DOSSIER DE PRESSE EXPOSITION DU 15/01/2014 AU 16/03/2014 Joan Fontcuberta camouflages “Fauna”, Solenoglypha Polipodida, 1985 © Joan Fontcuberta EXPOSITION En partenariat média avec : connaissance des arts, RADIO nova Un catalogue, coédité par les éditions Contrasto et les éditions Gustavo Gili, et avec le soutien de la MEP et du MUN (Musée de l’Université de Navarre), accompagne l’exposition. Cette publication a été possible grâce à la collaboration de l’Institut RAMON Llull, organisme public chargé de la promotion internationale de la culture catalane. L’Institut Ramon Llull est un consortium public du Gouvernement de Catalogne et de la Mairie de Barcelone chargé de la promotion internationale de la langue et de la culture catalanes. Ses actions de partenariat avec les agents culturels internationaux permettent de divulguer la créativité des artistes catalans à travers le monde. L’IRL contribue également à l’internationalisation de la culture catalane grâce à des programmes de mobilité adressés aux artistes mais aussi en participant à des réseaux culturels européens spécialisés dans différentes disciplines (enseignement, traduction, arts de la scène, musique, cinéma, arts plastiques et visuels). L’exposition Artiste contemporain catalan, Joan Fontcuberta a connu pendant sa jeunesse la dictature franquiste, et avec elle la censure et la falsification de l’information. Diplômé en sciences de l’information, théoricien, critique, historien et professeur, il questionne dans son travail toutes les formes de prétendue vérité. Son œuvre, s’appuyant sur les possibilités offertes par l’image photographique et ses capacités de manipulation, nous entraine dans une réalité à la fois vraisemblable et insolite. L’exposition à la Maison Européenne de la Photographie présente, autour de dix séries, un parcours tout au long de l’œuvre de Joan Fontcuberta, articulé autour de l’idée de camouflage : camouflage de l’auteur, camouflage de la photographie, camouflage de la réalité, camouflage de la vérité... Neuf séries, conceptuellement autonomes, sont présentées selon une structure modulaire, l’exposition devenant ainsi une “exposition d’expositions”. Un dixième projet, “Camouflages” - une série de portraits, inspirés des chefs-d’œuvre de la peinture, intégrant des éléments de la physionomie de Joan Fontcuberta - qui donne son titre à l’exposition, est “camouflée” dans les différents espaces de la Maison Européenne de la Photographie. L’exposition développe ainsi une stratégie rhétorique, abordant de manière critique les discours d’autorité que sont les discours de la science, de la religion, de l’art, du journalisme et de la politique, qui fonctionnent comme lieux de construction du savoir et de la légitimation des valeurs. Avec Joan Fontcuberta, la nature documentaire de la photographie comme outil de connaissance et de crédibilité est mise en dérive. Toujours avec humour, car comme l’écrit Clément Chéroux, “s’il est une vertu dont l’œuvre de Joan Fontcuberta n’est pas dénuée, c’est bien l’espièglerie. Depuis maintenant près de quatre décennies, c’est avec une bienveillante malice que cet artiste catalan utilise l’aura d’authenticité de l’image photographique pour inventer des histoires, répandre des rumeurs, engendrer des chimères, créer des mythes, et nous faire ainsi prendre des vessies pour des lanternes.” 3 « Joan Fontcuberta est un artiste dont la réflexion théorique accompagne toute la carrière, mais il bénéficie aussi du regard de nombreux analystes qui, depuis plus de trente ans, éclairent son œuvre sous les angles les plus divers. Dans ce feu croisé des discours, Fontcuberta connaît une forte critique qui ne laisse rien de son œuvre dans l’ombre. Cette clarté contraste toutefois avec ce qui forme l’essence de ses travaux : un art consommé de la confusion des genres et des messages, un goût immodéré pour le trouble quant au degré de réalité des phénomènes. L’artiste serait ainsi quelque peu docteur Jekyll et Mister Hyde : pédagogue de notre monde moderne en même temps que virtuose dans l’art de tendre des pièges à la raison. Tout serait ainsi en ordre dans la vie d’un artiste dialecticien qui a mis la photographie et, plus largement, l’image, au cœur de son propos. Il s’avère toutefois utile de rebattre encore les cartes d’une œuvre qui s’ingénie à faire bégayer le sens pour considérer Fontcuberta avec quelque distance. Dans quelle histoire s’inscrit-il aujourd’hui ? (...) L’artiste est en dialogue avec des idées profondes de l’époque moderne : la puissance des discours qui déterminent notre regard sur le monde, la place de l’artiste dans la société, la fonction de l’humour face à l’autorité. Autant de thèmes qui parcourent une œuvre résistant à toute classification. » Michel Poivert Extrait du catalogue de l’exposition 4 “Orogenesis”, Orogenèse : Derain, 2004 © Joan Fontcuberta 5 “Herbarium”, Giliandria escoliforcia, 1984 © Joan Fontcuberta 6 parcours de l’exposition textes extraits du catalogue de l’exposition “HERBARIUM” À travers cette collection de fausses planches botaniques, photographiée à la manière du photographe allemand Karl Blossfeldt, la célébration de la nature se transforme en déception de la nature. Fontcuberta dénonce le réalisme comme “croyance”. « Recherche des excentricités de la nature, l’“Herbarium” de Joan Fontcuberta est une contribution de la photographie à l’étude du regard scientifique : les images tirent leur crédit d’un système de signes qui les rattache à l’esprit scientifique du classement des êtres vivants. Cette volonté de documentation botanique correspond en effet à la relation définie par Linné entre l’observateur et la nature : le naturaliste est celui “qui distingue à l’œil nu les parties des corps naturels, les décrit soigneusement en fonction de leur nombre, leur forme, leur position et leur proportion, et leur attribue un nom”. D’autre part, cet herbier photographique fait explicitement référence à celui de Karl Blossfeldt, publié en 1928 sous le titre de Unformen der Kunst : il visait à démontrer que l’ensemble des formes de l’art nouveau s’enracinait dans les productions de la nature, surtout dans celles du monde végétal. Tout comme Blossfeldt, Joan Fontcuberta a photographié les plantes sur fond gris ou blanc, en accord avec les anciens atlas botaniques qui utilisaient un fond uniforme afin que les plantes ainsi présentées puissent être comparées et scientifiquement identifiées. Faisant preuve d’une ingénuité philosophique absolue, Blossfeldt se fiait malgré tout à la transparence censée exister entre la photographie et les plantes dont il voulait mettre en relief la morphologie, et, s’appuyant sur la méthode de Linné, pensait que son œuvre révélait un lien de vérité entre la nature et l’art. En établissant un ordre inverse, totalement absurde, Joan Fontcuberta réalise un herbier scientifiquement impeccable mais ironiquement pervers. » 7 “Fauna” Un bestiaire imaginaire dans lequel apparaissent des serpents à pattes, des singes ailés, des oiseaux à carapace et qui parodie le dispositif muséographique des institutions scientifiques. « Au début des années 1980, Joan Fontcuberta et Pere Formiguera découvrent, par hasard, les archives du Professeur Peter Ameiseuhaufen : une documentation minutieuse de ses expéditions dans le monde entier à la recherche d’exceptions à la théorie darwiniste. Jusqu’alors, Ameisenhaufen et son bestiaire fantastique étaient totalement inconnus, tant du grand public que de la communauté scientifique elle-même. Précurseur de la tératologie, Ameisenhaufen (1895-1955 ?) était un personnage mystérieux, plongé dans l’étude des hybrides, des mutations et des malformations génétiques. Il a enseigné à la Ludwig Maximilian Universität de Munich jusqu’à son expulsion, en 1932, due à des raisons restées obscures. À partir de ce moment-là, il a voyagé sur les cinq continents avec une petite équipe de collaborateurs scientifiques, dont Hans von Kubert, médiocre biologiste mais excellent photographe. Le résultat de ce travail est une énorme quantité de photos, manuscrits, relevés de terrain, enregistrements, radiographies, voire d’animaux disséqués à chaque fois qu’il était possible de capturer des spécimens. Tout cela rend compte de la Neue Zoologie, une faune éteinte et souvent incroyable, au sujet de laquelle nous conservons par chance cette impressionnante documentation. La divulgation des recherches a tout d’abord donné lieu à une importante controverse, mais l’évidence irréfutable des témoignages photographiques apportés a fait taire tous les doutes et toutes les suspicions. Nous pouvons aujourd’hui apprécier ce matériel pour son indubitable intérêt scientifique, mais aussi en tant que miroir de la photographie moderne et de l’esthétique documentaire régnant au cours des années 1930 et 1940. » 8 “Sirènes” Prétendu journaliste scientifique du National Géologic, Joan Fontcuberta propose une excursion à la recherche de fossiles d’hydropithèques découverts au début des années 1950 par l’abbé Fontana. Dans l’entourage narratif de cette série, on retrouve les cabinets de curiosités, l’affaire de l’homme de Piltdown et de la fraude scientifique. « En 1947, le père Jean Fontana, enseignant au Petit Séminaire de Digne et assistant du prestigieux géologue l’abbé Albert-Félix de Lapparent, découvre dans la vallée du Bès, sur les contreforts des Alpes, les restes fossilisés d’une espèce alors inconnue, baptisée depuis Hydropithecus. Les Hydropithèques, qui se seraient éteints au Miocène, il y a dix-huit millions d’années, présentent une morphologie incroyablement semblable à celle des ancêtres aquatiques des hominidés. Leurs caractéristiques anatomiques les rapprochent de l’ordre des siréniens ou mammifères aquatiques, parmi lesquels se détachent le dugong et la rhytine de Steller. Mais, au-delà de la zoologie connue, ces squelettes pétrifiés font rêver à la figure légendaire des sirènes, et confirment poétiquement que l’être humain est peut-être issu de l’eau. De telles trouvailles, qui projettent une lumière nouvelle sur la théorie de l’évolution, sont traitées avec prudence et réserve dans l’attente de l’avis argumenté et conclusif des experts en paléoanthropologie. Comme il fallait s’y attendre, l’apparition des hydropithèques provoquera des suspicions au sein de la communauté des spécialistes et des chercheurs ; quant aux controverses scientificoreligieuses, elles n’amélioreront pas la situation. Aujourd’hui, il n’y a plus de doutes en ce qui concerne leur authenticité, et les hydropithèques ont été inscrits sur l’arbre phylogénétique débutant avec l’Ardipithecus ramidus et se terminant avec la lignée humaine. L’UNESCO, dans sa résolution TC-U 367/2007, a déclaré Trésor paléontologique de l’humanité l’ensemble des restes d’hydropithèques. » 9 “Constellations”, MN77:CETUS(NGC 1068) AR 02h.42,7min./D-00º 01’, 1994 © Joan Fontcuberta 10 “Constellations” Paradoxe, illusion, trompe-l’œil : les images bucoliques de nuits étoilées de cette série ne sont pas prises avec un télescope, elles ne sont que des empreintes de moustiques écrasés sur le pare-brise de la voiture de l’artiste. « Le téléscope astronomique nous permet de scruter l’espace profond et de pénétrer dans des régions où la lumière et les nuages de gaz et de poussière d’étoiles dévoilent l’élégance extrême de la création. Il n’y a rien de comparable à la splendeur de la voûte étoilée. Depuis la nuit des temps, on a admiré l’énigme et la beauté de cette trame infinie de points éclatants qui défient et la raison et la fantaisie. Malgré une apparence de documentation objective et aseptisée, la photographie astronomique ne peut éviter ni l’évocation poétique ni le mystère. Est-il possible que la recherche de la vérité puisse encore coïncider avec la recherche de la beauté ? Les astrologues n’ont considéré les étoiles que du point de vue des hommes, en lien étroit avec leur bonheur ou leur malheur. Observer le firmament ouvre une voie à la connaissance. Les étoiles nous orientent quand nous sommes égarés. Cette ancestrale sensation d’être éclairés et guidés a été conservée dans le langage actuel. De nombreux termes abstraits désignant des opérations hautement intellectuelles s’enracinent dans l’étude des astres. Par exemple, speculum (miroir) a engendré “spéculation” ; à l’origine, “spéculer” signifiait “observer le ciel et les mouvements des étoiles à l’aide d’un miroir”. Sidus (étoile), de son côté, a donné “considération”, ce qui voulait dire, étymologiquement, “regarder l’ensemble des étoiles”. Il apparaît donc que de l’examen du ciel naît un symbolisme d’une très grande richesse dans le domaine de l’expérience et de la connaissance. Ces images payent tribut à la magnificence du cosmos. Mais elles font plus : elles nous invitent à considérer spéculativement notre relation avec les images et les choses qu’elles représentent. » 11 “OrogenESIS” Des paysages virtuels, mais crédibles, réalisés avec un logiciel topographique nommé Terragen, initialement créé pour des applications militaires et scientifiques. Si ce logiciel interprète normalement de l’information cartographique pour construire des paysages réalistes en 3 dimensions, il est ici est détourné : au lieu d’utiliser des cartes géographiques ou des textures représentant la nature, il utilise divers textures comme la peau, la peinture ou la photographie. Il produit ainsi des paysages splendides, réalistes et plausibles, mais qui sont de pures fictions. « Les montagnes sont sans aucun doute les accidents du paysage les plus chargés sur le plan symbolique. Jean-Jacques Rousseau écrit : “En effet, c’est une impression générale qu’éprouvent tous les hommes quoiqu’ils ne l’observent pas tous, que sur les hautes montagnes, où l’air est pur et subtil, on se sent plus de facilité dans la respiration, plus de légèreté dans le corps, plus de sérénité dans l’esprit… Il semble qu’en s’élevant au-dessus du séjour des hommes, on y laisse tous les sentiments bas et terrestres, et qu’à mesure qu’on approche des régions éthérées, l’âme contracte quelque chose de leur inaltérable pureté.” Aujourd’hui, nous gardons le deuil d’une nature sacrifiée au profit de périphéries commerciales ou industrielles à la laideur si bien sublimée par la photographie contemporaine. Avec “Orogenesis” (terme désignant la branche de la géographie physique qui traite de la formation des montagnes), Joan Fontcuberta est, d’une part, fidèle à la méthodologie descriptive des géographes et topographes, qui prétendent qu’il faut regarder le paysage comme une chose lointaine et étrange, perdue et sans amour, qui peut se suffire entièrement à elle-même ; d’autre part, il revient aux modèles des paysages romantiques, et nous propose un hommage respectueux à une nature fantastique et sauvage dont la dimension sublime persiste dans le dramatisme des montagnes. » 12 “Spoutnik” Fontcuberta prend le programme spatial soviétique des années 1960 comme prétexte pour s’intéresser aux tergiversations de l’histoire liées à des raisons idéologiques. « En pleine guerre froide, dans une véritable course contre la montre, les États-Unis et l’URSS s’employaient à atteindre la Lune. Les pressions politiques passaient avant les garanties techniques, et le programme spatial commençait à faire des victimes. Le 25 octobre 1968, au cosmodrome de Baïkonour, Soyouz 2 est lancé, avec à son bord le colonel Iván Istochnikov, comme pilote-cosmonaute, et la petite chienne Kloka. Pour des raisons aujourd’hui encore inconnues, le cosmonaute disparaît au cours de la mission. Un dysfonctionnement fait avorter sa manœuvre décisive d’assemblage avec le vaisseau jumeau Soyouz 3. Les capsules s’éloignent l’une de l’autre et perdent le contact. Quelques heures plus tard, quand la communication est rétablie, le module de Soyouz 2 présente l’impact d’un petit météorite et Istochnikov s’est volatilisé sans laisser de trace. On ne trouve qu’une bouteille de vodka bien suspecte qui flotte dans l’orbite du vaisseau et contient un message d’appel au secours. Qu’il s’agisse d’un sabotage ou d’un accident, le politburo ne veut pas reconnaître la perte fâcheuse d’un homme dans l’espace. La version officielle consiste à dire que Soyouz 2 était un vaisseau totalement automatisé, sans équipage et dirigé à distance. Officiellement, Istochnikov n’aurait jamais existé. Par conséquent, tout indice de sa présence est embarrassant pour qui tente de rendre crédible une telle manipulation. Les photographies du colonel sont falsifiées et une chape de silence s’abat sur sa mémoire. L’histoire est ainsi réécrite selon les diktats d’obscures “raisons d’État” ; la réalité dépasse le plus fantastique argument de science fiction… Ce n’est qu’avec la chute du communisme et l’arrivée de la perestroïka que les documents seront déclassifiés et que les chercheurs pourront démasquer cette incroyable imposture. » 13 “Déconstruire Oussama”, Le Dr. Fasqiyta-Ul Junat menant une incursion de la guérilla des talibans d’Al-Qaïda dans la zone de combat au nord de Mazar-e-Sharif, 2003 © Joan Fontcuberta 14 “Déconstruire Oussama” Le terroriste comme construction médiatique. Une agence de presse découvre que finalement, certains terroristes ne sont que des comédiens qui doivent entretenir le théâtre de l’actualité. « L’agence photographique Al-Zur, dont le siège est à Qatar, est à la fois très respectée et très populaire dans les pays arabes. Le traitement indépendant et rigoureux des conflits au Moyen-Orient lui a valu la reconnaissance du public occidental. Deux de ses membres, les photojournalistes Mohammed Ben Kalish Ezab et Omar Ben Salaad, sont les auteurs d’un des reportages les plus incroyables jamais produits dans l’histoire du journalisme d’investigation. Ben Kalish et Ben Salaad suivent les déplacements réalisés ces dernières années par le Dr Fasquiyta-Ul Junat, l’un des dirigeants de de la branche militaire d’Al-Qaïda. Les deux reporters couvrent les activités troubles de ce personnage insaisissable qui tient sur le qui-vive les services secrets de nombreux pays. La bombe médiatique explose quand ils découvrent qu’il se nomme en réalité Manbaa Mokfhi, et qu’il s’agit d’un ex-acteur et chanteur ayant joué dans des feuilletons télévisés du monde arabe (il joua le rôle du personnage principal dans la comédie romantique “Le sourire de Schéhérazade” en 1974, et prêta son visage pour la campagne publicitaire de Mecca Cola, en Algérie et au Maroc). Sous la pression, il reconnaît avoir été engagé pour interpréter le rôle du méchant terroriste lors des opérations orchestrées en Afghanistan et en Irak. Nul n’est parvenu à élucider s’il s’agissait d’un montage ourdi par les médias ou par un service secret. Sa disparition lors d’une action s’inscrivant dans le cadre des Extraordinary Renditions (le programme controversé qui implique la séquestration de présumés terroristes en vue de leur transfert dans des pays dénués de protection juridictionnelle des détenus) n’a fait qu’épaissir encore le mystère. » 15 “Miracles & Co” Un hommage à l’ancienne photographie d’esprits et de fantômes, pour présenter une caricature de la crédulité, des superstitions et de l’irrationnel, ainsi qu’une critique aussi du rôle que la religion prend dans la politique et le domaine public. « À notre époque, la ferveur religieuse est instrumentalisée plus que jamais à des fins politiques ou mercantiles. Églises et cultes variés trouvent une nouvelle jeunesse en comblant les aspirations de transcendance spirituelle, tandis que la superstition et le fanatisme animent des masses croissantes de croyants. Pour beaucoup, miracles et reliques deviennent des témoignages validant dévotion et foi. En attendant, les dogmes les plus divers imprègnent en profondeur aussi bien les agendas gouvernementaux que l’action de nombreux groupes terroristes. “Miracles & Co” est un projet documentaire qui vise à démasquer la supercherie tramée au monastère carélien de Valhamönde. Situé sur une île du lac Saimaa à l’accès labyrinthique, Valhamönde a été occupé par des descendants de la secte orthodoxe des Khlysts. Mais ce centre spirituel éloigné de tout n’était pas consacré à la prière : en réalité, il camouflait un puissant holding ésotérique. Parmi les départements amenés à jouer un rôle important, il faut signaler l’unité de fabrication de fausses reliques, ainsi qu’un institut de formation où l’on délivrait un master portant sur les différentes techniques utiles pour faire des miracles. À Valhamönde, discrètement, mais en troupes, accouraient des gogos de toutes les religions et des membres des églises les plus extravagantes, disposés à payer des sommes astronomiques dans le but candide d’apprendre à dominer le surnaturel. Mais un reporter réussit à s’infiltrer au sein de cette communauté monacale ésotérique et à réaliser un reportage photographique spectaculaire qui dénonce une imposture d’une telle envergure, que les fils, comme cela a fini par être révélé, se ramifiaient jusqu’aux troubles machinations de sectes puissantes, d’organisations clandestines et de services secrets. » 16 “L’artiste et la photographie” Fontcuberta s’approprie l’univers iconographique de quelques peintres espagnols (Picasso, Miró, Dalí, Tàpies) pour problématiser l’idée d’œuvre, d’auteur, de style, de signature, de génie, d’originalité, d’authenticité, etc. « La culture visuelle du xxe siècle a été dominée par le cinéma, la télévision et Internet, médias qui tous trouvent, d’une manière ou d’une autre, leurs fondements dans la photographie. Il est alors logique de penser que la vision de la caméra a contribué à formater la sensibilité moderne. Mais quelles sont les traces qu’elle a laissées dans l’œuvre des grands génies de la peinture ? Ici sont explorés les dialogues du pinceau et de la caméra, en se centrant sur les quatre grands peintres espagnols qui ont le plus marqué la scène internationale : Picasso, Miró, Dalí et Tàpies. Pour cette sélection, des pièces inconnues d’une grande plasticité ont été récupérées, souvent des ébauches préparatoires ou des essais non concluants, mais qui anticipent de nombreuses réussites esthétiques et aident à comprendre le processus du travail créatif. À l’aide de photographies directes comme de photogrammes, de photocollages et d’autres manipulations de l’image photographique, Joan Fontcuberta illustre pédagogiquement à quel point celle-ci vivifie la créativité du peintre et devient un support générateur de nouvelles expériences expressives. Le critique nord-américain Rosalynd Kroll a écrit : “Ce qui importe, ce n’est pas l’émergence soudaine de travaux pratiquement inédits de certains des plus exceptionnels monstres de l’art de ce siècle, ridiculisant ainsi les hagiographes officiels ; ce qui est vraiment grave, c’est qu’une révélation d’une telle envergure ébranle les fondements de l’historiographie de l’art moderne et contemporain, et nous oblige à la réécrire à la lumière des rendezvous réussis ou ratés avec la photographie”. De plus, tout cela rend problématique la propriété des styles en tant que simples éléments esthétiques ; cela va même jusqu’à désacraliser la notion d’auteur ainsi que l’autorité qui l’accompagne. » 17 JOAN FONTCUBERTA Né en 1955 à Barcelone où il vit et travaille, Joan Fontcuberta développe une activité plurielle : enseignant, critique, historien, artiste, commissaire d’exposition, il est aussi une figure majeure de la photographie plasticienne contemporaine. Après des études en sciences de l’information à l’Université autonome de Barcelone, il travaille dans le domaine de la publicité et du journalisme. Professeur à la Facultad de Bellas Artes (Barcelone) entre 1978 et 1986, Joan Fontcuberta continue depuis à enseigner comme professeur invité dans différents centres et universités en Europe et aux États-Unis. Il collabore régulièrement à des publications consacrées à l’art et à l’image. En 1980, il cofonde de la revue Photovision, dont il dirige la rédaction jusqu’en 2004. Chercheur en histoire de la photographie espagnole du XXe siècle, il collabore avec des institutions comme le Ministerio de Cultura ou le Departement de Cultura de le Generalitat Cataluña en tant que commissaire de nombreuses expositions. Il est conseiller pour la collection FotoGGrafia des éditions Gustavo Gili (Barcelone). Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire, l’esthétique et la pédagogie de la photographie. Promoteur et fondateur de nombreuses manifestations photographiques, il organise en 1979 les “Jornadas Catalanas de Fotografia” et cofonde en 1982 la “Primavera Fotografica” de Barcelone. En 1996, il est nommé directeur artistique des Rencontres internationales de la photographie d’Arles. Enfin il est nommé commissaire invité pour le Mois de la Photographie de Montréal en 2015. Entre autres distinctions, il a reçu la médaille David Octavious Hill de la Fotografisches Akademie GDL en Allemagne en 1988, a été fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture français en 1994, et a reçu en 1998 le Premio Nacional de Fotografia décerné par le ministère de la Culture espagnol. En 2013 il a reçu, pour l’ensemble de son œuvre, le prix Hasselblad. 18 autour de l’exposition RENCONTRE Rencontre avec le mercredi 12 à l’auditorium d’entrée, dans Joan Fontcuberta février 2014, de 18h à 20h de la MEP, en accès libre sur présentation du billet la limite de splaces disponibles. VISITES Visite commentée pour le public en individuel le jeudi 13 février 2014 à 18h Accès libre sur présentation du billet d’entrée, sur réservation. Visite-atelier pour le jeune public (6/11 ans) avec le soutien de Neuflize Vie le samedi 15 février 2014, de 14h30 à 17h le samedi 15 mars 2014, de 14h30 à 17h Tarif : 20€, sur réservation Réservations : 01 44 78 75 23 / reservation@mep-fr.org PROJECTIONS Chaque week-end, une sélection de films en lien avec le cycle d’exposition en cours. L’inquiétante étrangeté des photographes le samedi de 15h à 17h 15h00 David Lynch, Guy Richard 16h00 F for Foncuberta, Gerardo Panichi et Daniele Vila le dimanche, de 15h à 18h Tyger, Guilherme Marcondes ; Le Monde de Ramette, Guillaume Allaire ; Barcelone, Tom Drahos ; Karl Blossfeldt, série “Histoire de voir” ; Pomme (Omena), Harri Larjosto ; Still not there - Arno Rafael Minkkinen, Kimmo Koskela ; Cindy: The Dol lis Mine, Bertrand Bonello À l’auditorium de la MEP, en accès libre sur présentation du billet d’entrée, dans la limite des places disponibles. 19 IMAGES PRESSE Les images sont libres de droits pour la presse dans le seul cadre de la promotion de l’exposition à la MEP et pendant SA duréE. JF01 “L’Artiste et la Photographie, Suite Portlligat” Narcisse sodomisé par une mâchoire repentante, 1959 Tirage gélatino-argentique © Joan Fontcuberta JF02 “L’Artiste et la Photographie, Suite Destino” Deux sœurs et un sauveteur invitent une sirène, 1962 Page de magazine avec gouache © Joan Fontcuberta JF03 “Constellations” MN 77: CETUS (NGC 1068) AR 02 h. 42,7 min. / D -00º 01’, 1994 Tirage Cibachrome © Joan Fontcuberta 20 JF04 “Déconstruire Oussama” Le Dr. Fasqiyta-Ul Junat menant une incursion de la guérilla des talibans d’Al-Qaïda dans la zone de combat au nord de Mazar-e-Sharif, 2003 Tirage à développement chromogène © Joan Fontcuberta JF05 “Fauna” Solenoglypha Polipodida, 1985 Tirage gélatino-argentique viré au sélénium © Joan Fontcuberta JF06 “Herbarium” Giliandria escoliforcia, 1984 Tirage gélatino-argentique © Joan Fontcuberta 21 JF07 “Herbarium” Guillumeta polymorpha, 1982 Tirage gélatino-argentique © Joan Fontcuberta JF08 “Miracles & Co” Munkki Juhani fait lire un chapitre du Kalevala à des suricates lapons, 2002 Tirage à développement chromogène © Joan Fontcuberta JF09 “Orogenesis” Orogenèse : Derain, 2004 Tirage à développement chromogène © Joan Fontcuberta 22 JF10 “Sirènes” Squelette d’Hydropithèque, Baie de Portissol, Sanary sur mer, 2012 Tirage à développement chromogène © Joan Fontcuberta JF11 “Spoutnik” Portrait officiel du pilote-cosmonaute Iván Istochnikov, 1968 Tirage gélatino-argentique © Joan Fontcuberta JF12 “Spoutnik” Iván et Kloka effectuant leur sortie historique hors de la capsule, 1968 Tirage gélatino-argentique © Joan Fontcuberta 23 Informations pratiques LA MEP Maison Européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris 01 44 78 75 00 – www.mep-fr.org M° Saint-Paul (ligne 1) ou Pont-Marie (ligne 7) Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 20h Accès à la billetterie jusqu’à 19h30 Fermé lundi, mardi et jours fériés Entrée grauite le mercredi de 17h à 20h Tarifs Plein tarif : 8 € / Tarif réduit : 4,5 € Gratuit le mercredi de 17h à 20h Abonnement annuel : 30 € / Tarif réduit : 24 € / Carte Duo : 48 € Contacts Carole Brianchon Responsable de la communication 01 44 78 75 01 / cbrianchon@mep-fr.org ÉMILIE RABANY Assistante communication et relations presse 01 44 78 75 28 / erabany@mep-fr.org
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