Quinzaine sanglante en Chablais (du 9 au 26 février 1944) Le chalet de Foges au lendemain des combats Brochure éditée à l'occasion du 70ème anniversaire par le Comité Haut-Savoyard des Associations de la Résistance et de la Déportation (CRD 74) Programme des manifestations commémoratives de la QUINZAINE SANGLANTE EN CHABLAIS Manifestations décentralisées des 21 et 22 février 2014 Vendredi 21 Février Hommage aux fusillés du Savoie-Léman 10 h : Jean TAILLEU (Cimetière d'Evian) 11 h : André GREPILLAT (Cimetière de Maxilly) 14 h : Jean GENOUD (Cimetière de Douvaine) 15 h 30 : Marius BOUVET (Cimetière de Margencel) Samedi 22 Février Allinges 10 h : Fleurissement des stèles E. Berthet (Macheron) et F. Boujard (Noyer) et des tombes de E.Berthet et René Troillet (cimetière d'Allinges) 11 h : Inauguration d'une stèle commémorative (Mairie d'Allinges) Dimanche 23 février 2014 Manifestations décentralisées 9h: Fessy : Féternes : Sciez : Dépôt de gerbes Dépôt de gerbes à Flon Dépôt de gerbes à Foges Vougron, Lesvaux, Thièze au cimetière 10 h : Féternes: Lully: Rassemblement Place de la Mairie Rassemblement au cimetière 11 h 15 : Thonon les Bains - Formation d'un cortège partant de la Place de l'Hôtel de ville. - Arrêt et dépôt de gerbe devant le buste de Jean Moulin. - Rassemblement dans la cour du Savoie-Léman devant le mur des fusillés - Vin d'honneur à l'Hôtel de Ville offert par la Municipalité Proclamation de l'état de siège en Haute-Savoie Etat de siège en Haute-Savoie: Ils sont morts pour notre liberté Assassiné Ie 9 février 1944 à Macheron (Allinges) Edouard Berthet (1915-1944) Responsable du P.C.F. clandestin à Allinges, membre de la 7èmecompagnie F.T.P. Le 9 février au matin, la Milice commandée par les frères Fillon venus de la Grange Allard, cernent le hameau de Macheron. Edouard Berthet tente de fuir. Il est abattu par les miliciens. Fusillés à Féternes le 20 février 1944 René Bernicot (1924-1944) Né à Tamatave (Madagascar), résidant à Lambézellec (Finistère), membre du camp F.T.P. Mont-Blanc. Arrêté par les miliciens au hameau de Vougron, il est immédiatement fusillé. André Martin (1917 -1944) Né à St Etienne. Sergent au 5ème régiment d'infanterie de St Etienne, il est démobilisé en novembre 1942 et rejoint le Camp Mont-Blanc. Blessé au cours de l'affrontement, il est pris par les miliciens qui le fusillent à Flon. Mort sous les coups au Savoie-Léman Maurice Flandin-Granget dit Blanchard (1900-1944) Né à Tenay dans l'Ain. Militant communiste et syndicaliste à Lyon, il est envoyé par l'état-major régional F.T.P. pour commander le 1er bataillon de ce mouvement. Il installe son P.C. à Féternes. Arrêté par les miliciens, transféré au Savoie-Léman, il est torturé sous les yeux de sa femme, son agent de liaison: il meurt sous les coups sans avoir parlé. Tombés au combat à Foges le 22 février 1944 Joseph Dagrada (1905-1944) Né à Monticelli (Italie) dans une famille antifasciste, il émigre en France. Habitant Habère-Poche il intègre le groupe F.T.P. de Lully. Excellent tireur, il est tué à son poste au cours du combat. Léon BioIIey (1899-1944) Né à Allinges, il réside à la suite de son mariage à Lully où il exerce la profession de boulanger. Militant socialiste, soutien actif du Front Populaire, il est l'un des tous premiers Résistants du secteur et du groupe F.T.P. lors de sa constitution au printemps 1943. Il est tué à son poste au cours du combat. Pierre Bourotte (1922-1944) Né à Abbeville (Somme). Réfractaire au S.T.O., il cherche refuge en Haute Savoie et intègre le groupe F.T.P. de Lully. César Boy (1924-1944) Né à Cadenet (Vaucluse) il réside à Marseille quand il s'engage dans la Résistance. Appelé au S.T.O. il rejoint le groupe de Lully. Une rue de Marseille porte son nom. Paul Chevret (1921-1944) Né à Oyonnax il entre dans la Résistance et rejoint le groupe de Lully. Joseph Dupraz (1923-1944) Né à Sciez, il est requis par le S.T.O. et entre en clandestinité. Arrêté par les Allemands à Yvoire, il réussit à s'échapper grâce à la complicité d'un soldat d'origine tchèque. Il rejoint alors le groupe de Lully. Au cours du combat, Pierre Bourotte, Paul Chevret, Joseph Dupraz, sous le commandement de César Boy, tenteront une sortie pour s'emparer d'un fusilmitrailleur milicien dont les servants ont été tués. Pris sous le feu d'un autre fusil-mitrailleur, ils seront tués tous les quatre. Joseph Dupraz a été enterré à Sciez, ses six camarades reposent au cimetière de Lully. Condamnés à mort et fusillés au Savoie-Léman le26 février 1944 Ange Angelli (1922-1944) Né en Corse, à St André de Cotonne. Astreint S.T.O., il rejoint le groupe franc F.T.P. de Lully. Blessé, fait prisonnier par les miliciens, il est transféré au Savoie-Léman où il est durement torturé. Marius Bouvet (1902-1944) Né à Margencel, militant du Parti Communiste clandestin, il est l'un des fondateurs du mouvement F.T.P. dans le Chablais. Au moment de son arrestation il est le chef-adjoint du 1er bataillon F.T.P. Boulanger à Margencel, il est arrêté le 9 février avec son mitron André Grépillat. Ils sont internés et torturés à la Grange-Allard puis transférés à l'Intendance militaire à Annecy. Tous deux sont ensuite ramenés au Savoie-Léman. Jean Genoud (1922-1944) Né à Douvaine, réfractaire au S.T.0. il rejoint le groupe-franc de la compagnie F.T.P. 93-03 stationné à Verdisse (Bonne sur Menoge). Attaqués par les Miliciens, les sept membres du groupe sont arrêtés. Jean est transféré au Savoie-Léman. André Grépillat (1923-1944) Né à Maxilly, mitron de Marius Bouvet, il a rejoint celui-ci dans la Résistance. Il subira le même sort. Jean Tallieu (1925-1944) Né à Lille (Nord) il réside à Paris quand il entre ans la Résistance. Il rejoint la Haute-Savoie et intègre le groupe de Verdisse. Arrêté par la milice il est transféré au Savoie-Léman. René Trolliet (1920-1944) Originaire de Suisse, il habite avec sa famille à Allinges. Comme ses frères et soeurs il s'engage dans la Résistance au sein de la 7ème compagnie F.T.P. Arrêté le 8 février par la Milice, il est transféré à l'Intendance militaire puis ramené quelques jours plus tard au Savoie-Léman. Le vendredi 25 février Ia Cour martiale milicienne siégeant au SavoieLéman, juge ces six patriotes qui ont tous subi les pires tortures et en quelques minutes les condamne à mort. Ils sont fusillés le lendemain matin, samedi 26 février 1944 ). La quinzaine sanglante en Chablais (9-26 février 44) Du 9 au 26 février 44, le Chablais a vécu sous la terreur milicienne. Installés dans leurs P.C. de la ferme de la Grange Allard à Allinges et de l'Ecole hôtelière Savoie-Léman transformés en centre d'internement et de tortures, les miliciens renforcés par les G.M.R. ont tenté d'en finir avec la Résistance F.T.P., fortement implantée dans le nord du département. Ils entendaient répondre ainsi à la demande des autorités d'occupation. Dès le 9 au matin les arrestations de patriotes commençaient tandis que le responsable du P.C.F. clandestin d'Allinges Edouard Berthet était assassiné à Macheron. Dans les jours qui suivirent ce fut l'attaque du P.C. du 1er bataillon F.T.P. à Féternes le 20 février. Au cours de l'affrontement coûtant la vie à René Bernicot de Lambézellec et André Martin de Saint-Etienne (Stèles de Vougron et Flon). De nombreux Résistants sont arrêtés dont le chef de bataillon F.T.P. Maurice Flandin de Lyon qui mourra sous les coups de ses bourreaux au Savoie-Léman. Vougron Flon Macheron Savoie-Léman Puis ce sera l'attaque du camp de Verdisse au-dessus de Bonne sur Menoge le 21 février : plusieurs Résistants seront arrêtés sans avoir pu combattre : Jean Genoud, Jean Tailleu, Georges Le Ferrec, Marius Marquis, Paul Jassaud, Robert Blanchet. Fiers de leurs succès, les Miliciens espèrent renouveler leur opération le 22 février en s'attaquant au camp de Foges situé dans un chalet d'alpage sur la commune de Fessy : cette fois les Résistants feront face, contraignant l'ennemi à un siège qui durera toute la journée : Léon Biolley de Lully, Pierre Bourotte d'Abbeville, César Boy de Marseille, Paul Chevret d'0yonnax, Joseph Dagrada d'Habère-Poche, Joseph Dupraz de Sciez tomberont au combat. Un maquisard, Ange Angelli, sera fait prisonnier, mais les cinq survivants réussiront à s'échapper. Le 17, le chef national de la Milice, Darnand était venu en personne encourager ses hommes dans leur sinistre besogne, montrant l'importance qu'il attachait à l'action entreprise. Il trouvera même le temps de s'arrêter à la Grange Monument au cimetière de Lully Allard, montrant toute l'estime qu'il portait à la famille des miliciens La Grange Allard Pierre Fillon et ses frères. Enfin, le 25, la Cour Martiale milicienne siégeant au Savoie-Léman jugera et condamnera à mort 6 combattants F.T.P. Le lendemain 26 février : Ange Angelli de Corse, Marius Bouvet de Margencel, Jean Genoud de Douvaine, André Grépillat de Maxilly, Jean Tallieu de Paris, René Troillet d'Allinges, seront fusillés contre un mur du Savoie -Léman. Leur forfait accompli, une partie des forces de répression prit le chemin d'Annecy pour en finir cette fois avec le Plaque commémorative au Savoie-Léman maquis des Glières. Les forces maintenues en Chablais poursuivirent leur travail répressif, procédant à de nombreuses arrestations. Le 9 mars, le nouveau chef du 1er bataillon F.T.P., Frank Boujard, tombait à Noyer (Allinges) sous les balles miliciennes. (stèle à Noyer en mémoire de Frank Boujon) Beaucoup de personnes arrêtées seront transférées à l'Intendance Militaire à Annecy devenue le siège de la S.P.A.C. (Section Policière AntiCommuniste) où elles furent à nouveau torturées avant d'être envoyées à leur tour devant les pelotons d'exécutions : Jean Guillozet de Lunéville, Julien Mouille de Thonon, Louis Pinaud de Draillant, Ferrero Tavanti de Thonon seront condamnés à mort et fusillés à Sévrier. Robert Blanchet de Paris sera fusillé par les Le bâtiment de l'Intendance à Annecy Allemands à Chatillon d'Azergues. Paul Bulhmann de Peillonex mourra sous les tortures à l'Intendance à Annecy tandis que Gilbert Pinaud de Draillant décédera à Lyon des suites des mauvais traitements subis durant son internement. Noyer Si quelques Résistants (F.T.P. et A.S.) furent libérés faute de preuves, 75 d'entre eux après avoir été torturés à la Grange Allard, au Savoie-Léman ou à l'Intendance, seront livrés aux Allemands : 38 ne reviendront pas des camps de la mort : Marcel Ballivet (Thonon), René Beucher, Jean-Louis Bon (Allinges), Henri Bordet (Vinzier), Marcel Boujard (Féternes), Rubens Brunet (Mieussy), Achille Carrier (Evires), Gilbert Charles (Thonon), Louis Chatelain (Thonon), Claudius Clerc (Allinges), Henri Corbet (Margencel), Raoul Curtet (Evian), Félix Debroux (Albens-Savoie), Marcel Deconche (Perrignier), Michel Diebolt (Bons en Chablais), Gaston Dunand (Allinges), Armand Dutruel (Neuvecelle), Camille Dutruel (Neuvecelle), Marcel Dutruel (Neuvecelle), Robert Favier (Mieussy), Francis Garin (Thonon), Eugène Genoud (Draillant), Georges Monument aux morts d'Allinges Guillot (Thonon), Jules Jacquier (Evian), Fernand Jolly (Lullin), Louis Joly (Thonon), Louis Larpin (Thonon), Georges Le Ferrec (Paris), Marius Marquis (Nimes-Gard), Alfred Néplaz (Le Lyaud), Léon Pierre-Bez (Seyssel), Rémy Pinaud (Draillant), François Trabichet (Allinges), Edouard Vachat (Allinges), Louis Vautey (Allinges), Robert Vulliez (Montélimar). Ainsi que deux élèves du Savoie-Léman, Israëlites, Isidore Aron et Oswald Jacobi. D'autres, trente-sept, auront chance de revenir, marqués à vie par leur déportation : la Georges Aragnol (Lyon-Rhône), Marius Baud (Les Gets), Robert Boccagny(Cervens),AlbertBoujardet son fils Edmond (Féternes), Georges Carrier (Evires), Justin Chatelain (Draillant), John Marius Coppier (Féternes), Albert Degenève (Lullin), André Demaison (Lautenbach-Haut Rhin), François Désuzinges (Allinges), Auguste Monument aux morts de Féternes Détraz (Orcier), Ulysse Détraz (Draillant), Louis Donche (Allinges), Joseph Ducret (Evian), Octave Ducret (Evian), Henri Dutruel (Vinzier), Albert Favre (Perrignier), Marcel Gaillard (Sciez), Francis Gervais (Mieussy), Paul Gruffat (Chevenoz), Paul Guidon, Emile Isabella (St-Cergues), Paul Jassaud (Ollioules-Var), Maurice Martin (Allinges), Jean Méreu (Macau/mer-Gironde), Emile Morgantini (Evian), François Mouchet (Allinges), Jacques Moulard (Roubaix), Marcel Nicoud (Vinzier), Henri Ponthet (Perrignier), Félix Rolland (Evian), Albert Roy (Evian), Auguste Senevat (Perrignier), Raymond Servoz (Thonon), Marcel Staub (Paris), Marie-François Vesin (Thollon). Tel est le bilan effrayant établi par l'A.F.M.D. et Michel Germain dans leur ouvrage : « Si l'écho de leur voix… ». Au total, c'est au moins 61 combattants de la Résistance (liste encore incomplète car les recherches se poursuivent), chablaisiens ou patriotes venus d'autres régions de France, qui auront été les victimes de cette terrible répression milicienne dont le point culminant aura été cette « quinzaine sanglante ». Tel fut le terrible bilan de cette quinzaine de février qui désorganisera un temps la Résistance chablaisienne. D'autres assassinats seront perpétrés par l'armée hitlérienne et les forces de répression vichystes. Jusqu'à la libération, de nombreux résistants « Résistants chablaisiens » seront encore exécutés, ou arrêtés et déportés, notamment lors de la rafle allemande des 20 et 21 mai 1944. Mais ces crimes n'empêcheront pas la Résistance (F.T.P. et A.S. unis au sein des F.F.I.) de délivrer le Chablais de ses chaînes les 16 et 17 août 1944. C'est en souvenir de tous ces martyrs que nous sommes rassemblés au cours de ces trois journées des 21, 22 et 23 février. Mais aussi pour dire notre indignation et notre colère de voir certains « révisionnistes » oser s'attaquer à la Résistance et tenter de minimiser les crimes de la Milice et de l'armée hitlérienne. Que ceux qui rêvent de réécrire l'histoire au détriment de la Résistance le sachent : nous ne les laisserons pas faire. Avec le Général de Gaulle nous disons : « La flamme de la Résistance ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. » Publications disponibles sur la Résistance en Chablais ayant permis la réalisation de cette brochure Collection regards sur la Résistance en Chablais Edité par l'A.N.A.C.R. BP 40070 74200-THONON vol 1: 1939-1945 Le Chablais dans la tourmente Collectif, 184 pages 10 € vol 2: Résistance entre Voirons et frontière Machilly 1937-1945 Simone et Robert Amoudruz 128 pages 10 € vol 3: Le «village joli» Vinzier dans la tourmente 1939-1947 Pierre Guedu 182 pages 10 € A paraître prochainement: vol 4: La source sans rivière textes de Pierre Barone, commentés par Pierre Guedu et J-Yves Duchêne Edité par l'Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation: Si l'écho de leur voix... par Michel Germain Monument commémoratif à Foges Le Comité Haut-savoyard des Associations de Mémoire de la Résistance et de la Déportation (C.R.D. 74) est composé des associations suivantes : Amicale des Anciens de l'Armée Secrète, Amicale des Anciens de la France Libre, Amicale de la Résistance espagnole, Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Association des Glières, Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance, Union Départementale des Combattants Volontaires de la Résistance, Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes.
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