement dans les réseaux de partenariat) entraîne les hommes dans une spirale positive. Le mental y est pour beaucoup, on est soutenu, stimulé. L'attention est davantage attirée sur les détails… Cette montagne de détails qui fait la différence entre la réussite et l'échec. C'est aussi la visibilité d'une enseigne nationale qui rassure DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr Pendant la création : Les SAP, Cegid, et autres qui ne sont plus à présenter, proposent des solutions performantes en ligne ou à installer. Mais il existe aussi des logiciels et utilitaires gratuits et Open Source pour les auto-entrepreneurs et ceux qui aspirent au strict minimum : - Ciel Autoentrepreneur L’éditeur par excellence des TPE-PME pense aussi aux auto-entrepreneurs. Conçu en partenariat avec l’APCE, Ciel Autoentrepreneur est gratuit, consultable et administrable lors d’un déplacement. Utile pour la gestion des contacts clients et fournisseurs, réalisation des devis et factures, suivi de l'activité, comptabilité… - EBP Autoentrepreneur Pratic Des logiciels précieux gratuits 40 jours pour la comptabilité, les finances et la fiscalité, la gestion commerciale et la facturation, la paie et même, en amont, le business plan. - Solegis Autoentrepreneur Solution, gratuite et sans période d’essai pour gérer les ventes et les achats, les statistiques par client et par produit. - Dolibarr Ce progiciel de gestion intégré Open Source inclut les fonctionnalités d'un CRM. Il permet de gérer fournisseurs, stocks, produits et suivis de commandes, devis, factures, et acti- vité commerciale. C'est un logiciel modulaire, qui permet donc d'installer les fonctions qui correspondent aux besoins. - Gestan Solution pour la gestion des contacts, les tâches à exécuter, les devis et factures, la comptabilité. Le forum alimenté par une communauté de près de 3000 membres est très utile. - ComptAE Logiciel gratuit en ligne mis à disposition par Fiducial pour satisfaire aux obligations comptables et réaliser des factures et devis. Des aides sur la gestion fiscale et sociale complètent l’offre. CLUB ENTREPRENDRE n°6 CLUB ENTREPRENDRE n°6 Business guides Business guides Séminaires d’entreprise : objectif efficacité ! Si le chiffre d’affaires généré par le tourisme d’affaires est en recul de 4,9%, selon une étude réalisée par Coach Omnium, le séminaire d’entreprise reste un moyen privilégié de management, à condition toutefois d’en connaître les clés de succès. ■ DÉFINIR UN OBJECTIF CLAIR Communiquer une nouvelle importante. Un séminaire peut avoir pour motif la communication d’une nouvelle importante dans la vie de l’entreprise : annonce des ré- des séminaires est passée de trois à deux jours, faisant opter pour des destinations plus proches. forcer la cohésion des équipes suite à une restructuration douloureuse, resserrer les rangs derrière un responsable “Le séminaire doit répondre à un but précis ” mercier les salariés pour leur implication. Manager en peu de temps. S’il est souvent perçu par les participants comme un moment de détente, le séminaire d’entreprise n’en reste pas moins un outil de management à part entière. Intégrer de nouveaux arrivants, ren- d’un bon dosage entre travail et loisir. Et pour que les activités choisies atteignent leur objectif, elles doivent plaire au plus grand nombre, si ce n’est à tous. Côté entreprise, « on remarque une demande forte visant à sortir du cadre, les organisateurs veulent quelque chose de différent », conclut Patrick Toutlouyan. Les ateliers cuisine, la valeur sûre. L’originalité à tout prix n’est pas toujours une bonne stratégie. Mieux vaut, parfois, opter pour des activités pour lesquelles le taux de satisfaction est élevé. C’est le cas notamment de la cuisine : « Les ateliers cuisine fonctionnent bien, fait remarquer le responsable marketing et communication d’Elior Evénements. Réaliser des recettes à plusieurs permet de se découvrir. On se retrouve à créer ensemble. » Les serious game : une formule tendance. « Parmi les activités qui ont la cote, on remarque celles tournant autour des nouvelles technolo- gies », constate Patrick Toutlouyan. Les serious games, en français « jeux sérieux », permettent de « casser la routine ». Il s’agit de manipuler des logiciels de formation utilisant les codes des jeux vidéo à des fins d’apprentissage professionnel. Ces outils permettent par exemple de simuler des scénarios aux- Î Qu’il ait pour fonction de renforcer la cohésion d’équipe suite à l’arrivée de nouveaux salariés, ou que son objectif consiste à réunir les forces vives lors d’une journée de travail hors du cadre de l’entreprise, le séminaire doit répondre à un but précis. Telle est la condition indispensable si l’on veut en mesurer le retour sur investissement. sultats, présentation de la stratégie, félicitation des troupes suite à de bons résultats ou tout simplement envie de re- la science. Par exemple, une société de lunetterie m’a récemment demandé d’organiser son événement au sein de l’Observatoire de Paris, de projet, placer les troupes en ordre de bataille suite à l’annonce d’une nouvelle stratégie… Les buts recherchés sont multiples. Réunir les salariés dans un contexte de détente permet de renforcer les liens plus naturellement. Résoudre un problème insoluble. Certaines difficultés Pause café… persistantes sont perçues comme des situations insolubles. Une journée de travail en dehors du contexte habituel permet d’appréhender certaines questions avec une plus grande liberté d’esprit, favorisant par là-même des solutions nouvelles. Retenir les talents. Autre effet attendu, moins avouable celui-ci, la rétention des talents au sein de l’entreprise. La raréfaction des augmentations et des promotions internes contraint les managers à trouver des parades. Le séminaire peut être perçu comme une forme de gratification. S’il favorise les liens entre salariés, il constitue également une bonne manière d’intensifier la relation entre le salarié et l’entreprise elle-même. Une fois l’objectif défini, reste à l’intégrer au sein d’un événement. Sachez, dès lors, que l’enjeu du séminaire d’entreprise se traduit aussi en 38 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr termes d’image ! Il vise certes à transmettre un message, mais son organisateur ne doit pas oublier qu’il constitue, en lui-même, un message. ■ LES NOUVEAUX PARAMÈTRES Ni trop, ni trop peu. S’il s’agit d’un moment de détente, un voyage d’affaires ne peut être perçu comme synonyme de vacances. L’équilibre entre travail et détente est le fruit d’un savant mélange qu’il revient aux organisateurs de définir. Sobriété, le maître mot. Exit châteaux et palaces, destinations exotiques et soirées arrosées où le champagne coule à flots. Lorsque l’on s’aventure hors de France, c’est souvent pour des destinations européennes desservies par des vols low cost. Tous s’accordent pour affirmer qu’en matière de séminaire d’en- treprise, la sobriété a remplacé l’exubérance antérieure à la crise. Servir très directement l’objectif. Les choix liés à l’organisation ont tous pour point commun de servir directement l’objectif fixé. Si l’accent est mis sur la création de lien, on privilégiera un chalet qui favorise une ambiance intimiste, quasi familiale. Aux activités « perso » et onéreuses telles que le ski, on préférera les activités collectives qui permettent les échanges : rejoindre un lieu de réception en raquettes, se promener en forêt… Avant tout, du sens. « Les responsables de l’organisation des séminaires cherchent avant tout un lieu qui ait du sens, constate Nadine Jaulin, directrice associée du groupe Jaulin. Ils veulent par exemple associer leur événement à un endroit lié à l’histoire ou à car on peut y admirer la lunette de Lavoisier. » Des destinations moins éloignées. L’endroit choisi doit faire rêver avant le départ, dépayser lorsqu’on y est, tout Les formules « tout compris ». Terminé le temps où les responsables communication géraient eux-mêmes l’intégralité des aspects du séminaire, négociaient poste par poste les tarifs. Au- “La réussite dépend d’un bon dosage entre travail et loisir ” en restant abordable au moment de passer à la caisse. Choisir un lieu n’est donc pas simple. Si le programme de travail est chargé, rien ne sert de passer l’équateur… En revanche, lorsqu’il est question de chouchouter les salariés, un lieu plus exotique peut être privilégié. Durée : la tendance est au court. Du week-end prolongé à la journée d’étude, côté durée, la tendance est aussi à la baisse. En 15 ans, la durée jourd’hui, l’achat all inclusive a la cote. « Nous remarquons une forte demande pour les formules « tout compris », confirme Patrick Toutlouyan, responsable marketing et communication chez Elior Événements. ■ TRAVAIL-DÉTENTE : LE BON DOSAGE Que l’événement s’intitule « journée d’étude » ou « séminaire d’entreprise », sa réussite dépend avant tout www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 39 CLUB ENTREPRENDRE n°6 Business guides quels le salarié sera confronté dans le cadre de son activité. Il peut ainsi tester son comportement, être mis en garde contre des réactions inappropriées, etc. Autrefois très onéreux car réalisés sur demande par des entreprises spécialisées, la pratique se démocratise suite à la commercialisation de logiciels « prêts à l’emploi ». Seule limite : les organisateurs doivent s’assurer que des ordinateurs seront mis à disposition lors des séances de serious game. ■ LA PRÉPARATION EN AMONT : CLÉ DE L’EFFICACITÉ Anticiper. L’anticipation permet une plus grande efficacité. Un séminaire s’organise plusieurs mois à l’avance. Une exigence de moins en moins respectée. « Nous remarquons que la tendance est aux demandes de dernière minute, constate Patrick Toutlouyan. Les décisions sont prises au terme de délais interminables et, lorsqu’elles sont définitives, nous devons être capables de répondre dans un délai ultra court. Nous avons donc pris le parti de délivrer une réponse qualifiée en 48h maximum. » Si l’offre de services est importante, il n’est pas évident d’obtenir rapidement une réponse réellement qua- Ils vont se serrer les coudes… Entretien avec Nadine Jaulin, présidente du groupe Jaulin « L’époque des dépenses somptuaires est révolue » A qui s’adresse votre offre ? Nous sommes spécialisés dans la construction d’espaces pour des événements d’une certaine envergure. L’histoire de notre entreprise fait que nous nous situons sur le créneau des gros événements. C’est aujourd’hui sur ce type d’offre que notre valeur ajoutée est la plus importante. Nous venons par exemple de remporter le marché des jeux équestres mondiaux, celui de l’anniversaire du Débarquement… Nous avons pour clients nombre d’entreprises du CAC 40. En quoi consiste votre métier ? Notre service prend en compte la recherche du lieu, la location de ce lieu éventuellement, la construction du décor, la gestion de la vidéo, le mobilier… Nous sommes capables de gé- 40 rer l’intégralité de l’événement depuis la construction du lieu et de son décor, jusqu’aux petits cadeaux offerts aux participants… Nous avons la capacité à entrer dans les moindres détails de l’organisation. Lorsque nous n’intégrons pas le savoir-faire nécessaire en interne, nous sommes capables de travailler en sous-traitance avec tous les corps de métiers. Nous avons beaucoup de concurrents sur chacun des métiers : le mobilier, les stands, le son… mais finalement peu sont capables d’intégrer toutes ces compétences. Quelles tendances observez-vous en termes d’organisation d’événements d’entreprise ? Les mots d’ordre sont la qualité, l’authenticité, la discrétion. Les entreprises ne veulent pas DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr paraître trop riches. Elles privilégient la fonctionnalité et l’efficacité. Apportez-vous également du conseil ? Nous accompagnons chaque client sur tous les aspects liés à la construction, notamment celui de la sécurité. Il s’agit là d’une question que nous maîtrisons bien. Nous sommes en contact avec les bureaux de contrôle, la Préfecture… Nous fournissons les extincteurs. Nous veillons à ce que tous les choix se fassent dans le respect des normes de sécurité obligatoires. Il nous est par exemple arrivé de refuser de mettre en place un mobilier écologique en carton au motif qu’il ne répondait pas à ces normes. M.B. lifiée, répondant en tous points au brief du client. Les entreprises capables d’apporter une dimension de conseil ont donc un temps d’avance. Si la préparation logistique arrive en dernier, pas question de laisser la préparation du contenu des réunions pour la dernière minute. L’anticipation reste, rappelons-le, une clé de l’efficacité du tourisme d’affaires. Consulter tous les services. Le programme du séminaire inclut en principe la collaboration de différents services. teractifs peuvent à cette fin être placés sur l’intranet ou sur un site web créé spécialement pour l’événement. ■ MESURER LE RETOUR SUR INVESTISSEMENT place et le rôle de chacun dans leur déroulement. Ce procédé rend concrets les projets évoqués lors des échanges au cours du séminaire. La feuille de route permet de clarifier certains points qui n’auraient pas été bien compris. Qu’il s’agisse d’atteindre un objectif financier, de retenir les talents, de stimuler les forces de vente, de favoriser la créativité des équipes… le séminaire d’entreprise a désormais une obligation de résultat. Plus question de dé- Des modules d’évaluation. Des modules d’évaluation peuvent être mis en place suite au séminaire. Ils offrent aux organisateurs un retour plus qualitatif et permettent d’évaluer la perception des messages et l’intégration des “Plus question de dépenser sans espérer un retour sur investissement ” La meilleure manière de favoriser les échanges consiste à laisser du temps aux personnes concernées. En outre, il est conseillé de nommer un facilitateur. Ce dernier pourra, en amont, sonder les attentes pour affiner les programmes. Des modules in- penser sans espérer un retour sur investissement à court, moyen ou long terme. La feuille de route. Une feuille de route peut être remise aux collaborateurs dès leur retour dans l’entreprise. Celleci liste les actions à mettre en apprentissages. Enfin, le séminaire peut également être mis en ligne sous forme de vidéos, ne limitant plus son efficacité à la seule durée du séminaire. Marie Bernard CLUB ENTREPRENDRE n°6 CLUB ENTREPRENDRE n°6 Business guides Communiqué Ce que veulent les femmes DISNEYLAND® PARIS Réinventez vos évènements ! Offrir un présent à des collaboratrices ou des clientes. Simple comme bonjour ? Mieux vaut enfiler des chaussons, pour marcher sur des œufs… Rencontre avec Eloi Courcoux, directeur Business Solutions-Disneyland® Paris Que recherchent actuellement les entreprises en matière d’évènementiel ? Eloi Courcoux : Les entreprises cherchent avant tout des lieux uniques, ludiques et capables de répondre à tous leurs besoins logistiques et d’accueil. Une attente à laquelle Disneyland® Paris répond en leur proposant une forte capacité d’accueil, aussi bien en termes d’hébergement que de restauration avec nos 7 hôtels et nos 58 restaurants ; que de salles de réceptions avec notamment nos deux centres de conventions pouvant accueillir jusqu’à 6000 personnes. Nous leur proposons également un site unique à travers nos deux parcs Disney. Nous mettons ainsi à leur disposition 23 500 m2 modulables, entièrement privatisables. Ces différents lieux ou espaces sont intégrés au sein d’un même site, sur lequel tous les déplacements peuvent se faire à pied. E bon goût d’offrir l’épilateur à la mode ou la dernière brosse à dents électrique au sexe faible ? Comment, dès lors, faire mouche tout en considérant la femme dans toute sa complexité ? D’autant que derrière le message qu’induit le ca- DES CONSTANTES DANS LA LOGIQUE D’OFFRIR Les enjeux des cadeaux d’affaires ne sont que trop bien connus, et ce qu’importe le sexe. En interne, l’objectif revient à récompenser les bonnes perfor- “ Nul besoin de céder aux sirènes de la féminisation des produits quand il s'agit vraiment de produits dans l'air du temps risque de froisser leur ego. Si la personnalisation des cadeaux est une tendance très prégnante, est-ce de DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr deau, sa segmentation sexuée implique un effort supplémentaire en matière d’achats et de logistique. ” mances et entretenir un bon climat social ; en externe, il s’agit de « marketer » par l’objet en fidélisant ses clients ou en animant ses réseaux. Remettre un cadeau d’entreprise, c’est d’abord et avant tout cibler le bénéficiaire. « En matière d’incentive, aucune différence notoire n’est à distinguer entre les marchés B to B et B to C. La segmentation des cadeaux homme/femme existe depuis longtemps. Le choix du cadeau sera toujours conditionné par les évolutions de marché des industries du tourisme, des loisirs et des produits manufacturés. Le système de catalogue permet bien souvent de ne pas se soucier du sexe », explique Sandrine Cotten, coordinatrice générale du Syprocav, syndicat des producteurs de cadeaux d’affaires. Car dans ce système de rétribution, le catalogue à points présente de nombreuses similitudes avec le catalogue classique d’une enseigne. La segmentation des produits s’opère classiquement selon différents univers : homme, femme, enfants, maison, sport, loisirs... « Les entreprises vont, toutefois, privilégier de plus en plus d’articles selon leur lieu de production et leur process écoresponsable de production. C’est un choix logique d’achat au-delà du sexe », complète Bénédicte Barraque, consultante chez Cadeau Conseil. Î 42 rateur, en premier lieu, et l’électroménager, a fortiori, demeurent des best-sellers. Bien souvent, pour reconnaître la juste valeur professionnelle de leurs collaboratrices, les entreprises font alors écho à leur condition de femme au foyer, au marque de fabrique, mais un gage de satisfaction et de fidélisation clients. Chaque année, nous organisons ainsi plus de 1 000 évènements de 50 à 25 000 personnes. Questions à Graziella Beccaria, responsable du service de Business Solutions "Comment ça "osé" ? Mais non c'est tendance !" n 2013, la femme repasse toujours les chemises, cuisine encore et habille consciencieusement ses enfants. En 2013, elle peut aussi boire du whisky, fumer le cigare et rouler en grosse voiture. Tout comme elle se consacre davantage aux loisirs numériques ou à des activités autrefois dévolues aux seuls « mâles ». La femme, sans contrefaçon, est bel et bien un garçon... Dans la loi surtout et de plus en plus dans ses violons d’Ingres ! Dans d’autres domaines, les clichés perdurent. Les cadeaux d’affaires n’échappent malheureusement pas à la règle : l’aspi- De quelle manière accompagnez-vous les entreprises ? Eloi Courcoux : Depuis plus de 20 ans, Business Solutions est l’équipe dédiée à l’organisation d’évènements, de conventions, team Building ou autres dîners de gala à Disneyland® Paris. Près de 200 experts de tous les métiers de l’évènementiel (chef de projets, concepteurs, graphistes…) travaillent au sein de ce département. Ils ont pour mission de créer et de mettre en œuvre des évènements clés en main et sur mesure pour les entreprises. Nous venons par exemple de créer un nouveau service infodécor, permettant aux entreprises de faire appel à nos spécialistes en infographie pour dynamiser leur communication et la rendre unique. Toujours plus à l’écoute de nos clients, nous allons continuer prochainement la rénovation de ses centres de conventions et chambres d’hôtels. La culture du service de Business Solutions-Disneyland® Paris est bien plus qu’une Pouvez-vous nous présenter le département Solutions de Motivation ? Graziella Beccaria : Le service Solutions de Motivation du département Business Solutions de Disneyland® Paris a pour vocation de proposer aux entreprises toute une gamme de produits de récompense destinée à leur permettre de remercier et fidéliser individuellement leurs collaborateurs, meilleurs clients ou distributeurs. Nous travaillons à cet effet en direct avec les directions des ventes, du marketing, des services achats ou encore des ressources humaines dans le cadre de challenges de vente, programmes de fidélisations, cadeaux d’affaires, etc. Que proposez-vous comme dotation ? Graziella Beccaria : Nous proposons, entre autres, des coffrets séjours valables 1 an qui offrent aux heureux bénéficiaires un accès à nos deux parcs Disney®, l’hébergement dans nos hôtels à thème ou encore la découverte de notre restauration. Il s’agit là d’une offre unique sur le marché de la récompense qui assure un dépaysement total et sans équivalent ! Par ailleurs, pour répondre toujours plus aux exigences de nos clients qui pour certains connaissent déjà notre destination, nous enrichissons régulièrement notre offre. D’ailleurs, cette année est marquée par le lancement de nouveaux coffrets séjours VIP incluant un accueil dédié, une réception privée, des chambres d’hôtels aux étages VIP, le service VIP FAST PASS®, etc. Nous proposons également plusieurs autres formules telles que le Passeport Annuel valables 1 an, des billets d’accès aux Parcs Disney valables 6 ou 18 mois et encore des chèques-cadeaux Disneyland® Paris valables 1 an pour permettre aux bénéficiaires de choisir la date de leur visite et de découvrir l’univers Disney à leur guise. L’idée est d’accompagner les entreprises dans la réalisation de leurs projets en leur proposant des produits uniques, à l’image de notre destination, tout en s’adaptant aux budgets de tout type d’entreprises. Le message « Offrez des émotions » que je transmets aux entreprises est l’essence même de Disneyland® Paris. Quelle place tient l’innovation au sein de Business Solutions Disneyland® Paris ? Eloi Courcoux : Confier son événement à l’équipe de Business SolutionsDisneyland® Paris, c’est vous garantir le professionnalisme d’experts dans l’événementiel. Au delà de la logistique et des capacités d’accueil, l’esprit d’innovation qui anime nos équipes sert aussi la réussite des événements. Nous créons régulièrement de nouvelles soirées et team building originaux et innovants. Récemment, nous avons conçu un team building intitulé « Communiquer, échanger » à destination des cadres ou encore des team building en lien avec l’actualité, à l’instar de la session « Refresh Yourself », qui a pour vocation de sensibiliser les collaborateurs au bien-être, via notamment des ateliers de dégustation. Nous créons également de nombreuses soirées, par exemple, pour la saison de Noël nous proposons une nouvelle soirée « Christmas Vibes » ou encore une soirée « Années Folles » sur le thème des années 30 et de la prohibition. Quels qu’ils soient, tous nos teams building et soirées sont adaptés aux valeurs et à l’esprit Disney. Enfin, notre équipe de concepteurs peut également accompagner les entreprises sur le développement d’activités sur mesure. Nous innovons également en matière de nouvelles technologies puisque nous proposons depuis peu une solution Wi-Fi personnalisable permettant plus de 10 000 connexions simultanées et une communication plus efficace pour les entreprises qui viennent chez nous. Ces dernières peuvent en effet personnaliser le wifi au couleurs de leur entreprise et diffuser le bon message a leurs participants. Que proposez-vous en termes de team building ? Eloi Courcoux : Aujourd’hui, les évènements organisés par les entreprises, tels que les challenges ou team building, sont davantage articulés autour de la cohésion d’équipes que de la compétition. Nous proposons ainsi des team building, en intérieur comme en extérieur, répondant à leurs problématiques. Dehors, notre plan d’eau exceptionnel nous permet par exemple d’organiser des activités nautiques uniques sur la région parisienne, comme le rafting ou le speed boat. Nous mettons également en place d’autres activités telles que du karting ou encore de l’accrobranche dans la forêt située à proximité. A partir de 50 personnes, nous pouvons également privatiser nos parcs en soirée. Nous offrons ainsi un cadre féérique pour réaliser des activités ludiques. Les espaces de conventions nous permettent par ailleurs d’organiser des évènements en intérieur. Et pour une récompense plus personnalisée notre service Solutions de Motivation se tient à la disposition de nos clients. Pour en savoir plus : www.disneylandparis-business.com dlp.business@disney.com Tél. : 01.60.45.75.00 www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 43 CLUB ENTREPRENDRE n°6 Business guides DISTINCTION HOMME/FEMME ENCORE MARGINALE La personnalisation revêt cependant deux logiques bien distinctes. En première intention, l’émetteur souhaite se différencier et montrer subtilement qu’il est à l’origine du présent : une carte de remerciement, un logo discret sur les très usités chèques et cartes cadeaux, un mode de remise original. Côté vins, par exemple, « la personnalisation peut aller plus loin, témoigne Philippe Torchard, responsable des stickers pour rendre la bouteille plus discriminante ». Parallèlement, il s’agit aussi de cibler : segmenter d’abord selon les métiers. On ne rétribue pas un réseau de secrétaires comme l’on récompense une flotte commerciale dans le secteur automobile. Qu’importe la différence homme/femme lorsque l’on veut mettre en valeurs les compétences d’un métier. « Il demeure très compliqué de segmenter selon le sexe parce qu’il faut connaître la cible très intimement, explique Lau- sentent que 20% de nos prestations. » De ce fait, les acheteurs sont souvent amenés à rester généralistes afin de couvrir un spectre de produits assez large et contenter la mixité d’une entreprise. Le ciblage reste néanmoins possible, comme le prouve Estée Lauder, par exemple, lors d’une de ses opérations promotionnelles pour un nouveau sérum jeunesse, en proposant un éveil luminaire aux journalistes de la presse féminine. Par ailleurs, les enjeux logistiques peuvent souvent l’em- Business guides cadeau selon les genres. Audelà du coloris « girly », Senseo, leader dans les cafetières à expresso en France, a décidé de personnaliser son produit en signant certaines collections limitées avec Kenzo. Une stratégie qui rappelle celle de Coca-Cola avec JeanPaul Gauthier ou Dita van Teese, célèbre égérie du strip-tease burlesque. Une manière de mettre une touche féminine dans leurs produits. Certaines sociétés enfin se contentent de rester dans les clichés... parce que cela fonctionne ! N’en déplaisent aux Femen, l’électroménager coule encore des jours heureux. Et le « home cooker », instrument regroupant différents modes de cuisson – en friture ou en mijotage – fait des heureuses. Tout comme le « soupmaker », ou « blender chauffant », permettant de concevoir des plats pour bébés, des smoothies et comme son nom l’indique des soupes. Autre best-seller, la centrale vapeur dernier cri : plus besoin de réguler la température de la semelle. Et donc plus aucune crainte d’abîmer les vêtements. Peut être s’agit-il en fait d’un cadeau réservé à la gent masculine ? coûts supplémentaires. Souvent le sexe, au crible de ces différents tamis, s’en retrouve oublié pour des raisons pratiques. La mixité dans les cadeaux et les modes d’acheminement est plus lourde à gérer. PASSE-PARTOUT ET CLICHÉS ENCORE DANS LA PLACE Certaines familles de cadeaux d’affaires éludent par ailleurs le problème de la sexualisation du cadeau. Et elles riment bien souvent avec high-tech. En particu- “Pas de révolution dans les cadeaux d'affaires pour femmes, si ce n'est une personnalisation plus prononcée et un recours accru aux nouvelles technologies ” de Nicolas Direct. Si l’on abandonne les étiquettes sur mesure en raison du côté kitsch et des contraintes de réglementation, on constate que les acheteurs nous demandent des collerettes ou 44 rence Krigier, directrice New Business, Loyalty and Incentive chez Philips. D’autant qu’il est assez rare de consacrer des opérations purement féminines ou même masculines, qui ne repré- DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr porter sur le choix du cadeau : on uniformise pour ne pas multiplier les fournisseurs. Packager selon le sexe certes, mais avec un mode de livraison unique du cadeau pour éviter les CLUB ENTREPRENDRE n°6 lier lorsque cette gamme d’articles ne souffre pas d’une connotation péjorative liée à la corvée ou l’entretien. Nul besoin de céder aux sirènes de la féminisation des produits quand ces derniers sont vraiment dans l’air du temps. Le smartphone, la tablette numérique ou la dernière station MP3... : autant d’innovations « froides » et unisexes. Dans un tout autre style, la gastronomie et les vins ont toujours le vent en poupe et demeurent aussi universels. « La moitié de nos ventes sont générées par le champagne, témoigne Philippe Torchard. Toutefois, les acheteuses sont souvent plus exigeantes et posent davantage de questions sur le vin : origine, classement, typicité... L’offre passe aussi par la communication faite autour du produit au moment de la réception ». Choix le plus répandu, les chèques et cartes cadeaux sont aussi une belle parade aux soucis de ciblage. « Pour les mêmes prix, 70% des entreprises opteront pour le chèque contre 30% pour le cadeau physique », constate Catherine Bevan-Kerouredan, responsable communication chez Edenred. Reste que le chèque cadeau se destine toujours pour aux jeunes. Car c’est aussi une manière de procurer du pouvoir d’achat en plus. D’autres sociétés prennent cependant le parti de différencier le "Sylvie, soyez gentille de me faire un retour sur le cadeau de fin d'année offert aux collaboratrices" plutôt que vers l’hygiène. D’autres cadeaux d’affaires font cependant le pari très osé de proposer un bilan de santé et d’adapter un coaching personnalisé en conséquence pour que les collaboratrices demeurent au top de leur forme physique. En un autre. Tout comme il serait mal avisé d’envoyer un panier gourmand orné de cochonailles et de grands crus à un client musulman. Offrir à l’étranger demande donc encore plus de précautions. Mieux vaut s’assurer au préalable d’un bon “ Pour ne pas déplaire, mieux vaut se tourner vers le bien-être plutôt que vers l'hygiène définitive, pas de révolution dans les cadeaux d’affaires pour femmes si ce n’est une personnalisation des offres plus prononcée et un curseur des achats placé vers les nouvelles technologies. CADEAU À L’ÉTRANGER, UN AUTRE MONDE On ne salue pas un PDG nippon comme on sert la main d’un pétro-monarque. Il est bien connu que les conduites d’affaires ne sont pas les mêmes d’un pays à ” accueil en matière de cadeaux et de coutumes à l’œuvre. En Chine, en Russie ou au Brésil, la culture du cadeau d’entreprise est acceptée et répandue. Contrairement au pays de l’Oncle Sam. Mal perçus ou bannis, les cadeaux B to B sont parfois interprétés comme un signe de corruption voire même comme un manque de professionnalisme. Dans l’Empire du Milieu, certaines pratiques sont à connaître. Gare à ne pas enlever l’étiquette de prix, gage de la qualité du produit et de la valeur que vous accordez au client. Enfin, hiérarchie oblige, il importe de s’enquérir des précautions protocolaires selon le rang, du cérémonial de remise du cadeau ou même de la couleur de l’emballage. Dans certains pays d’Asie, le packaging et la mise en valeur du présent importent autant que le contenu. Par méconnaissance des usages ou par frilosité, force est de constater que les entreprises françaises limitent ce type de pratiques selon plusieurs baromètres publiés par Omyagué. Ne reste ensuite que le choix du présent. Peut-être la chose la plus simple à faire, après avoir anticipé tous les usages. Car ne sommes-nous pas le plus beau pays du monde, incarnant le bon goût et la mode tout en bénéficiant des meilleurs terroirs et patrimoine mondiaux ? Reste à le prouver. Geoffroy Framery L’INTIME À L’IMPASSE L’éternel livre de cuisine à la fête des mères et le coffret soin du corps pour Noël... Si le manque d’inspiration guette toute circonstance, le cadeau d’affaires, lui, se doit de sauter impérativement l’obstacle du déjà vu. C’est d’ailleurs la principale distinction entre les cadeau B to C et B to B. Autre précaution : gare au sensationnel ou au cadeau trop atypique. Aujourd’hui, la femme troque volontiers ses après-midis Tupperwareverveine tilleul pour les soirées sex toys-champagne. Mais ce n’est pas pour autant que l’on doit offrir du très – ou trop – personnel. Autrement dit, tomber dans le soin à la personne « tendance », certes, mais surtout ne pas aller vers le tendancieux. Qu’il est peu aisé d’offrir un produit d’hygiène bucco-dentaire à ses collaboratrices ! De même avec un soin anti-rides... Pour ne pas déplaire, mieux vaut il se tourner vers le bien-être www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 45 & Stratégie DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 Innovation Numérique L’information économique & stratégique, autrement Bimestriel N°6 Comprendre, Entreprendre, Innover ecoreseau.fr Décryptage Nouvelle société à l’horizon M odèles collaboratifs, LivingLabs, imprimantes 3D, données rendues publiques… Leur utilisation par les territoires s’accélèrera. Philippe Durance, prospectiviste au CNAM, prédit que notre travail, nos loisirs, nos déplacements, notre vie ne seront plus jamais les mêmes… p. 48 EDITORIAL Expertises Assurance risque Cyber-attaques et assurance, où en sont les entreprises françaises ? Normes Le rôle croissant des normes de management Droit du numérique Les archives publiques (électroniques) tu ne supprimeras pas… Recards management Records management et gestion des documents d’activité : quand la normalisation internationale renaît… p. 50-51 Business story Criteo La start-up de la publicité online est devenue leader mondial, cotée au Nasdaq. p. 58 Quand le numérique prend/donne le pouvoir Le numérique ne s’adresse pas qu’aux geeks. Il s’agit en vérité d’un véritable enjeu de puissance qui repose sur la synergie entre acteurs publics et privés. Chaque seconde, ce sont plus de 29 teraoctets d'informations qui sont publiés dans le monde, soit 2,5 exaoctets (10 puissance 18) par jour et près d’un zettaoctet (10 puissance 21) par an. Ces informations sont d’origine très diverses : contenus postés sur les sites de médias sociaux, blogs, images numériques, vidéos, signaux GPS de téléphones mobiles, informations climatiques, transactions bancaires etc … Et cela ne fait qu’augmenter, puisqu’on prévoit que la masse de données de l'univers digital va doubler tous les deux ans de 2013 à 2020. Si individuellement ces informations ne valent pas grand-chose, elles valent de l’or une fois croisées et analysées. L’univers big data prend ici tout son sens et force est de constater que l’Europe et encore moins la France ne sont prêtes à véritablement en profiter et à jouer leur rôle, car c’est bien là tout l’enjeu. En effet, au-delà des aspects techniques liés à la conservation de cette masse d’information, l’intérêt est de pouvoir l’exploiter et en tirer des enseignements, ce qui n’est possible qu’à partir du moment où l’accès est possible et les compétences nécessaires sont disponibles. L’affaire Snowden, suffisamment humiliante pour l’Union Européenne, n’a fait que révéler certaines évidences. En dehors de cette hypocrisie laissant à penser que nous ignorions ou presque la possibilité de pouvoir être écoutés par des alliés, nous devons bien comprendre que les conditions d’accès à l’information produite revêtent une importance de plus en plus capitale. Nos « chers » alliés ne s’y sont pas trompés et à ce sujet les travaux actuellement en cours au niveau européen pour obtenir un renforcement de la législation sur la protection des données personnelles, subissent un intense lobbying des entreprises et du gouvernement américain afin d’abaisser le niveau d’exigence. De façon plus large, la gouvernance même d’Internet s’est muée en sujet politique de toute première importance et de nombreux états contestent désormais le contrôle des Etats Unis sur cette gouvernance, appelant à une internationalisation du fonctionnement du réseau. A l’heure où l’Internet est en voie de « désoccidentalisation », en particulier du fait de l’évolution démographique hors OCDE, l’ambition de pays comme la Russie, la Chine, le Brésil ou encore l’Indonésie contribue à faire du numérique un enjeu de puissance. Sur ce dernier point, l’Europe a incontestablement un rôle à jouer pour éviter le creusement des clivages entre les Etats Unis et les pays émergents, en réinventant la gouvernance nécessairement multi-acteurs internet. Enfin quant à l’exploitation des données, pourquoi l’Europe ne profiterait-elle pas de ce que l’on appelle déjà le nouveau pétrole ? Du côté de la France, à quand notre identité numérique, pourtant indispensable lorsque l’on parle de contrôle d’accès ? Jean-Marc Rietsch Haute résolution Insécur-IT Malgré les doutes sur la confiance numérique, la dématérialisation se poursuit. p. 52 Factures allégées On n’interrompt plus la dématérialisation des factures, tant pis pour la paperasse. p. 56 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 Décryptage Décryptage « LivingLabs et laboratoires d’innovation publique, symboles d’une nouvelle société » Philippe Durance est professeur au Conservatoire national des Arts & Métiers (CNAM) de Paris, titulaire de la chaire « Prospective et développement durable », président de l'Institut des Futurs souhaitables. Le membre du groupe de travail « Territoires 2040 » de la Datar, coauteur de « Technologies et prospective territoriale » (1) s’anime à l’écoute des mots « collectivités », « numérique » et « énergie ». Saisissant. coureurs d’une nouvelle société. Pourquoi cette hésitation au changement ? Avant tout la crise est passée par là. Les budgets des collectivités sont en baisse, et sont souvent dévolus aux urgences sociales. Préparer l’avenir, qui paraît lointain, ne rentre donc pas dans les priorités. Quelques schémas numériques d’innovation se dessinent. Ils sont souvent le fait des régions. Mais je ne sens pas une vision globale, qui inclut l’aide au développement économique, industriel, au développement durable et aux réseaux. « L’avenir des collectivités passe par la mise à disposition des données qu’elles génèrent, afin qu’acteurs privés et publics créent applications et services » Que recouvre exactement l’expression « faire de la prospective » ? Le prospectiviste n’a pas une boule de cristal pour dicter l’avenir tel qu’il sera ou tel qu’il devrait être. Les scénarii décrits n’ont jamais eu cette prétention. Ils servent à dresser un éventail de possibilités et à construire le souhaitable en fonction de ce qui est possible. Que pouvons-nous dire sur l’appréhension du numérique par les territoires ? Le constat est sans appel : les territoires ont une mauvaise vision de ce que le numérique peut leur apporter. Leur politique est simplifiée et reste très axée sur le haut débit et le très haut débit, donc sur les tuyaux. Et beaucoup moins sur les usages. Très peu de collectivités 48 voient au-delà et se tournent vers les imprimantes 3D et les LivingLabs, ces laboratoires d’innovation ouverte où les inventeurs, moyennant un abonnement, ont accès à toutes sortes de machines et de services habituellement inaccessibles aux particuliers pour mettre au point leurs Ne surestime-t-on pas l’impact des imprimantes 3D ? L’émergence de ce nouveau matériel, dont les capacités techniques et les facilités d’utilisation vont sûrement être améliorées, est annonciatrice de changements dans l’organisation de l’espace pour tous les acteurs économiques. Songez que les centres de production vont être décentralisés, que les grandes usines n’auront plus le monopole de certaines productions. Les petites unités locales, et même les individus vont se réapproprier des productions qui sont aujourd’hui miner s’ils doivent encourager la décentralisation de la production. Il en va de même de l’énergie. Les particuliers pourraient bien devenir producteurs d’énergie, comme l’économiste-prospectiviste Jérémy Rifkin a su l’imaginer dans son livre (2) où il appelle de ses vœux la troisième révolution industrielle qui va ouvrir l’ère post-carbone, basée sur l’observation que les grandes révolutions économiques ont lieu lorsque de nouvelles technologies de communication apparaissent en même temps que des nouveaux systèmes énergétiques : hier imprimerie, charbon et ordinateurs, aujourd’hui Internet et énergies renouvelables. Les gens génèreront leur propre énergie verte, et la partageront, comme ils créent et partagent déjà leurs propres informations sur Internet. Une grande bataille s’annonce avec les grands groupes très puissants dans l’énergie en France. Cette vision du monde est encore purement théorique ? Pas vraiment. Elle est de moins en moins de l’ordre du rêve. Le changement de société, où les individus se réapproprient des choses, est en marche. Le mouvement “ Peu de collectivités voient au-delà des tuyaux et se tournent vers les imprimantes 3D et les LivingLabs innovations. Dans ces lieux les personnes ne sont plus de simples utilisateurs, mais deviennent acteurs et collaborateurs. Ces outils sont encore considérés comme trop abstraits par beaucoup, alors qu’ils sont les signes avant- DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr l’apanage de grandes entités. Bien sûr le basculement sera graduel, mais il devrait modifier notre façon de travailler et de vivre, et devrait donc au moins être pris en compte dans les réflexions. Les pouvoirs publics doivent déter- ” du « do it yourself » très en vogue aux Etats-Unis est une des manifestations de ce basculement. Nous allons faire venir deux Américains très représentatifs de ce mouvement : Marcin Jakubowski, qui a conçu la wikispeed, LE CARNET DES NOMINATIONS en partenariat avec ment des collectivités ? Les entreprises comprennent enfin qu’elles doivent « sortir de chez elles ». Or les col- vices. L’Etat a fait de belles avancées dans la libération de données, un mouvement qu’elles doivent suivre. L’au- nées est souvent mise en avant, alors que celles-ci restent anonymes. De même la crainte du mélange des genres “La politique numérique des territoires reste axée sur le haut débit et le très haut débit, donc sur les tuyaux. Et beaucoup moins sur les usages lectivités les imitent de plus en plus pour atteindre leur niveau d’efficacité. Nous travaillons actuellement sur les torité de gestion du métro new-yorkais a récemment lancé un concours d’applications à partir des données ” est évoquée : certains ne veulent pas qu’on puisse faire du profit sur ces données. Mais les bénéfices collectifs une voiture en kit en modèle ouvert à faire soi-même, et Joe Justice qui propose au monde agricole un tracteur à construire avec la même approche. Ces militants s’inscrivent dans cette vision qui inverse les schémas de l’ancienne révolution industrielle, où le consommateur devient aussi le producteur et le collaborateur au sein d’un réseau, faisant sauter les lignes habituelles. Les relations humaines sontelles changées au sein de ce nouveau schéma ? Ces ruptures ne sont pas seulement technologiques, elles s’inscrivent aussi dans l’innovation sociale. Je ne sais pas si les réseaux sont apparus comme une conséquence de l’économie du partage d’informations et de données, ou s’ils l’ont provoquée. C’est un peu l’œuf et la poule. Mais il est évident qu’Internet a instauré un nouvel ordre qu’on n’osait même pas imaginer au début des années 90, comme la mise en réseau, la virtualisation, l’ubiquité. On ne vivrait pas de la même manière sans la Toile. Nous ne sommes plus uniquement dans le scénario d’avenir. Le collaboratif et le coopératif ont repris de la vigueur sous l’impulsion des réseaux et des télécommunications. Le « cohabitat » ou « habitat participatif », à cause de la crise financière, du challenge vert et de l’envie d’en finir avec la solitude moderne, est de retour après ses heures de gloire hippies des années 70. Le concept va plus loin qu’une colocation : les personnes achètent, réhabilitent ou construisent le bien immobilier dans lequel des espaces privatifs côtoient des parties communes à des fins de mutualisation et d’économies. Outre-Rhin le « cohousing » concerne six mil- Avec beaucoup d’imagination… lions de logements dont deux millions en coopératives. Les SCOP sont plus nombreuses dans des secteurs inattendus, avec des salariés propriétaires quadras qui en ont marre des grosses entités impersonnelles. De même, je travaille dans l’innovation, qui dépend de plus en plus souvent du degré d’interconnexions. « L’open innovation » est une maximisation du phénomène. Ces émergences vont-elles influencer le fonctionne- laboratoires d’innovation publique : l’avenir des collectivités passe par la mise à de son réseau. Les bénéfices peuvent être conséquents. A l’aune du « big data », les “ L’innovation dépend de plus en plus souvent du degré d’interconnexions ” disposition des données qu’elles génèrent, afin qu’acteurs privés et publics mettent au point applications et ser- collectivités sont attendues. Mais il subsiste toujours cette résistance des organisations. La confidentialité des don- peuvent être réels. Rennes a su le faire avec ses données de transports. Les données fiscales anonymes et agrégées pourraient aussi être mises dans la base. Paris l’a réalisé pour des données relatives à l’environnement et la qualité de l’air par quartier. Les citoyens eux-mêmes portaient des capteurs. Les pays du nord de l’Europe ont valeur d’exemples car ils sont en avance dans ce domaine. L’Etat français envisage un laboratoire d’innovation pu- blique comme au Danemark, où le « MindLab » permet de cultiver une vraie transversalité. Cette période a l’air finalement fertile en nouveautés ? Le point positif d’une crise est que tout est à refaire et à réinventer. Nous sommes dans une transition entre deux mondes. L’ancien ne résistera pas éternellement. La notion de développement durable ne concerne pas seulement l’environnement, mais aussi l’humain à qui plus de place est accordée. La parole est redonnée à des gens qui n’avaient plus voix au chapitre. La conscience de la limitation des ressources influence les initiatives. Wikispeed doit faire du 2l/100km et fonctionnera très certainement aux énergies renouvelables à l’avenir. Observez cette commune du Devon en Angleterre, Totnes, qui s’inscrit dans le mouvement devenu mondial de villes en transition. Des habitants ont commencé par le projet « transition streets », allant voir leurs quelques milliers de voisins pour leur donner des conseils leur permettant d’économiser 500 à 600 euros par an. Puis ils ont créé des AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture payasanne, ndlr), ont facilité la production locale, aidé à concevoir et utiliser des bateaux qui polluent moins. Les citoyens, indépendamment des institutions et des élus, ont décidé de vivre comme si le « peak oil » (pic pétrolier) était atteint, en réinventant tout pour consommer moins d’énergie. En Allemagne, dans un village du Bade-Wurtemberg, les habitants se sont mis à produire et distribuer leur chauffage et leur électricité par la biomasse, ne voulant plus dépendre des grandes entreprises. Le début d’un nouveau monde. (1) « Technologies et prospective territoriale » de Daniel Kaplan, Philippe Durance, Alain Puissochet et Stéphane Vincent, éd. Pearson, 2009 (2) « La troisième révolution industrielle » de Jérémy Rifkin, éd. Les liens qui libèrent, 2012 Matthieu Camozzi } BT UK Tanuja Randery Madame Tanuja Randery est nommée président de la stratégie et du marketing de BT Global Services, à ce poste depuis octobre 2013. Tanuja Randery , 46 ans, MBA de l'université de Boston (1990), a réalisé le parcours suivant : ■ 2011-2013 : MarketPrizm, président-directeur général. ■ 2009-2011 : Colt, directeur général de la division Global Business et de l'entité Major Enterprise Business pour le Royaume-Uni et l'Irlande. ■ 2006-2009 : Colt Benelux, managing director. ■ 2004-2006 : Colt, managing director, strategy and business transformation. ■ 2002-2004 : EMC Corporation (aux Etats-Unis), vice president of global strategic initiatives et vice president of software operations. ■ NC-2002 : McKinsey, consultant spécialisé en hautes technologies, ventes et marketing. } NUMVISION Thierry Le Divenach Monsieur Thierry Le Divenach est nommé directeur général de Numvision, à ce poste depuis octobre 2013. Il est sous la responsabilité directe de Monsieur François Pélissier, président. Il est ainsi chargé de positionner NumSync sur les marchés internationaux, de consolider sa position auprès des intégrateurs et fournisseurs d'infrastructure Télécom. Il succède à Monsieur Mathieu Pelissier. Thierry Le Divenach , MBA de l'EFEM (2012), ESME Sudria (1986), a réalisé le parcours suivant : ■ 2009-2013 : Eurocloud Espagne, fondateur. ■ 2009-2011 : Oodrive, fondateur. } PSA PEUGEOT CITROËN (GROUPE PSA PEUGEOT CITROËN) Marc Lechantre Monsieur Marc Lechantre est promu directeur adjoint de la stratégie de PSA Peugeot Citroën, à ce poste depuis octobre 2013. Marc Lechantre , ENA (1995), IEP Paris (1991), a réalisé le parcours suivant : ■ 2011-2013 : PSA Peugeot Citröen, directeur général Peugeot Citröen UK et Irlande. ■ 2010-2011 : PSA Peugeot Citröen, directeur de concession Peugeot. ■ 2007-2010 : PSA Peugeot Citröen, directeur du montage, usine Slovaquie. ■ 2006-2007 : PSA Peugeot Citröen, responsable fabrication-montage. ■ 1999-2006 : Ministère de l'Economie et du Budget, directeur du budget. } NEXTIRAONE PSF LUXEMBOURG (GROUPE ABENEX CAPITAL) Rémi Meunier Monsieur Rémi Meunier est promu country director Luxembourg de NextiraOne PSF, à ce poste depuis septembre 2013. Il remplace Monsieur Jan De Moor. Rémi Meunier , 37 ans, a réalisé le parcours suivant : ■ 2011-2013 : NextiraOne PSF Luxembourg, head of IT, service and performance management. ■ 2007-2011 : Dexia Technology Services, change management & release strategy team leader Belux. } TEXAS INSTRUMENTS FRANCE Florian Sartral Monsieur Florian Sartral est promu directeur général de Texas Instruments France, à ce poste depuis octobre 2013, en remplacement de Monsieur Christian Tordo. Florian Sartral , 40 ans, ESME Sudria (1997), a réalisé le parcours suivant : ■ 2011-2013 : Texas Instruments France, directeur marketing stratégique Europe. ■ 2008-2011 : Texas Instruments (à Shanghai), directeur commercial. ■ 2005-2008 : Texas Instruments France, responsable des ventes Télécom. ■ 1997-2005 : Texas Instruments, différentes fonctions commerciales et marketing en France et à l'étranger. } NEXTRÉGIE (GROUPE NEXTRADIOTV) Patrick Hurel Monsieur Patrick Hurel est nommé directeur des activités digitales de NextRégie (groupe NextRadioTV), à ce poste depuis novembre 2013. Il est sous la responsabilité directe de Monsieur Pierre-Henry Médan, directeur général. Il est ainsi en charge de tous les devices (web, tablettes, mobiles). Patrick Hurel , ISG (1993), a réalisé le parcours suivant : ■ 2007-2013 : FigaroMedias (groupe Figaro), directeur général adjoint. ■ 2003-2007 : Zefir web (régie Internet des groupes Figaro et Express Roularta Services), directeur délégué. ■ 2000-2003 : Sports.com (groupe CBS Sportsline), directeur de la publicité. ■ 1999-2000 : Interdéco (groupe Lagardère), directeur de la publicité pour le magazine Terre sauvage. ■ 1996-1999 : Groupe Figaro, directeur de clientèle pour le Figaroscope. VOUS AVEZ CHANGÉ DE FONCTION ? Faites part de votre Nomination à la presse et aux acteurs clés du marché sur www.nomination.fr Nomination, les 200 000 décideurs qui font le business en France ! www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 49 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 Expertises Expertises Assurance risque par Jean-Laurent Santoni Président de Clever Courtage Cyber-attaques et assurance, où en sont les entreprises françaises ? D ans le cadre de la réalisation de son livre blanc, Provadys, en partenariat avec le Cesin, a réalisé un sondage auprès de Responsables de la sécurité des systèmes d’information (RSSI) de grandes entreprises françaises et internationales du 6 juin au 12 août 2013. Des questionnaires en ligne et papier ont été diffusés auprès de 140 RSSI. Les 40 items abordaient cinq grandes thématiques : la préparation, la détection, la réaction, la récupération ainsi que la sensibilisation. L’objectif de l’étude était d’apporter un éclairage sur les actions mises en œuvre dans les entreprises françaises pour se préparer aux attaques, les détecter et y faire face. Il s’agissait de mieux connaître la situation des entreprises en matière de résilience face aux cyberattaques. Nous nous attacherons ici à examiner les réponses relatives à la thématique « récupération » visant en particulier les aspects assurances dans un univers dématérialisé. SYNTHÈSE DE L’ÉCHANTILLON 73 RSSI ont répondu, soit une participation significative de 52%. Parmi les entreprises ayant rempli le questionnaire, 87% sont de très grande taille (plus de 500 collaborateurs). Cette enquête reflète donc principalement les préoccupations des grands groupes. D’un point de vue secteur d’activité, le panel est varié : par exemple 25% font partie du secteur Industrie ; 23% du secteur Banque/Assurance, 16% du secteur Administration (Public). LES ASPECTS ASSURANCE Pour les entreprises, la probabilité d’occurrence d’une cyber-attaque est très élevée à moyen terme ; pourtant, très peu d’entre elles disposent d’outils permettant la traçabilité, l’enregistrement, la collecte des traces et preuves de l’agression détectée. Pour 32% d’entre elles, il sera très difficile de récupérer d’une cyberattaque et/ou de tirer les enseignements qui permettront de prévenir une nouvelle attaque du même type. De la même manière, 60% des entreprises déclarent ne pas avoir défini les processus permettant de CONCLUSION L’étude démontre que l’étape de prise de conscience a été réalisée par les entreprises “Nombre d’entreprises seront dans l’incapacité de porter plainte ” prendre en compte les aspects juridique et assurance suite à une cyber-attaque. Ces entreprises seront donc dans l’incapacité de porter plainte et/ou de tenter de récupérer une part du préjudice via une assurance. en France. Les cyberattaques sont donc bien présentes dans le catalogue des défis à relever. Néanmoins, il reste encore de nombreuses étapes à franchir pour beaucoup d’entreprises avant de pouvoir garantir un niveau optimal de résilience face aux cybe- rattaques. Leur préparation reste théorique et les organisations aussi bien que les équipes ne sont pas outillées ou entraînées opérationnellement pour y faire face. Des moyens existent, des investissements et des travaux ont été réalisés, mais l’efficacité de tous ces éléments n’est pas évaluée régulièrement afin qu’ils puissent être ajustés, et les mesures de récupération, notamment fondées sur le financement du risque par l’assurance, ne sont pas mises en œuvre, un peu comme si les entreprises pensaient encore que « cela n’arrive qu’aux autres ». Normes par Jean-Louis Pascon Consultant chez Hénon Conseil Le rôle croissant des normes de management A u commencement des normes étaient les normes techniques. Apparues au XIXe siècle, elles ont concerné des domaines divers. Les télécommunications furent parmi les pionnières avec la création, dès 1865, du Comité consultatif international du téléphone et du télégraphe (CCITT) devenu depuis l’ITU (International Telecommunication Union). Elles connurent un essor considérable avec la création de l’ISO (International Standard Organisation) en 1947. Cette production de normes techniques s’est encore accrue après la création de l’European Committee for Standardization (« Comité européen de normalisation », en français) en 1975 et par 50 le rôle de cet organisme dans le cadre de la Directive Nouvelle Approche (Directive 98/34/CE). Le monde industriel a produit de vastes ensembles de ce type de normes. Un exemple ? La visserie aéronautique nécessite plus de 40 normes pour produit, sa mise en oeuvre. La liste est longue, allant de la NF X 50-056 (Services aux personnes à domicile) à la NF EN 12522 (Activités de déménagement-Déménagement de particuliers) en passant par la NF EN 13816 (Transport-Logistique et ser- un développement important depuis la parution de l’ISO 9000 (Systèmes de management de la qualitéPrincipes essentiels et vocabulaire sur la qualité). L’environnement avec l’ISO 14001 (Systèmes de management environne- “Les normes de management touchent la Supply Chain comme la santé ” définir les vis, les boulons et les écrous nécessaires à l’assemblage d’un avion. Puis vinrent les normes de service. La norme de service est la suite logique de la norme technique, après le DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr vices-Transport public de voyageurs-Définition de la qualité de service, objectifs et mesures). Enfin, apparurent les normes de management. Ces dernières connaissent Droit du numérique Evénement mental-Exigences et lignes directrices pour son utilisation) et la sécurité de l’information avec ISO 27001 (Technologies de l’information-Techniques de sécurité-Systèmes de gestion de sécurité de l’in- formation-Exigences) ont suivi. Depuis deux ou trois ans elles apparaissent dans des domaines toujours plus nombreux : ISO 20000 sur les processus informatiques (reprise des guides britanniques ITIL (Information Technology Infrastructure Library), en français « Bibliothèque pour l’infrastructure des technologies de l’information »), ISO 22000 sur le management de la sécurité des aliments, ISO 28000 sur la « Supply chain management » (en français « gestion de la chaîne logistique »), ISO 50001 sur le management de l’énergie, ISO 22300 sur la sécurité sociétale et, tout récemment, ISO 30300 sur la ges- tion des archives. La santé est aussi concernée. Un comité de projet vient d’être créé pour transposer l’OHSAS 18001 (BS/OHSAS 18001 ou British Standard/Occupational Health and Safety Assessment Series) en norme ISO, afin de définir un modèle de Système de management de la santé et de la sécurité au travail (SMS&ST), autrement dit de prévention des risques professionnels. Cette évolution des normes « produits » vers les normes « de management » a eu plusieurs conséquences. C’est ce que nous verrons dans un prochain article. Ecrans flexibles, révolution tech à l’horizon E ffets d’annonce, course effrénée à la R&D… La lutte fait rage entre les plus gros producteurs d’écrans au monde, les Coréens LG et Samsung. LG a été le premier à annoncer les écrans courbes sur les télévisions, et Samsung a tiré le premier. L’ordre s’est inversé sur les téléphones. Les premiers smartphones à écrans flexibles, dits aussi incurvés, sont en train d’émerger dans la plus grande agitation médiatique. L’un est courbé sur la hauteur, l’autre sur la longueur. Les frères ennemis semblent avoir les yeux de Chimène pour cette technologie qui n’en est pourtant qu’à ses prémices. Le LG G Flex et le Samsung Galaxy Round ont pour l’heure un intérêt limité. Les produits sont courbes, donc non stables. Il est impossible de glisser le doigt dessus lorsqu’ils sont posés. Ils risquent aussi de bomber dans la poche, et ne sont pas encore près de transformer les usages comme l’écran tactile. Mais ils sont les premiers objets à écrans OLED flexible (ou FOLED pour « Flexible Organic Light-Emitting Diode »), quasi incassables et moins énergivores que les autres car plus fins et légers. Et à terme l’écran sera souple comme une feuille A4 qui se plie en quatre, pouvant être adapté à l’usage : lecture du journal, des mails, réception téléphonique. D’autres secteurs seront alors concernés. Dans l’automobile le tableau de bord se muera en un écran, puisque celui-ci ne serait plus tenu d’être plat. Il sera souple et tactile, le contenu s’adaptant aux usages du conducteur et du passager (GPS, boutons de commande, films…). Les montres à écran souple pourront épouser la forme du poignet et tout le secteur des « wearable devices » en sera bouleversé. De même la télévision pourra être modifiée dans sa forme afin de rendre l’environnement plus immersif. Il sera possible de l’envisager sur tous les murs de la pièce, avec des projections possibles dans les quatre dimensions, sur le même mode que la Géode du parc de la Villette à Paris. Prospective ? Samsung prévoit ses premiers écrans pliables pour 2015… Matthieu Camozzi par Eric Barbry Avocat à la Cour - Pôle Droit du numérique Alain Bensoussan Avocats – Lexing® Les archives publiques (électroniques) tu ne supprimeras pas… I l existe un pan du droit de la dématérialisation assez ignoré, pour ne pas dire méprisé : celui qui touche les acteurs publics. Etat et ministères, collectivités territoriales, établissements publics ou encore acteurs privés gérant une mission de service public. Pourtant s’il y a bien des acteurs qui devraient s’enquérir de la dématérialisation, ce sont précisément ces acteurs qui sont tenus à une double obligation : • l’obligation de dématérialiser (marchés publics, contrôle de légalité, factures dématérialisées, parapheurs électroniques, ….) d’une part ; • l’obligation de conserver d’autre part les archives dites « publiques ». A ce titre le Code du patrimoine prévoit un ensemble de dispositions propres à l’archivage électronique. De la même manière que les archives papiers doivent être conservées et sécurisées il existe un certain nombre de prescriptions et d’obligations pour l’archivage des données numériques. Nombreux sont ceux qui estiment que cette obligation n’en est pas vraiment une et qu’il n’existe aucun risque à maltraiter des archives publiques… Il s’agit là d’une idée fausse, comme en témoigne le très confidentiel jugement du Tribunal correctionnel de Privas du 25 octobre 2012 qui a condamné un agent public pour destruction d’archives publiques. La chose pourrait faire sourire si, sans le vouloir, ou sans le savoir, des centaines, des milliers ou des millions de fonctionnaires pou- vaient être en danger pénal du seul fait de supprimer des documents, des fichiers ou des données numériques, qui pourraient être considérées comme autant d’éléments entrant dans la grande famille des « archives publiques ». Il apparait évident aujourd’hui que les acteurs publics doivent nécessairement disposer d’une véritable politique d’archives publiques numériques. Le prochain référentiel général d’archives devrait les aider dans cette démarche. Records management par Arnaud Jules Directeur Gestion et Conservation de l’Information - Orange Records management et gestion des documents d’activité : quand la normalisation internationale renaît… M ise en conformité légale et réglementaire, efficacité opérationnelle ou recherche de gains de productivité, production de valeur, besoin de sécurité, dématérialisation des processus, ont entrainé et développé des attentes toujours plus importantes et des prises de conscience dans les entreprises et organisations de toute nature afin de mieux gérer l’information. Les nouvelles normes ISO 30300 et 30301 définissent le Records Management, ou la gestion des documents d’activité, comme le « champ de l’organisation et de la gestion en charge d’un contrôle efficace et systématique de la création, de la réception, de la conservation, de l’utilisation et du sort final des documents d’activité, y compris des processus de capture et de préservation de la preuve et de l’information liées aux activités… ». De fait, ces textes formalisent les termes d’une bonne gouvernance des systèmes de management des documents d’activité et leurs modalités de mise en œuvre. Ils positionnent le management des informations et des documents au plus haut niveau des organisations, celui de leur stratégie et de leur politique. L’émergence de ces normes de système de management est aujourd’hui devenue tellement d’actualité (une quinzaine aujourd’hui : 9000, 14000, 27000 puis 20000, 28000, 30300 parmi les principales parues) que leur forme commune est désormais définie dans une directive de l’ISO. Ce renouveau, c’est également celui de l’expertise française, héritière du temps des pionniers au milieu des années 90, qui apporte des réflexions de fond grâce à un collectif de compétences constamment enrichi de nouveaux contributeurs en prise avec les réalités opérationnelles. Le succès des quatre livres blancs publiés de 2011 à 2013 (publiés sous l’égide de l’AFNOR, l’Association des archivistes français (AAF), et professionnels de l’Information et de la Documentation (ADBS) rejoints par le conseil canadien des normes & l’APROGED), en est un exemple. Le dernier livre blanc revient sur la nécessité de définir et préserver la qualité des métadonnées techniques et documentaires qui contribuent à préserver la traçabilité, l’accessibilité et l’exploitabilité des documents et des données. Sujet d’autant plus central qu’il est au cœur des problématiques de gestion de l’information dans le Cloud. Ces nouvelles normes permettent de fournir les méthodes et outillages de mise en œuvre et d’amélioration continue. Elles vont également contribuer à l’établissement d’une chaîne de confiance pour une bonne gouvernance de l’information numérique et de son cycle de vie au profit de l’entreprise et de toute organisation, du client et du citoyen. www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 51 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 Haute résolution Insécur-IT Par définition, le virtuel s’oppose au réel. La signature électronique, les documents dématérialisés existent pourtant bel et bien. La loi, appuyée par les récentes directives européennes, les considère même comme leurs équivalents « papiers », et leur confère une valeur légale dénuée d’ambiguïté. « Il n’empêche que l’attachement aux pièces physiques subsiste. Elles suscitent souvent plus facilement la confiance, font office de garanties sans égal », constate Jérôme Mendiela, Alliances manager au sein de la société Numen, spécialiste de la dématérialisation de documents. P ar définition, le virtuel s’oppose au réel. La signature électronique, les documents dématérialisés existent pourtant bel et bien. La loi, appuyée par les récentes directives européennes, les considère même comme leurs équivalents « papiers », et leur confère une valeur légale dénuée d’ambiguïté. « Il n’empêche que l’attachement aux pièces physiques subsiste. Elles suscitent souvent plus facilement la confiance, font office de garanties sans égal », constate Jérôme Mendiela, Alliances manager au sein de la société Numen, spécialiste de la dématérialisation de documents. “ Un grand groupe bancaire déploie actuellement quelques 50 000 tablettes numériques dans toutes les agences de son réseau. Une mutation historique qui fera beaucoup parler d’elle ” L’ILLUSION DU RISQUE ZÉRO Véritable symbole de la dématérialisation des échanges, la signature électronique entre désormais à grande vitesse dans les mœurs. Elle fut longtemps l’apanage des professions réglementées, notamment en raison de la complexité technique dont elle faisait l’objet. Aujourd’hui, on ne compte plus les affaires qui se concluent de la sorte en à peine quelques clics, tous secteurs confondus. Les banques déploient actuellement la signature électronique en agence sur l’ensemble des réseaux de détail. « Dans les cinq prochaines années, le papier va totalement disparaître dans ces établissements. Les clients signent déjà leurs accords de crédit sur tablettes tactiles. Un grand groupe bancaire déploie actuellement quelques 50 000 tablettes numériques dans toutes les agences de son réseau. Une mutation historique qui fera beaucoup parler d’elle », explique Pascal Colin, directeur général d’OpenTrust, une société éditrice de logiciels et de services de confiance en ligne. L’essor actuel de la signature électronique est presque systématiquement dépeint en compagnie de son lot d’avantages innombrables : réduction des coûts de traitement de dossiers par le back-office, diminution des délais de contractualisation, simplifi- DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr cation des processus de souscription et moyens de paiement, suivi en temps réel des contrats, documents et échanges, suppression des coûts relatifs aux flux entrants et sortants de papier… Une étude du cabinet Gartner publiée en 2012 indique que la signature électronique connaît une croissance annuelle de 50%. A croire que le problème de l’insécurité relative aux services numériques, évoqué dans bon nombre de rapports annuels comme ceux du Club de la sécurité de l’information français (CLUSIF), est tota- lement virtuel. « La question de la sécurité est bien sûr importante et doit être posée. Accompagner le progrès en éludant de telles réalités serait une grande erreur », souligne Guillaume Despagne, président d’AriadNext, spécialiste de l’enrôlement des clients quant aux questions liées à la dématérialisation et aux contrôles associés. UN CLIMAT DE CRAINTES… Les systèmes de paiement sont en passe de se répandre sur les terminaux mobiles Î 52 Le bon équipement pour les bonnes applications STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 Haute résolution dans leur ensemble, alors même que ces derniers sont sous le feu de la critique. Certaines solutions comme Android se caractérisent par une grande ouverture vers l’extérieur qui expose les appareils aux plus grands dangers. Les plateformes iOS, utilisées sur les iPhones, sont moins concernées par ce type de faille, mais semblent confrontées à un autre type de problème : « Les applications disponibles sont relativement contrôlées en amont, Fabrice Champion, responsable technique au sein de Kaspersky, éditeur de solutions de sécurité informatique. Apple ne dispose actuellement pas d’équipes et de compétences suffisantes. » Quel que soit le type de terminal utilisé, celui-ci semble inéluctablement accompagné d’un niveau d’exposition aux risques non négligeable. Des dangers qui sont d’ailleurs sensiblement identiques sur les tablettes numériques. Parmi l’ensemble des don- Interactive réalisée en 2012, portant sur les tendances et risques en ligne. « Les offres de crédit à la consommation dématérialisées dans les commerces figurent parmi les autres nouveautés qui ne vont pas tarder à se développer », assure Pascal Colin. Dans le même temps, l’étude d’Harris Interactive note que 58% des personnes interrogées redoutent une fuite ou un vol de ces données au profit de cybercriminels. En juin dernier, la troisième édition du baro- Haute résolution confiance aux sites administratifs, et 28% aux labels de confiance des sites marchands. Ils ne sont aussi que 28% à être rassurés par la politique de confidentialité des réseaux sociaux. … QUI PASSE AU SECOND PLAN Dans les activités B to B, la méfiance sévit également, mais ne semble pas être un obstacle. Le déploiement des solutions dématérialisées va bien au-delà du mode de “ Il y a 3 ans, on dénombrait quelques milliers de documents apposés d’une signature électronique. Aujourd’hui, on en compte des millions avant d’être téléchargées par les utilisateurs. Pour autant, ces vérifications portent simplement sur l’usage et les fonctions associées. Aucun travail approfondi n’est réalisé pour s’assurer que l’application ne déclenche pas d’autres processus, confie nées personnelles conservées, les informations financières concentrent la plupart des craintes. 60% des utilisateurs déclarent que leur plus grande peur concerne l’exploitation illégale et frauduleuse de leurs données financières, souligne une enquête d’Harris mètre de la Caisse des Dépôts et de l’Association pour le commerce et les services en ligne (ACSEL), portant sur la confiance des Français dans les services en ligne, révèle une érosion notable. Selon l’étude, seulement 29% d’entre eux accordent leur ” paiement. Les outils CRM (Customer Relationship Management) intègrent la possibilité d’envoyer des devis que le client est invité à signer électroniquement. Une tendance qui touche également les PME. Les factures, les contrats de travail, les ave- nants aux contrats de travail, les fiches de paye, les accords de confidentialité, les bons de commandes sont autant d’éléments qui se dématérialisent. Les craintes relatives à la sécurité ne semblent pas représenter de freins suffisants pour contrer la tendance globale. « Il y a trois ans encore, on dénombrait quelques milliers de documents apposés d’une signature électronique. Aujourd’hui, on en compte déjà des millions. Dans quelques années, elles seront présentes par dizaines de millions », illustre Pascal Colin. Certains secteurs comme la banque, l’assurance, qui utilisent beaucoup les technologies numériques, sont à l’avant-garde dans ce domaine. La filière aéronautique se montre elle aussi très intéressée. Le secteur se caractérise par des contraintes fortes en terme de maintenance. Toutes les fiches d’intervention doivent systématiquement être signées par le client et le superviseur technique. Des opérations nombreuses au quotidien, et pour Le Coffre Fort Numérique supplantera t-il le SAE ? lesquelles la dématérialisation constitue une véritable aubaine. Les sites aéroportuaires sont concernés par les mêmes contraintes de maintenance des avions. « Avec la taille toujours plus grande des aéroports, ramener une fiche technique de l’appareil contrôlé au bureau qui assure la gestion des opérations de maintenance et de vérification prend un temps de plus en plus long. Des durées qui finissent par avoir un impact négatif sur la rapidité des processus », poursuit Pascal Colin. Devant la rentabilité accrue induite par la dématérialisation, la gestion des risques tend à s’incliner. « Si le trop plein de méfiance est un frein aux opportunités d’innovation, l’excès de confiance doit également être combattu. Même s’il peut a priori être encourageant, il peut être à l’origine de problèmes de fond. Que penser des conséquences d’une spirale qui, au bout d’un moment, permet d’obtenir systématiquement, en un clic, toutes les données Communiqué Le SAE (Système d’Archivage Electronique) n’est pas un concept récent. Et pourtant le véritable SAE est surtout implanté là où la culture de l’archivage héritée du papier, est forte. les entreprises ont été circonspectes devant des procédés dont la technicité et la complexité ont été mises en avant à l’excès, sans doute dans le but de justifier leurs coûts. Depuis peu, le concept de Coffre Fort Numérique semble émerger et, contrairement au concept abscons de valeur probatoire, ne semble pas devoir être expliqué. Par analogie avec les coffres forts physiques, la confidentialité est sans nul la première idée qui vient à l’esprit suivie par la sécurité d’accès. Ce concept assurément plus moderne, ne sous tend pourtant pas que ce qui sort du coffre puisse avoir une valeur probatoire. La publication de la norme NF Z42020, totalement centrée sur le stockage, n’aide toutefois pas à la compréhension du concept dans la mesure où les fonctionnalités que l’on peut attendre d’un Coffre Fort ne se limitent assurément pas aux rudiments de la norme. Une définition récente de la CNIL, nous apprend que le Coffre Fort est « un espace de stockage personnel ». Ce nouvel outil serait donc destiné à des volumétries faibles mais des instances nombreuses, et offrirait la capacité de stocker des informations personnelles sur un réseau grand public. Cette définition ne remet donc en cause ni le marché du SAE, ni le marché de la valeur probante, tous deux plus tournés vers l’entreprise que vers le grand public. Le Coffre Fort Numérique met toutefois en exergue deux exigences nouvelles : Un niveau accru de sécurité qui sera requis sur les réseaux grand public, l’échange et le partage du contenu des coffres avec des tiers. A relire la norme NF Z42-013, fondatrice des SAE, sous un angle sécuritaire d’une part mais aussi à tra- vers sa capacité d’ouverture, on se rend compte que les concepts novateurs ne peuvent malheureusement se développer qu’à l’extérieur des SAE. Si le concept de Coffre Fort Numérique se développe aujourd’hui, et même dans les entreprises quand le terme de « Système d’archivage » serait davantage pertinent, c’est sans doute pour offrir à la conservation de la donnée une image plus moderne, plus tournée vers des cas d’usages concrets, plus simple à déployer, plus facile à appréhender pour l’utilisateur final, plus sécurisée, davantage porteuse de valeurs ajoutées. Dans l’entreprise, le marché de la conservation de l’information est transverse, et vise des objectifs divers qui peuvent être orientés sur la conservation du savoir, sur les obligations en matière fiscale, sur la prévention des risques notamment juridiques, www.arcsys-software.com - contact : nlombard@arcsys-software.com 54 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr sur des services offerts à une population ciblée, sur des services orientés métier. Pas de saine relation sans une confiance solide La conservation de l’information ne doit pas être vue comme un coût additionnel. Bien structurée, elle permet une diminution des coûts notamment au niveau du stockage et des infrastructures et permet l’élimination de silos inappropriés. Sans nul doute, la valeur ajoutée d’un produit moderne est-il de ne plus avoir à choisir entre SAE, Coffre Fort, solution à valeur probatoire voire même « Big data », mais d’offrir un produit unique, ouvert, doté de niveaux de service graduels et aptes à offrir le service requis par chaque cas usage. Par Dominique Lhopital, Directeur Général personnelles d’un client ? », interroge Guillaume Despagne. Au-delà de la confiance, la dématérialisation est un processus global d’ores et déjà en marche, une UNE GESTION GLOBALE DE LA CONFIANCE Au sommet de la pyramide, l’Etat tente de trouver le ton juste pour faire de la com- sieurs axes majeurs qu’il souhaite déployer en ce sens. Le renforcement de la labellisation, voire de la certification de certains produits, qui est également la base du “ L’Etat tente de trouver le ton juste pour faire de Copyright © Arcsys Software 2013 Force est de constater que si, conserver de l’information concerne tout le monde, la grande majorité des entreprises a contourné le SAE pour couvrir ce besoin sous une autre forme souvent directement intégrée aux applications métier. Depuis le début des années 2000, des avancées législatives ont permis de mettre sur rails l’alternative à l’écrit papier. Des contraintes fortes ont alors vu le jour pour faire reconnaitre la qualité d’Original à un écrit électronique. Ces évolutions n’ont pas servi de tremplin au SAE pour entamer sa mutation et un nouveau marché s’est développé parallèlement aux SAE traditionnels avec de nouvelles offres, de nouveaux acteurs. L’archivage à « Valeur Probatoire », dont l’objectif est quand même de participer à la couverture du risque dans l’entreprise, n’a toutefois connu qu’un développement tardif. En effet, la communication dématérialisée un terrain mêlant intelligemment sécurité et efficacité ” réalité de la société. « Son succès dépendra de la manière dont ces questions de sécurité sont traitées », ajoute-t-il. munication dématérialisée un terrain mêlant intelligemment sécurité et efficacité. Au cours des derniers mois, le gouvernement a fait part de plu- projet Idénum dont la mission est la mise en œuvre de solutions d’identité numérique adaptées à Internet, forme un des piliers de la démarche. La défense à l’échelle européenne d’un règlement équilibré entre la protection des personnes et le développement de l’innovation et de l’économie numérique est une autre priorité, tout comme la mise en place d’infrastructures sécurisées par l’intermédiaire de projets ayant vocation à faire émerger des acteurs nationaux susceptibles de restaurer la souveraineté numérique du pays. L’implication des pouvoirs publics dans cette problématique est saluée par les spécialistes de la question. « Vis-à-vis des personnes bénéficiaires des dispositifs, la publication d’arrêtés quant à l’explication officielle des documents dématérialisés est absolument essentielle », estime Guillaume Despagne. Signe d’une filière à fort potentiel, les acteurs de la Confiance numérique se structurent et affichent des prévisions de croissance en hausse pour l’essentiel d’entre eux. Dans plus de 80% des domaines d’intervention, les opérations concernent l’intégrité et la sécurité des systèmes. Les secteurs d’activité couverts sont en grande majorité l’industrie, le secteur public et la santé, souligne une étude de l’Alliance pour la confiance numérique (ACN). Un tiers des acteurs interrogés dispose d’une activité de Recherche & Développement. Il s’agit d’une des filières qui investit le plus en la matière, avec des taux élevés chez les industriels et les éditeurs de logiciels, traduisant une nécessité de trouver des solutions innovantes. Soucieux d’apporter sa pierre à l’édifice et de trouver des réponses toujours mieux adaptées, le monde académique s’empare également de la question. Clermont-Ferrand vient ainsi d’ouvrir une chaire sur la confiance numérique. Lancée en octobre dernier, elle vise particulièrement la protection de la vie privée et des données, mais aussi la protection des mineurs et la conservation des données de confiance. Le projet universitaire est soutenu par la Fondation de l’Université d’Auvergne, la société spécialisée dans la confiance numérique Almérys, la Caisse d’Epargne du Limousin et d’Auvergne. L’université dispose d’un laboratoire spécialisé en infor- matique, modélisation et optimisation des systèmes, qui abritera cette chaire atypique. Pour Guillaume Despagne, une gestion efficace de la confiance passe aussi par l’analyse précise des processus et des données véritablement nécessaires pour chacun d’entre eux : « Au-delà des protections et mesures d’authentification mises en place, il faut veiller à ce que les processus soient vraiment utiles, se focaliser sur leur légitimité, et non pas uniquement sur la sécurité. Certaines vérifications sont pertinentes à être réalisées en temps réel, d’autres non. » Pascal Colin évoque aussi la nécessité de trouver des passerelles entre le modèle « pa- pier » et le modèle dématérialisé, afin de mieux faire accepter une technologie : « On propose souvent une signature manuelle sur un écran. Bien évidemment, la véritable signature n’est pas celle-ci. Il ne s’agit que d’un élément graphique disponible pour le client. Cet élément cache une clé associée à un logiciel de chiffrement, l’ensemble donnant une trace unique. » La définition d’une stratégie de conduite du changement s’impose comme une bonne pratique à adopter. Une question qui relève du management. Mathieu Neu Strategy review par Pascal Junghans Enseignant à l'international University Of Monaco et à l'université de technologie de Troyes Membre du conseil scientifique du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique. S’interroger sur la sécurité des installations télécom L e terrorisme se transforme et devient plus dangereux pour les PME. Les attaques de basse intensité menées par des « loups solitaires », comme les appelle Andrew Parker, le directeur général du MI5 britannique, sont désormais la règle. Parmi les possibles cibles de choix : les infrastructures de télécommunication. Plus de téléphone, plus d’accès Internet, plus de transfert de données et la PME peut déposer le bilan. Les opérateurs de télécoms le savent. Barrières électriques, badges, vigiles : rien n’est négligé pour protéger des installations. Elles sont aussi dupliquées en sites miroirs – huit dispersés dans le monde entier pour le seul Orange. Surtout, les opérateurs, pour dérouter d’éventuels agresseurs, gardent secrètes leurs solutions de défense. Verizon, leader mondial des télécoms, écrit : « Nous disposons d'un programme écrit pour la gestion de la continuité des activités et des situations d'urgence. Celui-ci est agencé pour représenter une réponse efficace aux catastrophes naturelles ou provoquées par l'homme, incluant le risque d'incendie ou le terrorisme. Les détails de ce plan sont notre propriété et restent confidentiels. » Plusieurs offres sont proposées par ces opérateurs, de niveau variable selon le niveau de récupération de données choisi. Le prix sera différent si l’opérateur récupère 95% des données ou 99%. Les PME doivent choisir, s’interroger pour savoir si quelques minutes de données récupérées compensent l’augmentation de la facture. Et prendre le temps d’une évaluation cruciale. www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 55 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 Haute résolution Haute résolution Factures allégées Fini le temps de la paperasse qui s’amoncelle aux coins des bureaux. Les entreprises, grandes et petites, le comprennent : dématérialiser ses factures peut rapporter gros. La tendance s’étend désormais à tous les secteurs, apportant une multitude de bénéfices. 1 2,6 millions d’arbres sauvés, 13 milliards de litres d’eau inutilisés, 5,4 milliards de kWh économisés. Les gains pour l’environnement seraient substantiels si les 30 milliards de factures papier envoyées chaque année en Europe devenaient électroniques. Et il n’y a pas que la planète qui se sentirait plus légère. « A chaque facture dématérialisée, une entreprise économise l’équivalent de la moitié « Les grandes entreprises ont été les premières à emboîter le pas, notamment dans la grande distribution. Aujourd’hui, la démarche se généralise, y compris au sein des petites organisations », constate Jérôme Mendiela. A l’origine de cette tendance, la prise de conscience d’une possibilité de baisser drastiquement les coûts de fonctionnement. La facturation papier nécessite des ressources et du temps. La mise les factures fournisseurs par courrier. Ces dernières étaient ensuite réexpédiées vers chaque site pour que le paiement soit effectué. Un processus coûteux, contraignant, impliquant des délais de traitement longs, souffrant en plus d’un manque de traçabilité. « Avec la solution déployée, les comptables retirent d’importants bénéfices, les gains de productivité sont substantiels, et surtout, nous avons réduit d’un mois notre processus de traitement des factures fournisseurs », se réjouit Patrice Olivier, directeur des systèmes d’information de Bergère de France. Par ailleurs, lorsque le système informatique en place est intégré au logiciel de “ La mise en place d’un modèle électronique est synonyme d’une diminution de 40% à 60% des dépenses de comptabilité du côté du client ” du prix du timbre », assure Jérôme Mendiela, Alliances manager chez Numen, une société spécialisée dans les services de dématérialisation. Conscientes du potentiel que recèlent les nouvelles technologies, les entreprises se ruent désormais vers cette tendance à la numérisation des factures. Mais à chacun son rythme de croisière. en place d’un modèle électronique est synonyme, selon les études, d’une diminution de 40% à 60% des dépenses de comptabilité du côté du client, et de près de 90% du côté du fournisseur. Mais au-delà de la seule question des coûts, l’automatisation des process et ses conséquences directes constituent le bénéfice le plus significatif de la mise en place de la par Gwenaëlle Bernier Avocat Associé Ernst & Young facturation électronique. Celle-ci permet à une société d’envoyer, de recevoir et de transférer les factures automatiquement aux destinataires, et de résoudre les litiges et recouvrements rela- O n pensait avoir tout dit des conséquences de la transposition de la directive 2010/45 en matière de facturation depuis le 1er janvier 2013 : la révolution de la facturation électronique ! Tous les formats sont permis ! L’égalité de traitement des factures papier et électroniques ! Mais a-t-on aussi songé aux bouleversements induits sur la gestion des factures papier ? Les nouveaux textes élargissent 56 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr légale. Mais ces freins se lèvent assez rapidement. » Les gouvernements aident en ce sens. Au sein de l’Union européenne, les dernières directives donnent aux de ses agences devaient être prêts à gérer les factures électroniques. Tous les fournisseurs doivent donc être équipés en conséquence. Singapour va encore bien plus loin : la réception de factures papier par les institutions gouvernementales y est interdite depuis 2008. Mathieu Neu “ La facturation électronique Bientôt une antiquité tifs aux factures de manière plus efficace. L’entreprise Wega, filiale du groupe Bergère de France, qui commercialise des vêtements de prêt-à-porter, a récemment recouru aux ser- vices du spécialiste de la dématérialisation des factures Esker afin d’alléger des processus qui devenaient de plus en plus lourds. Wega dispose de plusieurs sites en France. Chacun d’entre eux reçoit ses propres factures qui transitent ensuite par le siège de Bar-le-duc, en Lorraine, où elles sont validées. Avant la procédure de dématérialisation, le siège recevait deux fois par mois Les conséquences inattendues de l’égalité de traitement des factures papier et électroniques Veille juridique sur le marché corse, vient lui aussi d’opter pour la dématérialisation des factures fournisseurs de l’un de ses sites hôteliers. Avec quelque 1800 factures par an, le projet fait figure d’exemple à petite échelle. Pour autant, il conserve tout son intérêt en raison du gain de temps et de simplicité apporté par cette modernisation. « Tout devient très simple avec la dématérialisation. Je numérise, je valide, et l’outil informatique intègre toutes les données au système en place. La facture est disponible à tout moment sur la plateforme et accessible rapidement par tous les décideurs », témoigne Bruno Mortreuil, directeur des systèmes d’information d’Ollandini. Le groupe envisage factures électroniques le même statut que leurs équivalents sous forme papier. Le Danemark, la Suède et la Finlande obligent leurs partenaires à utiliser des facturations dématérialisées. Certains gouvernements ont rendu l’utilisation de la facture électronique obligatoire pour les institutions du secteur public. Sur d’autres continents, la tendance n’est pas différente. Le Trésor américain avait indiqué dès la fin 2012 que les systèmes de comptabilité fournisseurs l’obligation de justifier des trois principes d’authenticité de l’origine, d’intégrité du contenu et de lisibilité de la facture, aux factures papier (nouvel art. 289-V du Code général des impôts). Cette exigence prend la forme pratique de la mise en œuvre de « contrôles documentés et permanents » permettant de démontrer l’existence d’un chemin de révision entre les factures papier et les transactions sous-jacentes. Ces contrôles devront être documentés et présentés à l’adminis- tration fiscale à tout moment… Il est donc fortement déconseillé d’attendre le contrôle fiscal pour les constituer. Qui dit égalité de traitement, dit qu’un papier vaut un PDF ou un fichier XML : que penser alors des envois par la Poste de factures papier doublées d’un envoi en PDF par email ou d’un fichier XML ou d’un EDI « simple » ? Il s’agit de la double facturation d’une même transaction, que le projet d’instruc- tion administrative semble avoir bien identifié, en rendant le vendeur responsable de l’absence de double déduction de la TVA par son client : à lui de prendre toutes les mesures nécessaires pour l’éviter, sinon… ? Le double flux de factures induit que la TVA a été mentionnée deux fois et à ce titre elle est donc due deux fois au Trésor. Il est donc temps de se défaire des vieilles habitudes : envoyer une seule fois sa facture, et abandonner le papier ! fournit la possibilité d’améliorer la gestion du cash-flow facturation électronique, les erreurs de transfert entre les applications peuvent être supprimées réduisant ainsi les coûts associés aux réajustements. La facturation papier reste davantage prisonnière des fautes humaines, provoquant des coûts supplémentaires, non prévisibles, ce qui a inévitablement un impact sur l’efficacité des tâches. « La dématérialisation est incontestablement un rempart contre le risque d’erreur », assure Morgane Quéran, responsable marketing et communication d’Accelya, une société qui propose également une offre de facturation électronique. DES GAINS POUR TOUS Le groupe Ollandini, opérateur touristique positionné ” d’ailleurs de déployer sa solution dans les mois à venir sur des sites plus volumineux traitant plusieurs dizaines de milliers de factures. A noter que la facturation électronique fournit également la possibilité d’améliorer la gestion du cash flow en créant des opportunités de revenus. Avec l’élimination du délai de transfert par courrier postal, en particulier lorsque le calcul du délai de paiement est basé sur la date de réception de la facture et non sur la date de facturation, le traitement de l’encours client peut être amélioré. Pour Jérôme Mendiela, « bon nombre de professionnels préfèrent toujours passer les écritures comptables à partir de documents physiques. Il est encore parfois difficile d’intégrer qu’une pièce électronique conserve sa valeur www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 57 STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE n°6 Business story De la pépinière… au Nasdaq Criteo, au développement ultrarapide et aux algorithmes aussi sophistiqués que secrets, ressemble à ses consœurs de Palo Alto. Seule différence, son origine hexagonale, qui ne l’empêche pas d’entrer au Nasdaq. Plongée dans une success story « made in Paris ». M ais pourquoi diable la voit-on comme le « Google français » ? Parce qu'elle vient d'être primée aux BFM Awards ? Parce qu'elle a levé 250 millions de dollars sur le Nasdaq, valorisée à 1.7 milliards de dollars le 30 octobre dernier ? Parce que le cabinet Deloitte l’a classée en 2012 comme l’entreprise technologique ayant connu le plus fort taux de croissance R&D de Microsoft à Redmond, reviennent en France pour créer leur entreprise, ils croisent sur leur route le « serial entrepreneur » Jean-Baptiste Rudelle (44 ans). Une association plus qu’heureuse. Les trois associés bénéficient de l’aide de l’incubateur public high tech Agoranov à Paris. De 2005 à 2008, leur bébé n’est alors qu’un simple moteur de recommandation sur les sites de e-marchands, Ventures et Bessemer Ventures. Les trois cofondateurs détenant 20% du capital, l’entrée en Bourse résonne comme une consécration. CŒUR DE MÉTIER MÉCONNU, TERRIBLEMENT EFFICACE Succès explosif, notoriété faible. La raison ? Criteo est un champion en coulisse, qui offre des services de « rattrapage de sur 100 qui repartent du site sans avoir acheté, et se rémunère à chacun de leurs clics. Son secret pour personnaliser les produits proposés en fonction du goût, du profil et de la rentabilité de ceux qui surfent ? Les traces qu’ils laissent derrière eux – les fameux « cookies » –, qui n’ont plus de secret pour cette belle pousse française prospérant à l’ombre des géants, notamment Google. Non seulement Criteo se sert Criteo a tout pour plaire. Vraiment tout ? CONCURRENCE ET LÉGISLATION DÉROUTANTES Les challengers avides de bouleverser l’ordre établi affluent en continu sur ce secteur, particulièrement chez l’Oncle Sam. ValueClick est déjà évalué à 1,2 milliards d’euros au Nasdaq. Mais Criteo possède une longueur d’avance grâce à sa technologie et ne dépose pas de brevets pour garder son produit secret, à la manière de Coca-Cola. Jamais trop prudent, le comité de direction se réunit trimestriellement pour faire le point sur les nouvelles avancées des concurrents. Une paranoïa de rigueur, alors que Google, fidèle à ses stockées, et l’autorisation d’utilisation des cookies diffère d’un pays à l’autre. Criteo se veut conciliante, nommant une responsable de la protection de la vie privée et lançant « youronlinechoices.com » en Europe, pour que les gens soient informés des sites qui posent des cookies et décident au final. L’ENVOL DU PAPILLON L’avènement de la publicité sur mobile semble un prochain défi que la société, maintenant présente à Palo Alto, s’emploie à relever, ayant racheté à prix d’or la régie britannique AdX Tracking spécialisée dans le marketing mobile. Mais son plus grand challenge, propre aux start-up gagnantes, reste “ Criteo ne dépose pas de brevets pour garder son produit secret, à la manière de Coca-Cola Bienvenue dans la Matrice en Europe ces cinq dernières années ? Criteo, leader mondial du reciblage publicitaire personnalisé à la performance, est présente dans 15 pourvus d’une petite barre “vous avez aimé ce produit, alors vous aimerez celui-ci”. Puis ils passent en 2008 à leur vrai business, parvenant visiteurs » dans 37 pays à 4000 e-commerçants, que ceux-ci ne peuvent refuser. Si la Redoute, CDiscount, Expedia, Zalando ou autres eBay “ Criteo est un champion en coulisse, qui offre des services de « rattrapage de visiteurs » aux e-commerçants ” pays et compte 800 salariés dont 350 ingénieurs en France. Quand Franck Le Ouay (36 ans) et Romain Niccoli (35 ans), deux ingénieurs des Mines de Paris, transfuges des laboratoires 58 à démontrer le potentiel de l’aventure aux financiers dans quatre tours de table d’un total de 50 millions d’euros : les fonds français Idinvest et Elaia, le Japonais Softbank et les Anglo-Saxons Index DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr sont fidèles à 90%, c’est bien parce qu’ils ont tout à y gagner. Par ses algorithmes de prédiction et de recommandation, Criteo génère en temps réel des bannières publicitaires ciblées sur les 98 internautes de la méthode à la performance que l’ogre de Moutain View applique sur les liens sponsorisés auprès des annonceurs pour l’appliquer sur les bannières de produits, mais le Petit Poucet français traite aussi en direct avec lui : « Google Ad Exchange nous appelle pour nous demander si nous voulons telle impression, telle bannière pour tel e-commerçant, à tel prix. Nous avons été pionniers en Europe, à investir et travailler en gros volumes avec Google, qui apprécie notre technologie dans les enchères publicitaires en temps réel », a-t-on toujours répété chez Criteo. Au carrefour des tendances porteuses « big data » et « real-time biding », habitudes, essaie aussi de secouer le cocotier dans le « display ». Son rachat de Teracent, un outil d’optimisation des bannières publicitaires et d’Admeld, spécialisé dans la gestion des espaces publicitaires sur la Toile, ne sont pas passés inaperçus. En 2007, Google avait acquis DoubleClick, également spécialiste du ciblage comportemental. Le roi des moteurs de recherche envisagerait aussi, selon la presse américaine, de bloquer les cookies tiers sur son navigateur Chrome et de passer à un système de reconnaissance et de traçage propriétaire, qui fragiliserait les sociétés de ciblage. Mais le plus gros écueil en vue reste celui de la règlementation. Les défenseurs de la vie privée demandent l’application de systèmes en « opt-in », requérant le consentement explicite des internautes pour les publicités ciblées. La Cnil regarde de près la manière avec laquelle les données personnelles sont utilisées et ” l’hypercroissance et l’internationalisation à marche forcée. En juin 2013, la part d’activité réalisée en Europe est tombée à 52%, contre 63% en 2012 et 83% en 2011. Douze nouveaux pays ont été ouverts en 12 mois, exigeant un recrutement de talents incessant et risqué. Si la moyenne d’âge basse, le tutoiement, l’intéressement au résultat et la hiérarchie plate sont de rigueur, si les échanges internes sont constants via la messagerie interne Pidgin et le réseau social professionnel interne Yammer, c’est bien parce que Criteo compte garder l’esprit start-up malgré sa taille, à la manière de Google. Toujours. Mais à Paris, le siège a déménagé près de la gare Saint-Lazare, quittant le voisinage du géant californien près d’Opéra. Peut-être le signe que le « Google français » va désormais tracer sa route, loin de son « meilleur ennemi ». Matthieu Camozzi RH & FORMATION n°6 Réseaux & Influence Rotary club et Lions club Les deux grands clubs service de notables brillent par leurs activités philanthropiques… et alimentent inévitablement de fausses rumeurs. L a beauté du cheval… Faut-il supprimer la tour Montparnasse ?… Socrate étaitil un chat ?... Les thèmes choisis par les élèves des meilleurs lycées de Paris sont déroutants. En dix minutes, les orateurs échafaudent une construction intellectuelle et tentent de gagner l’auditoire, dans un concours d’expression orale organisé par le Rotary Club Paris-Ouest, district 1660. « Le but est de les aider à convaincre le DRH plus tard », explique Jean-Luc Pouch, entré en 2004 dans ce prestigieux groupement datant de 1957 et comptant 48 membres. A l’échelle mondiale, les 2,6 millions de membres des deux célèbres réseaux ont depuis longtemps démontré leur capacité d’action caritative, mais aussi pédagogique et écologique. AU FOUR ET AU MOULIN S’apprêtant à prendre la présidence de son club durant un an, hiérarchie tournante oblige, l’urologue souligne la variété des initiatives : « Deux lignes de fond sont toujours suivies. En premier lieu la jeunesse, avec des bourses distribuées et des échanges d’étudiants. Le concours d’expression orale ou le prix du travail manuel pour la création d’un bijou traduisent nos velléités éducatives. En second lieu la santé, cheval de bataille du Rotary International qui contribue à éradiquer la poliomyélite, finance la lutte contre Alzheimer ou s’allie avec l’Institut Pasteur contre le paludisme. Nous leur versons une subvention. » Mais la liste des actions bienfaisantes ne s’arrête pas là. « Nous intervenons pour la banque alimentaire en de60 mandant aux gens dans les supermarchés d’acheter de la nourriture en plus. Par des représentations théâtrales nous récoltons des fonds pour financer le creusement de puits au Sahel…», énumère Franck Singer, avocat à la Cour et président actuel du club, lors d’une soirée recrutement dans les salons du Novotel de la Porte d’Asnières, à Paris. UNE MÊME PHILOSOPHIE, QUELQUES DIFFÉRENCES Une aventure qui a commencé en 1905 à Chicago, lorsque l’avocat Paul Harris, à tour de rôle, l’association prit le nom de Rotary, pour « in rotation », intervenant bientôt aux quatre coins de la planète pour répondre aux besoins les plus critiques. Le Lions a été fondé lui aussi à Chicago en 1917, sous la houlette de l’assureur Melvin Jones et de quelques Rotariens. Le Rotary est un peu plus élitiste, son antériorité sur le Lions lui ayant permis de cibler la crème des notables. Les Lions Clubs sont composés de cadres moyens et supérieurs, quand les Rotary Clubs accueillent plutôt dirigeants, fonctionnaires de haut rang et professions libérales ; mais le plus jeune distance au- ans, et appelée « Leo » chez les Lions. Ce sont essentiellement les cotisations annuelles des membres (1000 euros en moyenne pour un rotarien français et 500 pour un Lions) qui les font vivre. La fondation du Rotary International, bras armé des interventions, dispose d’un budget annuel de 120 millions de dollars, quand le Lions International reste discret mais doit avoisiner les mêmes montants. La différence semble plus tangible en matière de gouvernance, comme l’évoque Jean-Luc Pouch : « Le Lions est plus pyramidal. Au Rotary les clubs sont autonomes par rapport à la structure internationale, auprès de laquelle “ Cérémoniaux désuets ? Peut-être. Mais des initiatives qui prouvent que les clubs service sont en prise avec la réalité du terrain ” après avoir constaté que les règlements de compte après jugement étaient monnaie courante, décida de fonder un club apolitique, areligieux et amical pour décloisonner les professions par la connaissance mutuelle. Les cinq fondateurs se recevant chez eux DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr jourd’hui de peu son aîné en nombre d’adhérents (1,4 contre 1,2 million). L’ordre est en revanche inversé en France. Le Rotary a une longueur d’avance pour séduire les jeunes, ayant créé le « Rotaract », version du club réservée aux moins de trente ils doivent monter un dossier de financement s’ils ont besoin de fonds. » CERCLES D’AFFAIRES EFFACÉS Chaque club a donc sa tonalité, ses objectifs liés au profil de ses membres, son montant de cotisation annuelle. « Il s’élève chez nous à 920 euros par semestre, comprenant les déjeuners avec conférenciers – récemment sur l’eau, le « peak oil », le Printemps Arabe, la Cour de Cassation, Talleyrand, la gestion de crise… – et les réunions statutaires », décrit Jean-Luc Pouch. Les points communs restent les déjeuners permettant de mieux se connaître. Dès lors la question est sur toutes les lèvres : ces cénacles où les membres sont impliqués par ailleurs dans le business, la vie politique et associative, ne sont-ils pas affairistes ? Bien sûr l’amitié est de mise, et donc parfois aussi les tuyaux professionnels et entraides, mais le réseau qui facilite les contacts doit être une conséquence, et non une motivation. « Ce n’est pas du tout dans l’esprit. Nous sommes un club service avant tout », insiste JeanLuc Pouch. La règle d’origine qui imposait un seul représentant de chaque profession par club était d’ailleurs censée empêcher tout abus. MYTHES ET DÉMONS Pour autant discrétion et système de cooptation attisent clichés et théories du complot. Le nouveau venu, reconnu, est convié par ses deux parrains à quelques réunions pour se présenter. Après enquête, la commission de nomination l’intronisera ou non, selon son comportement éthique. Les procédures sont un peu moins contraignantes au Lions. Bien que très actifs ces réseaux philanthropes paraissent donc fermés de l’extérieur, et de là à l’amalgame avec la francmaçonnerie il n’y a qu’un pas. Deux des quatre fondateurs du Rotary auraient été francs-maçons. Des cas de double appartenance ont existé, sans que l’association soit pourtant “assujettie” à l’Ordre. « Je ne sais pas si les gens sont francsmaçons malgré toutes ces années passées au club », affirme Jean-Luc Pouch. Côté Lions, l’argument selon lequel le symbole de l’animal aurait été choisi en référence aux gardiens du temple, allusion équivoque aux fondements maçonniques, n’a jamais été étayé. En vérité les codes de conduite qui régissent encore aujourd’hui les clubs demeurent empreints d’une certaine culture américaine conservatrice. Les « gouverneurs » supervisent l’ensemble des clubs, les femmes ont pu intégrer ces assemblées au terme d’un long procès en Californie dans les années 80. A chaque séance, délimitée dans le temps par le son de la cloche, le président suit un ordre précis, souhaitant les anniversaires, récapitulant les actions menées, présentant les invités. Cérémoniaux désuets ? Peutêtre. Mais des initiatives qui prouvent que les clubs services sont en prise avec la réalité du terrain. Matthieu Camozzi RH & FORMATION n°6 Observatoire ■ MOOC ATTAQUENT Les "massive open online courses", ou en français les « Clom », pour « cours en ligne ouverts et massifs », font parler d’eux. Et pour cause : si leur campus était transposé dans le monde réel, il aurait la taille de Paris. La population des cyber-universités se compte en effet en millions et chaque classe peut rassembler jusqu'à 200 000 étudiants. Coursera, edX, Khan Academy ou Udacity dispensent des enseignements dans le giron des grandes « marques » universitaires américaines, telles Stanford, Harvard ou le MIT. La France est en retard dans ce domaine, de l’aveu même de la ministre de l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso. En mars 2011, Sébastien Thrun, directeur du laboratoire d'intelligence artificielle à Stanford, se dit « bluffé » par Salman Kahn, qui vient de fonder la Khan Academy proposant des vidéos désormais regardées par 9,3 millions d’étudiants. L'ancien prof de Stanford créera Udacity, avec pour sponsors Harvard et le MIT. Les cours sont gratuits, mais la certification payante. Le début de l’aventure... ■ FUN EN FRANCE En Europe, c’est l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) qui a pris de l’avance sur le sujet. Et en France, Centrale Lille a ouvert le bal l’an dernier avec un cours sur la gestion de projets, validé par un certificat. La plupart des grandes écoles s’y essayent, à l’instar de Polytechnique, HEC et Centrale Paris qui proposent des cours sur Coursera. Le lancement par Geneviève Fioraso de France université numérique (FUN), plateforme qui vise à développer une offre française avec des partenariats public-privé, déjà financée par le programme d’investissements d’avenir à hauteur de 12 millions d’euros, accompagne le mouvement. Petit bémol, elle s'appuie sur la technologie d'edX, l'attelage d’Harvard et du MIT, soutenu allégrement par Google, ce qui fait bondir les start-up françaises du secteur. La course est en tout cas lancée dans ce qui pourrait bouleverser l’éducation. ■ CLASSEMENT UNIVERSUM 2013 DES EMPLOYEURS IDÉAUX SELON LES ÉTUDIANTS FRANÇAIS : Classement Grandes écoles de Commerce/Management 2013 Classement Grandes écoles d'Ingénieurs 2013 Classement Universités, filière Ingénieur 2013 LVMH 1 EADS 1 Classement Universités, filière Commerce/Management 2013 L'Oréal 1 Thales 1 L'Oréal 2 Google 2 LVMH 2 EADS 2 Google 3 Dassault Aviation 3 Air France 3 Google 3 Apple 4 Thales 4 Apple 4 Air France 4 Canal + 5 EDF 5 Google 5 Safran 5 Danone 6 Safran 6 BNP Paribas 6 Dassault Aviation 6 Nestlé 7 TOTAL 7 Coca-Cola 7 Microsoft 7 Coca-Cola 8 VINCI 8 HSBC 8 CNRS 8 Air France 9 Veolia Environnement 9 Société Générale 9 Ubisoft 9 Ernst & Young 10 GDF SUEZ (incl. SUEZ ENVIRONNEMENT) 10 Groupe Galeries Lafayette 10 SNCF 10 Source : © Classement annuel des marques employeurs de la société Universum, 2013 Pour son étude 2013 sur les marques employeurs en France, Universum a interrogé 34160 étudiants issus de 119 grandes écoles et universités. Le grand apprentissage est leur quête de stabilité, quitte à refuser de prendre certains risques. La crise et son cortège de plans de sauvegarde de l’emploi, y compris pour les cadres, est passée par là. Le luxe a toujours les faveurs des étudiants en business. Mais les banques, peu brillantes en matière de sécurité de l’emploi, ne les intéressent plus autant, comme la grande distribution, à l’environnement de travail décrié. Idem pour l’automobile frappée par la crise. PSA perd 15 places, BMW cinq places. Les secteurs qui tirent leur épingle du jeu sont les produits de grande consommation, notamment l’agroalimentaire, synonyme de stabilité. Nestlé, Coca-Cola ou Unilever rassurent, comme les entreprises publiques et parapubliques qui ont inversé la tendance depuis 2012 (SNCF, RATP, La Poste). Dans leur sillage les cabinets d’audit, qui profitent de leur réputation de solidité. Les étudiants ingénieurs sont toujours intéressés par l’automobile, mais ne passent pas à la candidature dans les faits. Ils rejettent les télécoms-réseaux – SFR perd sept places –, comme les équipements et technologies informatiques. En revanche les entreprises publiques – EDF gagne 13 places et entre dans le Top 5, en cinquième position –, l’aéronautique et la défense recueillent leurs faveurs. ON EN PARLE… u FEU DE PAILLE À L’INSEAD 62 Le nouveau doyen de l’Insead, Ilian Mihov, résidera à Singapour, plutôt que dans le campus historique de Fontainebleau : la nouvelle a déclenché une vague d'inquiétude chez des universitaires, politiques ou chefs d'entreprise – qui y voient une nouvelle inquiétante pour la compétitivité française. Pourtant ce nouveau doyen est basé en Asie avec sa famille depuis plus de dix ans. En outre la grande école s’intéresse à l’Asie depuis longtemps, y ayant ouvert un campus en 2000. Et sur ses 146 professeurs, 59 sont installés dans la ville-Etat, 81 à Fontainebleau. Le fait de rayonner dans la future première zone en termes d’économie mais aussi d’enseignement supérieur, sonne comme une évidence. Il n’est pas étonnant que l’un des fleurons français de l’enseignement supérieur depuis 1957 aille chercher des étudiants là où ils se trouvent et profite du dynamisme de la région, n’en déplaisent aux éternels aboyeurs et défaitistes. DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr ■ CLASSEMENT DIGITAL DE SEPTEMBRE 2013 DES ÉCOLES DE COMMERCE : ECOLE SCORE La politique numérique des grandes HEC 161 écoles a été décortiquée par Media Etudiant, acteur digital créé en 2007 ESCP EUROPE 154 qui a pour vocation d’accompagner les EM LYON 154 jeunes tout au long de leur scolarité sur ESSEC 150 leurs préoccupations majeures : réusGrenoble EM 145 site scolaire, recherche de formation, entrée dans la vie active, vie au quotiAudencia Nantes 144 dien. Il fédère de véritables commuEDHEC 134 nautés éducatives. Trois grandes SKEMA BS 131 thématiques ont été prises en compte : l’influence web, les réseaux sociaux et EM NORMANDIE 123 le mobile (voir site pour méthodoloESSCA 119 gie). INSEEC 110 Les grandes écoles de commerce se ESC DIJON 93 servent du digital comme d’un outil communautaire pour réunir et suivre Source : © DigiSchool, http://www.markeleurs anciens étudiants, d’autres le ting-etudiant.fr/classement-ecoles-comvoient avant tout comme un levier merce-2013.php marketing d’acquisition de nouveaux étudiants. Elles ont bien débuté leur rentrée digitale, le podium restant stable avec HEC, l’ESSEC et l’ESCP qui se maintiennent dans le Top 3. Du changement dans le centre du classement, notamment avec l’ESSCA qui continue sa progression et atteint la 11e place, ainsi que Toulouse BS qui gagne quatre places et intègre ainsi le Top 12. Certains progrès restent encore à faire pour certaines écoles en termes de présence, d’activité et de réactivité sur les réseaux sociaux. Cependant d’autres écoles s’investissent de plus en plus dans le monde digital, avec la contribution de HEC et de l’EM Lyon aux initiatives MOOC. ■ CLASSEMENT DIGITAL DE SEPTEMBRE 2013 DES ECOLES D’INGÉNIEURS : Du changement dans le Top 3 du classement avec l'entrée rapide et efficace d'EPITA en troisième position, devancé par les favoris INSA Lyon, indétrônable, et UTC Compiègne. Une avancée importante à souligner aussi pour ENAC Toulouse, qui gagne trois places et se retrouve dans le Top 10. Entrée dans le classement de l'école IPSA, qui intègre le baromètre digital en 22e position. Quelques beaux progrès à noter, notamment la popularité de l'EIGSI sur Twitter, ainsi que l'actualité de Centrale Paris qui lance aussi ses MOOC. ECOLE SCORE INSA LYON UTC COMPIEGNE 179 171 EPITA 141 INSA TOULOUSE 131 TELECOM PARIS TECH 130 POLYTECHNIQUE-P. 126 CENTRALE PARIS 122 ENAC TOULOUSE 114 ECE PARIS 110 ECOLE DES PONTS 110 ESIEA 108 UTBM BELFORT 108 Source : © Digischool, http://www.ingenieurs.com/classement-ecoles-ingenieurs2013.php u FUSIONS D’INGÉNIEURS DISCRÈTES, u L’INFLUENCE DE L’ÉCOLE SUR LE GOÛT MAIS PRIMORDIALES Les écoles d'ingénieurs s'unissent pour peser dans la compétition mondiale, dans la discrétion contrairement à leurs homologues de management. Après de longues fiançailles, annoncées en 2006, le mariage entre les plus que centenaires Ecole centrale de Paris (ECP) et Ecole supérieure d'électricité (Supélec) a eu lieu début septembre. Le directeur de Centrale, Hervé Biausser, a pris la tête de ce qui deviendra un grand établissement commun début 2014. Mais le mariage ne sera vraiment consommé qu'en 2017 : Centrale déménagera dans un bâtiment flambant neuf situé à 100 mètres de son conjoint Supélec, sur le plateau de Saclay, au sud de Paris. Une alliance qui s'inscrit dans un rapprochement plus grand, celui de l'université Paris-Saclay. Les écoles regrouperont physiquement leurs actifs, directions, administrations, professeurs, chercheurs et personnels, avec des masters et doctorats regroupés sous la bannière Centrale-Supélec. L'idée d'un diplôme d'ingénieur unique reste à l'étude. De quoi remonter dans les classements internationaux. D’ENTREPRENDRE Se lancer dans l’entrepreneuriat, une phrase qui est désormais répétée à l’envi dans les grandes écoles mais aussi dans les universités. Mais quel est donc le déclic qui amène étudiants et jeunes diplômés à franchir le pas ? L'association Jeunesse et Entreprises a questionné près de 2000 jeunes entre juin et septembre et a rendu ses conclusions au colloque "Entreprendre : de l'envie à l'action !" à l'université Pierre-et-Marie-Curie à Paris. Le goût d'entreprendre tient d'abord à "la volonté d'être acteur plutôt que spectateur de son activité", avec dans l’ordre l'envie de liberté, d'action et de dépassement de soi. C'est la personnalité et les motivations individuelles qui sont le plus souvent mises en avant (63%), loin devant l'envie de "faire équipe" (37%) ou "l'influence des proches" (28%). Le principal frein ? Sans surprise l’argent, suivi du manque d'expérience et enfin de la lourdeur administrative. Dans ce contexte, c'est l'école (73%), loin devant la famille (14%), qui est le plus souvent appelée à la rescousse pour développer le goût d'entreprendre. RH & FORMATION n°6 Carrières & Talents La formation professionnelle en chantier Offre illisible, mise en œuvre complexe… Malgré l’enchaînement des réformes, la formation professionnelle continue à souffrir de nombreux défauts. Pour mieux répondre à la demande, écoles et organismes tentent d’adapter leur offre de formation. L a formation professionnelle est à nouveau sous le feu des projecteurs. Dans le cadre de la loi sur la sécurisation de l’emploi, le gouvernement a annoncé une nouvelle réforme – la troisième en dix ans. Objectif : rendre le dispositif moins coûteux et plus efficace. Reste à voir si cette réforme portera ses fruits. L’époque où l’on avait un métier pour la vie est révolu : l’enjeu est d’autant plus crucial. La formation continue permet de conforter ses acquis et de faciliter son évolution professionnelle, mais surtout de rebondir en cas de pépin. « Sur nos programmes diplômants, nous observons une augmentation des personnes en repositionnement professionnel, indique Chantal Poty, responsable pédagogique des programmes de formation continue de l’EM Lyon. Typiquement, cela va être le cadre de 40 ans qui va prendre un an pour faire un MBA. Le mouvement s’est amplifié il y a trois ans, mais aujourd’hui, on est plus dans une logique de repositionnement choisi : des personnes qui profitent d’un plan de départ volontaire pour faire financer leur formation, par exemple. Les Mettez de la couleur dans votre carrière salariés prennent conscience que la relation au travail est en train de changer. » UN JUTEUX MARCHÉ Pour l’entreprise comme pour le salarié, difficile d’y voir clair parmi la multitude des offres existant sur le marché : du coaching d’une journée à la formation diplômante s’étalant sur plusieurs mois, le champ des possibles est vaste. Sans compter la multitude des organismes de formation. Beaucoup de monde pour un marché juteux : une étude de la Dares parue en octobre 2013 indique que le chiffre d’affaires réalisé en 2011 par les prestataires de formation professionnelle s’élève à pas moins de 13,1 milliards d’euros, en hausse de 5% malgré la crise. Sur ce marché se côtoient aussi bien des organismes publics comme l’Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), que des opérateurs privés. Les écoles se positionnent également sur ce créneau, à l’instar de l’Essec, qui cherche à diversifier son offre de formation continue. « L’activité « Executive Education » représente entre 20 et 25% du budget de l’Essec », indique Laurent Ploquin, directeur commercial de l’ESSEC Executive Education. A côté de l’Executive MBA, destiné aux fameux cadres supérieurs à haut potentiel, l’école propose des formations de type troisième cycle généraliste, destinées à des cadres et des dirigeants confirmés, ainsi que des mastères spécialisés dans différents domaines (RH, marketing, finance…) « Ces mastères sont destinés aux professionnels qui viennent chercher une excellence dans une spécialité », précise Laurent Ploquin. Quid de la sélection ? « Notre démarche se rapproche plus de celle d’un cabinet de conseil que d’une école qui recrute ses étudiants sur concours, fait valoir le directeur commercial de l’ESSEC Executive Education. Notre rôle est de conseiller le cadre sur la formation la plus adaptée à ses besoins. » Les écoles ont aussi développé des programmes surmesure à destination des entreprises. Une solution no- Î Education à 360° par Marc Drillech Directeur général de IONIS Education Group 64 S ur toutes les lèvres, à la une de tous les journaux : l’innovation, super héroïne, devrait venir à bout de tous nos maux, relancer la croissance, créer des emplois, nous sortir du marasme. Mais pour cela il faut lui permettre de se développer dans un environnement favorable, arrêter de dénigrer celles et ceux qui entreprennent et réussissent, accepter qu’innover c’est prendre des risques et donc parfois échouer. Plus que de grande DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr L’innovation, simple et concrète théorie voici un cas concret d’innovation : Khepri, à l’origine un projet étudiant créé en 2010. Les désormais jeunes diplômés de l’ISEG Group, lauréats d’Open ISEG, ont constitué leur entreprise d’entomoculture en 2012. Elle propose un système innovant, solidaire et moderne. Khepri formera des familles au Laos, en partenariat avec Handicap International, à l’élevage de grillons. La production sera ensuite répartie entre : d’un côté les familles comme produit alimentaire (autosuffisance) et pour de la revente (revenus) et de l’autre Khepri qui utilisera cette source riche en protéines comme farine alimentaire (la chair) et biomatériau (la chitine des carapaces). Et voilà un projet qui ambitionne de réduire la faim et la pauvreté de centaines de familles tout en développant des biotechnologies. Ce ne fut pas facile, ils se sont trompés, ils ont recommencé, ils ne se sont pas précipités, ils ont découvert comment travailler à l’étranger. Le premier village pilote sera lancé en janvier*. C’est bien là l’illustration de la mission de l’enseignement supérieur, au-delà de la transmission de savoirs (à l’heure chahutée des MOOC), ouvrir à de multiples horizons, soutenir ses étudiants, leur apprendre à prendre confiance et créer les conditions qui font naître ces idées belles et… innovantes. *Si vous voulez les soutenir, ils sont en campagne de crowdfunding sur indiegogo. RH & FORMATION n°6 RH & FORMATION n°6 Carrières & Talents Carrières & Talents tamment proposée par l’EM Lyon : « Nous proposons des programmes ad-hoc d’une durée de quelques jours, pour une population donnée sur que des programmes certifiants (et non plus diplômants) s’étalant sur plusieurs semaines, comme les AMP (Advanced Management « du fait d’une demande de productivité au travail de plus en plus forte, il y a un raccourcissement du temps de formation ». dont le coût tourne autour de 25 000 euros en moyenne, sans l’aide de l’employeur. Reste au salarié la possibilité de se tourner vers le Fonds de gestion du CIF (Fongecif) ou l’Organisme paritaire col- De quoi dégommer les freins à l’évolution professionnelle… “La formation continue permet de conforter “Il n’est pas toujours chose ses acquis et de faciliter son évolution professionnelle, mais surtout de rebondir en cas de pépin une entreprise donnée, explique Chantal Poty. Ces formations ont pour but d’accompagner un changement stratégique dans l’entreprise. Elles existent depuis 30 ans, mais se sont bien déployées ces six dernières années. Ces programmes représentent désormais 40% de notre activité. » Pour concurrencer les organismes de formation sur leur propre terrain, les écoles se sont aussi mises à proposer des modules de formation de quelques heures, ainsi Programme). « Il s’agit d’un produit qui émerge depuis 4-5 ans », indique Laurent Ploquin. LA TENDANCE : FORMATIONS COURTES ET « BLENDED LEARNING » Des formations courtes pour des entreprises de moins en moins enclines à laisser leurs salariés s’absenter. Mathilde Bourdat, spécialiste du management de la formation chez Cegos, observe que aisée pour un salarié de convaincre son entreprise de l’intérêt une formation ” Les besoins évoluent. « Le mode de vie professionnel des cadres s’internationalise et se complexifie, observe le directeur commercial de l’ESSEC Executive Education. On a une demande qui va vers toujours plus d’approche individualisée pour des besoins spécifiques, ainsi qu’une meilleure plasticité des formations. » Mais le gros changement au niveau des formations a été apporté par l’arrivée des nouvelles technologies. « Avec les smartphones et les ta- ” blettes, la nomadité est en train de modifier les comportements », estime Laurent Ploquin. En particulier, la déferlante des Mooc redistribue les cartes. « Les modèles existants sont challengés par la technologie et par les grandes business schools américaines», est d’avis le directeur commercial de l’ESSEC Executive Education. Les formations ne sont plus seulement dispensées en amphi, comme il y a 30 ou 50 ans. Organismes et écoles multiplient les formations à distance et en « blended learning ». « On a désormais des solutions qui mélangent du présentiel et du distanciel, pour que les cadres puissent faire une heure de formation dans un train, dans un hôtel… », indique Laurent Ploquin. « Utiliser le support digital, oui, mais pas remplacer le face à face par le tout digital », relativise Chantal Poty. POUR LE SALARIÉ, ENCORE PEU D’OPTIONS Restrictions budgétaires, entreprises peu désireuses de laisser leurs salariés s’absenter… En dehors des « meilleurs talents » qui se voient offrir par leur employeur le top des formations de type MBA, il n’est pas toujours aisé pour un salarié de convaincre son entreprise de l’intérêt d’une formation. « C’est le talent du cadre L’essor des écoles d’entreprise L’école 42 de Xavier Niel, Danone, Accor ou encore Bricoman : les entreprises sont de plus en plus nombreuses à créer leurs propres écoles pour prendre en charge la formation de leurs futurs salariés. En mars dernier, le PDG de Free, Xaviel Niel, a fait le buzz en annonçant l’ouverture de l’école 42, un centre de formation numérique mis sur pied par l’opérateur. Accessible aux candidats âgés entre 18 et 30 ans, avec ou sans Bac, cette école vise à dynamiter le cadre de la formation classique en recrutant non plus sur diplôme, mais sur le potentiel et la créativité des candidats. Pour arriver à décrocher une place, les postulants doivent passer toute une série de tests sur ordinateur et de travaux pra- 66 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr de son entreprise, un autre problème peut se poser : celui de la conciliation entre temps de travail et temps de formation « La plupart du temps, nos formations diplômantes sont organisées en format tiques intensifs. François Hollande a salué cette initiative, déclarant vouloir “encourager” des projets de ce type. Répandues dans des pays comme l’Allemagne, les écoles d’entreprise commencent à prendre leur essor en France. Si elle peuvent prendre différentes formes, leur but reste généralement de former leurs futurs salariés aux solutions et aux produits de l’entreprise. Ce sont principalement de grands groupes du CAC 40 qui se lancent sur cette voie. A l’instar de Danone, qui a lancé en 2011 sa propre école de vente. Objectif : diversifier le recrutement de ses commerciaux, et surtout, sensibiliser ses étudiants aux produits Danone. Visant des Bac +2 désireux de se former aux métiers de la vente, l’école propose une formation diplômante sur un an en alternance, en partenariat avec des organismes de formation et débouchant sur une Licence « Commerce et vente dans les industries agroalimentaires ». En 2010, un qui emporte en partie la décision de l’entreprise », constate Laurent Ploquin. Pour le salarié qui souhaite s’engager dans une formation, les options sont limitées. Le Droit individuel à la formation (DIF), limité à 20 heures par an, n’autorise qu’une formation courte et dans la branche d’activité dans laquelle exerce le salarié. Dans le cas du DIF, la formation est financée et le salarié perçoit une allocation de formation. Reste que seulement 6% des salariés ont fait valoir spontanément leur droit au DIF cinq ans après sa création, selon une étude de l’Insee parue en octobre dernier. Afin d’étendre ce dispositif, rebaptisé « compte personnel de formation », la loi de sécurisation de l’emploi a amélioré la portabilité des droits à la formation professionnelle. « Mais pour peu que vous vouliez intégrer une grande école, cela ne pèse plus rien », pointe Laurent Ploquin. Le salarié qui souhaite poursuivre une formation longue a la possibilité de passer par un Congé individuel de formation (CIF), d’une durée d’un an. Destiné notamment aux salariés qui envisagent une reconversion professionnelle, le CIF ne peut être refusé par l’employeur. Reste la délicate question du financement de la formation. Au demeurant, il est quasi impossible de financer un MBA, test avait été mené dans le sud de la France. Pendant un an, des apprentis recrutés par Danone avaient poursuivi leur cursus en licence dans des écoles de management de la région en parallèle de leur apprentissage. Le test s’était avéré concluant. Les PME commencent aussi à s’intéresser à cette solution. C’est ainsi que l’enseigne de bricolage Bricoman a ouvert en septembre 2013 son propre centre de formation en interne pour ses futurs employés. L’entreprise avait en effet des difficultés à trouver des profils qualifiés pour ses métiers. Les 20 premiers élèves ont intégré la structure en contrat d’apprentissage d’une durée d’un an, avec une promesse de CDI à la clé. UN EMPLOI À LA SORTIE C’est l’avantage de ces écoles pour les étudiants : la quasigarantie d’un emploi à la sortie. La formation peut déboucher sur un « vrai » diplôme ou bien seulement sur une certification de qualification professionnelle, comme c’est le cas chez Bricoman. Ces structures peuvent aussi servir à former les salariés en interne. En pratique, les écoles d’entreprise se rapprochent beaucoup des formations en apprentissage. Pour mettre en place son école, l’entreprise fait souvent appel à des partenaires extérieurs, comme des organismes de formation ou des fédérations professionnelles. Danone a ainsi fait appel aux Instituts de for- mation régionaux des industries alimentaires (IFRIA) pour l’aider à trouver des partenaires académiques. En plus de la formation, certaines entreprises offrent parfois le gîte et le couvert à leurs jeunes recrues. C’est le cas de Veolia, qui propose un internat sur son campus Veolia Environnement, situé à Jouy-Le-Moutier en banlieue parisienne, ou encore de la société de mobilier de bureau Steelcase, qui prend en charge le logement de ses apprentis dans le cadre de son école de vente. Un retour, finalement, au paternalisme industriel du XIXe siècle, lorsque les patrons prenaient en charge l’éducation et le logement de leurs ouvriers. lecteur agréé (OPCA) auquel son entreprise verse sa contribution. Le salaire et certains frais sont pris en charge de 60 à 100%. Dans tous les cas, le salarié devra présenter un projet personnel bien argumenté pour se voir accorder un financement. Bon à savoir : il existe également des aides complémentaires au niveau des régions. Dans le cas du salarié qui entreprend de faire une formation longue avec le soutien week-end, explique Laurent Ploquin. L’entreprise et le cadre font chacun l’effort de donner un peu de leur temps : l’entreprise le vendredi, le cadre le samedi ». Dans le cadre d’un plan de formation mis en place par l’entreprise, la formation s’exécute sur le temps de travail du salarié, mais peut également être réalisée hors temps de travail, sous certaines conditions. « La plupart du temps chez nous, les personnes se forment sur leur temps de travail, explique Mathilde Bourdat. Par exemple les lundi et mardi, elles partent en formation, puis elles s’organisent pour rattraper ce qu’elles n’ont pas pu faire. » Dans le cas d’un DIF demandé par le salarié, elle est en principe réalisée hors temps de travail. Dans tous les cas, attention : le retour sur investissement d’une formation n’est pas toujours à la hauteur des espérances. « Quand l’entreprise décide d’envoyer un collaborateur, elle lui envoie le message qu’elle veut construire quelque chose avec lui, estime Chantal Poty. Mais il y a toujours des gens qui, à l’issue, se rendent compte qu’ils n’auront pas les moyens de mobiliser les compétences acquises. Tout dépend de l’environnement économique de l’entreprise : elle ne peut pas toujours se projeter dans la durée et finalement proposer une promotion au salarié. » A bon entendeur… Catherine Quignon C.Q. www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 67 ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 L’Air du temps Retro-business Reflet d’un présent en crise, la mode du vintage déferle dans les rues et sur nos écrans. Les marques tentent de récupérer cette tendance, devenue un véritable business. C ette année à Noël, nul doute que la tendance côté cadeaux sera au vintage. Entre le retour en grâce du Polaroïd ou de la mythique Vespa, l’esprit « fifties » qui envahit les magazines de mode ou encore les biopics façon « Diana », la vague rétro déferle tous azimuts. Même la technologie s’offre un voyage dans le temps : qui aurait prédit un tel succès à Instragram avec ses 46 millions d’utilisateurs mensuels, accros à cette application qui permet de vieillir artificiellement ses clichés ? Les sociologues ne manquent pas d’explications à ce phénomène : rejet d’un présent en crise et fantasme des « Trentes Glorieuses ». Les pros du marketing ont même trouvé un nom à cette tendance : le « down aging », qui touche des consommateurs désireux de retrouver une certaine période d’insouciance. Tant pis si elle n’est qu’un mythe, la nostalgie de ce paradis perdu est bien là. culiers ressortent leurs vieux objets de leur placard pour les vendre. Les ventes des produits d’occasion ne se sont jamais aussi bien portées, en témoigne le succès du Sa- lections de marque. Une manière, pour la marque, de recycler ses vieux fonds de tiroir tout en surfant sur la tendance. Le recyclage est aussi devenu REVENIR DANS LE COUP Quelques marques menacées de « ringardisation » cherchent à surfer sur la tendance vintage pour retrouver naturels pour nettoyer leur intérieur. Mais la marque tente aussi de faire rimer tradition et modernité : Starwax a mis en place une page Facebook, un site internet dédié MIXER RÉTRO ET RÉCUP’ CONTRE TOUT-JETABLE Cette mode a véritablement pris son essor avec la crise. « Dès 2008, il y a eu un boom des friperies aux EtatsUnis, remarque Habib Oualidi, dirigeant de l’agence Kayak Communication. Nous sommes entrés dans un cycle de rationalisation de la consommation et la mode du vintage colle à ce mouvement. Ce mode de consommation a d’abord été motivé par la baisse de pouvoir d’achat, puis il est devenu une manière de se démarquer. Le vintage permet d’accéder à des modèles uniques. » Paradoxalement, les nouvelles technologies ont participé à la renaissance de cette tendance vintage. Aujourd’hui, Internet permet d’exhumer des tubes oubliés ou les dessins animés de notre enfance. « Les sites de vente d’occasion et de troc se développent énormément », constate Habib Oualidi. Grâce à ebay ou Priceminister, les parti- 68 Chevignon connaît alors une seconde naissance : grâce à un positionnement résolument vintage et haut de gamme, elle séduit ses anciens fans, devenus des quadras argentés. Cette stratégie paie : la marque redevient bénéficiaire en 2011. Autrefois simple marque de prêtà-porter pour lycéens, elle est désormais une institution dans le paysage de la mode. Les produits d'hier font les profits d'aujourd'hui lon du vintage ou de celui d’Emmaüs. Au grand désarroi des industriels, la récup’ a pris le pas sur la consommation de masse. Sus au toutjetable, vive la customisation et le recyclage ! VALEURS SÛRES Certaines marques tentent de tirer leur épingle du jeu en jouant la carte de la nostalgie. Leur cible ? Les plus de 50 ans et leur fort pouvoir d’achat, mais aussi les jeunes qui fantasment une époque qu’il n’ont pas connue. C’est ainsi que l’enseigne d’ameublement Habitat a lancé cet été, à l’occasion de son cinquantième anniversaire, un espace 100% vintage aux puces de St Ouen en banlieue parisienne. Il s’agit d’un hangar de 400m² qui rassemble d’anciennes col- DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr monnaie courante dans la publicité. C’est le pari de Chanel : la marque de luxe n’a pas trouvé mieux comme égérie que Marilyn Monroe pour vanter les mérites de son N°5 dans sa nouvelle campagne de publicité. Et une nouvelle jeunesse. A l’instar de Starwax, un fabricant de produits d’entretiens. Entreprise familiale fondée en 1946 dans la banlieue de Lille, Starwax n’a pas hésité à jouer sur son côté rétro à travers le lance- aux astuces pour nettoyer son intérieur, et même apposé les QR codes sur les emballages de ses produits. Chevignon a également profité de cette tendance « revival ». Née aux alentours d’Avignon dans les années “Les ventes des produits d’occasion ne se sont jamais aussi bien portées ” l’on se souvient encore de la publicité pour le parfum Eau sauvage de Dior mettant en scène en 2012 l’acteur Alain Delon dans ses jeunes années, comme si le temps s’était arrêté. Miser sur des valeurs sûres, une manière, pour les marques, de ne prendre aucun risque. ment en 2012 d’une gamme de produits d’entretiens au design vintage, en faisant figurer sur les emballages de ses produits une ménagère sortie tout droit des années 50. Au-delà du clin d’œil, l’idée est d’évoquer un temps rassurant où nos grands-mères utilisaient des produits 100% 70, l’entreprise française de prêt-à-porter connaît d’abord un succès foudroyant avec son fameux blouson d’aviateur revisité. Puis, dans les années 90, c’est la descente aux enfers : la marque passe de mode et l’entreprise est fortement déficitaire. Reprise en 2007 par le groupe Vivarte, MODERNE Beaucoup d’entrepreneurs surfent sur la mode du vintage en revisitant des produits mythiques. C’est le cas de la société Easybike, qui a fait le buzz en septembre dernier en annonçant son intention de racheter la mythique marque Solex et de relocaliser dans la foulée une (petite) partie de la production des célèbres cyclomoteurs en France. Le projet d’Easybike n’est toutefois pas de ressusciter le vieux Solex, devenu trop polluant, mais de capitaliser sur l’affect lié à la marque en lançant un tout nouveau modèle 100% électrique. De la même manière, deux jeunes entrepreneurs, Benjamin Prades et Fabrice Ruffo, ont décidé de relancer le Tann’s, le mythique cartable bicolore de leur enfance. Un coup de génie : après avoir racheté la marque en 2007 au maroquinier Le Tanneur, leur société est devenue bénéficiaire en 2011 pour un chiffre d’affaires de 2,2 millions d’euros au total. Si le Tann’s dans sa version actuelle joue sur l’effet « madeleine de Proust », il n’a plus grand-chose à voir avec la sacoche de notre enfance : désormais 100% plastique, il est fabriqué… en Asie. Reste à savoir si les consommateurs ne finiront pas par se lasser de ce vrai-faux rétro et du manque d’inventivité des fabricants. « La mode est un éternel recyclage », prévient Habib Oualidi. La tendance vintage semble bien partie pour durer… Catherine Quignon ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 L’Air du temps Bonjour, Sir ! Au-delà des idées préconçues et serinées en continu, existe-t-il aujourd’hui une spécificité française en hôtellerie haut de gamme ? C ésar Ritz était suisse. C’est tout de même lui qui a permis à la France, où il a longtemps résidé à la fin du XIXe siècle, de créer les codes de l’hôtellerie internationale de luxe, née avec la villégiature et la promesse de proposer des conditions plus modernes et confortables que chez soi. Grâce à cette avance, à ses redoutables atouts gastronomiques et à son excellence dans le service, l’hôtellerie française a pu afficher une vraie différenciation dans le haut de gamme. Mais cette longueur d’avance est-elle école internationale d’hôtellerie et de management de 8000 étudiants et 25 000 diplômés dans le monde : « Premièrement la structure de nos hôtels, souvent d’anciens châteaux et maisons bourgeoises réaménagés. Deuxièmement la gastronomie. Enfin, et on le perçoit mal en France, la qualité de service basé sur la sincérité, l’accueil et la compétence. Le même degré d’attention se retrouve en Asie, mais le professionnalisme n’est pas aussi présent ». Pour ce dirigeant d’un groupe actif sur quatre continents, au travers apprendre à sourir, ce qui n’était pas dans les mœurs. Nous avons aussi ouvert à Tel Aviv, où la structure hôtelière était intéressante, mais historiques dans l’hôtellerie. La preuve est qu’elle passe par des griffes d’autres secteurs, avec des hôtels Missoni ou Armani, quand LVMH uti- où la vitesse et le côté pratique prennent une part toujours plus conséquente. Nombre de personnes, à commencer par les professionnels, vou- “ En France le creuset de culture dans la gastronomie, le design ou la mode est garant de créativité pour l’hôtellerie qui devient plus conceptuelle et crée une ambiance l’accueil non professionnel », relate celui pour qui le client ne doit pas être un numéro : « Ce concept d’accueil comme on l’entend dans les lise Cheval Blanc. Enfin les Américains ont une vraie tradition d’hôtels de luxe depuis les années 1920, mais ils sanctuarisent moins les draient souvent faire fi des convenances et se détourneraient de ce service guindé d’un autre temps. « Il est juste bousculé par d’autres codes. L’hôtellerie utilitaire est opposable à celle de plaisir. Les hôtels de luxe et palaces sont de plus en plus prisés par les vacanciers et visiteurs, même si des banquiers et autres professionnels descendent encore au Ritz et au Crillon », relativise Philippe Doizelet. Devant l’afflux de touristes en provenance des BRIC, la France bénéficie, atout non négligeable, de son aura de romantisme et d’amour. « Ces nouveaux visiteurs sont fascinés et les hôtels de luxe en profiteront. Regardez le Mandarin Oriental, dans son lieu magique rue Saint-honoré, qui attire de nombreux visiteurs chinois », illustre Alain Sebban. LES ARMES POUR "Ne vous avais-je dit que le menu était haut en couleurs?" toujours d’actualité, à l’heure d’une standardisation de l’hôtellerie internationale et d’une concurrence plus exacerbée ? ANTÉRIORITÉ ET LÉGITIMITÉ INCONTESTABLES L’art de vivre à la française est une notion, mais les études montrent que le touriste étranger la ressent, grâce à trois éléments essentiels déclinés par Alain Sebban, président fondateur du groupe Vatel, 70 de 33 écoles présentes dans 22 pays, la culture de l’accueil s’acquiert petit à petit par les étudiants qui alternent théorie et pratique durant trois ans. « Ce n’est pas une leçon qui s’apprend. Ceux qui sont venus nous chercher pour exporter le savoir-faire hexagonal l’ont bien compris. » Car l’accueil de standing n’est pas aussi répandu qu’on le croit. « La première de nos écoles s’est installée à Moscou, où nous avons dû DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr Plaza Athénée joue bien sur les codes contemporains », énumère Philippe Doizelet, selon qui l’innovation est imperceptible, mais continue : codes du luxe vient du bassin méditerranéen, également en Espagne ou en Italie, mais la structure hôtelière n’y est pas aussi développée. » La France dispose donc bien des meilleures cartes selon Philippe Doizelet, directeur général d’HTL Horwath France, cabinet de conseil dans ce secteur : « La Grande Bretagne est pénalisée par la gastronomie, l’Allemagne par la chaleur humaine, l’Italie n’a pas de marques fortes choses, leur rapport à la modernité n’est pas le même. Les palaces n’existent pas. De ce fait même les anciens établissements de New-York n’ont pas une légitimité aussi ancrée. » D’AUTRES CODES APPARUS Mais ce modèle, qui était universel, serait aujourd’hui « challengé ». Il ferait moins recette à cause de son style ampoulé, dans une société SÉDUIRE DEMAIN À L’INTERNATIONAL Le secteur a en outre prouvé qu’il savait s’adapter à un nouvel environnement. Il s’est tout d’abord ouvert à la mondialisation et aux capitaux étrangers : le Bristol appartient à la famille allemande Oetker, le Ritz à l’homme d’affaires égyptien Mohamed Al-Fayed, le Meurice au Sultan de Brunei, et beaucoup d’autres établissements à des Moyenorientaux. Ensuite les établissements changent leur formule pour mieux correspondre aux nouveaux profils de clients, à l’exemple du Ritz ou du Crillon en travaux. « Le Royal Monceau, sous la patte de Philippe Starck, a adopté un style plus moderne. Le ” « Il n’est pas possible de dire ce qui est éternel et ce qui a évolué sur un sac Louis Vuitton ou une Rolls-Royce. Il en va de même dans les grands hôtels, qui sont plus perméables aux autres luxes qu’on ne le pense. Il ne serait par exemple pas incongru que le Peninsula, du nom du groupe Hongkongais qui va ouvrir son hôtel avenue Kléber, se dote d’un restaurant chinois, comme le Ritz possède son fameux bar Hemingway de style américain », note Philippe Doizelet. Les établissements haut de gamme ont en tout cas de formidables innovations à accomplir en puisant dans la richesse du luxe français, synonyme d’esthétique, d’impertinence, de produits qui créent le désir (cosmétique, parfum, champagne…). Air France parvient à se donner un supplément d’âme en misant sur ce créneau, et inspire donc nombre d’entre eux dans la manière de se donner une saveur hexagonale, par l’élégance, les codes de service, la qualité des repas et des vins. « En France le creuset de culture dans la gastronomie, le design ou la mode est garant de créativité pour l’hôtellerie qui devient conceptuelle : les hôtels ont de plus en plus leurs propres musiques, décorations, recettes et ambiances, à l’exemple du Costes », observe Philippe Doizelet. La capacité à séduire et étonner hors des frontières est donc intacte, à l’exemple du Mama Shelter décoré par Philippe Stark qui ouvre à Istanbul ou Los Angeles. Matthieu Camozzi ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 L’Art du temps Par Julie-Chloé Mougeolle EVASION Shop until you drop avec l’Hôtel Astor Saint-Honoré A quelques pas des Grands magasins, l'hôtel Astor Saint-Honoré est une oasis de raffinement, incontournable lors d’un séjour shopping et business à Paris. Décoré par Frédéric Méchiche, ce 4 étoiles dispose de 130 chambres et suites au décor chaleureux. Cet établissement vous propose également un bar, un restaurant gastronomique et une salle de remise en forme, pour votre plus grand plaisir ! www.astorsainthonore.com Membre de la chaîne Hôtels & Préférence Hôtel Marivaux, un passé cinématographique Situé dans le quartier des affaires de Bruxelles et à proximité de la Grand Place, cet ancien cinéma transformé en hôtel de luxe répond à la perfection aux attentes d’une clientèle d’affaires ou de loisirs. Toutes les chambres sont décorées avec style et élégance. La brasserie Meat Me offre une cuisine de type internationale entre plats traditionnels et originaux. Une virée bruxelloise s’impose… www.hotelmarivaux.com Hôtel Le Golfe en Corse A une heure d’Ajaccio, entre plage de sable fin et criques restées sauvages, cet établissement vous accueille dans un décor design et chaleureux. Outre ses 18 chambres et suites, l'hôtel offre un service de spa bio Casanera où vous découvrirez les anciens rituels de beauté des femmes corses. Profitez aussi du restaurant et de la piscine extérieure chauffée avec vue sur le maquis. www.hotel-porto-pollo.com Privatiser le Château Bouffémont ! A la lisière de Paris, le Château-Bouffémont est un joyau unique au cœur de la foret de Montmorency, avec une vue imprenable sur le très célèbre Paris International Golf Club. Ce Château prestigieux de plus de 2 000m2 habitables, vous propose cinq vastes salles de réception, dix suites féériques, ses magnifiques jardins et son parc, pour des événements exclusifs ou des retrouvailles exceptionnelles. www.chateaubouffemont.com Spa et Golf au Relais Margaux Dans le domaine de Médoc, cet ancien château viticole, transformé en hôtel de 100 chambres, s’étend sur 55 hectares. Son Spa « Les Bains de Margaux » vous réserve piscine chauffée, sauna, hammam, balnéothérapie et 17 cabines de soins. Son golf de 18 trous vous offre un green au tracé prometteur, tantôt entouré de plans d'eau, tantôt longeant l'estuaire de la Gironde. Sa cuisine inspirée de produits du terroir vous est proposée à la Brasserie du Lac et au restaurant L’Ile Vincent. www.relais-margaux.fr Place au Nouveau Monde à Saint Malo A deux pas de la cité historique, l’Hôtel & Spa Le Nouveau Monde, 4 étoiles, vous accueille dans ses 83 chambres et son restaurant Les 7 Mers avec vue sur la mer. La piscine à jets sous-marins, le Spa et le hammam sont à votre disposition pour un vrai moment de détente hors du temps. Amateurs d’histoire, de grand large et d’hôtels de caractère, rendez-vous pour un séjour vivifiant ! www.hotel-le-nouveau-monde.fr GASTRONOMIE L’Escient, du top niveau hyper abordable Un petit resto pimpant vous ouvre ses portes rue Poncelet. La maman est en salle, le papa et sa fille, qui a fait ses classes chez Ducasse, sont aux fourneaux. Goûtez à la cuisine à la française ou à la cuisine du monde revisitée, comme le Bœuf mariné façon « Tigre qui pleure ». Gardez de la place pour la Crème chocolat aux éclats de " Daim "fondante, d’une texture unique et divine pour vous donner envie de revenir encore et encore! Des menus aux consonances étoilées pour des prix juste imbattables…36 euros le menu entrée, plat, dessert au déjeuner ou au dîner ! www.restaurantescient.fr Noël enchante Fauchon Fauchon nous fascine encore plus durant les fêtes de fin d’année. Ses coffrets de Noël raviront amis et proches et sont livrables via un simple clic en ligne. Que ce soit le classique et essentiel Ecrin de Noël 25 chocolats, le Mug Noël enchanté, le Thé un soir de Noël ou le Bestseller Coffret Bulles de Noël. Tout est juste magique, à la hauteur de ce beau moment. www.fauchon.com Hiramatsu, un Japonais si différent Honneur à la cuisine française avec inventivité et talent. Dans un cadre très élégant, la haute gastronomie s'exprime à travers un menu unique ("carte blanche" le soir à 115 euros), qui change chaque mois au gré du marché. A tester de toute urgence le Menu d’affaires à 48 euros. Nous vous conseillons le Ris de veau coulis de trompette de la mort et émincé de cèpes, croquant de cerfeuil tubéreux et topinambour ou encore la Cannette de Challans rôtie, navet de Nancy et de boulle d’or, radis rose au miel, poireau jaune et sauce au vin. 52, rue de Longchamp - 75116 Paris www.hiramatsu.co.jp/fr Steaking, des viandes hors norme, du whisky et des cigares ! Ouverture ce 14 décembre au 3 rue du Sabot Paris 6ème d'une nouvelle grande table parisienne prometteuse. L'ancienne Maison Géorgienne fera vivre chaque soir à 100 convives des soirées 100% viandes-whisky et cigares. Goûtez à une des nombreuses viandes rares des 4 coins du monde, puis délectez-vous d'un whisky et d'un cigare au premier Whisky Bar de Paris entièrement fumeur. Une nouvelle adresse qui va faire parler d'elle, à coup sûr ! www.steaking.fr Saveurs siciliennes à Paris Avez-vous l’habitude de vous retrouver à la table d’un authentique restaurateur sicilien ? Ignazio est jeune et talentueux. Sa cuisine rappelle nos vacances tant aimées en Sicile, avec une finesse qui lui est propre. Les Antipasti sont étonnants, les pâtes all dente comme on en trouve rarement dans la capitale, les desserts inouï. Des mets délicats et copieux à la fois dans un cadre cosy avec une belle salle privatisable à l’étage, ainsi que des ateliers culinaires sur réservation. www.lesamisdemessina.com 72 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 L’Art du temps Jéroboam de Cristal 2002 – Chef d’œuvre Roederer Maison familiale indépendante depuis 1776, Louis Roederer signe ici un véritable chef- d’œuvre en présence de son Jéroboam de Cristal 2002. Disponible en seulement 200 exemplaires, ce flacon d’exception a nécessité un travail minutieux. Le vin intense et délicat dévoile en bouche un parfum de cacao, de fleur sucrée et de noisettes finement toastées pour un plaisir gustatif décuplé ! www.champagne-roederer.com Lanson Gold Label 2004 et son coffret Or La vendange exceptionnelle de 2004 a élaborée un millésime… L’or s’est naturellement imposé comme la couleur des millésimes de la Maison Lanson. Disponible dans un écrin très lumineux par un jeu d’or verni, d’or satiné et d’or à chaud, le millésime 2004 est mis à l’honneur pour célébrer 100 ans de millésimes d’exception. www.lanson.com L’Art du temps IMMOBILIER & DESIGN VIN & SPIRITUEUX Champagne Ultra D de Devaux Cuvée aux bulles très fines, son nez allie la fraîcheur à des arômes d’évolution tels que les fruits secs et des notes épicées. Pur et élégant dans son assemblage, l’Ultra D peut subtilement accompagner vos mets de fin d’année, huîtres et saint-jacques notamment. www.champagne-devaux.fr Duval Leroy s’associe avec les Meilleurs Ouvriers de France Sommeliers Deux grands noms de l’univers de l’œnologie unissent leur passion et leur savoir-faire pour créer une cuvée d’exception, qui symbolise l’excellence et le respect des traditions. Issue de l’exceptionnelle vendange 2008, la Cuvée des Meilleurs Ouvriers de France Sommeliers, dite la « Cuvée M.O.F » révèle une palette aromatique remarquable de fraîcheur, d’intensité et de finesse. Les arômes de fleurs blanches, de fruits jaunes et de brioche sont mis en relief par une bulle délicate. L’équilibre gustatif est magnifique et la juste acidité prolonge ce bonheur avec une incroyable persistance. www.duval-leroy.com Baccarat enveloppe le cognac Rémy Martin La célèbre Maison Baccarat a marié son savoir-faire avec celui de Rémy Martin pour créer un cognac unique, le Louis XIII Rare Cask 42,6. Un nom évoquant les 42,6% de degré d’alcool contenu dans ce cognac, contre les 40% habituels. Pour célébrer cet évènement, une carafe exceptionnelle était indispensable. Disponible en seulement 738 exemplaires, tous numérotés. www.remymartin.com Jeff Koons signe pour Dom Pérignon Après avoir collaboré avec David Lynch, la Maison Dom Pérignon s’associe cette année avec l’artiste Jeff Koons pour présenter sa Balloon Venus, qui se décline en deux versions – la Dom Pérignon Rosé Vintage 2003 et la Dom Pérignon Vintage 2004. Jeff Koons s’est inspiré de la célèbre statuette Vénus de Willendorf pour créer cet objet d’art, unique pour célébrer les fêtes de fin d’année. Disponible à 650 exemplaires, pour un coût de 20 000 dollars. www.domperignon.com Tsarine s’habille en Poupée russe En cette fin d’année, Tsarine revisite la traditionnelle poupée russe et rend hommage à ses origines. Son flacon exclusif aux courbes élancées rappelle l’architecture des grands monuments russes. Ses couleurs emblématiques, son étiquette toute en rondeur et son nom évocateur sont autant de clins d’œil à l’époque des grandes dynasties. Composition : 34% Chardonnay, 33% Pinot Meunier et 33% Pinot Noir. www.tsarine.com Champagne Louis de Sacy – Du Brut svp ! C’est à Verzy sur les coteaux de la “Montagne de Reims” que siège la Maison Louis de Sacy. Elle est dans l’appellation Gand Cru que seuls 17 villages possèdent sur les 319 communes productrices de champagne. Depuis 1633, 12 générations de viticulteurs se sont succédées et chacune a participé au développement et à la notoriété du champagne Louis de Sacy. Nous ne nous lassons toujours pas de la Cuvée Brut Originel, exquise en toutes circonstances festives ! www.champagne-louis-de-sacy.fr Sotheby’s, acteur majeur dans le Real Estate Sotheby's International Realty ®, fondé en 1976, est le plus grand réseau d'agences immobilières de prestige du monde comprenant plus de 550 agences dans plus de 45 pays. Toutes les propriétés bénéficient du standing de la marque Sotheby's, la maison de vente aux enchères la plus respectée sur le marché. Les biens oscillent entre 250 000 euros et 100 millions d’euros, de quoi vous laisser l’embarras du choix et du porte-monnaie ! www.sothebysrealty-france.com L’« exception » Barnes à Rueil-Malmaison Barnes Programmes Neufs commercialise 5 villas d’une grande rareté et 4 appartements de luxe dans une demeure « Grand Siècle » signées Élisabeth de Portzamparc dans un parc de 2,3 hectares. Les Cinq villas « Haute-Couture » offrent de magnifiques volumes, dont un séjour cathédrale de 7m de hauteur, atteignant les 300 m², ainsi que des prestations d’une rare excellence. www.barnes-international.com Descamps prône l’Ivresse de vivre Descamps vient de fêter ses 200 ans et pourtant qui le croirait tant la marque née dans le nord de la France ne cesse d’être vivante et pionnière dans son domaine, que ce soit en matière de linge de lit ou linge de bain. D’année en année, les collections ravissent. Hormis la collection Evasion, Preppy ou Séduction, notre attention a été happée par l’Ivresse. Très festive et raffinée, cette parure toute douce en satin de coton couleur prune, brillera avec élégance dans votre chambre. www.descamps.com Bang & Olufsen dévoile Le Staybowlitzer, une grande aide culinaire ! ses nouvelles enceintes C’est l’objet chouchou de Laurent Tabi en ce moment. Ce pro de la décoration sans-fil BeoLab intérieure considère ce disque en silicone comme un Must dans chaque cuisine. Laurent est reconnu pour l’agencement de restaurants et lobbys d’hôtels. Commencez déjà par vous procurer le Staybowlitzer, avant peut-être de réaménager votre intérieur avec l’aide de Laurent ! www.latablelt.com Breteuil Immo, une valeur sûre familiale Quel choix plus judicieux qu’investir dans la pierre, et ce pour le bien de votre famille? Breteuil Immobilier vous propose depuis 1998 une palette de biens de goût, avec un excellent rapport qualité-prix, sur des sites qui méritent votre investissement. Que votre recherche se dirige vers un appartement ou une maison de famille parisienne, ou encore un superbe pied à terre londonien, votre bonheur sera certainement au beau fixe ! www.breteuilimmo.com Ligne Roset célèbre les 40 ans du canapé TOGO Bestseller de la marque Ligne Roset avec plus de 1 280 000 exemplaires vendus à ce jour dans 72 pays, ce modèle ayant marqué les générations depuis les années 70, est aussi le symbole d'une réussite actuelle. Le canapé Togo est léger, polyvalent, universel, intemporel, disponible en plusieurs tailles et aussi accessible en prix. Découvrez-le revisité dès que possible en boutiques… www.ligneroset.fr Roche Bobois, toujours dans l’innovation Pour la saison automne-hiver 2013/2014, Roche Bobois a imaginé une collection hautement design où l'esthétique côtoie l'innovation. Voilà en effet les maîtres mots qui collent le mieux aux meubles et objets déco de cette nouvelle gamme que les designers de la marque ont souhaité mettre au service "du confort et de la poésie". www.roche-bobois.com Découvrez le Beolab 17, un son grandiose acheminé par une conception élégante pour une musique sans fil d'une pureté inégalée."Immaculate Wireless Sound", tel est le nouveau slogan du constructeur. La BeoLab 17 est une enceinte qui peut être placée sur le sol, sur un support ou être fixée au mur. Cela est possible grâce à un égalisateur qui adapte le son. La grille façon "glace brisée" donne un look assez distinctif à cette enceinte. www.bang-olufsen.com Une première carafe d’exception pour le cognac Hardy La cristallerie Lalique a imaginé pour la maison de cognac Hardy une œuvre sublime : la carafe Printemps. Tel un flacon de parfum, la silhouette est féminine et le spectaculaire bouchon rappelle certaines des créations de René Lalique. La carafe Printemps est la première d’une série de quatre carafes d’exception. Suivront, tous les deux ans, les carafes « Eté », « Automne » et « Hiver ». Un cognac rare qui ne devrait pas être diffusé à plus de 400 exemplaires. www.hardycognac.fr Champagne Krug s’associe avec le célèbre malletier Moynat La Maison de Champagne Krug associe son savoir-faire à celui du célèbre malletier Moynat, pour créer une collection inédite et originale de bagages en cuir, dévoilant l’exceptionnel magnum Krug Grande Cuvée. Limité à 25 exemplaires, l’étui enveloppant la bouteille Krug Grande Cuvée se vend au prix unitaire de 2 000 €, tandis qu’il faut compter 12 000€ pour devenir l’heureux propriétaire de la magnifique malle. www.krug.com Sabre Mumm by Ross Lovegrove L’incontournable Château Montlandrie Depuis longtemps la maison Ce vignoble de 15 hectares, qui domine la ville de G.H. Mumm a fait du saCastillon en Dordogne est la fierté de Denis Duranbrage de bouteilles de chamtou. Six mille pieds par hectare plantés en merlot pagne sa signature festive. 75% , cabernet sauvignon15% et cabernet franc10% Pour les fêtes de fin d’année, ont permis de produire un millésime 2010 qui allie la célèbre marque a fait appel subtilement arômes floraux et de fruit mur, texture au designer Ross Lovegrove. dense et ferme puis profondeur voluptueuse. Le ChâCe sabre possède teau Montlandrie, Castillon Côtes de Bordeaux est réune ligne élégante férencé par les meilleurs distributeurs, à se procurer entre qui incarne à la fois autre sur www.millesima.fr le calme et l’apaisement, et une partie Château Léoville Barton effilée évoque la Vin à la personnalité marquée, puissant et puissance du geste. frais, le Château Léoville Barton est consiUn écrin blanc acdéré comme un des meilleurs Saint-Julien. cueille un magnum de CorProfitez de cette fin d’année pour le découdon Rouge et le fameux vrir ou redécouvrir, vous ne le sabre. Série limitée, proposée regretterez pas. à 950€ chez Colette. www.leoville-barton.com www.ghmumm.com.fr 74 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013/JANVIER 2014 75 ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 L’Art du temps MODE & BIEN ACCESOIRES Paul Smith & John Lobb – un mariage parfait L’expertise et la qualité exceptionnelle des chaussures John Lobb se sont vues parfaitement mariées à l’optimisme et l’humour caractéristiques de Paul Smith pour un résultant contemporain bluffant. Sont nées les Derbies pour homme « Willoughby » en daim violet. On prête attention à chaque détail : Dessus en cachemire et daim souple, lacets ton naturel, semelle en cuir lisse fauve, sacs de rangement. www.paulsmith.co.uk Montblanc célèbre l’élégance classique Ces boutons de manchettes classiques célèbrent une élégance et un style tout en sobriété. La finition platinée et l'onyx, alliés à une forme ronde intemporelle, créent un bijou qui porte la puissante signature de Montblanc. www.montblanc.com L’impertinence de la mode par Arthur de Soultrait S.T. Dupont se laisse porter par le Second Empire La série limitée « Second Empire » célèbre 140 ans d’exception et d’extrême sophistication. Les motifs floraux caractéristiques de l’ameublement du Second Empire sont omniprésents. Chaque pièce est gravée à la main et arbore un médaillon frappé du double « D », emblème de la Maison Dupont. Les plus beaux modèles de la collection, enfin, sont ornés de superbes pièces en bronze sculptées à la main, inspirées des pieds de mobilier. www.stylo-st-dupont.com Les cabas tendance de Vanessa Bruno Le cabas Vanessa Bruno est devenu un incontournable du dressing de toute modeuse qui se respecte. A la fois élégant et épuré, il se décline en multiples combinaisons de couleurs pour s’accorder avec toutes vos tenues. Cuir, toile ou lin, paillettes ou œillets, vous trouverez certainement sac à votre bras. www.vanessabruno.com Fondateur de Vicomte A. Resserrez votre cravate Monsieur le Président ! N otre époque souffre d’un mal de plus en plus répandu : la cravate mal nouée et surtout mal serrée. On ne compte plus les hommes portant le nœud de cravate au niveau du second bouton de la chemise. Le col sagement fermé par le bouton prévu à cet effet est alors mis à nu dans toute son inélégance aux yeux des autres participants de la réunion. Ne pas porter de cravate et laisser le dernier bouton de la chemise ouvert est un parti pris assumé et de plus en plus largement accepté. En revanche, mettre une cravate pour la laisser pendouiller, mal nouée, à deux centimètres de son col est une faute de goût impardonnable tant il est facile d’y remédier. Ce n’est ni une question de goût et de couleur, ni une question d’appétence ou non pour la mode, c’est uniquement une question d’attention. Le chef de l’Etat incarne une variante de ce mal : la cravate de travers. Le plus souvent à 76 L’Art du temps gauche, normal me direz-vous, parfois à droite, mais très rarement au centre et aligné à la rangé de boutons de la chemise. Pourtant s’il y a bien un domaine dans lequel il n’est pas difficile de montrer l’exemple, c’est bien dans la manière de nouer une cravate. Et, bonne nouvelle pour le budget de l’Etat, cela ne coûte rien ! Il suffit d’un miroir et d’un peu d’attention. Puis quelques coups d’œil rapides dans la journée pour vérifier que le tout est toujours bien ajusté et le tour est joué. Tous nos présidents, même celui que l’on surnommait Speedy Sarko, y sont arrivés. Alors Monsieur le Président, si les entrepreneurs de la mode sont aujourd’hui une des rares catégories de la population à ne pas se joindre à la contestation généralisée, je me permets de vous soumettre avec respect en leur nom une seule revendication : incarnez l’élégance française et soyez l’étendard de notre savoir-faire en adoptant une mesure très simple, resserrez votre cravate. DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr Le Crazy Horse s’invite chez Aubade Deux maisons passées maîtresses dans l’art de la séduction s’unissent pour créer une collection éphémère intitulée « My Crazy Collection »… Inspirés par les tableaux du Crazy, les modèles « Upside Down » et « Baby Buns » ornent le corps de la femme d’une teinte de rouge et offrent une touche de sensualité avec jeux de déboutonnage et liens à dénouer. Une leçon de séduction… si Crazy ! www.aubade.com Alain Figaret, pour un côté très branchouille Tout le monde connait Alain Figaret. Les collections sont devenues, pour notre plus grand plaisir, beaucoup plus contemporaines. La collection homme présente des looks urbains pour un homme élégant mais décontracté. Les bretelles et les nœuds papillon font leur grand retour cet automne. L’homme chez Alain Figaret est décomplexé et n’hésitera pas à attraper son skateboard pour aller à la dernière soirée, habillé de son costume trois pièces ! www.figaret.com Hackett, saga british née dans les marchés aux puces Hackett habille les hommes depuis 1983, du sportswear au business en passant par le country. Au départ, les pièces étaient chinées dans les marchés aux puces du monde entier. Très vite, des vêtements « Made in England » réalisés à partir de fibres naturelles sont dessinés. Mais la mode n'est pas l'unique centre d'intérêt d'Hackett, qui met par exemple un point d'honneur à sponsoriser les championnats de polo et de rugby. A découvrir et adopter si ce n’est déjà fait ! www.hackett.com L’aventure du Trench, by Burberry Le Trench se célèbre toujours avec autant d’amour depuis 1856 lorsque Thomas Burberry inventa la gabardine, qui évoque aviateurs, cartographes et alpinistes, ces aventuriers passionnés qui portaient du Burberry alors même qu’ils repoussaient les frontières de l'expérience humaine. Nous portons aujourd’hui Burberry en famille pour rendre notre quotidien plus beau. Les modèles, le choix des tissus et des couleurs sont à la hauteur de nos rêves esthétiques. Chaque collection nous laisse bouche bée. www.burberry.com Ayez le pied léger avec Repetto Référence internationale chez les danseurs, Repetto s’impose comme un symbole de grâce et de légèreté dans le monde de la chaussure de luxe. Ses créations inspirées de la technique « cousu retourné » assurent une souplesse et un confort inégalés. Trouvez chaussure votre pied ! www.repetto.fr Sexy Nicole Kidman pour Jimmy Choo Alors qu’elle sera bientôt Grace de Monaco sur grand écran, Nicole Kidman s’est glissée dans la peau d’une autre star, Brigitte Bardot, le temps d’un shooting pour la nouvelle campagne de pub de Jimmy Choo. Sous l’objectif de Camilla Akrans, ses chaussures à talons vertigineux à la main ou aux pieds, Nicole Kidman s’amuse dans le sable et les vagues, cheveux au vent, pour la collection croisière 2014 de Jimmy Choo. So sexy Nicole… Donia Allegue relance le Turban www.jimmychoo.com Après un passage chez Christian Dior Couture, Donia lance sa marque de turbans haut de gamme en 2012. Au fur et à mesure de ses échanges avec les plus grands Artisans-Modistes, elle développe son produit, qui tout en respectant l’esprit couture de la marque, allie confort et qualité, mode et intemporalité. www.doniaallegue.com ËTRE Une dentition exceptionnelle by Olivier Dayez La philosophie du cabinet au 49 avenue Montaigne est la recherche de la perfection dans le domaine de l’esthétique et de l’occlusion. Le docteur Olivier Dayez a suivi de nombreuses formations post-universitaires en prothèse, parodontologie, implantologie, esthétique et occlusion, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. Votre santé passe avant tout par vos dents, alors consultez ! www.dentisterie-esthetique.com Agnès Paya prend soin de vous ! Agnès Paya a conçu au 15 rue Royale, un écrin de douceur pour une prise en charge globale et personnalisée des Femmes d’aujourd’hui. Laissez-vous chouchouter dans ce sublime boudoir parisien ! Soins beauté visage, épilations traditionnelles, bien-être du corps, coiffure, maquillage et relooking, du sur-mesure bien évidemment… www.agnespaya.com Electro Shock by Nickel C'est la nouvelle arme concentrée anti-fatigue de la gamme Nickel. C'est l'accessoire indispensable de vos soirées, une véritable energy drink pour la peau, inspirée de la recette du Mojito. A utiliser avant de sortir, ou le lendemain au réveil et tout au long de la journée dès les premiers signes visibles de fatigue. Fête après fête, la peau reste parfaite. www.nickel.fr Integrall®, le soin AllIn-One pour hommes exigeants Le Phyto-Androzyme® est une molécule brevetée par Didier Rase et son équipe de chercheurs après de nombreuses années de recherche sur le vieillissement cutané hormonal masculin et un investissement de plus d’1 million d’euros. Cette innovation mondiale rèvèle des performances protectrices exceptionnelles sur le taux de testostérone et apporte à la peau tonus et élasticité. Un spray facial pour un seul geste beauté : antiâge, après-rasage, booster, hydratant, protecteur. Un luxe étonnant à découvrir, 220 euros le flacon de 100 ml pour 4 mois d’utilisation quotidienne. www.integrall-skinsolutions.com Spa Aquatonic Paris Val d’Europe, Auteur de Bien-être Le centre thalasso des Thermes Marins de SaintMalo, fort de plus de 40 ans d’expérience dans le domaine de la thalassothérapie, du spa et de la remise en forme, a créé pour vous le Spa Aquatonic Paris Val d’Europe où vous pouvez profiter des bienfaits de l’eau, des soins prodigués et de la relaxation : Parcours Aquatonic®, Bassin d’Aquagym, Hammam, sauna, douches sensorielles, 17 cabines de soins Spa avec plus de 50 soins proposées, espace lounge-repos. A partir de 45€/ mois. www.spa-aquatonic-paris-valdeurope.com www.ecoreseau.fr - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 77 ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 L’Art du temps HORLOGERIE Pavonina by Glashütte Glashütte nous présente ici un modèle aux tonalités flamboyantes. Le boîtier de la Pavonina en or rouge est serti de 114 diamants. Les aiguilles, les cornes, la couronne sertie ainsi que le guichet de la date sont également en or rouge, offrant ainsi un fort contraste avec le cadran blanc, lui-même pourvu de 98 diamants. Étincelez pour ces fêtes de fin d’année ! www.glashuette-original.com Blancpain épris de passion pour la mer La collection Fifty Fathoms matérialise la passion de Blancpain pour le monde de la mer qui s’est initialement exprimée en 1953 avec la création de la première montre de plongée moderne. Le dernier membre de la collection, la X Fathoms, constitue une réalisation technique extraordinaire avec des matériaux et des solutions techniques afin de repousser les limites de ses garde-temps et satisfaire les exigences les plus pointues. www.blancpain.com A. Lange und Söhne s’inspire du passé pour la montre de demain Lange & Söhne présente la Saxonia Automatique Grande Date, avec le légendaire calibre SAX-0-MAT dans une édition exclusive en or rose. Limité à 25 pièces, ce modèle est disponible uniquement dans les onze boutiques A. Lange & Söhne à travers le monde. La date à doubles ouvertures, véritable caractéristique de A. Lange & Söhne, orne son cadran. Tous les détails du mouvement, méticuleusement finis, peuvent être admirés au travers du fond en verre saphir. www.alange-soehne.com Perrelet, fier de sa New Diamond Flower Avec son inédite collection de montres New Diamond Flower, Perrelet renouvelle la magie liée aux mythes et aux symboles incarnés par la fleur de lotus. Les diamants pointent au travers des pétales. Le double rotor prend ici la forme d’une fleur. La personnalité de ces montres est mise en valeur par le choix de couleurs de leurs bracelets. Il ne vous reste plus qu’une chose à faire, vous exprimer par votre choix ! www.perrelet.com Bucherer, le plus grand magasin au monde de montres et de bijoux C’est au 12, boulevard des Capucines à Paris, que nous découvrons un magasin exceptionnel permettant de vivre une expérience d’achat inédite sur plus de 2000 m2. Les passionnés de haute horlogerie et de haute joaillerie peuvent découvrir un large éventail de marques de renom. L’ouverture cette année de la boutique parisienne est une étape importante pour les 125 ans de cette belle maison suisse. N’attendez plus, laissez place à l’émerveillement ! www.bucherer.com Breitling Chronomat 44 Patrouille de France – Série limitée La Patrouille de France, à l’occasion de ses 60 ans, a choisi Breitling pour la conception de sa montre officielle. Authentique chronographe d’aviation, la Breitling Chronomat 44 est doté d’un boîtier acier, avec finitions satinées sur le dessus et polies sur les tranches, qui abrite le Calibre manufacture 01 et est étanche à 500 m de profondeur. Réalisée avec un cadran bleu comportant le logo de la Patrouille de France, son fond est gravé avec l’emblème officiel du 60ème anniversaire de cette formation. Série limitée en 600 exemplaires. www.breitling.com Spacecraft by Kronometry 1999 Le Salon de Genève est souvent l’occasion pour Kronometry 1999 de nous faire découvrir des modèles sous leur forme brute. Cette fois-ci la Spacecraft est mise à l’honneur. Véritable vaisseau intergalactique aux heures rétrogrades et aux élans futuristes, elle offre une nouvelle dimension très singulière au temps. C’est une invitation au voyage au cœur de l’espace, alors embarquez ! www.kronometry1999.com Inspiration 1950 pour Panerai ! Panerai présente la Luminor Submersible 1950 3 Days Power Reserve Automatic Bronzo, une nouvelle édition spéciale produite dans ce matériau au caractère résolument nautique dont l'effet vieilli qu'il prend au fil du temps suscite une grande fascination. La nouvelle fonction qui distingue ce modèle réside dans le cadran, dont l'affichage de la réserve de marche est de trois jours. Un côté rétro au top de la technicité ! www.panerai.com JOALLERIE Chaumet et Joséphine, un amour par delà le temps Hommage à la première muse de Chaumet, la collection Joséphine se pare de nouvelles bagues diadème serties de diamants. Le diadème devient bague et couronne le doigt, symbole du pouvoir d’une femme sur le cœur d’un homme. Votre cœur balancera entre une tourmaline verte aux délicates nuances, une rubellite d'un rouge intense, l’éclat de l'or rose ponctué de diamants... à s’offrir pour la vie… www.chaumet.fr Chaumet et vous, pour toujours Ce n’est pas une bague, mais un bracelet manchette, et pourtant un véritable lien s’établit entre vous et lui. C’est un bijou de “sentiment” qui symbolise l’attachement, la complicité et nous surprend par son aspect aérien, contemporain. Dans un subtil jeu graphique, deux liens parallèles entourent délicatement le poignet tout en s’entrecroisant, dessinant ainsi le motif emblématique de la collection. A offrir en or gris ou en or rose, ou encore optez pour les deux ! www.chaumet.fr 78 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr Tiffany 1837™ s’allie avec le Rubedo En 1837, Charles Lewis Tiffany arriva à New York, prêt à concrétiser son rêve dans la ville de tous les possibles. Il fonda la maison Tiffany & Co. qui n'eut de cesse de ravir et d'émerveiller le monde de la joaillerie par ses captivantes créations. Nos yeux pétillent aujourd’hui pour le RUBEDO®, cet alliage exclusif de Tiffany, qui capture les reflets rosés de l'aurore. Sa beauté rayonne sur la peau. www.tiffany.fr Esprit Géométrie chez dinh van A travers cette nouvelle collection, dinh van poursuit son interprétation ludique de deux formes géométriques essentielles. Le « Cube Diamant », un diamant rond dans un carré se porte selon l’envie de trois façons : boucles d’oreilles, bague, collier. Une collection presque minimaliste à l’antipode du superflu, pour célébrer la beauté et l’amour quotidiennement en toute discrétion. www.dinhvan.com ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 Patrimoine Toile de fonds De plus en plus de services permettent de gérer son argent par Internet. Flexibilité, réactivité, et autonomie sont au rendez-vous. Les opérations moins courantes doivent cependant requérir toute la vigilance de l'épargnant. «B onjour, je m’appelle Stéphane et je vais vous apprendre une méthode pour gagner 500 euros par jour en appliquant les techniques des traders professionnels. » Que celui qui n’a jamais été aguiché, au détour d’une page Web, par un pop-up aussi alléchant, jette la première liasse. Il faut dire qu’Internet est devenu un terrain de chasse privilégié pour les services financiers en tous genres. Si bien qu’à peu près tout ce qui concerne le patrimoine peut être géré en ligne : compte bancaire, assurancevie, crédit à la consommation, immobilier, Bourse... Le plus évident pour commencer est la banque en ligne. A ce jeu, Boursorama, ING et autres Fortuneo misent sur la simplicité d’utilisation. Depuis le canapé du salon, rien ne vous empêche de gérer vos opérations à deux heures du matin. Pas de contrainte de lieu ni d’horaires. Internet suffit. Autre argument de poids : les frais réduits grâce à de moindre coûts de fonctionnement. Un des meilleurs exemples du modèle low-cost classique car le client fait une bonne partie du boulot lui-même et paye donc la prestation moins cher. « Pour moi, c’est déjà devenu une habitude », affirme Ludovic Scarrone. Ce Lyonnais de 29 ans, professionnel de l’informatique, est client établis et connus. « Ne faites pas de trading si vous n’en avez pas la compétence », conseille Maxime Chipoy. Le trading avec effet de levier est particulièrement dévastateur car il multiplie aussi “Vous n'êtes pas certain que le bijou n'a pas été gratté avant qu'on vous le rende 80 bien les gains que les pertes. Un peu comme le poker… Autre pratique à prendre avec des pincettes : la revente en ligne les bijoux en or de grand-mère. Nombreux sont les sites (Cash gold, Cash contre or...) qui proposent de troquer quelques grammes de métal précieux contre du Toujours de grands visionnaires sur les billets... quier en ligne et, depuis, ne paye plus de droits de garde. Les banques classiques perçoivent désormais que, pour une partie de la population, la relation à distance via les nouvelles technologies est encore plus approfondie que les rendez-vous physiques. Et actualisent donc leur fonctionnement. Ainsi le réseau de banques coopératives Caisse d'Epargne a-t-il mis en place de nouveaux outils à destination de ses clients et prospects en gestion privée : avec ses webzine, enewsletter d’actualité, revue bisannuelle haut de gamme assène Maxime Chipoy, responsable des études chez UFC-Que choisir. Avant de souligner toutefois les limites du système, à commencer par les dépôts en liquide et l’encaissement des chèques qui se font par courrier. Souscrire un prêt immobilier peut également tenir du parcours du combattant, car il nécessite la transmission par la poste de nombreux justificatifs. Au risque de perdre un temps précieux en cas d’oubli... Malgré cela, l’offre de services des banques en ligne (comptes courants, assurancevie, PEA...) est très complète “Nous n'avons pas détecté de véritable arnaque dans la banque en ligne ” d’une célèbre banque en ligne depuis bientôt quatre ans. « C’est gratuit et les démarches sont beaucoup plus simples, pas besoin de prendre rendez-vous avec un conseiller », explique-t-il. En cas de souci, la hotline suffit. Ce jeune au profil « geek » a également transféré son compte titres chez son ban- cash. « Là encore, si l’on vous sollicite directement, le risque est important de se retrouver avec un prix de vente inférieur au prix du marché, avertit Maxime Chipoy. A distance, la pesée baptisée « Vision patrimoine », la banque entend prendre le chemin de ces nouveaux acteurs. BEAUCOUP DE FACILITÉ ET QUELQUES LIMITES « La très grande majorité des gens a intérêt à passer chez un banquier en ligne », DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr et parfaitement sécurisée. « Nous n’avons pas détecté de véritable arnaque », note Maxime Chipoy. Reste que, pour certaines opérations moins courantes, mieux vaut être un épargnant averti. « Le client est livré à lui-même, estime Éric Martageix, gestionnaire de patrimoine à Bordeaux. A pre- mière vue, les offres sur Internet peuvent être compétitives, mais il faut bien regarder de près les frais de gestion et les frais d’arbitrage. » De même, la souscription d’assurance-vie en ligne n’est pas un sujet à prendre à la légère. La rédaction d’une clause bénéficiaire ou le choix d’un support de placement demeure bien une affaire de spécialiste. EFFET DE LEVIER, ZONE DE DANGER Mais en matière de finances en ligne, les vrais pièges sont ailleurs, et notamment sur les plateformes de trading. Un univers où il est bien difficile de distinguer le bon grain de l’ivraie. Et pour cause : « aujourd’hui, l’Autorité des marchés financiers n’a pas les moyens juridiques d’agir, regrette Maxime Chipoy. Certaines plateformes ont reçu des autorisations de la part de pays comme Malte ou Chypre qui sont des régulateurs plus souples. » Ceux qui ne sont pas professionnels de la finance peuvent donc connaître quelques désagréments s’ils ne se dirigent pas vers des établissements ” n’est pas forcément objective et vous n’êtes pas certain que le bijou n’a pas été gratté avant qu’on vous le rende. Le mieux est de se rendre chez un spécialiste, d’assister en direct à l’analyse et de bien se renseigner sur le cours de l’or. » Yann Petiteaux Cas d’école L'immobilier pris dans la Toile Depuis une dizaine d’années, les agences immobilières « pure players » (Efficity, 123 Webimmo...) fleurissent sur le réseau. Toutes creusent leur sillon avec le même argument : des commissions réduites qui ne dépassent pas 3%, soit moitié moins que dans une agence traditionnelle. Normal, ces structures en ligne taillent leurs frais fixes au hachoir : pas de pignon sur rue, services par Internet ou par téléphone, visites groupées... Mais au-delà de cette tendance low-cost qui courtcircuite les agents immobiliers, d’autres modèles se font jour. C’est le cas du site meilleursagents.com qui, après cinq années d’existence, affiche un million de visiteurs uniques par mois. Un trafic qui « explose » la concurrence selon son fondateur Sébastien de Lafond. Meilleursagents.com repose sur une colossale base de données de prix immobiliers gérée par une équipe de trois mathématiciens. Vendeurs et acheteurs peuvent la consulter gratuitement en ligne. Une arme de destruction massive en matière de négociation. « 90% des projets immobiliers commencent sur Internet qui est, de loin, la première source d’information sur les prix », précise Sébastien de Lafond. Le site propose également un système de notation des agences immobilières. « Nous orientons les vendeurs vers des agents référencés car il est toujours gênant de confier un bien qui représente les deux tiers de son patrimoine à quelqu’un dont on ne connaît pas le pedigree. » Le site se rémunère sur un pourcentage des ventes ainsi générées. L’entreprise, qui emploie 100 personnes, est à l’équilibre depuis cet été. ART DE VIVRE & PATRIMOINE n°6 La Sélection culturelle EXPOS LIBRAIRIE ■ Vous avez dit classique ? Vous êtes fâché avec les classiques ? Qui plus est avec les grandes tragédies grecques ? Trop longues, ampoulées, en un mot : ennuyeuses. Qu’à cela ne tienne, tentez le coup une dernière fois, et sacrifiez une soirée pour ces Fureurs d’Ostrowsky, d’après (très très lointainement) la terrible histoire des Atrides, selon les termes du metteur en scène Jean-Michel Rabeux lui-même. Sur le papier, rien à dire : c’est bien d’Atrée, d’Oreste, d’Iphigénie et de toute la bande qu’il est question. Mais sur scène, le coup de pinceau est radical. Coup de pinceau ? Coup de burin, plutôt, tant Gilles Ostrowsky, le comédien seul en scène, et Jean-Michel Rabeux ont modelé la tragique destinée des Atrides pour en faire un matériau théâtral résolument neuf. Un matériau en plusieurs dimensions. Comique, quand Gilles Ostrowsky voit, sans raison apparente, des nuées de belettes s’échapper de la bouche de Cassandre. Loufoque, lorsqu’il se travestit façon « Cage aux Folles » pour jouer Clytemnestre. Gore, lorsque la mort d’Agamemnon donne à voir un bain de sang dans une baignoire-sabot. Tragique, puisque le fond de l’histoire reste fidèle à la version originale. Un très bon moment de théâtre, doublé d’une grande performance de comédien. Les Fureurs d’Ostrowsky, avec Gilles Ostrowsky. Mise en scène : Jean-Michel Rabeux. Texte : Gilles Ostrowsky et JeanMichel Rabeux. En tournée jusqu’avril 2014 (Hirson, Pantin, Soissons, Bagneux, Armentières…) ■ Georges Braque au Grand Palais Le Grand Palais consacre, jusqu’au 6 janvier 2014, une grande rétrospective à Georges Braque (18821963), qui avec Picasso inventa le cubisme au début du siècle dernier. L’occasion de parcourir en plusieurs chef-d'œuvres le parcours de ce peintre majeur (n’a-t-il pas été le premier à exposer au Louvres de son vivant ?) : la période Fauve, vite dépassée (L’Estaque, 1906) ; le cubisme (Grand nu, 1907), qu’il explorera dans ses moindres recoins, à travers le cubisme analytique et le cubisme synthétique, qui lui permettent d’étudier toutes les nuances de la forme et de la dimension. Le Grand Palais a également réuni plusieurs tableaux de ses grandes séries de billards, peints dans les années 1940, et d’ateliers, réalisés dans les années 1950, époustouflants de virtuosité et de maîtrise. ■ Un hommage à ne pas rater À l’occasion du 50ème anniversaire de la disparition de Jean Cocteau, le Musée des Lettres et Manuscrits lui rend hommage avec cette exposition. « Les miroirs d’un poète » présentant plus de 150 manuscrits et lettres autographes, ouvrages illustrés et éditions originales, dessins, photographies et affi ches, dont un grand nombre d’inédits. En parcourant cette exposition, le visiteur pourra passer de l’autre côté du miroir, objet phare de la mythologie personnelle de Jean Cocteau, afin de découvrir la personnalité de cet homme dont l’étoile, autre symbole, graphique celui-ci, maintes fois représenté, brilla durant plus de 60 ans au panthéon de la vie littéraire et artistique française CINÉMA ■ Génération A de Pierre Capland, éd. Du Diable Vauvert, août 2013. Plus de deux décennies après son best-seller Génération X, l’auteur signe ici un portrait d’une génération paumée dans l’humour et la clairvoyance. Les cinq protagonistes, habitant des contrées éloignées les unes des autres, ont en commun de se faire piquer par une abeille, alors que ces insectes ont disparu de la surface de la Terre. A travers ces personnes nées entre la fin des années 70 et le début des années 90, qui ne voient le monde qu’à travers Google Maps, copient tout sur Wikipedia et vivent sous la menace de la crise et de la catastrophe écologique, Douglas Coupland esquisse au fil d’une intrigue bien ficelée, les contours d’une génération. ■ A l’aide ou le rapport W d’Emmanuelle Heidsieck, éd. Inculte, 2013. La journaliste romancière, auteur engagée, récidive dans sa manière d’aborder un sujet de société sous l’angle de la fiction. Elle imagine un futur où l’acte gratuit ne se contenterait plus d’être méprisé mais se verrait frappé d’illégalité. La raison ? Parce qu’il fausserait le marché, introduirait une concurrence déloyale vis-à-vis des entreprises privées. Arrestations musclées de bienfaiteurs et réflexions théoriques en perspective. ■ « Ne me dites plus jamais bon courage », de Philippe Bloch, Ed. Ventana, 2013. Ce lexique anti-déprime à usage immédiat des Français apprend à se débarrasser des expressions comme « bon courage, le problème c’est que…, dans CE pays, on a toujours fait comme ça… », qui sont le reflet d’une morosité ambiante. Les Français sont tristes, et cela s’entend. Sans s’en rendre compte, ils contribuent à force d’expressions pessimistes à se miner collectivement le moral. Eclairant, et confondant ! ■ Du Bonheur, un voyage philosophique. Frédéric Lenoir, Fayard. Avec la pédagogie et le sens de la vulgarisation qu’on lui connaît, le philosophe Frédéric Lenoir propose dans ce nouvel ouvrage un « cheminement » vers le concept de bonheur. Pas facile, car celui-ci, « à certains égards, est aussi insaisissable que l’eau ou le vent », affirme l’auteur dès la préface. Aussi, pour s’y retrouver, fait-il appel à des siècles de réflexion sur la question : de Bouddha, Tchouang-Tseu ou Aristote, aux dernières découvertes des neurosciences, en passant par Schopenhauer, Montaigne, Voltaire ou Spinoza. Loin d’être uniquement théorique, l’ouvrage s’appuie sur de nombreux exemples pratiques, et peut ainsi se concevoir comme une sorte de guide pratique du bonheur à l’usage de tous. En atteste la multitude de citations qui émaillent le livre, aussi pratiques pour une compréhension rapide de concepts complexes que pour briller en famille pendant les fêtes de Noël… ■ Comment j’ai détesté les maths, d’Olivier Peyon (sortie le 27 novembre) Les maths ont toujours été votre bête noire ? Alors ce film est fait pour vous, puisqu’il raconte comment une matière honnie des écoliers a bouleversé le monde, puisqu’algorithmes et formules mathématiques commandent à l’informatique et la finance, « pour le meilleur… et parfois pour le pire ». ■ Henri, de Yolande Moreau (sortie le 4 décembre) Un film de Yolande Moreau ne peut laisser indifférent. D’abord parce que l’actrice belge est hors norme (deux fois meilleure actrice aux César, en 2005 et 2009), ensuite parce que la réalisatrice est bourrée de talents (César du meilleur premier film en 2005 pour Quand la mer monte…). Enfin, parce qu’on se dit que le sujet de sa nouvelle pellicule lui sera fidèle : humain, sensible et touchant : à la mort de sa femme, Henri, restaurateur, engage Rosette, un « papillon blanc », comme on appelle les résidents d’un foyer d’handicapés mentaux proches du restaurant. « Elle rêve d’amour, de sexualité et de normalité. Avec l’arrivée de Rosette, une nouvelle vie s’organise ». PROCHAIN NUMÉRO LE JEUDI 30 JANVIER 2014 82 DÉCEMBRE 2013 / JANVIER 2014 - www.ecoreseau.fr
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