Septembre 2014 / Numéro 6 Spécial santé Un défi pour le Congo > Macky Sall : interview exclusive du Président du Sénégal > La BAD : 50 ans au service du développement de l’Afrique > Kinshasa la secrète Édito Photo : Bernard Poudevigne « Nous sommes tous des journalistes américains ! » Q ue Jean-Marie Colombani me pardonne de paraphraser son éditorial, publié par Le Monde dans son édition du 13 septembre 2001. Mais dans la mesure où ce nouveau numéro trimestriel d’Impact France-RDC «sort» quelques jours à peine après le lâche assassinat du journaliste américain James Foley, toute la rédaction de notre magazine se devait de lui rendre hommage et de s’associer à la douleur de ses proches. Comment, en effet, ne pas être horrifié par un tel acte de barbarie ? Comment ne pas se sentir concerné par le tragique destin de cet homme de quarante ans qui avait fait de l’information son métier ? L’information et rien que l’information, tel est d’ailleurs l’objectif que nous nous sommes fixés en cette période de rentrée. Raison pour laquelle nos lecteurs trouveront encore plus de rubriques que dans les numéros précédents. Fidèle à son esprit d’ouverture, Impact vous emmène au Sénégal, dont le Président nous a fait l’honneur d’une interview exclusive, mais également au cœur du dispositif européen de coopération avec la RDC, expliqué par l’ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne à Kinshasa. Suivez-nous aussi à l’est de la RDC où l’Honorable Faso et le Mwami Kabare travaillent au rapprochement des peuples de la région des Grands Lacs. Enfin, le fil conducteur de ce sixième numéro étant la santé, ne soyez pas étonnés de trouver l’interview de Philippe Douste-Blazy, président d’UNITAID, dans les pages « Politique ». Une mention spéciale, dans la rubrique « Economie », pour la Banque Africaine de Développement qui fête cette année son 50ème anniversaire et, dans les pages « Société », pour tous ceux qui œuvrent en faveur de la paix et pour la défense des opprimés. Retrouvez ainsi Julienne Lusenge, au lendemain de sa participation au sommet international de Londres sur les violences sexuelles, ainsi qu’A ngélus et Noëlla, les deux lauréats du prix des droits de l’Homme de l’ambassade de France. Glamour et détente sont les communs dénominateurs des sections « Culture » et « Vie pratique ». Si l’univers étrange de Freddy Tsimba vous déconcerte, sachez qu’il le considère comme un hymne à la vie. Hymne à la vie que vous retrouverez dans le monde de Pitshou et dans les nombreux articles consacrés au théâtre, à la musique et au cinéma. Quant aux nouveaux arrivants, ils seront heureux de découvrir une autre vision de Kinshasa, immense capitale qui mérite effectivement d’être revisitée. Excellente lecture à tous et bonne rentrée ! Philippe Larrieu Directeur de la publication Impact est accessible sur www.impact.cd, tablettes et smartphones www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 3 N ° 6 / S E P T E M BR E 2 01 4 Sommaire 06 36 82 46 Éditorial 03 Nous sommes tous des journalistes américains ! 14 Politique 06 Francophonie : la RDC passe le relais au Sénégal 10 UNITAID : un billet pour l'espoir 14 FESNAG 2014 : le tam-tam plus fort que les canons 18 La gouvernance : axe majeur du XIème FED 24 Une ministre française aux cérémonies du 30 juin Économie 28 Première Semaine française de Kinshasa : les raisons d’un succès 32 Un schéma directeur pour les finances publiques 36 L’Hôpital Monkole : un établissement de référence 40 La BAD fête ses 50 ans ! 44 Le BRGM : un service géologique national 86 4 / Impact n°6 / Septembre 2014 98 Le genre s’invite au cinéma Dossier 46 La santé, un autre défi à relever : la RDC sur tous les fronts de la maladie 50 L’Unicef s’engage pour réduire la mortalité des enfants et des mères en RDC 54 Tout en un : le projet CECFOR renforce la lutte contre le paludisme 58 L’Initiative 5% en RDC 70 Deux lauréats pour le prix des droits de l’Homme de l’ambassade de France en RDC 72 Lancement officiel de l’ENA RDC : une nouvelle élite pour la Fonction publique 74 Kisangani ville espoir, ville en mouvement 78 Lycée Blaise Pascal de Lubumbashi Histoire d'une renaissance ! Société 60 Journal d'un médecin de campagne 64 Les nouvelles technologies peuvent-elles valoriser les peuples autochtones ? 68 Sommet international sur les violences sexuelles de Londres Culture 82 Le monde de Pitshou, un Kinshasa très glamour ! 86 Freddy Tsimba : «Mes oeuvres sont un hymne à la vie...» 88 Yango ! : première biennale d’art contemporain de Kinshasa 90 RDC et patrimoine mondial de l’UNESCO : «Mémoire rythmique» www.impact.cd Directeur de publication Philippe Larrieu Vie pratique 100 Kinshasa revisitée 106 Les élections consulaires et européennes 108 Pas de lézard au Gekko’s Conseiller spécial du directeur Bernard Poudevigne Secrétaire de rédaction Martin van der Belen Comité de rédaction Antoine Yvernault, François Béhue, Sébastien Dauré, Patrick Botrel, Maurice Demailly, Alain Masetto, Sabrina Palma, Gérard Pointe, Matthieu Vuillermet, Christophe Roussin. 68 92 « C'est un roc, c'est un pic, c'est un cap, c'est une péninsule! » 96 Vu pour vous à Kinshasa : de la musique avant toute chose… En couverture : la tendresse, essentielle pour la santé (photo : Patricia Willocq/AFD) 32 Ont également participé à ce numéro Dr Jean-Pierre Lamarque, Mina Catherine Lakrafi, Albert Kabeya, Jean-Christophe Maurin, Valéry Alves, Pr Daniel Parzy, Pr Léon Tshilolo, Dr Charles Ngandote, Daniel Riveros, Julienne Lusenge, Matthieu Juin-Levite, Mélanie Sirdey-Coid, José Kalala Kabundi, Thembo Kash, Jean-Pierre Guegan, Nicole Gesché, Yves Robert, Philippe Lecocq et la Faculté d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) Conception et réalisation graphique Gédéon Mukendi (IFK) Impression : Imprimerie AGB Dépôt légal : BNC N° JE 3.01301-57012 Impact est un magazine gratuit et ne peut pas être vendu www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 5 POLITIQUE la Börsenverein. Voilà autant de facteurs souvent mal appréhendés qui peuvent donner la fausse impression du recul du français chez nous. Pour nous, le parler français doit être compris, non pas dans une logique exclusive, mais plutôt dans une dynamique de cohabitation avec nos propres langues et d’autres; répondant ainsi au rendez-vous du donner et du recevoir qui préfigure la civilisation de l’Universel, comme aimait à le dire le Président-poète. Francophonie La RDC passe le relais au Sénégal Entretien exclusif avec Macky Sall, Président de la République du Sénégal. Impact : Monsieur le Président, Joseph Kabila vient de vous passer le flambeau de la Francophonie dont vous présiderez le prochain sommet en novembre. Le Sénégal est l’un des fondateurs de la Francophonie. Quelles sont pour vous les valeurs véhiculées par la Francophonie et quelle portée voulez-vous donner à cette présidence sénégalaise ? Macky Sall : Je voudrais d’abord féliciter le Président Kabila et lui rendre hommage pour avoir accueilli le XIVème Sommet de l’OIF et assuré la présidence en exercice de l’Organisation pendant deux ans. Au cœur de l’A frique, la République démocratique du Congo, avec ses grandes ressources humaines et naturelles et sa dimension géographique considérable, est un acteur important de la communauté francophone. Au moment où je prends le relais, je veux rendre hommage à mon illustre prédécesseur, feu le Président Léopold Sedar Senghor, le Président-poète, un des pères fondateurs de la Francophonie. C’est sur son héritage que nous devons consolider aujourd’hui les fondements de la «francophonie historique», c'est-à-dire la communauté linguistique et les autres valeurs partagées : liberté, démocratie, droits de l’Homme, solidarité, etc. mais aussi adapter résolument la Francophonie aux réalités de notre époque : la paix et la sécurité, le combat pour la diversité culturelle, la sauvegarde de l’environnement, la gouvernance. Aux origines, on était loin d’imaginer l’OIF s’impliquer dans les dossiers de médiation ou d’observation électorale. C’est devenu 6 / Impact n°6 / Septembre 2014 quasiment une routine aujourd’hui. Je salue à ce propos l’apport considérable du Président Abdou Diouf, Secrétaire général de l’OIF, un autre aîné et distingué prédécesseur qui, pendant ses trois mandats à la tête de l’Organisation, a su imprimer à la Francophonie sa véritable dimension institutionnelle. D’une certaine façon, pour nous Sénégalais, le Sommet de Dakar est aussi un hommage au Président Diouf, en reconnaissance à sa contribution, au moment où il achève son troisième et dernier mandat. Bien que pays fondateur de la Francophonie, la langue française, qui y est également langue officielle, connait un déclin au Sénégal. Comment expliquez-vous cette tendance et que faites-vous pour y remédier ? Il faut saisir les choses dans leur juste mesure, par-delà les idées reçues. On oublie souvent que nos pays sont de tradition multilinguistique. Nous avons d’abord, et c’est important de le souligner, nos langues maternelles, dont certaines sont codifiées, enseignées à l’Université et parlées sur l’ensemble du territoire national La RDC, avec ses grandes ressources humaines et naturelles et sa dimension géographique considérable, est un acteur important de la communauté francophone. www.impact.cd et au-delà même de nos frontières. Du reste, c’est dans nos langues nationales que nous communiquons au quotidien. Deuxièmement, le Sénégal est à 95% un pays musulman, marqué, de ce fait, par un legs arabo-africain, puisque nous apprenons le Coran à travers la langue arabe qui est aussi enseignée dans nos écoles et nos universités. Au demeurant, je viens d’autoriser la réouverture, par voie de concours, de la filière arabophone de notre Ecole Nationale d’Administration pour y recevoir des élèves diplomates, titulaires de diplômes universitaires en arabe agréés et remplissant les conditions d’accès au concours. Troisièmement enfin, le Sénégal est un pays ouvert aux apports fécondants de l’extérieur, selon la formule choisie de Senghor. Certes, le français, langue officielle, fait partie de notre héritage historique, mais nous sommes tout aussi ouverts au plurilinguisme qui fait que les Sénégalais, grands voyageurs devant l’éternel et au contact avec l’étranger depuis des siècles, s’expriment aussi en anglais et dans d’autres langues hors de chez nous. Senghor, précurseur de la Francophonie était aussi, ne l’oublions pas, un grand germanophile. Je vous renvoie à son fameux discours de 1968, à l’occasion de la réception du Prix de la Paix de l’Association des éditeurs et libraires allemands, www.impact.cd L’un des thèmes de la Francophonie cette année est axé sur les jeunes. Comment envisagez-vous de faire passer les valeurs de la Francophonie à la jeune génération sénégalaise ? Plus généralement, quels ont été les efforts du Sénégal en matière d’éducation ? Suivant une tradition bien établie, c’est le pays hôte qui propose le thème du sommet. Celui de Dakar portera sur : «Femmes et jeunes en francophonie, vecteurs de paix et acteurs de développement». Je suis heureux de savoir que ce thème a tout de suite rencontré l’agrément des Etats membres. Les jeunes et les femmes, en plus d’être la composante essentielle de la population mondiale, n’en constituent pas moins une couche vulnérable dans une large mesure, avec des besoins spécifiques que nous devons prendre en compte dans nos politiques de développement économique et social : qu’il s’agisse du respect des droits humains fondamentaux, de la violence faite aux femmes et aux enfants (en particulier en temps de conflit), de la lutte pour l’égalité des chances et contre certaines pratiques comme l’excision et les mariages précoces, du phénomène des enfants de la rue, de l’éducation et de la formation, de l’intégration dans les sphères décisionnelles, etc. À Dakar, nous souhaitons mettre en lumière tous ces facteurs handicapants dans le cadre d’un dialogue ouvert, orienté vers la recherche de solutions durables. Mais il s’agira aussi de souligner, comme au marqueur, le formidable potentiel qui réside dans les femmes et les jeunes; toute cette énergie positive qui mérite d’être valorisée au service du développement économique et social de nos pays. Voilà pourquoi au Sénégal, en plus des acquis de la parité hommes/femmes dans les instances publiques électives, nous mettons l’accent sur l’autonomisation des femmes par le financement massif d’activités génératrices de revenus et une Impact n°6 / Septembre 2014 / 7 POLITIQUE Le Sénégal a défini sa trajectoire de développement sur les vingt prochaines années à travers le Plan Sénégal Émergent. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce PSE, ses priorités et les résultats attendus ? Le PSE part d’un diagnostic rigoureux de notre situation socio-économique, sur plusieurs années, à partir de deux paramètres : le niveau et le rythme de notre croissance économique. Nous sommes arrivés à la conclusion que notre taux de croissance actuel, à 4,6%, est certes relativement appréciable, mais qu’il est encore bas et erratique pour induire les changements substantiels de nature à modifier qualitativement les conditions de vie de nos populations. Nous avons, par conséquent, décidé de changer de vision et de paradigme, pour relever le niveau de vie et accélérer le rythme de notre croissance économique sur la durée. Le PSE repose sur trois axes principaux : - Premièrement, susciter la transformation de la structure de l’économie sénégalaise, en vue de créer et de soutenir une dynamique de croissance forte, durable et inclusive ; - Deuxièmement, élargir l’accès aux services sociaux et la couverture sociale ainsi que préserver les conditions d’un développement durable ; - Troisièmement, répondre aux exigences de bonne gouvernance, par le renforcement des institutions et la promotion de la paix, de la sécurité et de l’intégration africaines. Quant aux composantes essentielles du Plan, elles reposent sur l’agriculture, les infrastructures, l’énergie, les mines, le tourisme, les TIC et l’habitat. Discours de Macky Sall à la 68ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies Macky Sall reçoit au Palais de la République, des jeunes élèves venus de tout le Sénégal, choisis parmi les meilleurs des écoles et Daaras du pays. Comme pour la majorité des pays en développement, la santé reste un grand défi pour le Sénégal, malgré les efforts jusque-là consentis. Il faut dire que nous avons des acquis appréciables dans le domaine de la couverture vaccinale pour les enfants en bas âge, le suivi pré et post-natal et la lutte contre le paludisme et le VIH / sida avec un taux de prévalence du VIH / sida de 0,7%, un des plus bas en Afrique. Mais pour la généralisation de l’accès aux soins, en particulier en milieu rural, nous avons encore des efforts à faire en termes de désenclavement de certaines zones et d’installation de centres secondaires de santé par l’élargissement de la carte médicale. En outre, il nous faut former davantage de ressources humaines pour certaines spécialités et relever le niveau du plateau médical pour réduire le nombre d’évacuations sanitaires coûteuses pour certaines maladies. Au demeurant, le personnel de santé au Sénégal recèle d’éminents praticiens dans des spécialités pointues à qui nous cherchons à offrir les meilleures conditions de travail, par l’équipement approprié des structures médicales publiques. N'oublions pas aussi la médecine privée qui connait un certain essor. L’une des innovations majeures que je viens d’apporter dans le domaine de la santé réside dans le lancement de la Couverture Maladie Universelle (CMU) pour l’accès du plus grand nombre aux Le fil conducteur de ce sixième numéro d’Impact est la santé, qui est par ailleurs un volet important du PSE. Quels sont les défis et réalisations à mettre à l’actif du Sénégal dans ce domaine ? 8 / Impact n°6 / Septembre 2014 < C’est l’occasion pour moi de renouveler l’attachement du Sénégal à la préservation de la paix, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de ce pays ami et frère... soins de santé, en plus de la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans. Photo : UN Photo/Amanda Voisard lutte plus soutenue contre le chômage des jeunes. Sur ce plan, nous avons lancé un programme pilote de lycées d’enseignement technique et professionnel pour une formation qualifiante à des métiers qui ouvrent à nos jeunes la voie à l’auto-emploi. Nous avons en effet constaté que le système classique, élitiste par définition, qui privilégie l’enseignement théorique diplômant de la base au sommet, ne peut pas répondre à lui seul aux exigences de l’économie et du marché du travail. Géographiquement parlant, le Sénégal paraît bien loin de la RDC et de l’Afrique centrale. Quel est le positionnement de votre pays vis-à-vis de la RDC et de cette région troublée ? Quel est le rôle du Sénégal, notamment au sein de la MONUSCO ? Même s’ils sont géographiquement distants, le Sénégal et la RDC partagent une certaine proximité ; d’abord dans nos efforts d’intégration africaine, dans la communauté linguistique au sein de la francophonie et en matière de relations solidaires entre pays africains. Beaucoup de mes compatriotes sont établis en RDC depuis des décennies et nous recevons régulièrement des étudiants congolais. C’est l’occasion pour moi de renouveler l’attachement du Sénégal à la préservation de la paix, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de ce pays ami et frère. Je salue les efforts que déploie le Président Kabila à cet effet. Je rappelle que c’est au Congo, actuelle RDC, que le Sénégal a pris part à la première mission de paix de son histoire de pays indépendant avec l’Opération des Nations Unies au Congo (ONUC) en 1960, année de notre indépendance. Six cents hommes de notre jeune armée y avaient alors été déployés. Notre présence en RDC dans le cadre de la Mission de l’Organisation des Nation Unies pour la Stabilisation au Congo (MONUSCO) s’inscrit donc dans cette tradition de solidarité inter africaine. Macky Sall remettant officiellement les prix du Concours général sénégalais au Grand Théâtre de Dakar. Ces relations sont particulières, fortes et anciennes compte tenu de tout ce qui lie la France au Sénégal : les circonstances historiques, parfois douloureuses, il faut le reconnaître, comme l’esclavage et la colonisation. Mais aussi le compagnonnage dans l’épreuve des deux grandes guerres mondiales. Combattants sénégalais et français ont affronté les mêmes périls et célébré la même victoire et aujourd’hui, il existe un partenariat diversifié et confiant. Au-delà de la douleur et de l’épreuve, notre long compagnonnage a fini par créer des affinités très fortes, un brassage humain et socio-culturel et une solidarité mutuelle. Aujourd’hui, nous poursuivons la relation franco-sénégalaise dans le cadre d’une coopération rapprochée et multiforme, au plan bilatéral – la France étant le premier partenaire économique du Sénégal - et multilatéral, à travers des instances de concertations euro-africaines, la Francophonie et les Nations Unies, entre autres. C’est tout cela, l’héritage des relations franco-sénégalaises. Propos recueillis par Mina Catherine Lakrafi La France est également géographiquement éloignée du Sénégal. Et pourtant, les relations entre les deux pays sont historiquement très fortes. Comment caractériseriez-vous les rapports franco-sénégalais aujourd’hui ? www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 9 Photo : Philippe Larrieu POLITIQUE Un billet pour l'espoir Les idées les plus simples sont toujours les meilleures. Le prélèvement d'un euro sur chaque billet d'avion acheté permet de mobiliser les fonds pour lutter contre quelques grandes pandémies. Phillippe Douste-Blazy, président d'UNITAID nous relate l'histoire de cette belle aventure... Philippe Douste-Blazy au Mozambique. Des nouveaux projets ont été lancés pour améliorer le diagnostic du VIH/ sida et de la tuberculose. Ainsi, 25 000 enfants ont bénéficié, au Mozambique, d’un traitement du VIH adapté et de qualité, et ce nombre devrait atteindre 40 000 dans les jours à venir... Photo : Giulio Donini Impact : Philippe Douste-Blazy, vous avez été en France, député, maire, ministre, vous êtes maintenant président d’UNITAID et Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies chargé des financements innovants. En quoi ce parcours politique vous a porté vers ces fonctions ? Philippe Douste-Blazy : L'idée de servir les plus démunis m'a été transmise par mon père. Dans mon enfance, nous allions en famille, le dimanche matin, apporter des produits de première nécessité aux plus pauvres, au centre de Toulouse. Ce changement brutal d'environnement économique et social que je vivais en quelques minutes, entre mon milieu de vie habituel et celui des plus pauvres, m'a, à chaque fois, profondément bouleversé. Médecin, ce fut une manière de traiter la souffrance physique et mentale des autres; homme politique dans «l'arène nationale» ce fut l'occasion d'aider à construire de meilleures conditions 10 / Impact n°6 / Septembre 2014 de vie pour mes concitoyens. Et aujourd'hui, ma vie est vouée à la lutte contre l'extrême pauvreté au plan international. C'est un cheminement naturel que je dois à de grandes rencontres avec ce que j'appellerais de vrais humanistes qui m'auront profondément marqué et accompagné: mon père qui m'aura transmis des valeurs, Simone Veil qui m'a donné ma chance en me proposant d'être ministre de la Santé à ses côtés en 1993, les Présidents Lula et Chirac, ce dernier m'ayant fait l'honneur de servir mon pays comme ministre des Affaires étrangères, Nelson Mandela qui fut le premier parrain d'UNITAID, et enfin Bill Clinton avec lequel nous travaillons en permanence et qui est devenu un grand ami. De l’idée à la réalisation, comment cela s’est-il passé ? C’est en 2006 que le Président Chirac ainsi que les présidents du Brésil et du Chili ont souhaité créér UNITAID lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies, avec l'aide de la Norvège et du Royaume-Uni. L'idée de départ était de créer des «Financements Innovants pour le Développement» afin d'aider à atteindre les Objectifs du Millénaire dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint. Nous avons immédiatement choisi la lutte contre les trois maladies les plus mortelles que sont le sida, la tuberculose et le paludisme. Il faut souligner que chaque année, ces trois pandémies causent près de quatre millions de morts dans le monde ! C'est ainsi que j'ai pu fonder et présider UNITAID depuis son origine. Mais sans ces «pères fondateurs», tout particulièrement Jacques Chirac, rien n'aurait pu exister. Aujourd'hui, nous sommes hébergés par l’Orwww.impact.cd BIO-EXPRESS > Naissance le 1er janvier 1953 à Lourdes. > Diplômé en 1983 de la faculté de médecine de Toulouse, il poursuit d’abord une carrière de cardiologue. > Maire de Lourdes en 1989 sous les couleurs de l’UDF. > Ministre de la Culture en 1995. > Après un court passage à l'Assemblée nationale en 1993, il retrouve un siège de député en 1997 avant de conquérir la mairie de Toulouse en 2001. > Il retourne au gouvernement en 2004 comme ministre de la Santé pendant un an, puis ministre des Affaires étrangères jusqu’en mai 2007. > Il est actuellement président d'UNITAID depuis 2007 et conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU depuis 2008. ganisation Mondiale de la Santé, à Genève. UNITAID bénéficie du soutien de 17 membres donateurs dans le monde. Ce qui caractérise UNITAID est son financement, en grande partie fondé sur une micro taxe de solidarité sur les billets d'avion. Ainsi, nous avons mis en place l'ébauche de la "première taxe mondiale de solidarité". Le début d'un rêve: celui de l'existence d'une mondialisation solidaire. Grâce à UNITAID, ce rêve est une réalité ! En quoi donc UNITAID est innovant ? Déjà par son financement comme je viens de le dire. Mais surtout, les sommes récoltées permettent de créer des marchés là où ils n'existent pas ou de les modifier, au profit des plus pauvres, là où ils existent. Grâce à nos ressources sécurisées à long terme, nous investissons sur les marchés pour rendre les produits plus abordables, accessibles et adaptés pour les populations les plus défavorisées. Ceci s’est révélé d’une très grande efficacité puisque nous avons pu diviser, parfois par dix, le coût de certains médicaments UNITAID est un chef de file mondial et son rôle est unique. C'est « le premier laboratoire des financements innovants pour le développement » www.impact.cd Photo : Giulio Donini UNITAID ou tests de diagnostic. Enfin, nous avons développé, avec les compagnies pharmaceutiques, les formes pédiatriques des médicaments contre le sida qui, sans notre caution, n’auraient pas vu le jour car portées par un marché trop étroit. En cela UNITAID est un chef de file mondial et son rôle est unique. C'est "le premier laboratoire des financements innovants pour le développement". Certains demanderont pourquoi un nouvel opérateur pour cette action ? Justement, nous ne sommes pas opérateur. Nous travaillons pour les autres. C'est pourquoi les gens ne nous connaissent pas (rires). Cela aurait été une faute de créer un nouvel opérateur. Notre approche consiste à recueillir des données, à étudier les marchés puis à les modifier pour que l'accès aux médicaments et aux tests diagnostiques soit le plus universel possible. La mise en œuvre est ensuite confiée aux meilleurs acteurs mondiaux du développement, choisis après un appel d’offres totalement transparent et indépendant. Nos opérateurs sont aujourd’hui la Fondation Clinton, l’Unicef, Médecins sans Frontières, l'OMS et, pour la France, ESTHER ainsi que "France Expertise International", dépendant du Quai d'Orsay. Ainsi, les résultats obtenus par UNITAID, en particulier la baisse des prix, bénéficient à tous, qu'il s'agisse des grandes organisations internaImpact n°6 / Septembre 2014 / 11 POLITIQUE En trois phrases, comment résumeriez-vous l’action d’UNITAID ? D’abord, UNITAID optimise l’utilisation des fonds publics dont nous savons tous qu’ils deviennent de plus en plus rares. Ainsi, les pays et les acteurs de la santé mondiale peuvent acheter davantage de traitements et de tests diagnostiques avec la même somme d'argent. Ensuite, UNITAID augmente l’accès à de meilleures technologies pour suivre l'efficacité des traitements comme par exemple la charge virale dans le sida. Enfin, UNITAID sauve des millions de vies en procurant des médicaments là où il n'y en a pas, en les rendant plus abordables là où ils sont trop chers, en évaluant leur efficacité plus rapidement et en diminuant leur toxicité. Tous ces résultats permettent de sauver des vies en améliorant la qualité de vie ! UNITAID a été lancé en 2006 lors de l’Assemblée générale des Nations Unies par les gouvernements du Brésil, du Chili, de la France, de la Norvège et du Royaume-Uni en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement relatifs à la santé. Hébergé par l’Organisation mondiale de la Santé, UNITAID bénéficie aujourd’hui du soutien de 17 membres donateurs dans le monde. Un rôle unique UNITAID utilise les financements innovants afin de transformer les marchés des produits pour le diagnostic, le traitement et la prévention du VIH/ sida, du paludisme et de la tuberculose dans les pays en développement. Avec des ressources provenant d’une taxe de solidarité sur les billets d’avion et de contributions gouvernementales à long terme, UNITAID investit dans des interventions d’une grande efficacité sur les marchés afin de rendre les produits plus abordables, accessibles et adaptés pour les populations les plus défavorisées. compagnies aériennes qui ont voulu faire croire le contraire, elle n'a entraîné aucune baisse de flux de voyageurs. Neuf autres États membres d’UNITAID ont suivi la France, ayant voté à leur tour une taxe sur les billets d’avion pour collecter des fonds au profit d’UNITAID : le Cameroun, le Chili, le Congo, Madagascar, le Mali, Maurice, le Niger, le Maroc et la République de Corée. Ce rôle de précurseur de la France, maintenu par les gouvernements successifs, est reconnu aujourd'hui par la communauté internationale. En mai dernier, le Président Bill Clinton a déclaré: «UNITAID est un don exceptionnel fait par la France au monde ». Photo : Unitaid Nous avons vu que la France était à l’origine d’UNITAID, qu’en est-il aujourd’hui ? La France aura été le premier pays à instaurer la taxe sur les billets d’avion. Cette dernière a rapporté, selon la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), plus d’un milliard d’euros depuis juillet 2006. Totalement indolore pour l'Etat qui la met en place, imperceptible pour le voyageur qui la paye, la taxe sur les billets d'avion a prouvé qu'une micro contribution payée par des millions de personnes peut changer concrètement la donne dans la lutte contre l'extrême pauvreté. De plus, à aucun moment, malgré le lobby des 12 / Impact n°6 / Septembre 2014 Brève introduction sur UNITAID Pour conclure cet entretien, au début de l'année, 73 députés africains, issus de onze pays, ont proposé votre nom ainsi que les Financements Innovants pour le Développement au Prix Nobel de la Paix, vous êtes donc satisfait du chemin parcouru ? Quand on rencontre le regard d'un être humain, quel que soit son âge, qui va mourir parce qu'il manque 1 $, on ne peut jamais plus se considérer comme satisfait. Le vrai et le seul succès d'UNITAID est d'avoir prouvé que l'on peut se servir de micro contributions indolores sur les activités économiques mondiales pour éradiquer la pauvreté. Personne ne pourra plus dire qu'il ne savait pas ! www.impact.cd UNITAID dans le monde > 8 enfants sur 10 atteints de sida traités dans le monde de 2007 à 2011, date à laquelle d'autres ont pris le relais. En tout, plus de 700.000 enfants auront pu bénéficier d'anti rétroviraux anti VIH grâce à cette organisation ; > 2 millions de dépistages du sida chez les enfants ; > 8 millions de dépistages du sida chez les femmes enceintes pour éviter la transmission du virus de la mère à l'enfant ; > 355 millions de traitements contre le paludisme, > 2 millions de traitements contre la tuberculose, tout particulièrement la tuberculose multi-résistante. Sauveur des vies L’accès à de meilleurs produits permet de réduire la charge imposée par le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose sur les systèmes de santé. Des résultats plus rapides, des médicaments plus faciles à prendre, des traitements moins toxiques... tous ces résultats permettent de sauver des vies en améliorant la qualité de vie ! Photo : Unitaid Photo : Unitaid tionales de santé (Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, PEPFAR américain, agences onusiennes) mais aussi aux différents ministères de la santé des pays à revenu faible, aux grandes fondations ou aux ONG. cation par 11 pays européens. Ici aussi, la France, en mars 2012, a été le premier pays européen à la mettre en place. Et surtout, la France a accepté d'attribuer 15% de son produit aux Objectifs du Millénaire, dans le domaine de la Santé Globale et de l'Environnement. À l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies en 2013, le Président François Hollande a déclaré qu’une telle action avait été rendue possible grâce à la réussite d’UNITAID. Tout ceci nous oblige à continuer et à nous améliorer. Notre objectif est de continuer à servir les malades les plus pauvres, ici, en République démocratique du Congo comme ailleurs. Permettez-moi d'ailleurs de saluer tout particulièrement l'engagement remarquable du ministre de la Santé de RDC que j'ai rencontré encore récemment lors de l'Assemblée mondiale de la Santé à Genève en mai dernier. Propos recueillis par Dr. Jean-Pierre Lamarque UNITAID en RDC Depuis 2007, une dotation de 32.446.000 USD qui a permis de : > Distribuer 5.500.000 moustiquaires imprégnées de longue durée ; > Mettre 5.700 enfants sous traitement anti rétro viral (ARV) ; > Faire passer 4.200 patients à un traitement ARV de deuxième ligne ; > Traiter 600 patients tuberculeux multi résistants. De plus, ce succès a suscité d’autres initiatives de financements innovants. C'est en particulier le cas de la taxe sur les transactions financières, qui est actuellement en cours de mise en appliwww.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 13 POLITIQUE Le tam-tam plus fort que les canons La paix dans les Kivu passe aussi par les symboles. La manifestation culturelle qui vient de se dérouler a réuni des pays qui autrefois ne se parlaient pas. Le coordonnateur du FESNAG, l’honorable Faso et le Mwami Kabare, coordonnateur interprovincial, ont répondu aux questions d’Impact. 14 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd Photos : Bernard Poudevigne Impact : Mwami Kabare, vous êtes le coordonnateur interprovincial du FESNAG. Sa 14ème édition s’achève, quelle est votre première impression ? Mwami : Ma première impression est un sentiment de grande satisfaction et de soulagement, puisque nous avons pu, à Bukavu comme à Goma, réunir des pays qui nous sont frontaliers. Nous avons pu rassembler plusieurs communautés ethniques qui, dans le passé, n’acceptaient pas de cohabiter pacifiquement. Donc pour moi que ce soit à Bukavu ou à Goma, la 14ème édition du FESNAG a été une belle réussite. Cette question s’adresse également à l’Honorable Faso coordonnateur du FESNAG. Avez-vous une idée du nombre de pays représentés, et de la fréquentation du public ? Mwami : À mon niveau, ce qui m’intéresse c’est que dans la région des Grands Lacs, sur les cinq grands pays invités, à savoir le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya, quatre ont répondu, la délégation du cinquième, la Tanzanie, ayant rencontré des problèmes logistiques. Pour moi, au niveau de la sous région, je vous parle en tant qu’originaire du Sud-Kivu, c’est déjà une grande réussite que tous ces pays soient venus. Un festival sous le signe de la paix en RDC Nous pensons que cette page noire, que nous avons traversée, appartient désormais au passé. Par son rôle, la France va continuer à nous appuyer et dire tout haut ce que certains ne disent pas. La 14éme édition du FESNAG est particulière à double titre : les manifestations ont eu lieu dans deux provinces et, de plus, dans une région qui a connu une grande instabilité. Pourquoi ce double choix ? Mwami : Vous savez mieux que quiconque que nous avons les deux Kivu (nord et sud). Au niveau de l’opinion internationale, nous avons toujours été considérés comme des provinces où il y a des tueries, des vols, des viols, des atrocités... Mais aujourd’hui avec le FESNAG, nous avons donné une nouvelle image de nous au monde. C’est-àdire que les Kivu sont en train de consolider la paix, et qu’elles aspirent comme toutes les provinces de RDC, à être visitées. Nous pensons que cette page noire que nous avons traversée, appartient désormais au passé. Nous voulons avec force et conviction aller vers l’avenir et que ceux qui peuvent nous accompagner le fassent en regardant le futur et non le passé. Au-delà de sa dimension culturelle, cette édition souhaitait encourager le dialogue entre les pays de la région des Grands Lacs. Est-ce que cela a été possible. Et sous quelle forme ? Mwami : Cela a été possible. Vous avez vu se côtoyer différents groupes ethniques qui, Combien des provinces de RDC auront été représentées ? Honorable Faso : Les onze provinces auront été présentes. Nous avions 450 artistes qui ont exprimé leurs sentiments sur la consolidation et la protection de la paix. Nous avons pu témoigner par des chants et des danses notre refus de la violence faite aux femmes. www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 15 POLITIQUE hier, ne se fréquentaient pas. Vous avez vu des pays qui, dans le passé, avaient été considérés comme «non amis» envers la RDC, partager leurs cultures. Je crois que ce sont des signes qui laissent penser que la paix est en train de s’installer petit à petit en RDC, dans les régions dites «à problèmes» comme les Nord et Sud-Kivu mais aussi dans la région des Grands Lacs. ^ Anne Gizenga Mbuba présidente du FESNAG accompagnée de l'Honorable Faso, coordonnateur du festival. Vous avez invité l’ambassadeur de France, qui a bien voulu se déplacer et honorer votre invitation. Que signifie sa présence pour l’organisateur du FESNAG ? Mwami : Vous savez que la France est, dans le concert des nations, un pays sur lequel il faut compter. Le fait que l’ambassadeur ait accepté de faire le déplacement aux Kivu, personnellement, pour nous honorer et participer au FESNAG, signifie que la France est attentive à l’évolution de la question sécuritaire en RDC et plus particulièrement à l’Est. Le rôle que la France tient au niveau de la communauté internationale est important. Par son rôle, la France va continuer à nous appuyer et dire tout haut ce que certains ne ^ L'ambassadeur de France en RDC, Luc Hallade reçoit le tam-tam de la paix des mains du Mwami Kabare lors de la cérémonie de clôture du FESNAG. Photos : Bernard Poudevigne disent pas, et nous comptons sur cette présence pour que l’ambassadeur présente au Président de la République et au gouvernement français notre demande d’accompagnement du processus dans lequel nous sommes engagés et qui sera long. Ramener la paix n’a jamais été facile, c’est un processus qui demande, en outre, plusieurs symboles. Je crois que le FESNAG en est un. Il faut le consolider et le renforcer par d’autres symboles tout aussi forts. 16 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd Avez-vous une date pour cet évènement ? Honorable Faso : Cela se passera en juillet, comme toujours. Propos recueillis par Bernard Poudevigne Est-ce que vous avez déjà une idée du lieu où se tiendra la 15ème édition ? Honorable Faso : Bien sûr. Gungu, le chef-lieu du territoire du même nom, dans la province du Bandundu, va accueillir cette prochaine édition. C’est un scoop pour le magazine Impact ! Honorable Faso : Oui, Gungu est le berceau du festival. Sauf sollicitation de dernière minute, nous pensons effectivement organiser le festival à Gungu, c’est un retour aux sources. www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 17 POLITIQUE < Discours d'inauguration du nouveau bâtiment de la Cour des comptes financé par l'UE à hauteur de 1,5 million d'euros. La gouvernance ème axe majeur du XI FED L’Union européenne est le premier bailleur de fonds en RDC. Jean-Michel Dumond, son ambassadeur à Kinshasa, analyse les dernières élections européennes et dévoile le contenu du XIème Fonds Européen de Développement (FED). Impact : Je vais commencer par les dernières élections européennes. Non pas en tant qu’ambassadeur mais en tant que citoyen européen, quelle analyse faitesvous de ces élections ? Jean-Michel Dumond : Ces élections ont clairement montré qu’il y avait un malaise. Nous pouvons constater qu’il y a une augmentation importante du nombre de députés eurosceptiques. À titre personnel, je le regrette. Mais c’est 18 / Impact n°6 / Septembre 2014 un signal qu’il faut prendre en considération pour l’avenir de la construction européenne. Y-a-il trop d’Europe, comme le disent les eurosceptiques ? Non, je dirais au contraire qu’il n’y en a pas assez. Très concrètement, si l’on prend l’union économique et monétaire, pourquoi y a-t-il des problèmes ? Fondamentalement, c’est parce que l’on a voulu construire une monnaie unique, www.impact.cd Mais que s’est-il passé par la suite ? Quel a été notamment le sens de l'opposition britannique au lendemain des élections ? Et en définitive pourquoi l’Europe a-t-elle frôlé une crise politique ? Tout ceci est lié au Traité de Lisbonne. Ce traité stipule que le président de la Commission est choisi par le Conseil européen, à la majorité qualifiée, en tenant compte des résultats des élections au Parlement européen. La formule n’est pas parfaite. Cependant, les partis qui se sont présentés aux élections européennes en ont tiré la conclusion qu’il fallait présenter des « champions » européens. C’est ainsi que la plupart des groupes se sont présentés devant les électeurs. Pour le Parti Populaire Européen c’était Jean-Claude Juncker, pour le Parti Socialiste Européen, Martin Schulz, pour les libéraux du groupe ALDE (Alliance des Libéraux et Démocrates pour l’Europe), Guy Verhofstadt, pour la gauche c’était le leader d’un parti grec, Alexis Tsipras et pour le parti des verts Ska Keller. À la suite de ces élections, le Parti Populaire Européen a obtenu le plus grand nombre d’élus. Il a donc demandé que son candidat soit choisi par le Conseil européen pour présider la Commission européenne. C’est ce qui s’est passé. La règle de l’unanimité, qui avait prévalu autrefois, ne pouvait plus s’appliquer dès lors qu'au sein du Conseil européen, on appliquait la majorité qualifiée. De toute façon, le candidat choisi doit être confirmé par le Parlement européen. Il me semble que c’est une bonne chose. Cela marque un progrès dans la démocratie européenne et évite de conduire à une situation de crise. Si le Conseil européen s’était orienté vers une autre voie et que le parlement avait été dépossédé de son droit d'élire le président de la commission, on se serait retrouvé face à une situation de crise supplémentaire, inutile compte tenu de la situation politique et financière dans laquelle se trouve l’Europe. gion des Grands Lacs ; - contribuer à une croissance qui bénéficie réellement à la population ; - contribuer à l’enracinement de la démocratie et des droits de l’Homme en RDC. On croit souvent qu’il y a des intérêts cachés de l’UE en RDC alors que la réalité est tout autre. D’abord si l’on regarde les relations économiques, on s’aperçoit que la République démocratique du Congo pèse très peu. La RDC ne représente que 0,1% des importations de l’Union européenne et 0,3% de ses exportations. C’est réellement très modeste. Deuxièmement, nous sommes accusés de tirer des profits des industries minières en RDC. Or la réalité c’est qu’il n’y a pas une seule grande entreprise minière importante de l'Union européenne implantée dans ce pays. Quelles sont les priorités du prochain Fonds européen de développement en République démocratique du Congo ? Le FED représente environ 60% de l’assistance que l’UE prodigue à la RDC. La principale caractéristique du FED c’est d’être un instrument de partenariat entre l’Union européenne et la RDC, puisque ce sont les autorités politiques congolaises qui définissent les grandes orientations et que sa gestion est assurée par le ministre délégué aux Finances qui porte le titre d’Ordonnateur national. Il intervient à travers un organisme qui s'appelle la COFED. Ce n’est pas quelque chose qui est décidé unilatéralement à Bruxelles, mais la décision est prise en commun et à l’instigation première des autorités congolaises. L’axe majeur fixé par le gouvernement et en particulier par le Premier Ministre dans son discours d’investiture devant le parlement de la RDC, c’est la gouvernance. Ce pays dispose de richesses absolument extraordinaires. Evidemment l’on pense Photo : Presse présidentielle Photo : Cyprien Banyanga sans pour autant construire une politique économique, budgétaire et fiscale commune. Donc si l'on veut poursuivre sur la voie de l’union économique et monétaire, il faut plus d’Europe, ou plutôt mieux d’Europe. Comment définir la politique de l’Europe en République démocratique du Congo ? La ligne politique de l’Europe vis-à-vis de la République démocratique du Congo est extrêmement claire. Elle est fondée sur trois axes : - contribuer à la stabilité et à la paix dans la réwww.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 19 POLITIQUE 1) Le premier volet concerne ce que l’on peut appeler l'appareil d’Etat. Il y a tout d’abord la défense, il s’agira pour l'essentiel de continuer l’action entreprise par la mission EUSEC, notamment le renforcement des ressources humaines, l'amélioration de la chaîne de la dépense budgétaire et la construction d'infrastructures. Ensuite, la police, parce qu’assurer l’ordre et la sécurité dans un cadre républicain qui respecte les droits des populations est évidemment fondamental. Là aussi il faudra continuer ce qui a été Jean-Michel Dumond en compagnie du ministre des Transports au port de Kinshasa lors du lancement du Projet d'appui à la navigabilité des voies fluviales et lacustres en RDC 2) Le deuxième volet porte sur la santé. Notre approche ne consiste pas à soigner mais à construire un système avec une offre de prestations de soins que les gens prennent l’habitude de rémunérer. A partir d’expériences réussies dans trois provinces, Kasaï, Kivu, Province Orientale, nous souhaitons bâtir un système de santé de qualité et viable financièrement. Je crois que les résultats enregistrés au cours des années passées sont très concluants, et l’expérience sera donc poursuivie. Nous couvrons à peu près 4 500 000 habitants de la République démocratique du Congo. 3) Le troisième volet traite les questions de l’environnement et de l’agriculture dans une perspective d’aide au développement durable. L’environnement pour une raison évidente : la RDC abrite le deuxième poumon vert de la planète. Si les conséquences du changement climatique ne sont pas encore directement perceptibles en 20 / Impact n°6 / Septembre 2014 RDC, celui-ci commence tout de même à se manifester. Au-delà des changements climatiques, ce qui est important c’est de montrer qu’un développement durable est possible tout en préservant l’environnement. Il n’y a pas de contradiction entre environnement et développement. Sur l'enveloppe qui va être consacrée à ce volet, environ un tiers ira directement à la protection des aires protégées et deux tiers iront au développement des zones périphériques, notamment en ce qui concerne l’agriculture durable, l’agroforesterie et les énergies renouvelables. Il faut, en effet, montrer aux populations concernées, à travers des opérations exemplaires, que l’on peut vivre en bordure d’un parc naturel tout en profitant du développement. www.impact.cd 4) Le quatrième volet financera les infrastructures. Il est nécessaire de poursuivre la construction de la route nationale numéro 1 (RN1). On vise la réhabilitation de 150 km supplémentaires sur un tronçon de 400 km qui ira jusqu'à Kananga dans les années à venir. Jean-Michel Dumond procède avec les ministres des Infrastructures, de l'Agriculture, de l'Enseignement et du gouverneur de Bandundu, au lancement des travaux de la RN1, tronçon BatshambaPont Loange. Photo : Kinanga Musatchi Pourquoi cette situation paradoxale ? Et quelle réponse y apporter ? Apparemment, je dis bien apparemment car cette situation n'est paradoxale qu'en apparence, c’est essentiellement pour des raisons de mauvaise gouvernance. Tous nos programmes, quels qu’ils soient, ont pour objectif d’aider le gouvernement de la République démocratique du Congo à améliorer la gouvernance. Notre réponse s’organise à travers quatre programmes principaux; l’un est directement axé sur la bonne gouvernance et les trois autres intègrent des aspects de gouvernance dans chacun des secteurs. commencé par la mission EUPOL en matière de ressources humaines, de chaîne de la dépense... et ce qui est extrêmement important : la formation. Nous allons contribuer à construire une académie de police sur le terrain attribué par le gouvernement congolais, à la sortie de Kinshasa, à Kimpoko. Elle formera les futures générations d’inspecteurs de police. C’est extrêmement important, parce que c’est à travers cet instrument que le gouvernement pourra poursuivre la réforme engagée et disposer, à terme, d’une police républicaine, respectueuse des droits des citoyens. Il suffit de se promener sur le boulevard du 30 Juin pour constater que ce n’est pas encore le cas. Enfin, le volet justice, car une justice impartiale pour tous les Congolais est un élément essentiel du contrat social. Si les citoyens n’ont pas confiance en leur justice, ils n’auront pas confiance dans les institutions et ce sera le règne du contrat privé, de la justice privée et évidemment, cela entrainera la déliquescence de la société. Là aussi ce sont les mêmes appuis que l’on retrouve, c’est-à-dire, la chaine de la dépense, les ressources humaines et la formation. Le dernier thème traitera des finances. En particulier, il s’agira d’accompagner la loi qui va donner aux ministres la possibilité de décider de leur budget. Cela se fera à travers le renforcement des capacités des ministères pour maîtriser la dépense publique, gérer la chaine de la dépense avec, en parallèle, un système de comptabilité et de vérification par les corps de contrôle. Photos : Cyprien Banyanga aux mines. Mais ses richesses vont bien au-delà, en particulier les terres agricoles sont immenses et largement inexploitées, une immense forêt également mal exploitée, des ressources en eau considérables, une terre fertile, et enfin une population entreprenante, plutôt bien éduquée, si l’on considère le taux d’alphabétisation, qui est de l’ordre de 62%, soit plus élevé que dans d’autres pays d’A frique. Or, ce pays se trouve au dernier rang de l’indice du développement humain (IDH)… Quelle est la logique profonde de ce projet ? Je dirais qu’elle est double. La première est qu’en regardant la carte de la RDC, on voit des pôles démographiques ou économiques qui sont en marge du pays, comme par exemple la zone Kinshasa/Matadi, la région cuprifère du Katanga. Il faut désormais, dès lors que l’autorité de l’Etat est rétablie sur l’ensemble du territoire de la République, traduire physiquement l’unité de ce pays. Deuxièmement, cette route a une logique parce qu’elle est conçue suivant une vision des transports multimodaux. Ce que nous prévoyons, c’est une grande boucle entre l’Ouest et l’Est. D’un côté nous avons un port (Matadi) avec la route menant jusqu'à Kinshasa, de là, on emprunte le fleuve jusqu'à Kisangani (1 634 km). À cet égard, le programme d’amélioration de navigabilité du fleuve durera encore plusieurs années – puis, on reprendra la route nationale numéro 3 (RN3) qui mène jusqu'à Goma. Nous avons déjà effectué sur certaines portions des travaux avec d’autres partenaires (Banque mondiale). Puis au Sud, la RN1 qui progresse vers l'Est, croisant à Kananga, le chemin de fer qui ira à Ilebo lorsqu’il sera définitivement réhabilité par la Banque mondiale. Nous arrivons au Kasaï grâce à l'aménagement du fleuve. Vers le sud, vous retrouvez à nouveau le chemin de fer qui ira jusqu’au Katanga. Ainsi, l’ensemble des principales zones seront reliées. À terme, le projet RN1 se poursuivra en direction des grands lacs. Je dois dire que le gouvernement congolais a beaucoup insisté, et qu’il nous a fallu, nous aussi, beaucoup insister auprès de la Commission à Bruxelles pour obtenir ce quatrième volet. Aujourd’hui, l'UE a eu une certaine réticence à financer des infrastructures sous forme de dons. Elle préfère le partenariat public/privé. C’est sans aucun doute une excellente idée, mais peut-être pas encore envisageable en République démocratique du Congo avant quelques années. Impact n°6 / Septembre 2014 / 21 Photo : Presse présidentielle POLITIQUE Dans quel climat dialoguez-vous avec le gouvernement et les autres partenaires congolais ? Je trouve pour ma part que les relations sont excellentes. Nous avons un dialogue nourri, dans tous les domaines. Nous avons choisi les quatre secteurs de concentration avec le gouvernement congolais car c’est lui qui fixe les orientations, voire les réorientations de programmes lorsque c’est nécessaire. Je vais vous donner un exemple tout simple. Nous avons passé plus de quatre heures avec le ministre des Transports et l’ensemble des intervenants congolais pour étudier les moyens d’améliorer la navigabilité du fleuve Congo. Ce fleuve est extrêmement complexe et un peu capricieux. La pose de balises dans ce contexte n’est pas simple. Il nous fallait adapter le projet et nous sommes finalement arrivés à la conclusion que le système de balisage fixe devait être réservé aux passages les plus périlleux, les autres bénéficiant d'une technologie plus moderne. L’idée retenue a été de procéder à la cartographie précise du Congo, y compris en profondeur. Cela revenait à imposer aux armateurs de se procurer des GPS et de créer un centre de traitement des données. La réussite du projet repose sur le respect d'un arsenal règlementaire important. Il reviendra à la République démocratique du Congo de l’appliquer. ^ Par rapport à la réalisation des objectifs que vous venez de décrire, comment se comportent les différents Etats membres de l’Union européenne, également actifs sur le plan bilatéral ? On a un dialogue très actif. Il y a aujourd’hui, selon moi, une bien meilleure contribution des Aujourd’hui, il y a une certaine réticence à financer des infrastructures sous forme de dons. Il y a une certaine préférence pour le partenariat public/ privé. C’est sans aucun doute une excellente idée, mais peut-être pas encore envisageable en RDC. 22 / Impact n°6 / Septembre 2014 L'ambassadeur de l'Union européenne présente ses lettres de créance au Président Joseph Kabila. ambassades bilatérales des Etats membres à la discussion à Bruxelles, par rapport à ce que j’ai pu constater voilà encore quelques années. Nous avons, que ce soit dans le cadre des réunions de chefs de mission, dans le cadre des réunions de chefs de coopération ou dans des groupes thématiques, diffusé les différentes ébauches du projet du XIème FED à chacune des étapes. Les pays membres ont pu apporter leurs contributions de manière particulièrement utile. Dans le débat que nous avons eu sur la question des infrastructures, la contribution bilatérale de la Belgique fut véritablement importante. L’ambassade et le ministre belge de la Coopération ont en effet plaidé pour maintenir, encore pour quelques années, un volet «Infrastructures» en RDC. La Belgique l’a fait pour articuler l’intervention du FED avec ses propres projets de construction d’axes routiers ruraux dans le cadre du développement durable qu’elle finance. Nous avons là, un bon exemple de complémentarité entre ce que font les Etats membres et ce que fait l’Union européenne. Je voudrais terminer en soulignant que ces discussions se font vraiment dans un excellent état d'esprit. Propos recueillis par Philippe Larrieu www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 23 POLITIQUE Une ministre française aux cérémonies du 30 juin pour accueillir la promotion Emery Patrice Lumumba Un moment attendu Le Premier Ministre Matata Ponyo inaugure la nouvelle ENA en présence de la ministre française de la Fonction publique et de son homologue congolais. Photo : Freddie Eale/Primature n ne pouvait imaginer de symbole plus fort que la présence de la ministre française aux côtés du Premier Ministre de RDC à l’occasion de ce double événement. Un échange à la fois ouvert et très franc a précédé la cérémonie d’ouverture de la nouvelle ENA congolaise. Impact a pu interroger Marylise Lebranchu sur la coopération entre la France et la RDC ainsi que sur ses premières impressions d’un pays qu’elle découvre et qui déjà la passionne. 24 / Impact n°6 / Septembre 2014 Impact : Marylise Lebranchu, vous dirigez un ministère important au sein du gouvernement Valls. Quelles sont les raisons de votre présence en RDC ? Marylise Lebranchu : J’avais rencontré à Paris le ministre de la Fonction publique, M. Kibala. L’entretien, très chaleureux, a débouché sur une proposition d’accord portant sur la formation des fonctionnaires en RDC. Je lui ai expliqué à quel point mon rôle est difficile mais passionnant, parce que moi-même je travaille sur l’action publique en France. La première action concrète qui résulte de mon entretien avec M. Kibala est l’accord entre l’ENA France et l’ENA RDC nouvellement inaugurée. Ma présence a été pour moi l’occasion d’assister aux cérémonies du 30 juin et ce, à double titre. Premièrement, en tant que représentante d’un pays européen, pour saluer officiellement l’indépendance d’un pays jeune. Deuxièmement, pour témoigner de notre propre histoire. En effet, nous avons eu à reconstruire une administration après la deuxième guerre mondiale, nous nous sommes à l’époque, appuyés sur la fonction publique de l’Etat en créant l’ENA puis, à partir des années 1980, en lançant la réforme de la décentralisation et de la déconcentration. L’inauguration de l’ENA RDC en présence du Premier ministre était l’occasion de rappeler les www.impact.cd Photo : P. Vedrune/Cabinet Lebranchu O Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction publique et de la Décentralisation témoigne par sa présence de l’importance que la France accorde à la formation des hauts fonctionnaires de RDC. principes fondamentaux de la République Française : impartialité, loyauté, dignité, laïcité. Pour cela, il est nécessaire de bien former les fonctionnaires. Pour autant, le développement d’un pays provient de sa cohésion et de son action publique et non pas seulement du soutien apporté à son administration, voire à ses écoles ou ses infrastructures. Nous devons vraiment échanger sur ces thèmes parce que nous sommes confrontés à une crise économique durable. Le ralentissement de la dépense publique nous impose de trouver un équilibre entre l’action publique et l’encadrement de la fonction publique. depuis 1982, cette même France a su penser la décentralisation en délégant de nombreuses compétences aux collectivités territoriales notamment en matière de développement économique. La France peut apporter deux choses. Premièrement, la coopération entre Etats, lorsqu’elle s’appuie sur une action publique de qualité comme ici à travers l’ENA, INET, IRA, permet aux citoyens d’en bénéficier pleinement. Deuxièmement, l’aide que peut apporter la France consiste aussi à faire en sorte que d’autres ne commettent par nos propres erreurs. La tradition jacobine de la France et donc de l’ENA France est-elle conciliable avec le soutien qu’elle peut apporter à la décentralisation prévue par la constitution de la République démocratique du Congo ? La France jacobine a créé, en effet, un Etat déconcentré reposant sur les Préfets. Mais enfin, L’inauguration de l’ENA RDC en présence du Premier Ministre était l’occasion de rappeler les principes fondamentaux de la République Française : impartialité, loyauté, dignité, laïcité. www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 25 POLITIQUE Vous avez été reçue en audience par le Premier ministre, avez-vous parlé uniquement de coopération ? Nous avons parlé de toutes sortes de coopérations, y compris du secteur privé, qui concourent, elles aussi, au développement de ce pays. J’ai bien entendu le Premier Ministre, parlant au nom du Président de la République, nous dire qu’ici, la relation de confiance passe à travers le dialogue entre Etats, quand bien même les dossiers porteraient sur des cas particuliers. Nous avons aussi parlé de coopération culturelle, où nous avons sans doute beaucoup à proposer. Plus les crises économiques sont fortes, plus les conséquences sont graves pour le développement du secteur culturel. Il faut à tout prix le préserver. Nous avons, en outre, évoqué la région des Grands Lacs. Ayant moi-même eu l’occasion, il y a trois ans, de présider une délégation du Parlement français se rendant au Rwanda, c’est un sujet qui me tient à cœur. Nous avons parlé de la nécessité pour cette région d’avoir une organisation plus stable qu’elle ne peut l’être aujourd’hui. À partir de projets privés, nous pouvons partici26 / Impact n°6 / Septembre 2014 per à un développement plus rapide et viable de la République démocratique du Congo. Quelques entreprises, nous le savons ici, ont des difficultés. En avez-vous parlé avec le Premier Ministre ? Oui, le Premier Ministre a été très clair à ce sujet. Il est nécessaire, quand des entreprises ou des groupes ont des projets et répondent à des appels d’offres, que les représentants de la France n’oublient pas de prendre contact avec leurs homologues en RDC pour identifier les soucis que pourraient rencontrer les groupes français. L’Etat est extrêmement important dans le dialogue avec les groupes concernés. Revenons à la France si vous le voulez bien. Comment voyez-vous l’avenir de la réforme territoriale, quel est l’avenir de l’administration, des institutions, des circonscriptions, ou des départements ? Je pense que dans une société qui n’a plus de repères, il ne faut pas enlever ceux qui fonctionnent. Nous allons, par exemple, renforcer l’intercommunalité, pour garder le repère « communal ». Il faut ensuite expliquer que la qualité de l’action publique dépend du niveau auquel elle s’exerce. Le principe de subsidiarité est un principe qui a beaucoup de sens pour l’action La qualité de l’action publique dépend du niveau auquel elle s’exerce. Le principe de subsidiarité est un principe qui a beaucoup de sens pour l’action publique décentralisée... www.impact.cd Photos : Freddie Eale/Primature La France s’est peut-être trompée, à la fin du XXème siècles, en choisissant une économie de services et en se positionnant dans le partage international du travail, sur une économie fondée sur la connaissance et la recherche, écartant de ce fait le secteur industriel. La complexité de ces choix reflète les difficultés auxquelles nous devons faire face au regard de l’équilibre de l’action publique, avec les grandes stratégies de développement industriel ou des services. Sur tous ces sujets, nous avons certainement une expérience à faire partager. publique décentralisée. Qu’est-ce qui peut être bien fait au niveau local ? Qu’est-ce qui peut être mieux fait au niveau départemental, régional ou Etatique ? Il faut se poser la question de savoir s’il faut garder ou pas les départements. En réalité, la question ne porte pas sur l’avenir des assemblées départementales, mais plutôt sur le rôle des départements en matière de redistribution de la solidarité nationale. Car, si vous changez le lieu où se décide la solidarité, vous changez forcément l’origine de la ressource. L’autre réflexion que nous devons mener porte sur la solidarité entre les territoires. Avec la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles promulguée le 27 janvier dernier, on a créé les métropoles. Sans pour autant souscrire aux métropoles de type «stratégie de Lisbonne», (c’està-dire une boîte dans laquelle se trouverait une population avec des moyens comme le CHU, universités, tous en concurrence les uns contre les autres). Non, nous avons eu une autre vision: les métropoles sont responsables de tous les autres territoires. D’autre part les régions ont un rôle important, en tant que coordonnatrices des politiques publiques. C’est pourquoi dans la même loi qui crée les métropoles nous avons inclus la conférence territoriale de l’action publique. Cette loi oblige les exécutifs à se concerter sur l’exercice des compétences de chacun en fonction du territoire dans lequel ils se trouvent. C’est à dire que l’Etat, jacobin comme vous disiez, a reconnu la diversité des territoires de France. Dans cette diversité nous ne voulons pas oublier qu’il existe des territoires essentiellement ruraux ou de montagne et donc généralement, loin d’une métropole. Il va, de fait, falloir se doter d’une position spécifique pour ces territoires-là, car ils sont tout de même à la fois facteur de vie (donc ayant besoin de cohésion sociale) mais aussi facteur de développement économique (donc facteur de production). Comment faire pour que ces territoires bénéficient de la solidarité ? Il y a deux réponses possibles : l’une étant la solidarité nationale, c’est la péréquation organisée au niveau national, non pas par l’exécutif mais par le parlement qui prélève sur les ressources de chacun pour redistribuer à ceux qui n’ont pas de ressources. C’est une «péréquation horizontale». Par ailleurs, l’Etat doit proposer au parlement de discuter une « péréquation verticale », c’est-àwww.impact.cd Plus les crises économiques sont fortes, plus les conséquences sont graves pour le développement du secteur culturel. dire qui recalcule les dotations de l’Etat aux collectivités et cela en fonction de facteurs tels que la diversité démographique ou la protection des mètres carrés agricoles par exemple. Pour finir, Madame la ministre, que voulez-vous dire aux Français que vous avez rencontrés en RDC ? Je tiens d’abord à leur dire qu’ils sont toujours des citoyens français, même en RDC, et qu’ils représentent toujours leur pays. J’aimerais leur dire qu’ils sont les ambassadeurs de la République Française . Il faut leur dire que l’Etat est là, pour leur venir en aide, s’ils en ont besoin, que ce soit pour développer des entreprises ou pour accompagner l’action publique, mais tout en gardant à l’esprit ce que veut l’Etat congolais. Au fond, les Français de l’étranger peuvent nous aider en se rassemblant, en se concertant dans une cohérence d’action. Ils peuvent nous aider à ce qu’il y ait dans les pays étrangers, en Europe particulièrement, une tour de contrôle qui soit l’ambassade. Il faut œuvrer ensemble pour le progrès. En sachant comment on échange, comment l’on se sert des ambassades pour améliorer, pour construire d’avantage. Il y a une double responsabilité, une responsabilité individuelle mais aussi une responsabilité collective. Propos recueillis par Philippe Larrieu Impact n°6 / Septembre 2014 / 27 ÉCONOMIE < Pose de la première pierre Le Premier Ministre Matata Ponyo a d'abord lancé le chantier de l'extension du lycée français René Descartes de Kinshasa << Photo : Gédéon Mukendi Inauguration de haut rang... Ensuite, le Premier Ministre a inauguré la première Semaine française en présence de l'ambassadeur de France en RDC et de nombreuses personnalités tant politiques qu'économiques. Le monde des médias était également bien representé Première Semaine française de Kinshasa > Dans les jardins de l’Institut français, aménagés pour la circonstance comme un véritable salon international, les stands des exposants, plus d’une vingtaine, étaient ouverts de 9h00 à 19h00 tandis que les bus de Transco (RATP International), le camion-citerne de SEP Congo et les véhicules de tourisme de CFAO étaient présentés sur le parking de l’Institut. Preuve du succès d’une telle entreprise : près de 10.000 visiteurs ont fréquenté le site de la Halle de la Gombe du 26 au 31 mai. Les raisons d’un succès out a commencé par la pose de la première pierre de l’extension du lycée français René Descartes par un Chef du Gouvernement gé- néreux de son temps. Nous sommes le lundi 26 mai 2014 à 16h30 et le Premier Ministre Matata Ponyo Mapon va passer plus de trois heures à la Halle de la Gombe pour présider aux cérémonies d’ouverture de la première Semaine française de Kinshasa. Initiée par la Chambre de commerce et d’industrie franco-congolaise (CCIFC) avec le soutien déterminant des services de l’ambassade de France en République démocratique du Congo, cette importante manifestation présente plusieurs caractéristiques qui en font à bien des égards un événement exceptionnel. Photos : Martin van der Belen T En mai dernier, Kinshasa a été le théâtre d'un événement qui a constitué un temps fort dans les relations franco-congolaises. Retour sur cette entreprise originale et réussie. Une forte implication de tous les acteurs français en RDC Le succès de la première Semaine française de Kinshasa tient aussi à l’engagement résolu de plusieurs acteurs incontournables : > Les personnels de l’Institut français : chargés à la fois du soutien logistique de l’opération et de la gestion de la « composante culturelle » du programme, ils ont rempli leur contrat au-delà de toute espérance. > Les agents du service de coopération et du service économique de l’ambassade de France ainsi que ceux de l’Agence Française de Dévelop- pement : leur dialogue constant avec les responsables de la CCIFC a permis de mener à bien une opération compliquée en termes de logistique et ambitieuse s’agissant des thèmes et objectifs retenus pour les ateliers thématiques (ressources naturelles, mines, énergie, médias, commerce et distribution, culture, communication et publicité, responsabilité sociétale des entreprises…). > La section RDC des Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCEF) : impliquée très en amont dans la préparation de l’événement, elle a notamment contribué, par l’élaboration d’un dossier « RDC, Terre d’opportunités », à la mobilisation des entreprises et des investisseurs. > Le Club français des affaires (CFA). Un programme dense et bien géré > Chaque journée, du 27 au 30 mai 2014, a été bâtie autour de deux demi-journées consacrées à des thématiques sectorielles et d’une soirée culturelle (avec une alternance de théâtre, de cinéma, de musique classique et de musique populaire). > Le programme a fait l’objet d’un numéro spécial de notre revue Impact France-RDC, très apprécié par les différentes entreprises participantes. 28 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 29 ÉCONOMIE pourtant vastes, qui leur avaient été réservés et qu’elles ont parfois été au-delà les horaires convenus (jusqu’au double). > Les associations de Français : installées dans un stand commun, elles ont toutes participé à l’opération (ADFE, UFE, Kinshasa Accueil, Association des parents d’élèves du lycée René Descartes). Orange Updates Médiatisation et communication exceptionnelles, mobilisation des opérateurs économiques français (Air France, Total, Orange, Bureau Veritas…), rapprochement des communautés institutionnelles congolaises et françaises des affaires… On l’aura compris, la première Semaine française de Kinshasa a révélé son utilité en même temps qu’elle a permis de conforter les bases d’un partenariat économique fécond entre deux pays amis qui ont de nombreux atouts à mettre en commun. + découvre toujours plus d'applis avec Orange 1 an de communication offerte Philippe Larrieu Photos : Martin van der Belen Une mobilisation très appréciée du gouvernement congolais Indépendamment de la présence du Premier Ministre lors des cérémonies d’ouverture, on a pu remarquer jusqu’à trois ministres par conférence sectorielle. Rien d’étonnant à ce que les débats mettant en contact les opérateurs français et les institutionnels congolais et français aient débouché sur des constats précis assortis, le plus souvent, de conclusions opérationnelles. On ajoutera, car cela n’allait pas de soi, que les conférences ont souvent dépassé, en termes de fréquentation, les capacités d’accueil des locaux, Une médiatisation sans précédent La présence, pendant tout ou partie de la semaine française, de la Présidente de France Médias Monde et des patrons et grands journalistes de TV5 Monde, France 24 et RFI a permis une communication exceptionnelle à la fois sur la RDC mais aussi sur ce que la France et la RDC peuvent entreprendre en commun. 30 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 31 ÉCONOMIE a atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (I-PPTE), au lendemain de la célébration du cinquantenaire de son indépendance. Dans ce contexte, des efforts très importants restent à déployer en vue de consolider les acquis en matière de réformes et de minimiser le risque de renouer avec un cycle d’endettement pouvant compromettre la réalisation d’une croissance forte et la lutte contre la pauvreté, dans un environnement où les recettes extérieures connaissent une forte volatilité. Photo : Bikeriderlondon L’objectif du C2D Pour ce faire, ces efforts doivent générer une mobilisation accrue des recettes internes, objet du pilier 2 du Plan Stratégique de Réforme des Finances Publiques, dont s’est doté le ministère des Finances qui comprend, dans ses actions prioritaires, l’informatisation de la chaîne des recettes fiscales et non fiscales. C’est dans ce cadre que l’Agence Française de Développement, le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’ambassade de France et le ministère des Finances de la RDC, ont initié avec détermination, l’axe « gouvernance financière » du C2D France-RDC. Il a ainsi été décidé, conjointement avec les autorités congolaises, de retenir parmi les priorités sectorielles du C2D le secteur de la gouvernance financière, pour une enveloppe de dix millions d'euros pour la période allant du 01/07/2013 au 31/12/2016, avec l’objectif de soutenir une réforme globale des finances publiques. Comme précédemment évoqué, trois grands champs d’assistance technique institutionnelle ont été identifiés : - l’informatisation de la chaîne des recettes (direction générale des impôts, direction générale des douanes et accises, direction des recettes administratives et domaniales) ; Un schéma directeur pour les finances publiques Les régies financières et les banques doivent communiquer à travers un même langage informatique L’urgence de la situation nécessite la mobilisation d’importants moyens financiers pour moderniser le fonctionnement de la chaîne de recettes. Le contrat de désendettementdéveloppement (C2D) prévoit une enveloppe de dix millions d’euros pour appuyer cet ambitieux projet. Tout passe préalablement par la conception d’un schéma directeur précis. L 32 / Impact n°6 / Septembre 2014 e gouvernement de RDC poursuit depuis 2001 ses efforts de redressement de l’économie à travers la mise en œuvre de politiques et de réformes économiques coura- geuses. Elles ont déjà permis, au-delà des progrès enregistrés dans la réconciliation nationale et le rétablissement de la paix, de stabiliser l’économie et de promouvoir la croissance. Grâce à une rigueur accrue dans l’assainissement de la gestion des finances publiques et l’amélioration de l’environnement politico-institutionnel, la RDC www.impact.cd www.impact.cd - le soutien au déploiement du nouveau cadre organique relatif aux lois de finances ; - l’appui à la création de l’ENA-RDC. Afin de mettre en œuvre les politiques de développement et de réduction de la pauvreté, il est impératif que l’Etat congolais mobilise davantage de ressources. Pour cela, l’Etat doit : - disposer d’un système d’information permettant de mieux centraliser les données recueillies par les régies financières en prévoyant une liaison avec la future Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGT/CP), les banques agréées pour le recouvrement des impôts, la Banque Centrale du Congo (BCC) en charge de la garde des fonds du Trésor public et le cabinet du ministre des Finances et organiser un dialogue entre ces régies ; - rationaliser la collecte des recettes ; - se doter de structures de contrôle interne efficaces ; - mettre en place une meilleure formation des agents des administrations financières. L’informatisation de la chaîne de la recette Sous l’impulsion du Premier Ministre Matata Ponyo Mapon, le gouvernement de RDC a engagé des réformes majeures visant à accroître la mobilisation des recettes fiscales (introduction de la TVA en 2012, nouveau code des douanes en 2010) et d’autres sont en préparation (fiscalité directe sur les sociétés et les personnes ; réduction des taxes parafiscales). Cette mobilisation accrue des recettes fiscales doit également passer par la simplification et la codification de la règlementation. Les procédures de collecte et de contrôles doivent être revues et sécurisées, les échanges d’informations renforcées. Plusieurs chantiers apparaissent : informatisation plus cohérente, organisation comptable, gestion des ressources humaines. En République démocratique du Congo, les systèmes informatiques utilisés par les régies financières sont très hétérogènes, la DGI et la DGDA s'étant dotées d’applications informatiques autonomes qui, même si elles communiquent entre elles, ne permettent pas l’échange de données avec d’autres structures administratives ou le secteur bancaire comme l’exigerait une informatisation des finances publiques moderne. Quant à la DGRAD, son informatisation commence à peine, ce qui pèse sur son fonctionnement au jour le jour et sur sa capacité à faciliter la réconciliation de ses recettes avec les transactions enregistrées sur les comptes du Trésor et permet Impact n°6 / Septembre 2014 / 33 Photo : Sergey Nivens ÉCONOMIE difficilement un échange électronique d’informations avec les autres régies financières. La mise en place d’un système informatique commun aux trois régies permettrait de résoudre les difficultés d’échange d’informations entre elles. Toutefois, cette option ne peut se concevoir qu'à plus long terme. De plus, la diversité des métiers ne le permet pas toujours. Aussi conviendrait-il de définir une base minimale permettant l’interconnexion et l’exploitation de fichiers partagés. Il est donc urgent de mettre en place des protocoles informatiques organisés autour d’un fichier exhaustif des contribuables dont la constitution serait facilitée par l’instauration du numéro d’identification fiscale unique et le partage de données avec d’autres systèmes (secteur bancaire, comptabilité de l’Etat et des provinces, etc.). Il est aussi apparu indispensable de moderniser la liaison entre les régies de recettes et le système bancaire, qui est chargé de la perception des impôts et taxes. Une telle évolution présenterait, en effet, de nombreux avantages, notamment une information rapide et mieux sécurisée sur les paiements effectués par les redevables et un rapprochement automatique avec les données déclaratives ou les éléments de taxation retenus par le service. Pourquoi mettre en place un schéma directeur des systèmes d'information au niveau des régies financières du ministère des Finances ? La conduite du projet sera assurée par un comité exécutif, multi institutionnel et interministériel qui bénéficiera de l’appui technique de la Direc34 / Impact n°6 / Septembre 2014 tion Générale des Finances Publiques française. Il va de soi que l’évaluation des infrastructures existantes constituera la première étape ; la seconde étape, cruciale, correspondra à l’élaboration du schéma directeur des régies financières, autrement dit, l’ossature de la chaîne de la recette de l’Etat. La définition d’un schéma directeur des systèmes d’information s’avère essentielle car chaque ministère prépare et met en œuvre la politique du gouvernement dans son domaine, en agissant dans un environnement institutionnel qui requiert de disposer de systèmes d'information fiables, efficients et sécurisés. Le ministère des Finances doit donc se doter d'un schéma directeur des systèmes d'information au niveau national définissant les orientations et la stratégie à mettre en œuvre en matière de développement des systèmes d'information sectoriels. Le volet «informatisation des régies financières» du C2D a été validé au conseil d’administration de l’A FD en juillet dernier. Le ministre délégué aux Finances, Patrick Kitebi et l’ambassadeur de France Luc Hallade ont entériné ce projet lors du comité d’orientation stratégique du C2D qui s’est tenu le 30 juillet dernier. Le plus difficile reste à faire mais quel défi ! Albert Kabeya Le ministère des Finances doit donc se doter d'un schéma directeur des systèmes d'information au niveau national définissant les orientations et la stratégie à mettre en œuvre en matière de développement des systèmes d'information sectoriels. www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 35 ÉCONOMIE < Le Centre Hospitalier Mère-Enfant Monkole inauguré le 2 juin 2014, en présence du ministre de la Santé de RDC et des ambassadeurs de France et d’Espagne. en juin 2010, à consacrer 100 millions d’euros par an jusqu’à 2015, pour la mise en œuvre de programmes de santé maternelle et infantile dans dix huit pays prioritaires, dont la RDC. L’Agence Française de Développement (AFD) a été chargée de la mise en œuvre de ce programme en RDC depuis 2011, avec un financement de huit millions d’euros. C’est dans le cadre de ce programme que l’A FD a financé le Centre Hospitalier Monkole (CHM). Le CHM est une structure intégrée dans le système de santé congolais, qui offre des soins accessibles aux plus démunis, dans une zone périphérique pauvre de Kinshasa, mal desservie en services de santé. Le CHM est reconnu comme une structure de qualité. Il est l’une des « initiatives » de l’association sans but lucratif de droit congolais CECFOR (Centre Congolais de Culture, de Formation et de Développement), créée en 1986. Les activités du CHM ont débuté en 1991 avec un service ambulatoire et trois lits d’observation. Un service d’hospitalisation, un centre de traitement ambulatoire et un centre chirurgical ont par la suite été ouverts, ainsi que trois antennes médico-sociales dans des quartiers périphériques de l’hôpital. L’Hôpital Monkole Établissement de référence soutenu par la France pour moderniser les systèmes de soins en RDC 36 / Impact n°6 / Septembre 2014 La France s’est engagée lors du sommet du G8 de Muskoka en juin 2010, à consacrer 100 millions d’euros par an jusqu’à 2015 pour la mise en œuvre de programmes de santé maternelle et infantile dans 18 pays prioritaires, dont la RDC. www.impact.cd Photos : AFD-Patricia Willocq L a détérioration du niveau de vie, la destruction des infrastructures et l’insécurité liées aux années de conflits, ont contribué à l’aggravation générale de la santé des Congolais. L’espérance de vie est de 49 ans et les taux de mortalité infantiles (20% des naissances vivantes) et maternelles (670 pour 100 000 naissances) sont parmi les plus élevés au monde, d’après l’OMS. Kinshasa regroupe une population de plus de dix millions d’habitants, dont plus de 50% a moins de quinze ans. Les affections les plus courantes (paludisme, fièvre typhoïde, infections respiratoires aigües, diarrhée) sont nettement aggravées par les conditions de promiscuité et d’insalubrité de la ville. La France s’est engagée, lors du sommet du G8 de Muskoka Depuis 2001, le CHM est intégré au système de santé national à travers une convention de partenariat signée avec le ministère de la Santé, qui le reconnaît comme «Hôpital Général de Référence (HGR) de la Zone de Santé Mont-Ngafula II», qui rassemble près de 130.000 habitants, majoritairement pauvres, en périphérie de Kinshasa. Le CHM reçoit aussi les populations de zones de santé voisines, dont les besoins sont très importants mais qui disposent de centres de santé peu accessibles, dépourvus d’équipements et de personnels qualifiés tandis que leur HGR est en mauvais état ou inexistant. Le CHM couvre ainsi près de 660.000 habitants. Un système de tarification différenciée selon les ressources des patients permet d’assurer une certaine équité dans l’accès aux soins proposés par le CHM : plus des deux tiers des patients sont www.impact.cd ^ Premiers soins naissance de jumeaux, centre hospitalier MèreEnfant Monkole Mère et son enfant au centre de soins Moluka, centre hospitalier Mère-Enfant Monkole des pauvres ou indigents qui ne payent que 25% à 50% des tarifs de base, déjà en-dessous des tarifs pratiqués ailleurs. En parallèle, le CHM a passé des conventions médicales avec des entreprises, ambassades, ONG, qui lui permettent de dégager des ressources régulières à des tarifs plus élevés. Ces conventions compensent, en partie, la sous-tarification pour les patients pauvres et indigents, ainsi que les factures impayées ! Le CHM s’est développé grâce à des subventions importantes de bailleurs et d’ONG. Cependant, ces appuis étaient en grande majorité affectés à des projets précis et à son renforcement général. Conscient de cette limite, la direction du CHM souhaitait s’affranchir de sa dépendance aux subventions en développant des ressources pérennes. En particulier, l’hôpital cherchait à augmenter le nombre des conventions médicales et à étendre une offre de soins de qualité pour attirer une population plus aisée, à laquelle des tarifs plus élevés seraient appliqués. Ce modèle écono- Impact n°6 / Septembre 2014 / 37 ÉCONOMIE Photo : AFD-Patricia Willocq Une agence mique permet aussi d’assurer la prise en charge des plus pauvres. L'activité du CHM est en croissance continue depuis sa création avec le développement de nouveaux services et l’augmentation des prises en charge. La capacité d’accueil a néanmoins été vite saturée au regard de la demande de soins importante et croissante de la zone de santé couverte par le CHM et des zones voisines : le taux d’occupation de l’hôpital (114% en 2008 et 134% en pédiatrie en 2010) contraste avec celui des hôpitaux publics et la durée moyenne de séjour a été réduite au maximum. En conséquence, le CECFOR a entrepris la construction d’un nouvel établissement : le Centre Hospitalier Mère-Enfant (CHME), dont les travaux se sont achevés fin 2013 sur un terrain adjacent à celui de l’hôpital. L’enjeu était d’étendre les capacités d’accueil (de 55 à 158 lits) mais aussi d’élever le niveau de soins et de développer une nouvelle offre (néonatalogie, imagerie médicale, salles d’opérations bien équipées, etc.), susceptible d’attirer une clientèle plus solvable qui recourt actuellement à des structures privées lucratives ou qui se fait soigner à l’étranger. Le personnel nécessaire à la prise en charge des nouveaux patients est recruté au fur et à mesure de l’ouverture des services (430 agents médicaux et paramédicaux à horizon 2017, contre 263 en 2011). Le besoin de financement pour la construction du CHME s’élevait à 19,5 millions d'euros. La contribution de la France s’élève à cinq millions d’euros, à cela s’ajoute des avances de trésorerie consenties par la «Banco Popular España» et des 38 / Impact n°6 / Septembre 2014 dons privés. L’A FD a, en particulier, financé la réalisation des installations techniques par Schneider Electric France. Elle a également contribué à des actions de renforcement de capacités du personnel du CHME par la mise à disposition d’expertises techniques et l’organisation d’ateliers de formations (gestion hospitalière, modèle économique et politique tarifaire, appui comptable, projet d’établissement, maintenance, système d’information, hygiène, etc.). Le CHME a été inauguré le 2 juin 2014, en présence du ministre de la Santé de la RDC et des ambassadeurs de France et d’Espagne. Au-delà du financement de l’extension de l’hôpital Monkole, de son équipement et de la formation de son personnel médical, l’appui de l’A FD à la définition d’un modèle de gestion alliant qualité des soins et accès au plus grand nombre, contribuera à faire de Monkole un établissement de référence dans le cadre de la nécessaire réforme hospitalière en cours en RDC. Jean-Christophe Maurin, directeur de l’AFD en RDC Le besoin de financement pour la construction du Centre Hospitalier Mère-Enfant s’élevait à 19,5 millions d’euros. La contribution de la France s’élève à cinq millions d’euros, à cela s’ajoute des avances de trésorerie consenties par la Banco Popular España et des dons privés. www.impact.cd ouverte sur le monde Établissement public, l’Agence Française de Développement (AFD) agit depuis soixante-dix ans pour combattre la pauvreté et favoriser le développement dans les pays du Sud et dans les Outre-mer. Elle met en œuvre la politique définie par le Gouvernement français. Présente sur quatre continents où elle dispose d’un réseau de 70 agences et bureaux de représentation dans le monde, dont 9 dans les Outre-mer et 1 à Bruxelles, l’AFD finance et accompagne des projets qui améliorent les conditions de vie des populations, soutiennent la croissance économique et protègent la planète : scolarisation, santé maternelle, appui aux agriculteurs et aux petites entreprises, adduction d’eau, préservation de la forêt tropicale, lutte contre le réchauffement climatique… En 2012, l’AFD a consacré près de 7 milliards d’euros au financement d’actions dans les pays en développement et en faveur des Outre-mer. Ils contribueront notamment à la scolarisation de 10 millions d’enfants au niveau primaire et de 3 millions au niveau collège, et à l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable pour 1,79 million de personnes. Les projets d’efficacité énergétique sur la même année permettront d’économiser près de 3,6 millions de tonnes d’équivalent CO 2 par an. www.afd.fr www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 39 ÉCONOMIE La Banque Africaine de Développement fête ses 50 ans ! Un tel jubilé justifiait qu’Impact rencontrât Valentin Zongo, son Représentant Résident en RDC. Economiste de formation, titulaire d’un MBA obtenu à l’université de Pittsburgh (Pennsylvanie), Valentin Zongo est un spécialiste du développement, compétence qu’il a acquise en plus de trente années d’activités, sur le terrain comme à l’état-major de la BAD. Il livre à Impact sa vision d’un partenariat au développement aussi utile qu’efficace. Photo : Martin van der Belen Impact : Vous avez pris vos fonctions à Kinshasa en juillet 2012. Pourriezvous nous dire quel a été votre parcours professionnel avant de représenter la BAD en République démocratique du Congo ? Valentin Zongo : Je tiens tout d’abord à vous remercier pour cette opportunité de m’adresser à votre lectorat, lectorat que je tiens à saluer chaleureusement. S’agissant de mon parcours, j’ai été successivement responsable du financement et du développement du « secteur énergie » pour l’A frique du nord, l’A frique de l’ouest et l’A frique centrale puis chef de division de ce même secteur pour l’ensemble des opérations couvertes par la Banque Africaine de Développement. Au préalable, j’avais exercé les fonctions de conseiller en infrastructures ; j’ai aussi été l’un des collaborateurs du vice-président de la Banque, chargé des finances. Compte tenu de votre longue expérience, à la fois de terrain mais aussi du siège de la BAD, quels sont les principaux succès que vous mettriez à l’actif de cette institution qui fête ses 50 ans d’existence cette année? Je retiendrais deux sujets essentiels. - Le premier est d’ordre institutionnel. Vous savez que la Banque a été fondée en septembre 1964. À l’époque, elle ne comptait que 26 Etats membres, son capital ne dépassant pas les 250 millions de dollars. Il s’agissait essentiellement de la réunion d’un groupe de pays africains animés par l’idée de fédérer les financements nécessaires au dé40 / Impact n°6 / Septembre 2014 veloppement économique. Aujourd’hui, cette institution accueille l’ensemble des 54 pays du continent, auxquels sont venus s’ajouter 26 Etats non africains. Quant au capital de la Banque, il est aujourd’hui de 103 milliards de dollars. J’ajouterai qu’au-delà de cette forte croissance, la BAD est parvenue à maintenir le « triple A » octroyé par l’ensemble des agences de notation, conséquence à la fois de ses performances et de ses capacités d’adaptation, notamment en termes d’outils d’intervention pour contribuer au développement du continent. - Second sujet, d’ordre technique celui-là : l’approche de la Banque en matière de financement du développement. Nous sommes partis avec très peu de moyens ; aujourd’hui nous sommes en mesure d’offrir des instruments très diversifiés répondant à l’ensemble des besoins y compris ceux relatifs au développement du secteur privé. Les fonds publics concourant au développement étant loin de suffire, il faut en effet impliquer le secteur privé dans tout processus de décollage puis de stabilisation économique à l’échelle d’une nation. Pourriez-vous nous donner un exemple d’appui au secteur privé ? Prenons l’exemple de la RDC. Ce pays dispose d’un potentiel inégalé sur le continent, quel que soit le secteur productif. Pour contribuer à sa mise en valeur, notre stratégie-pays, qui décline l’intervention de la Banque sur la période 20132017, a un fil conducteur : celui consistant à conforter « l’appétit » du privé dans les secteurs www.impact.cd www.impact.cd ^ Financement de la réhabilitation des turbines du barrage d’Inga La Banque africaine de développement a engagé jusqu’à ce jour près de 710 millions de dollars américains pour onze opérations dans plusieurs secteurs en RDC. Parmi ces secteurs, il y a l’énergie, un domaine clé pour le développement de RDC. productifs de l’économie de la RDC. La méthode : nous mettons l’accent sur les infrastructures, car avec des infrastructures routières, aéroportuaires, énergétiques, d’adduction d’eau et d’assainissement, nous donnons au secteur privé les moyens de s’épanouir. Parallèlement, nous participons à toute action pertinente liée à l’amélioration du climat des affaires. Plus généralement, quels sont les objectifs de la BAD en RDC ? Nous travaillons sur une logique de concentration géographique et sectorielle, dans les deux Les fonds publics concourant au développement étant loin de suffire, il faut en effet impliquer le secteur privé dans tout processus de décollage puis de stabilisation économique à l’échelle d’une nation. Impact n°6 / Septembre 2014 / 41 Kasaï et au nord du Katanga, ce choix résultant d’une concertation avec les autres partenaires techniques et financiers (PTF) de la RDC. Dans ces régions, nous avons tenu compte des leçons tirées de nos opérations antérieures, ce qui nous a conduits à concentrer nos interventions en appui à des réhabilitations d’infrastructures au niveau routier, en matière de transport aérien, et enfin en ce qui concerne l’adduction d’eau et l’assainissement. Ce sont des opérations « intégrées », en ce sens que lorsque nous intervenons pour réhabiliter une route, par exemple la RN1, nous mettons aussi en œuvre des programmes de création d’infrastructures rurales connexes, telles que des centres de santé, des écoles et des marchés ruraux. Une telle approche permet à la population, non seulement de pouvoir échanger « intra et extra » des biens et services, mais aussi de bénéficier de solutions contribuant à l’amélioration de sa qualité de vie. D’un côté le social, de l’autre le développement ? Précisément. Car les deux aspects sont indissociablement liés. Nous estimons que notre approche commence à produire des effets qui sont remarqués. Pas plus tard que la semaine dernière, lors de discussions avec les autorités congolaises du secteur des transports, il a été envisagé que notre « modèle » soit élargi à l’ensemble du territoire, en liaison avec les autres 42 / Impact n°6 / Septembre 2014 Vous avez parlé d’une stratégie 20132017. Si vous parvenez à la mener à bonne fin, quel aura été l’apport de la BAD sur cette période ? Nous avons commencé ce quinquennat par un «sans faute», puisque les cinq opérations prévues pour 2013 ont été réalisées ; pour ce qui est de 2014, nous avons engagé trois programmes, dont un a été approuvé tandis que les deux autres sont en cours de finalisation. Si tout se déroule comme prévu, nous pourrons apporter à la République démocratique du Congo un peu plus de 950 millions de dollars sur la période 2013-2017. La BAD à l'assaut des services d’eau et d’assainissement Le conseil d’administration de la Banque africaine de développement appuie le projet de fourniture de services durables d’eau et d’assainissement de la municipalité d’Ezulwini au Swaziland. Quand vous parlez de projets approuvés, vous sous-entendez qu’ils résultent d’un dialogue avec les autorités congolaises. Comment pourriez-vous caractériser ce dialogue ? Je voudrais, pour vous répondre, remonter à la fin de l’année 2012, époque à laquelle nous étions parvenus à un accord avec l’ensemble des parties prenantes : gouvernement, secteur privé, société civile, autres partenaires au développement. Cet accord visait à « aligner » l’appui de la BAD sur les priorités essentielles du gouvernement et c’est sur cette base que nous avons ultérieurement décliné l’ensemble de nos opérations. Or cette démarche n’a pas rencontré de sérieuses difficultés pour deux raisons : Vous faites donc partie de ceux qui sont plutôt optimistes quant à l’évolution de la coordination entre les différents bailleurs et quant à leur dialogue avec les autorités congolaises ? Oui. C’est d’ailleurs un sujet essentiel dès lors que le gouvernement affiche une vision cohérente. Nous devons venir en appui à cette vision du développement de la RDC, ce qui suppose des complémentarités et des synergies entre PTF. C’est d’ailleurs ce que nous recherchons au travers des Groupes Thématiques Sectoriels (GTS) dans le cadre desquels nous discutons sur beaucoup de sujets. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. La BAD est d’ailleurs chef de file du GTS « Infrastructures et statistiques », groupe qui fonctionne de mieux en mieux. Il y a davantage Conférence économique Afrique-France Le Président François Hollande avec Donald Kaberuka, président de la BAD. de contacts, de réflexions… Reste à renforcer les capacités analytiques au niveau, non seulement du gouvernement, mais aussi des bailleurs de fonds pour améliorer nos analyses de prospective économique. Car après la phase de réhabilitation des infrastructures dans laquelle nous nous trouvons actuellement, il faudra penser à dégager une vision claire de l’ensemble des questions d’aménagement du territoire. À travers ces groupes thématiques et grâce aux appuis que nous allons mobiliser, cette vision structurante de l’avenir de ce beau pays pourra être mise en œuvre. Propos recueillis par Philippe Larrieu Photo : francediplomatie partenaires techniques et financiers impliqués dans ces secteurs. - la Banque et ses instruments étaient bien connus des autorités comme du secteur privé et de la société civile ; - la conception, l’articulation et la mise en œuvre de nos opérations allaient de pair avec un dialogue, une approche participative avec l’ensemble des parties prenantes. Mais au-delà de la concertation avec nos partenaires congolais, nous menons aussi des opérations en liaison avec l’Union européenne, la Banque mondiale, et bien sûr les bailleurs «bilatéraux» (britanniques, français, etc.). Intéressant et utile, ce type de coopération ne pose aucun problème particulier. Photo : Dominique-Henri Simon Photo : Reporter 24 ÉCONOMIE Au-delà de la concertation avec nos partenaires congolais, nous menons aussi des opérations en liaison avec l’Union européenne, la Banque mondiale, et bien sûr les bailleurs «bilatéraux» (britanniques, français, etc.). www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 43 Photo : BRGM ÉCONOMIE Le BRGM Un service géologique national Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières est l'établissement public français de référence dans les applications des sciences de la terre pour gérer les ressources naturelles et les risques du sol et du sous-sol. Le BRGM vise deux objectifs majeurs : Il cherche à comprendre les phénomènes géologiques et les risques associés, développer des méthodologies et des techniques nouvelles, produire et diffuser des données de qualité. Et il vise aussi à développer et mettre à disposition les outils nécessaires à la gestion du sol, du sous-sol et des ressources, à la prévention des risques naturels et des pollutions, aux politiques de réponse au changement climatique. Ses missions se concentrent sur cinq axes : Recherche scientifique La recherche scientifique a pour objectif la 44 / Impact n°6 / Septembre 2014 connaissance géologique et la compréhension des phénomènes liés au sol et au sous-sol. Avec un enjeu majeur : répondre aux défis des changements globaux. Appui aux politiques publiques Cette mission regroupe l’ensemble des actions d’expertise, de surveillance et d’étude menées en soutien des politiques publiques. Coopération internationale Avec plus de 200 projets chaque année dans plus de 40 pays, le BRGM apporte son savoir-faire et son expertise selon plusieurs axes d’intervention: - La contribution à la politique de coopération française ; www.impact.cd - L’appui et la participation aux actions de l’UE, de la Banque mondiale et des autres organismes multilatéraux ; - Le soutien aux politiques des États ; - Les prestations aux entreprises ; - La participation aux travaux des instances scientifiques internationales. Sécurité minière Le BRGM assure la gestion des conditions de sécurité et d'environnement liées à la déprise minière. En France, l’État a confié au BRGM la surveillance et les actions de prévention des pollutions et des risques des anciens sites miniers. Le BRGM est maître d’ouvrage délégué pour les travaux de mise en sécurité. Formation Le BRGM assure la diffusion de ses compétences scientifiques et techniques par des actions de formation : - formation supérieure diplômante de niveau master de l’Ecole Nationale d’Applications des Géosciences (ENAG) en partenariat avec l’université d’Orléans ; - formation professionnelle continue dans tous les domaines des géosciences, avec BRGM Formation. Ses domaines d’activité Autour de la géologie, son cœur de métier, le BRGM développe une expertise dans le secteur de la gestion des ressources, de la maîtrise des risques et des écotechnologies innovantes. Il met en œuvre ses compétences dans dix grands domaines d'activités destinées à répondre aux différents enjeux industriels et sociétaux : la géologie, les ressources minérales, la géothermie, le stockage géologie du CO2, l'eau, l'après-mine, les risques naturels, les sols pollués et déchets, les laboratoires et l’expérimentation, les systèmes d'information. Des atouts pour son activité en Afrique • Une présence continue en Afrique • Une excellente réputation technique et un riche patrimoine documentaire • Des compétences techniques et une multidisciplinarité reconnues : 80 spécialités dans tous les domaines • Une capacité à gérer des opérations « clé en main » dans des environnements variés • Une bonne connaissance des acteurs institutionnels et un réseau important (bailleurs de fonds et partenaires techniques) www.impact.cd Contact Christian Braux Direction commerciale et de la Coopération Internationale Directeur Adjoint – Directeur Afrique Centrale c.braux@brgm.fr www.brgm.fr Une connaissance importante de la RDC Cinquante années d’activités en pointillés sur le territoire avec des prospections dans le Katanga, le Shaba, le Nord-Kivu, la province de l’Équateur, de nombreux travaux de cartographie géologique, la découverte du gisement de Dikulushi (développé par ANVIL Mining), …. De cette époque, il reste au BRGM un fonds documentaire soigneusement conservé : des références de rapports d’études qui font régulièrement l’objet de demandes de consultation par des opérateurs miniers privés. Des projets importants à venir avec notamment l’assistance au ministère des Mines pour l’organisation d’un Service Géologique National. Informations recueillies par Valéry Alves Le BRGM : un établissement public français à caractère industriel et commercial Créé en 1959, il est placé sous une triple tutelle ministérielle. Certifié ISO 9001 (Qualité) depuis 2004, ISO 14001 (Environnement) depuis 2012. Ses laboratoires sont accrédités par le COFRAC. Le BRGM est l'un des instituts Carnot. Impact n°6 / Septembre 2014 / 45 DOSSIER reste limité et son utilisation figure parmi les plus faibles d’A frique sub-saharienne. Toutefois, la dernière enquête «démographie et santé», qui porte sur la période 2010-2013, témoigne d'une amélioration des indicateurs de santé des enfants. En effet, les taux de mortalité infantile (décès au cours de la première année de vie) et infanto-juvénile (décès dans période 0 à 5 ans), tout en restant élevés, respectivement 58 et 104 pour mille, confirment une décroissance accentuée, puisque les précédents (période 2007-2010) étaient de 92 et 148 pour mille. Cette baisse, qu’il faut saluer, s'explique par plusieurs facteurs : 1) l’utilisation des moustiquaires imprégnées a augmenté dans la période (56% des enfants de moins de 5 ans dormaient sous moustiquaires au moment de l’enquête contre 6 % lors de la précédente) ; 2) la distribution généralisée de vitamine A, qui aide les enfants à lutter contre les maladies ; 3) l’amélioration des conditions de vie avec la stabilité sécuritaire accrue ; 4) la croissance économique ; 5) la meilleure instruction des jeunes mères ; 6) l’impact de la téléphonie mobile qui peut réduire le temps de prise en charge, surtout en milieu urbain. Il est probable que la même tendance se retrouve aussi en matière de mortalité maternelle. Le chiffre est de 549 décès de la mère pour 100.000 naissances vivantes. Les nouvelles données ne sont pas encore disponibles. Cette enquête montre la stabilité des autres indicateurs. En particulier, le nombre d’enfants par femmes reste de six. La transition démographique n’est pas encore en cours. Cela va placer la République démocratique du Congo dans une situation difficile dans les prochaines décennies, puisque le nombre d’enfants à soigner, à éduquer, puis à employer, va augmenter. La vaccination des enfants se développe nettement, mais les taux de couverture demeurent bas avec 45% des enfants complètement vaccinés (contre 42 % auparavant). 6% des enfants n’ont La santé, un autre défi à relever La RDC sur tous les fronts de la maladie De nombreux acteurs appuient le gouvernement de RDC qui connait ses premiers succès. La priorité est donnée à la lutte contre la mortalité infantile. L'immensité du pays nécéssite une réponse adaptée à la répartition géographique des centres de soins et à l'accès aux médicaments. La gouvernance, comme toujours, se révèle le meilleur remède. 46 / Impact n°6 / Septembre 2014 Photos : AFD-Patricia Willocq Une situation sanitaire fragile Du fait de sa taille, de sa position géographique et de son climat, la RDC fait face à de nombreux défis sanitaires. Toutes les maladies infectieuses tropicales y sont présentes. En premier lieu on citera le paludisme naturellement, mais aussi la tuberculose, la maladie du sommeil ou encore la lèpre. Toutes ces pathologies peuvent toucher des populations enclavées, comme cela a été le cas pour Ebola. À cela s’ajoute une transition épidémiologique avec des maladies non transmissibles comme le diabète, l'hypertension, l'obésité, les cancers, qui gagnent du terrain, en raison de l’urbanisation croissante et du changement de mode de vie. Comme les autres pays africains, la République démocratique du Congo a payé un lourd tribu à l’épidémie de Sida. Dans un pays où la pauvreté touche plus de 70% de la population, l’accès aux services de santé www.impact.cd La vaccination des enfants connait une embellie, mais les taux de couverture demeurent bas avec 45% des enfants complètement vaccinés (contre 42 % auparavant) et encore 6% des enfants qui n’ont reçu aucun vaccin (10% avant). www.impact.cd reçu aucun vaccin contre 10% auparavant. Cela s’explique par un fort taux de déperdition. Il est de 25% entre la première et la troisième dose de vaccin. Les mamans qui viennent pour la première fois ne sont pas motivées pour poursuivre le protocole jusqu'à son terme. La même enquête a confirmé que la prévalence du sida était de 1,2 %. Toutefois, avec un peu plus de 50.000 patients sous traitement antirétroviral, moins de 50 % des besoins sont couverts. Un système de santé encore trop faible Alors que le système de santé était relativement performant de 1980 à 1990, les années de guerre, puis l’absence d’investissements (moins de 5% du budget de l’Etat, majoritairement consacrés au paiement des salaires) ont fragilisé les centres de soins primaires comme les infrastructures hospitalières. Non seulement les effectifs sont trop faibles (109.000 agents dont 40% d'administratifs), mais la qualification du personnel reste encore insuffisante. Les ressources humaines se concentrent, de plus, essentiellement dans les zones urbaines. Les perspectives de formation Impact n°6 / Septembre 2014 / 47 DOSSIER sont faibles, 4.800 étudiants en médecine, alors que 10% des effectifs doivent bientôt partir en retraite. La modicité des salaires (50 USD de salaire mensuel plus 150 USD de prime) est un facteur de désaffection au profit du secteur privé, voire de la fuite vers l’étranger. Le secteur du médicament est aussi en difficulté, avec une production locale très inégale en qualité. Les importations de médicaments génériques sont freinées. La distribution par le réseau public est insuffisante. 48 / Impact n°6 / Septembre 2014 C onformément aux priorités identifiées par les deux pays et aux divers engagements français, notamment en faveur de la santé maternelle et infantile (G8 de Muskoka) la France soutient la République démocratique du Congo à travers : > Le projet AFD d’appui à la santé Mère-Enfant à Kinshasa, porté par le ministère de la Santé publique. Il vise à répondre au double défi de réduction de la mortalité maternelle et infantile et de couverture des dépenses de santé des ménages les plus pauvres. Il prévoit d’améliorer les capacités du ministère de la Santé pour encadrer le système hospitalier, d’accompagner le renforcement des compétences en gestion des hôpitaux, d’améliorer l’offre de soins de la Clinique Ngaliema et du Centre Hospitalier Monkolé, deux hôpitaux qui assurent une mission de service public et sont reconnus pour leur qualité aussi bien en tant que prestataires de soins spécialisés (malformations cardiaques, urologiques, maxillo-faciales) qu’en tant que lieux privilégiés de formation des étudiants en médecine et en soins paramédicaux. Enfin de faciliter l’accès aux soins des plus démunis. > Deux initiatives récentes du ministère des Affaires étrangères : l’une liée à l’Initiative Muskoka qui appuie le bureau de l’OMS en RDC pour la formation du personnel de la santé reproductive, pour la quantification des besoins liés à cette activité et pour la mobilisation communautaire (470.000 euros par an) ; l’autre est liée au Fonds mondial contre le Sida, la tuberculose et le paludisme où dans le cadre de l’Initiative 5%. Dans ce contexte, plusieurs projets devraient permettre de proposer au ministère de la Santé des stratégies d’amélioration de la prise en charge des trois maladies. > De grandes initiatives multilatérales qui concernent toute la RDC : Fonds mondial contre le Sida, la Tuberculose et le paludisme, UNITAID, GAVI. Considérant le prorata des contributions françaises, cela représente un appui financier, en moyenne annuelle, de près de 7 millions d’euros par an. ressources étant encore insuffisantes, la qualité et la rigueur de la gestion doivent tirer le meilleur profit des moyens déjà disponibles et ceci s’applique particulièrement au secteur hospitalier ; la répartition des ressources humaines doit être améliorée tout en répondant aux nombreux départs en retraite attendus. La qualité des nouveaux agents sanitaires sera déterminante, www.impact.cd Photos : AFD-Patricia Willocq Des perspectives optimistes d’évolution La santé demeure l’un des cinq chantiers prioritaires du gouvernement qui a finalisé en 2010 une stratégie de développement de ce secteur, laquelle figure d'ailleurs comme un indicateur dans le processus de remise de la dette. La stratégie nationale de santé pour 2011-2015 fixe trois axes : - le développement des zones de santé, accompagné du développement des ressources humaines, de l’appui au secteur du médicament, de la réforme du financement de la santé, de la construction ou de la réhabilitation des infrastructures sanitaires et de l’amélioration de l’information sanitaire ; - le renforcement du leadership et de la gouvernance du secteur ; - le renforcement de la collaboration intersectorielle. Le coût estimé de mise en œuvre de cette stratégie est de 9,75 milliards de dollars sur cinq ans. La mesure la plus emblématique est en cours de réalisation et concerne la fourniture d’équipements pour remettre à niveau deux cents hôpitaux généraux de référence et mille centres de santé dans les onze provinces du pays. Les principaux bailleurs interviennent dans le secteur de la santé : le système des Nations Unies et les grands fonds mondiaux (Fonds mondial contre le Sida , la Tuberculose et le paludisme, Alliance GAVI pour la vaccination, UNITAID), mais aussi la Banque mondiale, l’Union européenne, la Belgique, DFID (Grande-Bretagne), USAID, le Canada, l’A llemagne et le Japon développent des projets ambitieux, mais toutefois insuffisants, puisqu’il faudrait 14 USD par habitant et par an pour mettre en place un système de santé vraiment performant. En conclusion, le système de santé de RDC est en profonde mutation car ses moyens vont considérablement augmenter, mais il devra faire face à trois défis et non des moindres ; tout d’abord les L’appui de la France la prise en compte de leurs attentes financières doit être reconsiderée. Enfin, le secteur pharmaceutique, qui ne répond pas aux exigences de disponibilité et de qualité que les populations en attendent, doit être réorganisé. Ces problèmes ne sont sans doute pas les seuls, mais leur résolution rapide devrait faciliter l’obtention de nouvelles ressources qui contribueraient à une amélioration durable, et perceptible par tous, des conditions de santé des populations de RDC. > La présence d’autres partenaires français sur des thématiques spécifiques : spécialités pédiatriques (Hôpital Robert Debré), prise en charge des drépanocytaires (Fondation Pierre Fabre et IECD), soins de santé mentale aux femmes victimes de violences sexuelles dans l’Est de la RDC (CHU Toulouse et Médecins du Monde), hygiène hospitalière (IECD), réduction des risques VIH et enfants des rues à Kinshasa (Médecins du Monde), appui à la nutrition par la production locale de tablettes protéinées Nutriset (Comité français de l’Unicef), appui au réseau des formations sanitaires et à la prise en charge du VIH (Médecins du Monde, Croix Rouge française, Médecins d’Afrique). Dr. Jean-Pierre Lamarque www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 49 L L’Unicef s’engage pour réduire la mortalité des enfants et des mères en RDC a santé des enfants en RDC est particulièrement préoccupante car chaque année 465.000 enfants meurent avant leur cinquième anniversaire, trop souvent de causes facilement évitables telles que les diarrhées, les pneumonies et le paludisme. La malnutrition atteint encore des niveaux très élevés puisque six millions d'enfants de moins de deux ans souffrent de malnutrition chronique et près de 4 millions d’enfants âgés de 6 à 59 mois souffrent de malnutrition aiguë autant dans sa forme sévère que modérée. Ces enfants malnutris ont entre 4 et 9 fois plus de risques de mourir que des enfants correctement alimentés. Photo : Julien Harneis L'Unicef RDC, en partenariat avec de nombreux autres acteurs, promeut les droits et le bien-être de chaque enfant, en déployant des efforts particuliers pour les enfants les plus vulnérables et les plus marginalisés, et accompagne le gouvernement congolais dans l'accélération des progrès vers les Objectifs du Millénaire pour le Développement. 50 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd Initiative « Promesse renouvelée » sauver 430.000 vies d’enfants de 0 à 5 ans et 7.900 vies de mères d’ici fin 2015 Face à l’urgence de la situation, le gouvernement de RDC a pris en 2012 un engagement historique: accélérer les progrès vers les Objectifs du Millénaire, afin de sauver 430 000 vies d’enfants de 0 à 5 ans et 7 900 vies de mères d’ici fin 2015. Cet engagement consiste en des actions concertées qui visent à : - accroître la couverture et la qualité de la prise en charge des maladies tueuses d’enfants ; - développer les consultations prénatales afin de réduire le taux de faible poids de naissance et la prématurité et de prévenir le tétanos néo-natal et maternel ainsi que la transmission mère-enfant du sida ; - augmenter le nombre des accouchements assistés dans les structures sanitaires en vue de réduire la mortalité maternelle et néonatales ; - enfin encourager les vaccinations de routine tout en introduisant de nouveaux vaccins pour réduire la mortalité infanto-juvénile. Les illustrations de cette volonté politique nationale forte de donner un accès à des soins de qualité pour tous les enfants et leurs mamans, même ceux des zones les plus reculées du pays, sont multiples. Pour la première fois depuis de nombreuses années, le gouvernement a mobilisé un budget pour l’investissement en santé qu’il a confié à l’Unicef. Le Projet d’équipement des structures sanitaires (PESS) va couvrir les besoins en matériels médico-sanitaires de 200 hôpitaux généraux de référence et 1.000 centres de santé dans les 11 provinces du pays en trois phases d'ici à mi-2015. À ce stade, plus de 50% du projet est déjà réalisé grâce à la centrale d’achat de l’Unicef à Copenwww.impact.cd Photo : Unicef DOSSIER La mission du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) est d’aider les enfants à survivre et à s'épanouir, de la petite enfance à l'adolescence. Présent en RDC depuis 1963, l’Unicef dispose à l'heure actuelle de 14 bureaux dans les onze provinces du pays et travaille sur sept «thèmes prioritaires» pour faire respecter les droits de l’enfant: éducation, santé, nutrition, protection, eau et assainissement, urgences et participation. hague. L’adhésion en 2013 de la RDC au mouvement global Scaling Up Nutrition (SUN) offre également une formidable opportunité de faire reculer la malnutrition en facilitant la coordination des partenaires et en mobilisant des ressources pour des actions à grande échelle. Une politique nationale multisectorielle de lutte contre les diverses formes de malnutrition au sein des groupes vulnérables a été adoptée en septembre 2013. C’est un grand pas réalisé pour réduire l’incidence des diverses formes de malnutrition au cours des premiers 1.000 jours de la vie d’un enfant. Le gouvernement a aussi adopté deux stratégies importantes que l’Unicef soutient avec les autres partenaires : Des interventions de masse à haut impact avec effet immédiat sur la mortalité des femmes et des enfants Grâce à ces interventions aucun nouveau cas de poliomyélite n'a été enregistré depuis fin 2011. De plus, le nombre d'enfants insuffisamment ou non vaccinés est passé de 23% à 13%, le vaccin contre la pneumonie (PCV-13) est maintenant délivré dans tout le pays. 11,2 millions d’enfants âgés de 6 mois à 10 ans vaccinés contre la rougeole Ces enfants ont bénéficié de campagnes de vaccination contre la rougeole dans quatre provinces particulièrement affectées en 2013, contribuant à rompre le cycle des épidémies. Impact n°6 / Septembre 2014 / 51 Chaque année, 11 à 13 millions d'enfants de moins de cinq ans ont reçu des compléments en vitamine A et ont été déparasités systématiquement au Mebendazole à deux reprises. Depuis 2011, plus de 200.000 enfants de moins de cinq ans affectés par la malnutrition aigüe sévère bénéficient d'une prise en charge adéquate. Un Système National de Surveillance Nutritionnel et d'Alerte Précoce (SNSAP) pour détection précoce des crises nutritionnelles et réponse rapide est effectif et il a progressivement été étendu à six provinces (Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Bandundu, Province Orientale, Bas-Congo). En 2013, avec l'adhésion au mouvement global Scaling Up Nutrition (SUN), un processus est enclenché pour rompre le cercle vicieux de la malnutrition chronique en République démocratique du Congo : • Une politique nationale multisectorielle de nutrition a été validée en septembre 2013 par le gouvernement et tous les partenaires au développement. • L'Unicef a été désigné comme point focal pour la coordination des partenaires techniques du SUN (et la Banque mondiale pour la coordination des partenaires financiers). En 2014, l'élaboration d'un plan stratégique budgétisé pour la mise en œuvre de la stratégie nationale SUN a démarré et est en cours. 52 / Impact n°6 / Septembre 2014 Approches novatrices expérimentées avec succès en 2012 et 2013 pour renforcer durablement le système de santé Une stratégie de couverture universelle graduelle de prise en charge des maladies tueuses d'enfants a été conçue à travers la mise en place de kits familiaux et de soins communautaires. Elle a été testée dans la province du Bas-Congo en 2013. Les kits distribués sont composés de médicaments essentiels, de suppléments nutritionnels et d'autres commodités de base. L’approche inclut l’instauration d’un coupon de remboursement afin de réduire la barrière financière aux soins des ménages et d’assurer la motivation du personnel à la bonne performance. L’approche s’appuie sur les activités de consultations prénatales et de vaccination qui ont une couverture élevée pour faciliter un passage rapide d’échelle et une augmentation de la couverture des interventions. Les communautés locales sont habilitées et impliquées à chaque étape du processus. Durant la phase pilote en 2013, ce sont 93.000 personnes dont 3.800 femmes enceintes et 18.000 enfants de moins de cinq ans qui ont bénéficié de l'expérimentation de l'approche dans la zone de santé de Mbanza Ngungu. En plus, 17 millions d'enfants ont reçu au moins deux doses de vaccin oral contre la polio, contribuant à maintenir l'interruption de la circulation du virus en RDC depuis fin 2011. L’Unicef appuie également le gouvernement de RDC dans son plan de renforcement global de la vaccination de routine pour consolider ces acquis. 12 millions d’enfants de 6 à 59 mois ont reçu un supplément de vitamine A et bénéficié de déparasitage deux fois au cours de l'année 2013 Par ailleurs, la RDC a mis en place un programme de prise en charge de la malnutrition aigüe qui élargit sa couverture progressivement pour atteindre le maximum d’enfants possible. En 2013, le gouvernement, soutenu par l’Unicef, www.impact.cd Infos utiles Pour plus d’informations sur l’Unicef et son travail en RDC, consultez PonaBana et suivez l'organisation sur Twitter et Facebook. Cornelia Walther, Unicef Kinshasa Tél.: + 243 99 100 63 07 cwalther@unicef.org Monitorage Amélioré pour l'Action Depuis 2012, le gouvernement de RDC, appuyé par l'Unicef, a revitalisé une approche d'amélioration des capacités des acteurs du système de santé dans l’analyse situationnelle et la planification basée sur les évidences ('Monitorage Amélioré pour l'Action'). En 2014, au moins 55 zones de santé conduiront deux fois par an l'analyse des goulots d'étranglement qui entravent l'accès de la population aux soins de qualité, et mettront en œuvre des actions correctrices pour y remédier. En conclusion, «Ce n'est pas un rêve d'imaginer que dans ce pays, dans un avenir proche, la mortalité infanto-juvénile puisse être ramenée à des niveaux beaucoup plus bas. L'engagement mondial est renouvelé, les partenaires sont mobilisés. Avec de la créativité et surtout une volonté politique nationale forte, tous les enfants, même ceux des zones les plus reculées, peuvent avoir accès aux interventions permettant de vaincre les principales causes de mortalité» a déclaré Barbara Bentein, Représentante de l’Unicef en RDC. Propos recueillis par Dr. Jean-Pierre Lamarque Photo : British Embassy Kinshasa Lutte contre la malnutrition : L'Unicef, partenaire clé du gouvernement de RDC a pris en charge 254.009 enfants atteints de malnutrition aiguë sévère. Le financement obtenu n’a permis de toucher qu’un faible nombre d’enfants affectés, laissant la grande majorité sans accès au traitement. La malnutrition aiguë et sévère, reste l’urgence oubliée de la RDC. Pourtant, elle ne met pas seulement en danger la vie des enfants, elle a un impact sur la capacité des enfants à apprendre et donc sur leur potentiel, ainsi que sur les progrès économiques et sociaux des pays dans lesquels ils vivent. Photo : Unicef Photo : Julien Harneis «Promesse renouvelée» Une initiative internationale soutenue par l’Unicef, qui vise à fédérer les actions et mobiliser plus de ressources en faveur de la santé des femmes et des enfants. Elle a pour objectif, à l’horizon 2035, de réduire la mortalité infanto juvénile à moins de 20 décès pour mille naissances vivantes. Photo : Julien Harneis DOSSIER www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 53 Tout en un ! 627.000 décès recensés pour l’année 2012. Même si une baisse notable est enregistrée du fait de l’utilisation des moustiquaires imprégnées de longue durée, environ 90% de ces cas et décès surviennent en Afrique sub-saharienne, principalement chez les femmes enceintes et les jeunes enfants: le paludisme est responsable de pratiquement 30% des décès d'enfants de moins de cinq ans hospitalisés et jusqu’à 60% des consultations dans les centres de santé lui sont imputables. Par ailleurs, d’un point de vue économique, le paludisme épuise les ressources des pays et des ménages. Ainsi, les plus pauvres peuvent dépenser jusqu’à 34% de leurs revenus annuels pour la prévention ou l'achat de traitements antipaludiques, et à l’échelon national, le paludisme serait responsable d'un déficit de croissance économique annuel de 1,3%. Le projet CECFOR renforce la lutte contre le paludisme Grâce à un système ingénieux et miniaturisé, les laboratoires se rapprochent des patients qui sont ainsi pris en charge dans les meilleurs délais. Une technique qui peut sauver de nombreuses vies. 54 / Impact n°6 / Septembre 2014 (K-LMP, Société K-Plan) qui permet d’effectuer les examens au plus près des patients. Il résulte d’une collaboration entre l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) de Kinshasa, le CEFA/Centre hospitalier Monkole et l’UMRMD3, Université Aix-Marseille, en partenariat étroit avec le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP). Pourquoi travailler encore sur le paludisme en 2014 ? En dépit d'investissements sans précédent au cours de la décennie passée, le paludisme reste l'une des maladies parasitaires les plus répandues et les plus meurtrières au monde, avec, selon les dernières estimations de l'Organisation Mondiale de la Santé, 207 millions de cas cliniques et www.impact.cd Photos : CEFA Une approche novatrice dans la surveillance du paludisme en RDC Un projet original a débuté en République démocratique du Congo depuis novembre 2013. Il vise à suivre l’évolution de l'endémie palustre et à évaluer l'efficacité des médicaments utilisés par les populations, afin de donner des éléments au programme national de lutte contre le paludisme pour mettre à jour ses stratégies. Il bénéficie d’un financement du ministère des Affaires étrangères français, dans le cadre de « L'Initiative 5% sida, Tuberculose, Paludisme » qui vient en complément de la contribution française au Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. C’est une approche nouvelle basée sur l'utilisation d'un laboratoire de microbiologie mobile La situation en RDC La RDC et le Nigéria sont les deux pays les plus frappés par cette infection et bien que la RDC se soit dotée dès la décennie 1970 d’une politique nationale de lutte contre le paludisme, les efforts déployés se sont heurtés à l'extension progressive de la résistance du parasite le plus fréquent et le plus dangereux, le plasmodium falciparum, aux médicaments antipaludiques courants. Pour faire face à cette situation, de nouvelles pratiques en matière de traitement ont été instaurées en 2005. Les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine, sont aujourd’hui proposées comme traitement de première ligne pour la prise en charge des accès simples. Cependant, www.impact.cd ces dernières années, une résistance à l’artémisinine a été signalée dans différentes régions de l'Asie du Sud-Est. Si cette résistance progresse et gagne d’autres régions géographiques, les conséquences pour la santé publique pourraient être très graves, car aucun autre médicament antipaludique de remplacement ne sera disponible avant au moins cinq ans. Ainsi, plus que jamais, il est nécessaire de suivre l’évolution des résistances afin d’adapter au mieux les protocoles thérapeutiques aux situations particulières rencontrées sur le terrain. Le projet de recherche Comme la RDC est un pays important pour la lutte contre le paludisme, l’Initiative 5% de la France a financé cette proposition de recherche opérationnelle émanant du CECFOR. Sous l'égide du Programme national de lutte contre le paludisme, le projet associe des tests in vivo, réalisés par l'Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) , pour connaitre les parasites impliqués dans les épisodes palustres et aussi pour évaluer par des tests in vitro la sensibilité de ces parasites aux antipaludiques présents sur le marché en RDC. L’originalité du projet Pour réaliser ces deux tests sur les mêmes parasites, le délai d’exécution doit être le plus rapide possible car au-delà de quelques heures il est impossible d’en tirer des résultats ; aussi a-t-il été décidé de faire les examens sur les lieux même des prélèvements. Le paludisme épuise les ressources des pays et des ménages. Ainsi, les plus pauvres peuvent dépenser jusqu’à 34% de leurs revenus annuels pour la prévention ou l'achat de traitements antipaludiques... Impact n°6 / Septembre 2014 / 55 DOSSIER être déployé par deux personnes, sans outils, en 30 minutes. Les éléments de ce laboratoire sont compatibles au transport par voie aérienne en respectant les normes IATA. Déjà opérationnel Ce projet est développé au niveau de quatre sites répartis entre les provinces de Kinshasa et du Bas-Congo. Il doit durer 24 mois et il permettra de réaliser la cartographie de la résistance du plasmodium falciparum aux antipaludiques des sites choisis. La réalisation des études du niveau de sensibilité des parasites aux antipaludiques sera associée à une évaluation de la circulation des médicaments antipaludiques au niveau des différents points de vente, les habitudes de consommation des ménages afin d'évaluer la pression de sélection qui s'exerce sur les parasites, cause principale d'apparition et de développement de la résistance. Par ailleurs, du fait de sa conception de proximité, ce projet bénéficiera aux personnels des centres de santé impliqués dans l'étude. Ils verront leurs performances en diagnostic et quant à la prise en charge du paludisme accrues. Les malades, pour leur part, seront traités mieux et plus rapidement. Débuts encourageants et de belles perspectives Les premiers résultats, encore provisoires, ont montré la faisabilité de l’approche, mais aussi la réalité d’une grande circulation de médicaments antipaludiques très divers. Ceci ne correspond pas aux stratégies nationales de privilégier un nombre limité de molécules pour prévenir l’apparition des résistances. Les résultats plus précis sont attendus début 2015 mais ces premières indications sont assez probantes pour envisager une extension de cette surveillance à tout le territoire national et si possible aux autres pays de la sous-région où la malaria est endémique. Pr. Daniel Parzy, Pr. Léon Tshilolo Dr. Jean-Pierre Lamarque 56 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd Photos : CEFA L’originalité du projet est donc d’utiliser pour la première fois en Afrique, un laboratoire transportable qui a déjà fait ses preuves en Asie, et qui garantit des critères de qualité identiques à ceux des centres de référence ; donc ses résultats sont scientifiquement valides et exploitables. Amener le laboratoire sur le terrain permettra le traitement de prélèvements de plusieurs centaines de patients, prélèvements qui seront testés sur 6 à 8 molécules simultanément. Les spécialistes de l'UMR-MD3 d'A ix-Marseille formeront les médecins et techniciens dédiés au K-LMP à cette nouvelle approche et apporteront leur expertise pour la qualification des résultats. Le laboratoire transportable (K-LMP) a été développé en France par la société K-PLAN et il permet d'amener auprès des populations, quelle que soit leur localisation, les moyens nécessaires au recueil et au traitement des échantillons. En effet, dans sa version complète (kit laboratoire de base et kit hématologie-biochimie) il se compose de six caisses en fibre de carbone qui contiennent la totalité des éléments d’un laboratoire : incubateur en atmosphère contrôlée, microscope, hotte, centrifugeuse, appareil pour charge virale en temps réel, automate d'hématologie tropicalisé et analyseur de chimie sèche mais aussi groupe électrogène et réfrigérateur, pour garantir l’autonomie énergétique et de chaîne du froid. Cette autonomie est aussi pratique. Les malles elles-mêmes vont servir de module de rangement et de coque protectrice aux appareils, et elles contiennent des tables et des tabourets. Le tout est transportable dans un mini bus et peut www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 57 DOSSIER Vous souhaitez en savoir plus sur les modalités d’intervention de l’Initiative 5 % ? Consultez notre site internet : http://www.initiative5pour100.fr Ou contactez Dehbia Krouk, chargée de projets Initiative 5% pour la RDC dehbia.krouk@diplomatie.gouv.fr Pour contacter votre conseiller régional de coopération en santé : http://www.initiative5pour100.fr/lengagement-dela-france/le-ministere-des-affaires-etrangeres/ Le Canal 2 : financer des projets complémentaires des subventions du Fonds mondial : Deux appels à projets sur des thématiques spécifiques sont lancés chaque année, pour financer des projets de deux à trois ans. La RDC bénéficie à ce jour de sept projets Canal 2 de l’Initiative 5% : Quatre projets uniquement mis en œuvre en République démocratique du Congo : > Un projet de la Croix-Rouge française : «Appui à la formation continue VIH-sida du personnel soignant par le tutorat clinique» depuis le 14 janvier 2013. > Un projet de Médecins du Monde-France : «Renforcement et promotion du rôle de la société civile dans la coordination des programmes de lutte contre le VIH financés par le Fonds mondial dans le Nord-Kivu», depuis le 1er novembre 2013. > Un projet pilote du FDSS (Fonds de Développement des Services de Santé) : «Mise en place d’un système fonctionnel de gestion de l’information médicamenteuse et logistique», depuis le 3 février 2014. > Un projet du CECFOR (Centre Congolais de Culture, de Formation et de Développement) : «Amélioration du suivi et de l’évaluation du programme de lutte contre le paludisme» depuis le 11 novembre 2013. L’Initiative 5% en RDC Depuis fin 2011, l’Initiative 5%, deuxième modalité de la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, appuie les pays, notamment francophones, dans la conception, la mise en œuvre et le suiviévaluation des subventions allouées par le Fonds mondial. Le Canal 1 : mobiliser une expertise de court terme pour répondre à des besoins ponctuels des pays : Il s’agit ici de mobiliser des experts à la demande 58 / Impact n°6 / Septembre 2014 des gouvernements. La mission des experts ne peut pas durer plus de douze mois et doit nécessairement avoir un lien avec le Fonds mondial. En 2014, trois missions Canal 1 ont été approuvées en comité de pilotage dans le cadre du nouveau modèle de financement du Fonds mondial: une mission de renforcement des capacités des membres du CCM (instance de coordination nationale), une mission d’appui à la mise en œuvre du Dialogue National auprès du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) ainsi qu’une une mission d’appui à l’élaboration de la note conceptuelle VIH-TB auprès du CCM. www.impact.cd Photos : Croix-Rouge française D otée d’une enveloppe annuelle de 18 millions d’euros (soit 5% de la contribution de la France au Fonds mondial, qui est de 360 millions d’euros par an), l’Initiative 5%, mise en œuvre par France Expertise Internationale (FEI) sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI), apporte un appui technique en RDC selon deux modalités complémentaires : Trois projets régionaux auxquels la République démocratique du Congo participe : > Un projet régional de l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires : «Un nouveau protocole dans le traitement de la tuberculose multi-résistante», depuis le 6 mars 2013. > Un projet régional de l’ACAME (Association des Centrales d'Achats Africaines des Médicawww.impact.cd ments Essentiels) visant le renforcement des systèmes d’assurance qualité de onze centrales d’achats membres de l’association, en vue d’une mise en conformité avec la politique d’assurance qualité du Fonds mondial, depuis le 15 mars 2014. > Un projet régional de Positive-Generation : «Gouvernance sanitaire par la mise en place d’un dispositif communautaire indépendant du suivi de l’accès aux soins/Treatment Access Watch (TAW)», en cours de négociation. FINANCEMENT D’ÉTUDES ÉPIDEMIOLOGIQUES (CANAL 1 DE L’INITIATIVE 5%) Avec la mise en place du nouveau modèle de financement du Fonds mondial, les pays souhaitant obtenir des financements ont une obligation accrue d’étayer la présentation de la situation épidémiologique du VIH, de la tuberculose et du paludisme, afin de mieux cibler leurs interventions et d’augmenter l’impact de chaque investissement. En 2014 et dans le but de faciliter l’élaboration de notes conceptuelles, le comté de pilotage de l’Initiative 5% a décidé d’ouvrir le Canal 1 au financement d’études épidemiologiques. Éligibilité de la demande La demande doit être faite par l’organisation qui bénéficiera des résultats de l’étude (par exemple, le programme national). L’institut de recherche doit déjà être identifié et l’étude doit être de courte durée uniquement (inférieure à 12 mois). Type de dépenses éligibles : mobilisation d’expertise, les petits matériels, des réactifs et coûts liés à la réalisation des enquêtes sur le terrain. Exemple d’étude financée par l’Initiative 5% au Laos depuis juin 2014 : Financement d’une étude permettant d’obtenir des données sur l’épidémie de paludisme dans le sud du pays. Impact n°6 / Septembre 2014 / 59 SOCIÉTÉ Journal un paludisme vers 9h du matin s’était retrouvé en salle d’opération à 16h pour effectuer une césarienne dans le souci d'un sauvetage materno fœtal. d'un médecin de campagne ^ Une salle d’opération sans équipement dans hôpital en milieu rural Photos : Croix-Rouge française Le médecin congolais en milieu rural travaille dans des conditions telles que d’aucuns le qualifieraient de héros ; il est seul face à ses décisions dans des situations parfois très difficiles. De la durée des prestations Le médecin en milieu rural n’a pas d'horaire. Il sait quand il arrive à l’hôpital mais il ignore l'heure à laquelle il rentrera chez lui. Dans certaines circonstances, il peut passer deux à trois jours à l’hôpital sans retourner à son domicile alors que ce dernier se trouve parfois à 100 mètres de distance... Certains médecins sont privés de leurs congés pour la simple raison qu’ils ne peuvent pas abandonner les patients qu’ils considèrent généralement comme « leur raison d’être ». Plus émouvant encore : on a pu constater qu’un médecin gardé en observation par ses infirmiers dans une chambre de l’hôpital pour De la prestation des services Le champ d’intervention du médecin en milieu rural est quasi-illimité. Il doit prendre en charge toutes les pathologies, de quelque domaine qu'elles relèvent (médecine interne, pédiatrie, gynéco obstétrique, chirurgie,...). Généralement les patients arrivent tard à l’hôpital et souvent quand ils ne peuvent plus rien tenter à domicile. Ils n’attendent du médecin qu’une réponse : «oui, je vais faire quelque chose et ça va aller mieux après». Outre ces activités curatives qui lui prennent beaucoup de temps et exigent de lui un effort physique et intellectuel particulier, le médecin s’occupe aussi des activités préventives dont la vaccination, la distribution des préservatifs pour la lutte contre le VIH-sida, la distribution des moustiquaires ou les activités de planification familiale organisées au niveau de son hôpital ou dans la zone de santé. En plus de ces multiples tâches médicales, il répond aussi aux exigences administratives pour assurer la gestion des ressources humaines, matérielles et financières à sa disposition ; ce qui suppose un apprentissage au quotidien et une discipline dans l’organisation du temps de travail. Des conditions de travail Bien souvent, les équipemnts de laboratoire ne permettent que de simples tests de routine pour certaines maladies correspondant à l’épidémiologie de la région (tests de malaria, dépistage de la tuberculose, VIH sida, trypanosomiase, recherche des parasites dans les selles ou bilan pour la sécurité transfusionnelle..). La biochimie est souvent absente et là où elle existe, se pose souvent le problème de recyclage des réactifs. Quant à l’imagerie médicale, soit elle n’existe pas, soit elle existe mais ne sert pas du tout en raison des difficultés d’ordre technique (pas d’électricité) ou d’ordre financier (le patient n’est pas à mesure de supporter le coût). Le manque ou l’insuffisance des matériels et équipements de travail constituent donc un obstacle majeur pour la pratique médicale en milieu rural ; cette situation est dangereuse car souvent source de conflits entre le médecin et l’équipe gestionnaire. Imaginez par exemple le manque d’une pince pour gérer une hémorragie lors d’une césarienne, d’un ballon pour réanimer un patient en détresse respiratoire, d’une sonde pour soulager un malade atteint de rétention urinaire... Le gouvernement, à travers son programme de renforcement du système de santé, et les partenaires du secteur font un effort considérable pour résoudre le problème dans plusieurs structures de soins en milieu rural mais il faut reconnaître que c’est un travail titanesque qui Du nombre de médecins Selon l'endroit, le médecin peut se retrouver soit seul, soit dans une équipe médicale très restreinte composée exclusivement de généralistes. Il devra résoudre tous les problèmes posés par les patients sans possibilité de constituer un «staff» pour discuter des cas. Les interventions de spécialistes sont inenvisageables. Le seul recours possible, dans certains cas, est l’assistance de collaborateurs infirmiers expérimentés. 60 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 61 SOCIÉTÉ CULTURE prendra du temps vu l’immensité des besoins. Bio-Express Amélioration des conditions de travail Le gouvernement de RDC, à travers son programme de renforcement du système de santé, et les partenaires du secteur font un effort considérable pour résoudre le problème dans plusieurs structures de soins en milieu rural mais il faut reconnaître que c’est un travail titanesque qui prendra du temps vu l’immensité des besoins. Photo : Croix-Rouge française De la vie sociale du médecin Quelles que soient ses conditions, le médecin garde toujours la dignité d’un universitaire, d’un personnage sociable et respecté. Son nom, sa famille et sa résidence sont connus de toute la communauté. Il est souvent très écouté par cette dernière à laquelle il offre aussi d’autres services non médicaux (par exemple, son téléviseur fonctionnant avec une antenne satellite est souvent mis à disposition du public pour les informations, le football ou les grands événements; il peut faciliter le déplacement de certaines personnes de la communauté ou il peut offrir un repas convenable dans un cadre généralement agréable). Il bénéficie toujours d'une invitation pour les manifestations socioculturelles et participe à diverses activités communautaires extra médicales (président d’associations de jeunes ou d’équipes de football). Son épouse occupe aussi une place non négligeable dans l’organisation des regroupements des femmes de la commu- Photo : Dr. Dangote De la rémunération du médecin Comme son homologue en milieu urbain, le médecin rural bénéficie d’une prime de risque et dans certains cas d’un salaire payé par le gouvernement. Par contre, les indemnités locales sont minimes du fait des faibles recettes réalisées par la structure (la malaria, la tuberculose et le VIH-sida étant prises en charge gratuitement). Pour les structures gérées par les institutions religieuses ou appuyées par les partenaires du gouvernement, une prime peut être allouée au médecin suivant les clauses du contrat de collaboration ou de travail. Le Dr. Charles Ngandote Akikwa est marié et père d'un enfant. Il est né à Popokabaka dans la province du Bandundu. Il effectue ses études de médecine à l'Université de Kinshasa et obtient un diplôme universitaire sur le VIH à l'université Denis Diderot (Paris VII). Il travaille comme médecin traitant puis comme médecin chef de zone à l'hôpital général de Kenge. Il devient ensuite, médecin superviseur technique puis coordinateur des programmes de santé à la Croix-Rouge française en RDC. nauté. Paradoxalement, il peut être victime d’un traitement xénophobe, du tribalisme de la part de la communauté sous l'impulsion de certains leaders locaux, soit par simple jalousie, soit pour des raisons encore plus inavouables. Ainsi, certains confrères en quête de postes peuvent-ils manipuler une frange des habitants pour exiger le départ avec ou sans violence de celui qui a exposé plus d’une fois sa vie pour leur santé. C’est souvent cette dernière circonstance qui crée chez le médecin rural un sentiment d’injustice parce que parfois le départ se fait dans des conditions indignes. Dr Charles Ngandote Ancien médecin traitant et médecin chef de zone de santé de Kenge, province du Bandundu, coordinateur des programmes santé à la Croix-Rouge française en RDC 62 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd SEP Congo organise la prise en charge médicale de ses travailleurs, de leurs familles et de plus de 9000 ayant droits, à travers 3 centres de santé et 5 dispensaires. Chaque employé, quel que soit son lieu d’activité dans le pays, dispose d’une ou plusieurs conventions médicales locales pour sa prise en charge et celle de ses ayants droits. Les salariés de SEP Congo sont suivis par un dossier médical personnalisé, ont l’obligation de passer au moins un contrôle médical par an et bénéficient des traitements et médicaments fournis par les pharmacies de SEP Congo. Les centres médicaux SEP Congo administrent tous les actes de médecine générale comme la consultation, la vaccination, le suivi des agents à risque – notamment en matière de diabète, d’hypertension artérielle, de VIH – et effectuent les interventions de petite chirurgie. Dans les autres spécialités, les médecins SEP Congo sont appuyés par des médecins vacataires. www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 63 SOCIÉTÉ A vec l’appui de l’«International Institute for Applied Systems Analysis» - IISA, de l’«University College London»- UCL, de l’Observatoire Satellital des Forêts d’A frique Centrale – OSFAC et de l’Observatoire de la Gouvernance Les peuples autochtones pygmées de RDC sont confrontés à de nombreux défis afin de conserver leur culture, particulièrement liée à la nature. Certaines nouvelles technologies peuvent les aider à mieux conserver les ressources naturelles et à récupérer leur savoir traditionnel. 64 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd Photos : Leo Bottrill, Gill Conquest Les nouvelles technologies peuvent-elles valoriser les peuples autochtones ? www.impact.cd Forestière –OGF, la Ligue Nationale des Associations Autochtones Pygmées du Congo-Linapyco a débuté un cycle de formation à l’usage de nouveaux outils technologiques. Ceci s’inscrit dans le cadre du projet « Moabi » qui vise à fournir des informations sur la déforestation et la conservation des forêts, en impliquant certaines communautés locales en RDC. Il s’agit d’un exemple novateur de partenariat entre une organisation sociale, une ONG locale, un institut technique régional, une université étrangère et un institut académique international. Chaque entité assume un rôle bien défini et grâce aux nouvelles technologies, la communication entre ces entités est considérablement facilitée. Les experts, les techniciens et les habitants des forêts mettent leurs connaissances en commun dans ce partenariat où se retrouvent le savoir scientifique et le savoir traditionnel. Le programme de recherche participative de l’UCL, dénommée «Extrem Citizen Science», vise la participation de communautés dans la recherche scientifique grâce à l’utilisation de Smart Phones et d'applications géographiques «Apps». Les nouveaux outils employés dans le cadre de ce projet novateur sont simples à utiliser et peuvent permettre aux communautés autochtones, quel que soit leur niveau de formation, d’identifier les problèmes liés à la dégradation de la nature, d’analyser les systèmes productifs (agricultuImpact n°6 / Septembre 2014 / 65 Photo : MVDB SOCIÉTÉ La haute voix des pygmées Pionnier des mouvements autochtones en Afrique centrale, Kapupu Diwa Mutimanwa est aujourd’hui devenu porte-parole de ces peuples au niveau des instances internationales. Portrait d’un pygmée aux antipodes des stéréotypes. P re, chasse, cueillette et pêche) et de récolter des données géographiques sur le terrain afin de les intégrer dans un système d’information géographique-SIG. Par la suite, elles pourront disposer de cartes afin de les aider à élaborer des plans d’aménagement forestier, des projets productifs et de développement et, le cas échéant, à régler des conflits locaux. Lors d’un atelier de familiarisation aux outils, organisé dans les locaux du jardin botanique de Kisantu (province du BasCongo), une équipe particulièrement diversifiée dans sa composition (techniciens d’IISA, d’OS- as vraiment petit, toujours tiré à quatre épingles, on le surnomme « le Français ». Et pourtant, il est né d’une famille pygmée originaire de la forêt d’Itombwe, au SudKivu. «Mon père travaillait à la Cour royale Bantou. En tant que dépositaire des droits sur la terre, on nous avait imposé d’aller chercher le bois ou d’effectuer d’autres tâches subalternes…Et lors de l’intronisation d’un nouveau souverain, nous devions accepter que l’un des nôtres soit sacrifié pour assoir son pouvoir», explique Kapupu, aujourd’hui coordonnateur du REPALEAC, Réseau des peuples autochtones d'Afrique centrale. «Je ne pouvais accepter cette condition dégradante. La remise en question de ces pratiques m’a valu bien des menaces d’assassinat», souligne t-il. « Et je conteste aussi les études des anthropologues qui nous enferment dans une mystification qui les arrange bien. Je mesure 1,70m et non 1,40m ! » FAC, d’OGF, d’UCL et des membres autochtones de la Linapyco) s’est rendue dans le territoire d’Ingende dans la province de l’Equateur. Elle a testé ces outils en impliquant les communautés sur place dans le développement et l’adaptation de l’application géographique à leurs besoins spécifiques. Les informations ainsi que les données géographiques collectées seront traitées par OSFAC et OGF puis intégrées dans le projet Moabi. Cependant, le but ultime étant la conservation de la nature et le développement durable des communautés autochtones qui y vivent, tous ces efforts de cartographie des problèmes doivent être suivis d’actions concrètes pour y remédier. C’est pourquoi la Linapyco recherche des partenaires engagés pour poursuivre ce travail sur le terrain par la mise en œuvre de projets de développement et de conservation de la biodiversité. À partir de l’âge de six ans, il a été scolarisé au prix de nombreux sacrifices. Malgré la cruauté des autres envers lui pour ses origines, il a successivement étudié aux universités de Bukavu et de Genève, en Suisse, pour devenir licencié en sciences commerciales et financières et expert en développement. « Je suis le premier universitaire pygmée du monde ! » déclare Kapupu avec malice et une certaine fierté. . Du Kivu à New York En 1991, il crée une association appelée le PIDP, Programme d’intégration et de développement du peuple pygmée au Kivu. Elle réalise un travail de pionnier en identifiant les pygmées dans la province. « Personne ne savait où ni combien ils étaient. Le PIDP fut la première structure des peuples autochtones en RDC. J’ai emmené pour la première fois, en 1994, des autochtones dans la ville de Bukavu » déclarait Kapupu à un média de la place. En 2000, pendant la guerre civile qui a entraîné une grande dispersion des pygmées, il crée la LINAPYCO, la Ligue nationale des associations autochtones pygmées du Congo, réunissant une trentaine d’associations. Son siège est installé à Kinshasa pour y exercer un plaidoyer envers les autorités. En 2003, naît l’idée du REPALEAC, créé officiellement en 2006, avec l’aide de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). « Au niveau sous-régional, les peuples autochtones n’avaient pas de correspondant. C’est pourquoi, le réseau REPALEAC était une nécessité. L’un de nos objectifs principaux est l’accès et le partage des bénéfices issus de la forêt » précise Kapupu. Daniel Riveros Photos : Leo Bottrill, Gill Conquest « Les autochtones commencent maintenant à comprendre les enjeux du combat. De plus en plus de gens trouvent qu’il est temps de se réveiller et de s’organiser à tous les niveaux » affirme le leader qui s’exprimait récemment en leur nom à la tribune des Nation Unies, à New York. Parmi ses enfants, Kapupu a une fille qui vient de terminer sa licence en droit avec distinction et se montre fort intéressée par le combat des peuples autochtones, ce qui ravit son père, évidemment. Tandis qu’un de ses fils a décroché une licence d’environnementaliste. Et Kapupu de conclure : « Etudier est essentiel pour notre futur. Nous devons former nos jeunes qui seront capables de prendre la relève... » 66 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd Martin van der Belen « Au niveau sous-régional, les peuples autochtones n’avaient pas de correspondant. C’est pourquoi, le réseau REPALEAC était une nécessité. L’un de nos objectifs principaux est l’accès et le partage des bénéfices issus de la forêt » www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 67 SOCIÉTÉ Lors des ateliers, nous avons donc plaidé pour une réforme de la justice (notamment pour permettre un accès égalitaire à ce service public) et pour l’amélioration des conditions de travail des acteurs judiciaires en République Démocratique du Congo. En outre, nous pensons qu’il est nécessaire de mieux coordonner les actions des organisations nationales et internationales de la société civile, d’opérer un meilleur transfert des compétences entre elles et d’adapter les réparations aux besoins des victimes par des programmes tenant compte du contexte local. Toutes les nations représentées ont signé la déclaration d’action de ce sommet. Nous tenons néanmoins à rester vigilants sur la mise en œuvre des grandes recommandations formulées : • Amélioration des législations ; • Meilleurs soutien et protection aux victimes ; • Réforme du secteur de sécurité ; • Promotion de l’égalité des sexes. La réussite de cette conférence ne sera effective que si elle se traduit par des réalisations concrètes et une amélioration de la situation sur le terrain. Pour cela, nous espérons que la voix des victimes et des organisations « locales » qui travaillent dans des contextes difficiles et parfois dangereux sera enfin entendue et surtout prise en considération. Dans ce sens, le suivi régulier Sommet international sur les violences sexuelles de Londres du 10 au 13 juin 2014 E Les membres de la Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral (SOFEPADI), ONG soutenue depuis plusieurs années par la coopération française, ont participé au Sommet mondial de Londres pour sensibiliser l’opinion publique internationale à la nécessité de mettre fin aux violences sexuelles. Par cette tribune, Julienne Lusenge, militante depuis 2002 de la lutte contre les violences sexuelles, nous livre ses impressions sur cet événement qu’elle espère fondateur. n premier lieu, nous tenons à remercier le gouvernement britannique et notamment William Hague, ancien ministre des Affaires étrangères, pour ce sommet qui a permis de réunir 117 gouvernements, plus de 2.000 participants et quelques personnalités médiatiques comme l’actrice américaine Angelina Jolie. Il était pour nous important d’être accompagnés de plusieurs victimes de violences sexuelles et de militants de terrain afin de donner une résonance internationale à leurs témoignages et partager les défis que nous rencontrons quotidiennement. Nous 68 / Impact n°6 / Septembre 2014 demeurons persuadés qu’on ne peut combattre les violences sexuelles sans une justice nationale et internationale. En effet, le rétablissement de la dignité des victimes passera par la fin de l’impunité, la mobilisation des acteurs publics comme de la société civile pour traquer et punir les auteurs de violences sexuelles. Le rétablissement de la dignité des victimes passera par la fin de l’impunité, la mobilisation des acteurs publics comme de la société civile pour traquer et punir les auteurs des violences sexuelles. www.impact.cd Photos : Stop Rape in Conflict, avec l'aimable autorisation du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth Tribune de Julienne Lusenge de l’application des préconisations issues de ce sommet avec l’ambassade britannique en RDC est un signal encourageant pour donner enfin de la consistance aux discours politiques. Julienne Lusenge Présidente du CA de Sofepadi et Directrice de FFC www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 69 Photos : Olivier SOCIÉTÉ Deux lauréats pour le prix des droits de l’Homme de l’ambassade de France À Pour contacter ces deux lauréats : sofepadi@ gmail.com l’occasion de la célébration de la fête nationale française du 14 juillet, Luc Hallade a décerné le prix des droits de l’Homme de l’ambassade à Angélus Kasereka Kavutirwaki pour sa lutte contre les détentions arbitraires à Beni dans le Nord-Kivu. L’ambassadeur a également remis un prix spécial à Noëlla Aliswa pour son engagement auprès des femmes victimes de violences, au sein de la Sofepadi, à Bunia dans la Province Orientale. Méconnu du grand public, l’engagement de ces deux défenseurs a cependant permis de sauver la vie de centaines de personnes. Leur mobilisation pour l’accès au droit, la lutte contre la détention arbitraire et la lutte contre les violences faites aux femmes, rejoignent les priorités défendues par la France dans le cadre de son élection au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, en novembre 2013. Dans son allocution, l’ambassadeur de France a rendu hommage à l’engagement humble de ces 70 / Impact n°6 / Septembre 2014 deux acteurs de terrain, mais «impulsant des changements collectifs, profonds et durables», qui correspondent à une «défense des droits de l’Homme fondée sur des solutions congolaises, novatrices et originales». Angélus Kasereka Kavutirwaki, surnommé «Droits de l’Homme» par la population de Béni et pour qui «c'est la loi qui les condamne, non les activistes et encore moins les victimes», lutte, depuis plus de dix ans, contre les détentions arbitraires. Facteur de paix et de cohésion sociale, il milite pour le renforcement des autorités judiciaires locales, la destruction de l’ancienne prison de Béni et la création d’un nouvel établissement pénitentiaire. Noëlla Aliswa, institutrice de formation, est active au sein de l’ONG locale Sofepadi depuis près de quinze ans, à Bunia. Elle contribue à briser l’image de la femme congolaise, éternelle victime, pour en faire une femme forte, non soumise et actrice du développement. Grâce à ce prix, Angélus et Noëlla bénéficieront d’une bourse de stage en France. Matthieu Vuillermet www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 71 Photo : Freddie Eale/Primature SOCIÉTÉ Lancement officiel de l’ENA RDC La nouvelle élite de la fonction publique au service de l’intérêt général L ’inauguration de l’ENA RDC a eu lieu le samedi 28 juin 2014, sous le haut patronage du Premier Ministre, M. Matata Ponyo Mapon, qui a accueilli lui-même la première promotion de 60 fonctionnaires-stagiaires : la promotion Lumumba. En effet, ces jeunes futurs administrateurs civils sont les acteurs-clés du programme d’action 72 / Impact n°6 / Septembre 2014 du gouvernement. Ils devront relever le défi de la mise en œuvre de la politique de développement des capacités et du rajeunissement de la fonction publique congolaise et de la politique de décentralisation. Cette inauguration permet de mettre en lumière ce qui constitue déjà un indéniable succès. Succès qui est avant tout celui du ministre de la Fonction publique, Jean-Claude Kibala, qui a voulu faire de l’ENA le moteur de la réforme de l'administration congolaise. Un succès dont a été témoin son homologue française, la ministre de la fonction publique et de la www.impact.cd ^ Mission accomplie pour les deux ministres, l'ambassadeur de France en RDC et le conseiller de coopération. ^ Photos : MVDB Depuis plus d’une décennie, la RDC s’est engagée dans une série de réformes en vue de moderniser la structure de son économie, dynamiser sa croissance, renforcer l’autorité de l’Etat et améliorer les conditions de vie de sa population. La réforme de l’administration publique a été jugée prioritaire dans le cadre du programme d’action du gouvernement. L’un de ses axes porte sur la relance de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Décentralisation. À cette occasion, Marylise Lebranchu a rappelé l’esprit et l’objectif de la création de l’ENA française en 1945 : un outil majeur de la reconstruction de la France après les déchirures de la seconde guerre mondiale. La ministre a également évoqué l’engagement de la France pour la réforme de l’administration congolaise, matérialisé par la signature d’une convention de coopération entre les deux ministères français et congolais. Bien entendu, cette réussite collective est également celle de l’équipe dirigeante de l’ENA RDC, qui a travaillé sans relâche à l’organisation du premier concours national de cette école. Cette sélection, marquée par la rigueur et la transparence, a conduit au recrutement de 60 fonctionnaires-stagiaires, parmi 1.473 candidats. Qui sont ces premiers énarques congolais ? À coup sûr une élite, mais une élite façonnée par le mérite et la compétence et non pas par le «passedroit» : la promotion Lumumba reflète la diversité culturelle et territoriale de la RDC (plus de 80% de provinciaux) et est issue, pour 1/3, d’un milieu modeste ou de la classe moyenne (43% de parents fonctionnaires, 16% d'enseignants et 16% de familles modestes). Les énarques prônent l’éthique, la discipline et le patriotisme et s’engagent dans la fonction publique pour servir l’intérêt général. Tous les moyens sont mis à leur disposition pour accomplir leur mission : un bâtiment entièrement rénové avec des salles de cours équipées d’écrans numériques ; une médiathèque et une bibliothèque modernes, alimentées par l'ambassade de France, sur les mêmes références que sa «sœur» française. Douze mois de formation, dont cinq mois de stage effectués aussi bien dans l’administration congolaise qu’étrangère, seront articulés autour de trois apprentissages-clés que sont le management, la politique publique dans les territoires et la maîtrise des grands enjeux Une école de pointe Les officiels visitent la salle multimédia... www.impact.cd contemporains. Ecole professionnelle et ouverte sur le monde, ses enseignements seront pratiques et dispensés par un groupe d’intervenants congolais et étrangers. Le succès du lancement officiel de l’ENA RDC est également celui de la coopération franco-congolaise. Dès le départ, le gouvernement de M. Matata Ponyo Mapon a marqué sa confiance dans cette coopération qui a su, pour sa part, mobiliser une expertise de haut niveau, notamment au sein de l’ENA France, dont le rôle a été décisif pour créer une «école d’application», à la fois pratique et ancrée dans les réalités congolaises et dotée des meilleurs standards internationaux. Matthieu Vuillermet Impact n°6 / Septembre 2014 / 73 SOCIÉTÉ S Kisangani ville espoir, ville en mouvement ituée à l'endroit où la rivière Lualaba prend le nom de Congo, au nord des chutes Boyoma, la ville s'étend du fleuve jusqu’à la rivière Tshopo. C’est la destination la plus lointaine que l’on puisse atteindre par bateau en remontant le fleuve depuis Kinshasa. C’est à cet endroit même que vous découvrirez une ville baignée de lumière, pleine de charme, conquise sur la forêt vierge où les arbres qui bordent les avenues de terre ocre et poussent sur les places, semblent défier le soleil de plomb qui brille au-dessus de leurs hautes frondaisons. Rendue célèbre par le livre du Nobel de littérature V. S. Naipaul « À la courbe du fleuve », Kisangani est l’une des plus anciennes villes du pays. Capitale de la plus grande des onze provinces que compte la République démocratique du Congo, sa superficie est comparable à celle de l’Espagne. Photos : MVDB Attractivité à fort potentiel touristique Kisangani et ses environs recèlent de sites et attractions qui valent le détour. Dans la ville même, on peut observer de nombreux bâtiments et vestiges coloniaux : l’Hôtel de Ville, en pleine restauration ; la cathédrale Notre-Dame et son rosaire, symboles de la ville ; l’ancienne poste, construite en 1925 en briques rouge, actuellement en restauration ; l’ancien Hôtel des Chutes, autre édifice emblématique en attente d’une valorisation patrimoniale ; la Villa Regina où à été tourné le film « The African Queen » en 1951 ; l’Hôtel Congo Palace ; le marché central et la 1ère avenue avec ses bâtiments du XIXème siècle ; la Place des Martyrs ; la Place de la Femme… Kisangani abrite aussi d'autres édifices religieux remarquables dont une mosquée ismaélienne dans le quartier Kilima ya Bahindi et l’église de Lubunga construite en 1904 sur la rive gauche. En dehors de la ville, à seulement quelques kilomètres, on découvre avec stupéfaction la technique, ancestrale et unique au monde, des pêcheries des rapides de Wagenia, peuple de pêcheurs réputés pour leur légendaire habileté à pêcher à l’aide d’échafaudages en bois, assemblés par des lianes au-dessus des rapides. Un peu plus en amont, à 90 kilomètres de Kisangani, au cœur d’une réserve forestière, les yeux du visiteur s’émerveillent devant la cité agronomique de Yangambi, majestueuse localité fluviale, composée de villas et de grandes allées, vestiges de la période coloniale. Son herbarium, notamment, est l'un des plus intéressant au monde. Mais ce n’est là qu’une infime partie du potentiel touristique de la ville de Kisangani et de ses environs. En effet, on peut aussi s’émerveiller et visiter l’île Mbiye et son écosystème forestier protégé ; les pêcheurs Lokele et leurs «villages flottants»; les chutes de la rivière Tshopo sur la route de Buta et sa plage de sable fort prisée le week74 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd end par les Boyomais ; les rapides Wanie-Rukula ; les chutes de la Lindi Bengamisa. Sans oublier le fleuve et ses affluents, sur lesquels il est possible de se promener en pirogue tout en visitant les villages alentour. Un dynamisme économique et culturel enfin retrouvé Pôle économique important dans cette partie de la République démocratique du Congo, Kisangani connaît actuellement un dynamisme économique qui aura des retombées sur l’ensemble de la Province Orientale. Moralisation de la vie publique, amélioration du climat des affaires, mobilisation des investisseurs nationaux et internationaux, réhabilitation et modernisation des infrastructures.... un contexte favorable à l’épanouissement d’une ville comme Kisangani. Les acteurs culturels locaux ont aussi un rôle essentiel à jouer dans le processus de développement de la ville. Parmi eux on compte entre autres les Studios Kabako, compagnie de danse contemporaine de Faustin Linyekula et la Compagnie de Théâtre TACCEMS. Dans ce paysage d’opérateurs culturels, l’un d’entre eux, l’A lliance française de Kisangani (association sans but lucratif), a la double mission d’enseigner la langue française et de diffuser les cultures francophones. Comme chacune des 811 Alliances françaises présentes dans le monde, elle réunit un nombre important de membres bénévoles désirant s’investir dans la promotion du français et des valeurs que cette langue véhicule. Impact n°6 / Septembre 2014 / 75 Photo : MVDB SOCIÉTÉ L’A lliance française de Kisangani, c’est donc avant tout un lieu d’échange et de partage, ouvert à la diversité. 76 / Impact n°6 / Septembre 2014 Projets structurants pour améliorer les conditions d’accueil et d’enseignement Depuis quelques mois, des travaux de réhabilitation, de réparations urgentes et de mise aux normes sont en cours, afin d’offrir aux usagers de l’A lliance de meilleures conditions d’utilisation des services proposés. Des opérations ordinaires quotidiennes de conservation et de maintenance participent au maintien du niveau de qualité atteint aujourd’hui. atelier danse moderne, hip hop et break dance a été ouvert récemment. Kisangani, c’est aussi une terre fertile pour le hip hop, slam et rap. La ville est l’une des scènes musicales les plus vivantes dans ces disciplines, qui ont émergé pendant les années de guerre. Le chef de file de cette nouvelle génération de rappeurs boyomais est Alesh Kaposo, qui dédie régulièrement ses chansons à cette ville qui l’a vu naître, et à ses habitants à qui il rend hommage pour leur courage et leur persévérance. Autour de lui évoluent plusieurs artistes dont les noms commencent à être www.impact.cd Centre numérique pour enseigner le français : entre innovation et interactivité Afin de rendre l’enseignement du français plus dynamique et renforcer l’interactivité entre le professeur et l’élève, l’A lliance a ouvert un Centre Photos : Matthieu Juin-Lévite L’Alliance française de Kisangani Elle fêtera son vingtième anniversaire l'an prochain. Seul centre culturel présent en Province Orientale, la spécificité de cet établissement est son ancrage local. Ses missions sont multiples. Il s’agit de promouvoir le dialogue des cultures, le français et la francophonie en donnant la possibilité aux artistes locaux d’investir ses espaces. Il s'agit aussi d'accompagner ces artistes, de diffuser et de promouvoir leurs créations auprès de la population locale, par la mise en œuvre d’une programmation et d’une offre culturelle et d’animation complète, variée, pertinente et adaptée. L’A lliance française propose des cours de français général tous niveaux pour les enfants, les adolescents et adultes, validés par des diplômes délivrés par le ministère français de l’Education nationale (le DELF et bientôt le DELF Junior). Récemment, un cours de français sur objectif spécifique (FOS) « spécialisation secrétariat de direction » a été ouvert et dès la rentrée de septembre 2014, un autre cours « spécialisation hôtellerie, restauration, tourisme » sera proposé aux Boyomais. En complément de ces formations linguistiques, l’A lliance propose également des cours d’informatique permettant d’acquérir des compétences supplémentaires en bureautique. L’A .F organise également des ateliers artistiques tels que la découverte ou l’approfondissement des techniques plastiques dans leur diversité (peinture à l’huile, dessin au fusain, modelage, sculpture…), la pratique théâtrale avec l’approche du jeu et de l’improvisation, la maîtrise de l’espace, de la voix et de la diction et la découverte des textes, classiques et modernes. Un connus : Panas, Ridenza, T2B, DJ Patch, Big Joe, Le Coq, Dr. Deep, Eric Yakuza, Mogay… Tous ces jeunes talents de Kisangani chantent la paix, rien que la paix, pour leur ville, pour leur province, pour leur pays. Mais l’A lliance française, c’est aussi une bibliothèque de près de 14.000 ouvrages, du cinéma, des expositions, des conférence-débats, des concerts, des spectacles de danse et de théâtre et un atelier conte et lecture pour enfants afin de leur permettre de découvrir, d’écouter, de voir et de mieux lire. Une programmation culturelle riche, intense, en accès libre pour tous. numérique d’enseignement du français (CNEF) grâce au soutien de l’ambassade de France en RDC. Un espace dédié à l’enseignement du français a été mis aux normes, complètement rénové et réaménagé afin d’y accueillir trois salles de cours équipées chacune d’un tableau blanc interactif, mettant les nouvelles technologies et l’innovation au service de l’apprentissage de la langue. Son usage permet en effet de combiner les différents supports (audio, vidéo, écrit) pour mieux s’approprier la langue, d’accéder à différentes ressources en temps réel et de mettre en place de nouvelles interactions, plus ludiques. C’est un véritable moyen de motiver les apprenants comme les professeurs. Le point informationdépôt Campus France proposera aux étudiants un accès gratuit à l’application en ligne sur poste informatique connecté à Internet, ainsi que la possibilité d’effectuer la procédure de dépôt formel auprès du représentant de l’ambassade de France en Province Orientale. Espace Campus France D’ici la fin de cette année, l’A lliance française de Kisangani ouvrira une antenne de l’Espace Campus France Kinshasa. L’objectif de cet espace est de faciliter l’accès aux études en France pour les étudiants. Avec l’ouverture de son antenne en Province Orientale, l’objectif est également de réduire les inégalités géographiques. Cet espace visera à offrir aux étudiants un service d’accueil, d’information, d’orientation et d’accompagnement dans la constitution des dossiers de candidatures en ligne et leur dépôt physique au bureau de Kinshasa. Le point information-dépôt Campus France proposera aux étudiants un accès gratuit à l’application en ligne sur poste informatique connecté à Internet, ainsi que la possibilité d’effectuer la procédure de dépôt formel auprès du représentant de l’ambassade de France en Province Orientale. Matthieu Juin-Levite www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 77 SOCIÉTÉ Lycée Blaise Pascal de Lubumbashi remis à neuf, dans cette ville qui incarne l’esprit d’entreprise et l’initiative, un établissement dont les équipements pédagogiques et les installations illustrent la priorité donnée à la recherche et à l'innovation. Un établissement qui offre à ses enseignants comme à ses élèves, un cadre propice à l'expression de leur compétence et à l'éclosion de leur talent. Signe du dynamisme de la communauté française et francophone, l’établissement scolaire français Blaise Pascal est aussi le symbole de liens profonds qui unissent Congolais et Français. Sans le soutien enthousiaste de ces acteurs congolais, ce grand projet n’aurait pas abouti. Histoire d'une renaissance ! Il y a quinze ans, le lycée français Blaise Pascal de Lubumbashi, situé dans le quartier du Golf Terminus, ouvrait ses portes après dix-huit ans de fermeture. L'établissement dispense un enseignement de qualité, de la maternelle au lycée. Plus d’une quinzaine de nationalités sont aujourd’hui représentées. Ceci montre qu'à Lubumbashi, ville cosmopolite, la francophonie est une réalité vivante. La maternelle et les cours élémentaires bénéficient d’un enseignement direct. L'école primaire est homologuée à partir de la Moyenne Section par le ministère français de l'Education nationale. Les cours du collège (de la 6ème à la 3ème) sont dispensés, depuis la rentrée 2014, directement, alors que le lycée (de la seconde à la terminale) fonctionne encore avec le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED) dont les cours sont soutenus par des professeurs assistants. Les programmes, conformes aux instructions officielles de l’Éducation nationale, assurent aux enfants la possibilité de poursuivre un cursus scolaire en France dans tous les établissements d’enseignement publics ou privés sous contrat et dans tous les autres établissements scolaires français à l’étranger. Q 78 / Impact n°6 / Septembre 2014 uelle belle et forte aventure que celle de l’équipe de cet établissement ! Entre 1972 et 1991 et à nouveau depuis 2009, des femmes et des hommes se consacrent à faire connaître et aimer la langue française et les cultures francophones. L’établissement scolaire français Blaise Pascal, qui appartient au réseau des établissements français de l’étranger de la Mission Laïque Française (MLF), est entré dans le XXIème siècle et sa modernité. L’équipe de direction et le comité de gestion peuvent être fiers d’avoir www.impact.cd Photos : Paul Bertin La mission de la MLF, et donc de cet établissement, est de diffuser la langue et la culture françaises à travers le monde par un enseignement innovant, multilingue et interculturel qui prend en compte la culture et la langue locale ainsi que Les programmes, conformes aux instructions officielles de l’éducation nationale, assurent aux enfants la possibilité de poursuivre un cursus scolaire en France dans tous les établissements d’enseignement public ou privé sous contrat et dans tous les autres établissements scolaires français à l’étranger. www.impact.cd EN BREF 1972-1991 Le lycée français Blaise Pascal de Lubumbashi a ouvert ses portes en 1972. Il a débuté par une école maternelle-primaire, dans le centreville, à côté de l’espace culturel français La Halle de l’Etoile. L’école s’est installée en 1976 sur son site actuel, un terrain agréable de 9ha dans le quartier du Golf Terminus. En 1978, la section du secondaire a été ouverte. Le lycée a accueilli en moyenne 350 élèves, de la maternelle à la terminale. Ses résultats étaient très bons avec un taux de réussite au Baccalauréat de 85 à 90%. En 1991, les événements politiques survenus à Lubumbashi ont entrainé la fermeture du lycée. 2009 Grâce à l'audace et la détermination des dirigeants de l’établissement, la mobilisation de toute l’équipe d’administrateurs, congolais, français et d’autres nationalités, le lycée français Blaise Pascal rouvre ses portes en septembre 2009 avec 117 élèves. Une convention d’adhésion est signée le 9 juin 2009 entre la MLF et l’association des parents d’élèves constituée en comité de gestion. Il comptait à la rentrée 2013, 335 élèves. Juillet 2013 Le lycée change de nom est devient «Établissement Scolaire français Blaise Pascal». Rentrée 2014 Passage en cours directs pour les classes du collège. "La Mission Laïque Française", qu'est-ce que c'est ? Créée à Paris en 1902, reconnue d’utilité publique en 1907, la MLF s’inscrit dans le dispositif de l’enseignement français à l’étranger. Un réseau d’établissement implanté dans 45 pays où 125 écoles MLF scolarisent de la maternelle à la terminale plus de 45 000 élèves. Ses valeurs sont la laïcité, le plurilinguisme et le multiculturalisme. Par Mélanie Sirdey-Coid Impact n°6 / Septembre 2014 / 79 SOCIÉTÉ l’apprentissage des langues étrangères. L'accent est de facto mis sur l'enseignement de l'anglais en suivant ainsi les instructions officielles de l'éducation nationale française, conformément à la spécificité des écoles de la MLF «deux cultures trois langues». L'excellent équipement de la salle informatique permet aux élèves d'appréhender au mieux l'outil informatique en validant le B2I (Brevet Informatique et Internet) à tous les niveaux de classe. Dans l'esprit qui a toujours été le sien, l’établissement sait allier l'excellence académique française et l'apprentissage de la culture congolaise, dans une perspective d'ouverture au monde, de brassage culturel, de dialogue et de tolérance. Photo : Michèle Deshayes-Cortot Photos : Paul Bertin Mélanie Sirdey-Coid 80 / Impact n°6 / Septembre 2014 Michèle Deshayes-Cortot a d’abord été institutrice puis directrice d'école maternelle dans le Perche, sa région natale. Avec plus de dix années d’expérience dans l'enseignement spécialisé en tant que rééducatrice en psycho-pédagogie, portant un grand intérêt aux élèves en difficulté et mesurant la nécessité du travail en équipe pluridisciplinaire, Michèle Deshayes-Cortot a ensuite été Professeur des écoles à l'étranger dans le réseau AEFE au Maroc et en Arabie Saoudite ainsi qu’en école d'entreprise gérée par la Mission Laïque Française au Turkménistan. De retour en France, Michèle a été directrice de la Section d’Enseignement Général et Préapprentissage au collège (SEGPA) et principale adjointe dans plusieurs collèges en Touraine. Michèle Deshayes-Cortot a rejoint l’établissement scolaire français Blaise Pascal, en tant que chef d’établissement, à la rentrée scolaire 2013, fonction qu’elle occupe avec sérieux et enthousiasme. www.impact.cd CULTURE Un Kinshasa très glamour ! Parcours d’un photographe amateur, devenu professionnel. Talent et charme se mêlent dans des pixels qu’il assaisonne à la sauce kinoise ! Photos : Pitshou Le monde de Pitshou J e m’appelle José Kalala Kabundi, plus connu sous le sobriquet de «Pitsh», Pitshou et même « Pitshounet » pour les intimes. J’ai découvert très récemment que Pitshou n’était pas uniquement un nom commun dans la culture kinoise (une version de junior en lingala) mais provient de l’Occitan «pichon» ou «pitchoun» qui signifie «petit». 82 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 83 CULTURE Du photoreportage aux «photo shoots» en studio, en passant par les grandes cérémonies de mariage, je me définis comme un chasseur d’émotions, un genre de paparazzi des temps modernes, qui arrive à figer le temps, l’instant d’une scène avec toutes les émotions qu’elle renferme. Les photos que je prends, c'est un monde glamour, un mélange subtil de charmes et de beauté assaisonné à la sauce kinoise. On appelle dans le midi de la France, avec l’accent et beaucoup d’affection, «Pitchounet» un petit enfant. Or ce petit enfant, à Kinshasa, mesure 1,90m et pèse plus de 110 kilos. La comparaison avec celui de la France en ferait rire plus d’un... Propos recueillis par L.R. 84 / Impact n°6 / Septembre 2014 Photos : Pitshou Je me suis très tôt découvert une vocation pour la photographie et mes prestations dans les cérémonies familiales ou les fêtes entre amis ont contribué largement à me faire connaître. Mais c’est surtout mon parcours dans le milieu de la pub qui sera un vrai stimulant pour ma créativité. Au départ ce n’était qu’un hobby, aujourd’hui, c’est une profession à part entière que j’exerce avec beaucoup de passion. www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 85 CULTURE Freddy Tsimba «Mes œuvres sont un hymne à la vie...» montrer qu’artiste plasticien est un vrai métier qui doit être considéré. Ensuite, c’est sans doute à l’Etat qu’il appartient de valoriser ses créateurs quel que soit le domaine d’expression. Si nous disposions de musées accessibles aux enfants et si l’art était davantage valorisé dans l’espace public, je pense que cela changerait certainement la perception populaire du plasticien. Freddy Tsimba est l’un des sculpteurs congolais les plus renommés. Du 20 juin au 5 juillet 2014, l’artiste a présenté sa première exposition individuelle à l’Institut français de Kinshasa. Avant son départ pour Ostende à l'occasion du festival "Theater Aan Zee", il a répondu aux questions de la rédaction d’Impact. Votre installation «Centre fermé, rêve ouvert», représentant neuf corps monumentaux de femmes les mains collées au mur dans une position humiliante, a beaucoup marqué les visiteurs : pourriez-vous nous dire ce qui vous a inspiré cette œuvre d’une si grande force expressive ? Cette installation est née d’une expérience personnelle au centre «INAD» (pour «inadmissible») de l’aéroport de Bruxelles. Mon visa a été mal interprété et je me suis retrouvé détenu pendant dix jours et ce fut une expérience éprouvante. J’ai finalement été « renvoyé » vers Kinshasa. À la suite de ces avanies, j’ai traversé de longues nuits d’insomnie et de cauchemars et il m’a fallu des mois pour me remettre de ce trauma ; la création de cette œuvre monumentale y a d’ailleurs contribué. C’est une œuvre « in progress », la finalité étant de parvenir à 99 personnages enfants, femmes, hommes en position d’humiliation. J’ai la conviction que cette œuvre deviendra très importante dans ma carrière artistique. Quand je lève les yeux, je vois un oiseau qui traverse le fleuve Congo sans étiquette ni visa, il peut aller de Kinshasa jusqu’à Bruxelles sans entrave. Impact : Freddy Tsimba, vous êtes sculpteur, diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa depuis 1989, quels sont les artistes qui ont le plus influencé votre travail ? Freddy Tsimba : Parmi mes maîtres, je citerais volontiers Michelangelo Buonarroti (plus connu sous le diminutif de « Michel-Ange» ndlr) qui incarnait la puissance dans la volupté mais surtout, le sculpteur français d’origine russe Ossip Zadkine et notamment son œuvre « la ville détruite » qui est, à Rotterdam, un réquisitoire contre les guerres. La découverte de l’œuvre d’A lberto Giacometti m’a incité à suivre la voie de l’épuration des formes. Paul Rebeyrolle m’a beaucoup impressionné par sa rage de créer. Sur la scène congolaise, Nginamau Lukiesamo et Beya Tshidi m’ont poussé à créer. 86 / Impact n°6 / Septembre 2014 Photos : Martin van der Belen Ne trouvez-vous pas paradoxal que vos œuvres soient très souvent exposées à l’étranger, y compris dans l’espace public comme c’est le cas à Bruxelles alors même qu’elles sont si peu présentes à Kinshasa ? Même si j’ai une certaine notoriété à Kinshasa, il est vrai que mon travail est surtout reconnu à l’étranger. En RDC, l’artiste est directement assimilé au « musicien » et non au « plasticien ». Il y a un réel travail d’éducation à faire pour déwww.impact.cd On interprète souvent votre œuvre comme une dénonciation de la guerre et de son cortège de souffrances (viols, meurtres de masse…), mais ne peut-on pas aussi y voir un hymne à la vie ? C’est vrai que les lectures journalistiques de mon www.impact.cd Son parcours Freddy Tsimba a participé à plus de 40 expositions en Europe, au Canada, en Chine et sur le continent africain. Il a obtenu plusieurs distinctions parmi lesquelles la médaille d’argent aux Jeux de la Francophonie à Ottawa en 2001, le diplôme d’honneur du Salon d’art contemporain de Béziers et la médaille du mérite des Arts, Sciences et Lettres au Congo. Il réalise également des décors pour des spectacles (théâtre, opéra). travail accentuent cette dimension morale de dénonciation de la guerre et de ses atrocités. Mais je n’ai jamais voulu donner des ailes à la souffrance. Mes œuvres sont un hymne à la vie ; or la vie possède une ombre qui s’appelle la mort. C’est un travail plastique qui interroge chacun d’entre nous. Mon langage plastique trouve sa source au fond de mes entrailles. Je cherche d’abord en moi-même pour créer et dépasser mes angoisses, mes inquiétudes… Quels sont vos projets artistiques ? Dans le cadre de la rénovation du Musée Royal de l’A frique Centrale de Tervuren (périphérie de Bruxelles), j’ai un projet sur la notion de dialogue, en collaboration avec le Palais des Beaux Arts et le KVS (Théâtre Royal Flamand) à Bruxelles. Il y a aussi le projet de création de «Machettes’ house» à Ostende et la poursuite de l’œuvre monumentale «Centre fermé, rêve ouvert… ». Par ailleurs, une de mes œuvres «Les larmes des oubliés» a été sélectionnée pour faire partie de l’exposition internationale « Divine comédie » dont Simon Njami est le commissaire artistique et qui sera prochainement présentée au Smithsonian Museum (Washington) et au Musée « Reina Sofia» (Madrid). Propos recueillis par Christophe Roussin Impact n°6 / Septembre 2014 / 87 CULTURE « Yango !»* Première biennale d’art contemporain de Kinshasa dynamique que nous souhaiterions insuffler ici à Kinshasa. Du 21 novembre au 19 décembre 2014, se tiendra la première édition de la Biennale « Yango ». Plus de 35 artistes sont attendus en provenance d’une vingtaine de pays d’Afrique, d’Europe, mais aussi d’Asie et des Etats-Unis. Au programme, des expositions bien sûr mais aussi des conférences, des spectacles. Kiripi Katembo, coordonnateur général de cette biennale, s'en explique pour nos lecteurs. 88 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd Photo : Griet Hendrickx et permettent de tisser un lien social ; j’ai aussi observé que ces manifestations bénéficient toujours de l’implication financière de nombreux partenaires institutionnels mais aussi économiques. A contrario, je pense que si la RDC a bien sûr besoin d’un développement économique, celui-ci ne trouvera de véritable sens qu'avec un développement culturel concomitant. Des villes sinistrées économiquement ont pu renaître de leurs cendres avec l’ouverture de structures culturelles d’envergure, comme c’est le cas avec le musée Guggenheim dans l’ancienne cité industrielle de Bilbao (Espagne). Toutes proportions gardées, c’est un peu cette Photos : Kiripi Katembo Siku *Le terme «Yango» en lingala signifie «c'est ça !». Dans le cadre de la biennale, Kiripi Katembo a voulu mettre l’accent sur l’adhésion des artistes congolais et étrangers à ce projet culturel. Impact : Kiripi, vous êtes photographe, producteur de cinéma, quelles sont les motivations qui vous ont poussé à organiser une biennale d’art contemporain aussi ambitieuse à Kinshasa ? Kiripi Katembo : En qualité de producteur, j’ai souvent été sollicité via ma société « Mutotu » par des artistes et réalisateurs congolais et j’ai constaté qu’il y avait un réel besoin d’ouverture au niveau international. Par ailleurs, j’ai déjà participé à plusieurs biennales d’art et à des festivals internationaux ; ces manifestations contribuent, sous bien des aspects, au développement d’une ville et d’un pays Comment définiriez-vous la situation des arts visuels à Kinshasa au regard de celle qui prévaut dans les capitales voisines ? À Kinshasa, il y a beaucoup d’artistes talentueux mais le marché de l’art local est quasi inexistant. «L’art nait du créateur et vit de son public». À l’instar de ce qu’on voit en Afrique du Sud, au Nigeria, au Maroc et en Egypte, je souhaite susciter l’amour de l’art chez les Kinois et, 70 ans après la création de l’Académie des Beaux-Art, poser ma petite pierre pour faire de cette mégapole de dix millions d’habitants, une capitale régionale des arts visuels. Bio-express Photographe, Kiripi Katembo Siku fut lauréat de l’image du plus grand festival des arts de scène du monde lors du 67ème Festival d’Avignon 2013, membre du jury du festival du cinéma «MOOOV» en Flandre, gagnant du prix de la fondation Blachère aux 9ème Rencontres photographiques de Bamako au Mali. Il est également producteur et réalisateur de films. www.impact.cd Une biennale d’art contemporain a naturellement une vocation internationale. Comment a été réalisée la sélection des artistes étrangers ? Nous avons lancé un appel à candidatures en janvier pour recueillir les candidatures d’artistes pour le « IN ». La sélection a été faite en mars sous la présidence de la commissaire Sithabile Mlotshwa, curatrice indépendante, directrice de la fondation Thamgidi. Comment s’articule cette nouvelle biennale avec les Rencontres Picha de Lubumbashi ? « Picha » est une biennale axée essentiellement sur la photo et la vidéo. « Yango » sera davantage ouverte sur des modes traditionnels d’expression artistique, la peinture, la sculpture, la photo mais également sur des disciplines moins représentées telles que le design ou la vidéo. Quels seront les principaux axes de cette première édition ? J’en distingue trois : tout d’abord, une biennale d’art contemporain ne se conçoit pas sans de grandes expositions internationales. Elles se tiendront à l'Académie de Beaux-Arts, à l'Institut français de Kinshasa, au Centre Wallonie-Bruxelles et dans l’espace public, sur la Place du 30 Juin (esplanade de la Gare centrale). Ensuite, afin que nous puissions trouver les voies d’un développement des arts visuels en RDC, des professionnels viendront échanger lors de conférences et tables rondes sur des thématiques fondamentales : «Culture et développement responsable», «Création d'une industrie culturelle en Afrique centrale», «L’ héritage culturel congolais et sa transmission». Enfin, «Yango» sera l’occasion de décerner différents prix aux lauréats. Nous sommes encore en discussion avec un partenaire local pour l’attribution de plusieurs d’entre eux mais je peux d’ores et déjà annoncer qu’une bourse de résidence de création sera offerte par la Fondation Thamgidi et qu’il y aura également un prix du «OFF» et un prix «Jeune talent». Propos recueillis par Christophe Roussin Informations pratiques La biennale «Yango» se déroulera sur quatre sites : l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, l’Institut français de RDC/Halle de la Gombe, le Centre Wallonie-Bruxelles, la Place du 30 Juin (esplanade de la Gare centrale). L’ensemble des conférences et des expositions programmées seront en accès libre et gratuit. Site web de l'événement : www.yangobiennale.org Impact n°6 / Septembre 2014 / 89 CULTURE RDC et patrimoine mondial de l’UNESCO «Mémoire rythmique» Le classement de sites majeurs du patrimoine congolais pourrait aider à leur connaissance et leur valorisation. Des experts culturels se mobilisent pour élargir la liste des cinq sites déjà classés. M émoire rythmique, tels sont les termes utilisés par un spectateur congolais expatrié au Canada pour exprimer son émotion devant les chants polyphoniques mongo présentés au Centre Wallonie-Bruxelles à l’occasion de la table-ronde sur le patrimoine culturel matériel et immatériel en République démocratique du Congo. Le but de cette table ronde, organisée du 22 au 25 octobre 2013 par la Commission nationale de la RDC et la Commission belge francophone et germanophone pour l’UNESCO, était de sensibiliser les responsables congolais à l’importance de faire inscrire sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, les nombreux biens culturels de la RDC. Il est en effet étonnant de ne voir que cinq sites naturels classés (parcs nationaux des Virunga, de Kahuzi-Biega, de la Garamba et de la Salonga et la réserve de faune à okapis) et consternant de savoir qu’ils font partie aujourd’hui de la Liste du Patrimoine en péril. Pourtant, la RDC avait été prompte à ratifier, dès 1974, la Convention de l’UNESCO de 1972 pour le patrimoine culturel et naturel et à classer les sites naturels aujourd’hui menacés. Cinq sites proposés au classement Lors des ateliers de la table ronde, les participants ont choisi cinq biens culturels matériels ayant déjà fait l’objet d’une première sélection par l’Institut des Musées nationaux du Congo: le complexe du massif de Lovo et les sites annexes, comprenant, entre autres, les grottes de Ndimba et de Ngovo (province du Bas-Congo), le site d'Ishango (province du Nord Kivu), la cité de Niangara et son tribunal (Province Orientale), le village artistique de Mushenge, capitale du royaume Kuba (province du Kasaï Occidental) et la ville de Kasongo/Tongoni, sur la Route orientale des esclaves (province du Maniema). Osons espérer que la Commission de classement des biens culturels, instaurée en avril 2013 par le ministre de la Jeunesse, Sports, Culture et Arts et saluée dans l’Appel de Kinshasa pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel, suive cette proposition de classement, condition préalable à l’inscription de ces biens sur la Liste indicative du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le dossier d’introduction devra alors démontrer la « valeur universelle exceptionnelle » du bien et les mesures qui seront Valeur universelle exceptionnelle Pour inscrire un bien culturel sur la Liste du Patrimoine mondial, celui-ci doit revêtir une valeur universelle exceptionnelle établie sur la base d’au moins un critère sur les dix décrits sur le site du patrimoine mondial (http://whc.unesco.org/fr/criteres) et être inscrit sur la Liste indicative nationale de l'Etat partie. Le bâton d’Ishango découvert sur les rives du Lac Edouard serait l'une des plus vieilles machines à calculer remontant à quelque 20.000 ans. Avec les nombreux ossements humains et autres objets dégagés, il témoigne d’une importante culture établie dans la région des Grands Lacs : il constitue donc bien un «chef-d'œuvre du génie créateur humain» (critère 1) et un «témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue» (critère 3). Il en va de même pour le complexe du massif de Lovo. Quant au village de Mushenge, berceau de l’art Kuba, à la Route orientale des esclaves et à la rumba congolaise, ils sont autant de témoins d’un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée (critère 2). 90 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd prises pour sa sauvegarde, sa mise en valeur et sa gestion. Pour ce qui concerne le patrimoine immatériel (Convention de 2003, ratifiée en 2011), divers thèmes sont à l’étude : la Mukanda (initiation) chez les Yaka, Pende et Tchokwe, Wale Ekonda, Kikumbi dans le Bas-Congo; certaines Pour le patrimoine immatériel, la rumba congolaise semble faire l’unanimité. Elle pourrait faire l’objet d’un dossier d’introduction auprès de l’UNESCO aux niveaux régional et interrégional. www.impact.cd épopées telles que Lianja, ou enfin le rituel Jebola chez les Mongo. La rumba congolaise, quant à elle, semble faire l’unanimité. Une fois classée au niveau national, elle pourrait faire l’objet d’un dossier d’introduction auprès de l’UNESCO aux niveaux régional (République démocratique du Congo, République du Congo et Angola) et interrégional (Cuba, Haïti et Amérique latine). Vu l’importante documentation et les nombreuses publications sur le sujet, un tel dossier aurait de fortes chances d’aboutir. Croisons les doigts et, surtout, les pieds au rythme de la rumba ! Nicole Gesché, historienne de l'art et anthropologue Impact n°6 / Septembre 2014 / 91 CULTURE « C'est un roc, c'est un pic, c'est un cap, c'est une péninsule! » Georges Dandin» et «Humilier son enfant permet d’en faire un homme» seront en tournées au Cameroun, Bénin, Rwanda et Burundi. Au début de l’année, la troupe était en tournée au Rwanda, Burundi et à Goma avec deux spectacles. «Le Cercle de craie» et «Humilier son enfant…» Le Tarmac organise des lectures-spectacles d'auteurs contemporains à travers le festival «Les Ecritures kinoises». L’engagement pour le développement des écritures contemporaines en RDC est total, car le théâtre se régénère toujours par l’écriture. La troisième édition de ce festival aura lieu au mois d’octobre prochain. Depuis 2010, nous organisons aussi le festival de théâtre « Ça se passe à Kin ». Le projet du festival c’est d’être le lieu de la création contemporaine et de l'exigence artistique tout en s'adressant au public le plus large possible. La quatrième édition du festival a eu lieu cette année du 2 au 7 juin. Une centaine d’artistes congolais et étrangers ont été associés à cette fête. Près de quarante représentations ont été organisées à travers toute la ville. Impact : Présentez-nous le Tarmac des Auteurs… Israël Tshipamba : Le Tarmac des Auteurs est un espace culturel qui milite pour l'accès de tous aux arts vivants de la scène et aux textes d'auteurs contemporains par des actions de formation, de diffusion, de création et de sensibilisation. Le Tarmac a été créé en 2003. En 2007, il se structure et devient un lieu bien connu de la commune de Kintambo. J'attire les populations des milieux populaires et défavorisés et les conduis à s'intéresser au théâtre et à la culture. 92 / Impact n°6 / Septembre 2014 C’est un lieu théâtral qui n’a rien de l’image que l’on se fait du théâtre. On y entend les bruits des enfants qui jouent dans la rue et la vie quotidienne des ménages d’à côté. Le théâtre est en symbiose avec son public, au milieu de son noyau social. Dans ce contexte, une programmation est prévue chaque mois pour cinq à sept représentations. L’espace sert également de lieu de répétition à certains artistes. Le Tarmac des Auteurs c’est aussi une troupe qui crée des spectacles et les diffuse dans le pays et à l’extérieur. Cette année, deux de nos spectacles : «Masamuna www.impact.cd Photos : Martin van der Belen Cyrano à Kinshasa est une adaptation de la célèbre pièce «Cyrano de Bergerac» d’Edmond Rostand. La pièce a été créée au festival «Ça se passe à Kin 2014» par le Tarmac des Auteurs. David Ilunga joue le rôle de Cyrano et Bavon Diana celui de Rageneau. Pour quelles raisons vous êtes-vous orienté vers cette profession et quel parcours avez-vous suivi pour y accéder ? J’ai grandi dans un milieu très fermé. La seule chose que mon père attendait de moi c’était l’obéissance absolue. Pour me libérer de cette emprise parentale, je me suis mis à écrire : mon premier texte fut « Humilier son enfant permet d’en faire un homme ». C’est une épopée. L’histoire d’une famille vraiment congolaise qui forme une tranche d’humanité où chacun pourra se reconnaître et être, de manière imprévisible, révélé ou touché à vif. En 1994, j’ai intégré l’Ecurie Maloba, une troupe cantonnée près de la maison de mes parents, avec une seule envie : parler pour exister. Je ressentais un profond besoin de façonner mon identité et à l’époque, le théâtre me paraissait le seul moyen d’y parvenir. J’y ai été formé. J’ai joué dans plusieurs spectacles, effectué plusieurs tournées sur le continent et en Europe. En 2003, www.impact.cd «La Consultation» de Daniel Defilipi, adaptation et mise en scène de Kokou Yemadje. Un spectacle béninois joué par Giovanni Houansou et Didier Nassegande lors du festival «Ça se passe à Kin 2013» au centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa. j’ai créé mon propre théâtre qui est devenu, en 2007, un lieu reconnu d’expression théâtrale. À travers notre programmation diversifiée, nous sommes parvenus à modifier les habitudes du théâtre à Kin. Les enfants, les familles, les amis, les gens du coin, les expatriés se déplacent au Tarmac pour passer la soirée ensemble. Ce phénomène permet une évolution des propositions artistiques : les sujets abordés dans nos pièces traitent de la politique, des affaires du moment, de l'histoire du pays… Les thématiques se rapprochent des préoccupations de la population, et parallèlement atteignent une dimension plus Photo : Pénélope Déchaufour Le Tarmac des Auteurs est l'un des théâtres les plus dynamiques de Kinshasa. Situé non loin de Kintambo Magasin, cet espace aux allures de garage en plein air nous montre des spectacles qui font souvent mouche… Rencontre avec Israël Tshipamba Mouckounay, dit « Tshitshi », artiste et directeur artistique du Tarmac. Impact n°6 / Septembre 2014 / 93 > Elbas Manuanua et Israël Tshipamba dans «Masamuna Georges Dandin» Quel type de répertoire jouez-vous ? Du classique et du contemporain. Je m’inscris dans la pensée du plasticien Antonio Tapiès dans « La Pratique de l'art » (publié chez Folio Gallimard) qui suggère qu'un art qui ne dérange pas n'est pas de l'art : « Quand les formes ne sont pas capables d'agresser la société qui les reçoit, de la déranger, de l'inciter à la réflexion, de lui dévoiler son propre retard, quand elles ne sont pas en rupture, il n'y a pas d'art authentique. » Voilà ce qui motive mes choix artistiques. Partenaire fondateur des 1ères Francofolies de Kinshasa 8 - 14 septembre 2014 © Dob’s Farm - Fotolia universelle. Elles incarnent ainsi l'image d'une culture «démocratisée». Photo : Benoît van Maele Photos : Pénélope Déchaufour Musique La chaîne culturelle francophone mondiale Photo : Benoît van Maele Pensez-vous que le théâtre soit nécessaire dans la société congolaise ? Oui, il est nécessaire, et ce pour plusieurs raisons : considérons le théâtre dans son rôle social: l’œuvre théâtrale imbibée des réalités aussi troublantes que grotesques, éminemment théâtrales, traduit notre cruelle condition qui fait que le monde tourne, et finalement change si peu. Le théâtre montre dans quels drames les individus peuvent être jetés ou se jeter eux-mêmes, et dans quels pièges ils se débattent, parfois jusqu’à l’épuisement. Qu’il soit tragique ou comique, le théâtre s’ancre toujours dans la réalité politique, sociale et culturelle, tout en gardant «sa distance théâtrale», celle d’artistes et non de politiciens. Propos recueillis par Martin van der Belen 94 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 95 CULTURE Photo : MVDB ont pu découvrir un florilège du vaste répertoire de musique classique française (Massenet, Bizet, Berlioz, Gounod) interprété par les musiciens de l’Orchestre symphonique Kimbanguiste sous la conduite du maestro Armand Diangienda. Contraste saisissant, quatre jours plus tard, l’ambiance était cette fois survoltée sous la grande halle pour le concert du rappeur Youssoupha, un des enfants prodiges du grand Tabu Ley, venu spécialement de France pour un concert-événement en clôture de la Semaine française. Les 800 jeunes présents sont encore sous le choc. Les samedi 31 mai et dimanche 1er juin, le Théâtre de Verdure a lui aussi fait carton plein à l’occasion de la 8ème édition du festival de jazz de Kinshasa « Jazzkif » : près de 4 000 spectateurs se sont pressés dans l’amphithéâtre du Mont Ngaliema pour les vingt ans de carrière du grand musicien congolais Lokua Kanza. À l’occasion, une pléiade de stars avait tenu à faire le déplacement pour honorer le natif de Bukavu : Richard Bona, Fally Ipupa, Sara Tavares, Jean Goubald, Olivier Tshimanga, les groupes «Clarkk and Co» et «Franco na biso». Du 3 au 5 juillet dernier à la Halle de la Gombe, s’est tenue la quatrième édition du festival «aiR D’iCi» qui a été l’occasion de découvrir le talent et l’énergie incroyable de nombreux groupes de danse «hip-hop» qui se sont affrontés artistiquement lors de défis endiablés, pour le plus grand plaisir des quelques centaines de jeunes présents…and the winner is «Artcon». CR Vu pour vous à Kinshasa De la musique avant toute chose… C Les arts urbains en effervescence L’Institut français s’engage en faveur des arts urbains en soutenant une nouvelle génération d’artistes portés par des labels kinois dynamiques suscitant un engouement croissant du public. Les deux groupes finalistes d’aiR D’iCi sont déjà programmés à la rentrée dans un spectacle plus complet. Photos : Gédéon Mukendi ’est désormais une tradition, avec la saison sèche, vient le temps des festivals. Cette année encore, Kinshasa a été le théâtre d’une programmation culturelle intense dès la fin du mois de mai. Une affiche éclectique avec des stars de la musique congolaise, de la musique classique, du hip hop. En ouverture de la première «Semaine française de Kinshasa», 400 personnes ont profité d’un moment de grâce le 26 mai sous la grande halle de l’Institut français : dans une ambiance de recueillement, ils 96 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 97 CULTURE Le genre s’invite au cinéma Après le succès de la première édition du festival CINEF, cinéma au féminin, à l’Institut français de Kinshasa au mois de juin, Impact revient sur la genèse de cet événement avec la directrice du festival et coordinatrice de l’association des femmes cinéastes congolaises, l’AFCC. Impact : Clarisse Muvuba, vous êtes l’une des cinéastes à l’origine de la création de l’association AFCC, quelle en a été l’idée directrice ? Clarisse Muvuba : Il y avait un besoin, que chacune d’entre nous ressentait, de se réunir pour échanger et s’entraider, créer un cadre favorable à toutes les femmes congolaises désireuses de faire du cinéma. Il fallait aussi accroître le nombre de femmes dans ce secteur. Actuellement l’association comprend quatre réalisatrices et deux comédiennes à Kinshasa, auxquelles s’ajoutent trois réalisatrices et trois comédiennes de différentes provinces ; d’autres vont bientôt nous rejoindre. Pourquoi la création du festival CINEF ? Le festival CINEF, « Cinéma au féminin », permet de montrer les œuvres des femmes, et offre un cadre idéal pour l’organisation de rencontres professionnelles. Il a aussi pour but de former un réseau de femmes dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel, de susciter les échanges pour développer des projets. La première édition a été consacrée aux films de femmes congolaises de l’ensemble des provinces, sans oublier la diaspora. C’est pourquoi nous avions invité les cinéastes Claude Haffner de France, et Monique Mbeka Phoba de Belgique. Photo : MVDB Bio-express de la conférence de presse à l’Institut français le 3 juin, nous avons montré des extraits de tous les films sélectionnés, ce qui a beaucoup impressionné les journalistes. Ces films ont touché toutes les sensibilités ; de fait, l’association des journalistes culturels nous a soutenues, notamment avec le concours de Nadia Okako de la RTNC 2 et Jeannot Matwaki de Radio Okapi. Les projections et le bilan du festival ? L’ouverture, le mardi 10 juin, a été une réussite totale grâce à la venue d’autorités politiques congolaises, de représentants des ambassades, de cinéastes, de la presse, des ONG et tout un public qu’on a peu l’habitude de voir en milieu de semaine. En tout, plus de 500 personnes étaient rassemblées pour cet événement! C’était la meilleure occasion d’organiser la première en RDC Quels sont les prochains projets de l’association AFCC ? Une deuxième édition du CINEF ? À peine finie la première édition du festival, quatre membres de l’A FCC ont commencé le tournage de leur film, ce qui va les occuper jusqu’au mois de novembre. Néanmoins nous avons déjà avancé sur la deuxième édition du CINEF, prévue en juin 2015, que nous consacrerons aux différents regards portés sur les cinémas africains. D’ici là, nous allons travailler sur une production intitulée « Djo Muendo » («c’est le départ»). C’est un projet de série télévisée sur les problèmes des femmes en RDC. Nous souhaitons à cette occasion organiser des formations Quelle a été la réaction des médias congolais ? Faire un festival pleinement consacré aux femmes cinéastes congolaises était un défi. Lors 98 / Impact n°6 / Septembre 2014 du dernier film « Sœur oyo » de Monique Mbeka Phoba, et du documentaire « Noire ici, blanche là-bas » de Claude Haffner. La deuxième journée s’est déroulée à l’Université de Kinshasa (Unikin), avec une master class et des projections pour les étudiants du département des sciences de l’information et de la communication. Les projections, les 12 et 13 juin à Bandalungwa et Masina, ont été riches en rencontres et débats avec des publics nombreux et très divers. Le 14 juin a été l’occasion de nous retrouver à nouveau à l’Institut français pour une soirée fiction avec « Notre étrangère », film de la réalisatrice burkinabé Sarah Bouyain. Nous sommes ainsi très heureuses d’offrir l’occasion à tout un public congolais de découvrir le cinéma au féminin que nous souhaitons faire partager, avec des histoires qui le concernent. www.impact.cd www.impact.cd ^ Cérémonie de clôture Cinéastes congolaises sur la scène de la Halle de la Gombe le dernier jour du CINEF Clarisse Muvuba Mwimbu est née à Kolwezi (Katanga), le 17 juin 1982. Diplomée en mise en scène de théâtre à l’Institut National des Arts de Kinshasa en 2006 et distinguée en réalisation cinéma au cinécours Canada (via internet) en 2011. Clarisse s’est initiée à plusieurs métiers de la vidéo afin d’avoir une connaissance de tous les maillons d’une chaîne de production tels que : montage, prise de son, habillage sonore à Technocité à Mons/Belgique et cadrage à l’Institut Congolais de l’Audiovisuel (ICA) à Kinshasa. Clarisse est Gérante de Clarimage films, une nouvelle société de production audiovisuelle. Elle est aussi présidente de l’Association des Femmes Cinéastes Congolaises (AFCC). Tél.: +243 (0)9 97 629 655 E-Mail : claricemuvuba@yahoo.fr professionnelles pour de nouvelles candidates aux métiers du cinéma. Parmi d’autres idées, il y a une résidence d’écriture avant la deuxième édition du CINEF, des états généraux des séries télévisées africaines... Vous voyez, beaucoup de projets en perspective ! Propos recueillis par Antoine Yvernault Le festival CINEF, « Cinéma au féminin », permet de montrer les œuvres des femmes, et offre un cadre idéal pour l’organisation de rencontres professionnelles. Il a aussi pour but de former un réseau de femmes dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel, de susciter les échanges pour développer des projets. Impact n°6 / Septembre 2014 / 99 VIE PRATIQUE Kinshasa revisitée > Photo : MVDB Vous voulez découvrir le patrimoine architectural de Kinshasa ? Impact vous invite à (re)découvrir quelques sites remarquables de La Gombe, à l’occasion de la publication récente d’un guide sur le sujet... L'âge d'or de Kinshasa... Le jeu impressionnant de plaques de cuivre du hall de la salle de conférence du ministère des Affaires étrangères, reflète l’essor économique du pays à la fin des années soixante… C e guide co-édité par l’ULB (Faculté d’A rchitecture) et le CIVA (Centre International pour la Ville, l’A rchitecture et le Paysage) dans la collection Villes et Architecture, est le fruit d’une riche collaboration entre l’ULB et le Congo, louée par le président de la Société des Architectes du Congo, Claudien Mulimilwa. Il fait suite à un important inventaire de quelque 400 sites et bâtiments repris sur une carte réalisée à l’occasion du sommet de la francophonie en novembre 2012. Des historiens, des urbanistes, des archivistes, des paysagistes, tant belges que congolais, ont pris part à ce projet de recherches urbanistiques de la ville. Il a nécessité l’étude de nombreuses archives. D’une lecture très agréable (courts chapitres fort bien documentés, constituant chacun des clés de lecture ; nombreuses cartes et propositions de parcours dans la ville par quartiers), cet ouvrage, abondamment illustré, comble un important vide et en réjouira plus d’un désireux de découvrir cette ville «lieu de vie qui s’écoule avec la même puissance que le fleuve qui l’a enfanté» (p.9). Il se veut également un outil destiné à sensibiliser les décideurs politiques afin qu’ils assurent la sauvegarde du patrimoine architectural de Kinshasa, cette «ville plurielle, creuset de relations nord-sud, animée par diverses communautés africaines» (p.32) qui peut se targuer d’un riche passé tant historique, que social, politique et économique. Ce guide invite donc à s’interroger sur ce passé et à y puiser pour rechercher des solutions à son développement en particulier sur les questions de transports ou de tourisme. Mais face au «building boom» auquel est confrontée la ville aujourd’hui, «Il n’y a pas de temps à perdre» : une vraie politique du patrimoine est urgente tant au niveau de sa réappropriation, de sa reconnaissance, de sa valorisation et sa sensibilisation » (p.38). L’ouvrage, accompagné d’une bibliographie récente et d’un glossaire, aborde également l’autre rive en se penchant sur les relations entretenues par Kinshasa avec sa voisine Brazzaville. Nicole Gesché, historienne de l’Art Un ouvrage de référence Ceux qui veulent en savoir plus sur le patrimoine de la capitale sont invités à consulter le guide d’architecture « Kinshasa » (Collection Ville et architecture, Ed. CIVA, Bruxelles, 2013), mais également l’ouvrage « Kinshasa. Architecture et paysage urbains », publié en 2010, regroupant 150 sites d’architecture coloniale répertoriés. Cet ouvrage financé par l’AFD s’était appuyé sur les recherches de divers experts belges du domaine et a servi comme document de référence pour le nouveau guide. Il est consultable à la bibliothèque de l’Institut français-Halle de la Gombe. 100 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 101 Kwa n go teu r BARU M BU Av. du Immeuble commercial ex Galerie du Fleuve (A3) (6) Av. de l’Equateur. Bâtiment de «style éclectique», habillé de colonnes décoratives, contre lequel réagira le «modernisme tropical». (ca 1920) Aviatio n es Arm ée s Avenu ed Un Av en ue Av de en sN u a ed Bo ule eL em va Av rd en er Co ue a lon Uv ira el Ts ha ée nt Va ll u Po ed nu ve Ave nu se ba Ka olo Kong Av. de apanga K e Av. d Kindu b le s ama Infl des nue ala Ave ham Ts le e taga Rue I Av en ue du Co lle c aio de S idamo e Rue d uple www.impact.cd Bralima Rue d du Pe www.impact.cd Immeuble Forescom (A3) (5) Remarquable immeuble d’angle en « style paquebot ». Il fut en son temps le premier building de l’Afrique centrale, une fierté de Léopoldville. Arch : R. Fostier, 1945-1946 (en restauration). ue Aven ue Aven alo e Kab Gala S itega ama it e Buk e de Kikw Ru Eglise du Christ-Roi (A2) (4) Av. Colonel Lukusa. Un des plus anciens bâtiments de Kinshasa. Ce temple protestant témoigne de la présence précoce au Congo des missionnaires baptistes. 1915. sa la Av. de go u é 102 / Impact n°6 / Septembre 2014 Poste centrale (A3) (3) Bvd du 30 Juin. Bâtiment associant classicisme (porche monumental) à des recherches modernistes (rigueur générale et volumes d’angle vitrés). Arch. L. Verschuere, 1949-1952. A e Kilo Rue d Clinique kinoise (B2) (2) Av. des Cliniques. Très remarquable édifice moderniste en partie sur pilotis. Façade composée et articulées par des dispositifs climatiques. Arch. A. Van Laarhoven, 1953-1954. aga Rue It Rue d eK arch du M latea ue Aven u -Vub Kasa illage du V gion a Re KINSHASA Av. de T abo de K ra aba lo u en Av a Ruak Rue d cole de l’É e Rue d a Kigom uP Av. d ue Aven Ru ue Aven ma odo e de D ta ke u bom Rue M el Av. d nt Mo e ushie Serge nde e Boe Rue d Titul Ru de M Ambassade de France (B2) (1) Ancienne maison du directeur de la Société textile africaine Texaf, cette demeure de prestige érigée entre 1925 et 1928 a été rénovée de façon élégante avec quelques ajouts modernes… S ci e n c e ue Aven l Rai gele de N Rue imaya e de L Kutu ne olo C e on lM de ba dji Rue Ave nue d e la LINGWALA ue Aven Utexafrica Ru ue Aven Tractafric Ambassade de France u bom e de M Rue d ga Wan 1 a tag Rue I oero e la M Rue d ua ue Aven mbu Avenue Mbo re mb ove e e la Gomb Avenue d Kato Rue d Rue dingi oko Kato Av. de owa e la L e Luv Rue d i a shuap e la T ue Aven u Bo ue Aven t Mon Ave Arts tie cra e a ux e du u Aven a t a y Bo a Ruak o Dém de la Co t bu um e eP tic u Jus n en v a l A Ju i de fu 0 e be u 3 en Lu u v e A u dd en i tu Av ar eD n e w v M e u n Ave le n 24 du ue en Av q Cli n i Av A venue des en ue de Av l’ U en ga n ue da de s ue ue Aven dingi gan i Bas saï u Ka Av. d 2 Golf de Kinshasa e Avenu H 20 ue Aven ading uak nue R des arché on as-C Av. B Hôpital de Ngaliema du an ki M Av. du le Grand Hôtel Kinshasa u ard lev u B21o Av. Nio 16 l’Éco en Av e t ic us e ue d Aven Palais de Justice aJ el ed 3 ce rovin ue P Aven e Av usa L uk gion a Re Hôtel du Fleuve Congo re Pè 22 i B 17 e nu ka Bo n B as-Co Juin e du B 0 l u 3 n e e n v o u l o C A Av. Lt. rd d uleva o B eya l. Eb13 30 Juin u tunu ue Co d u n L e d v r u A a ngo e fum ut-Co tic Boulev Av. M n i us du Ha u . J J v A 0 la 3 de du Hôpital Général d ue r n a e v de Kinshasa Av e l u aye b l a H b m Bo Av. To n i Ju 30 4 el Av. d 12 o kit eO 18 A i 30 Ju u d vard oule ngo GOMBE 8 19 is Avenue Go ma an ng is a eK nu ve hi ts Lem era la P a i x la s- emie ue Kal Aven ie Gare centrale Kin-Est 10 des A viate urs 9 a Bang Ave nue de Avenue Kale m v. de SCPT gare fluviale K ue en Av Av. t in po m nd sco o e R r Gecamines Fo A 4 15 Aven ue 5 e de Lemera enu Av u en Av n tio 14 Gare maritime 11 7 6 Le grand port i es A île aux pierres 3 Dumi 2 fle uv eC on go 1 Aven ue Bok ango Ur Cada banism du Pr e stres ogrès Epo Ess lo and ja Titre s Fon ciers La Gombe sous la loupe Pour illustrer le patrimoine architectural de Kinshasa, nous avons puisé dans le guide d'architecture «Kinshasa» récemment publié. Il s’agit d’un échantillon de quelques bâtiments intéressants que nous vous recommandons de voir. Pour des raisons pratiques nous nous sommes limités à une sélection dans la commune de La Gombe, mais il est évident que l’ouvrage est plus exhaustif et va au-delà de ce périmètre. Immeuble de bureaux de l’ONATRA (A3) (7) Av. Wagenia. Bâtiment attestant des première années de l’urbanisation de Kinshasa. Très belles ferronneries de style Art Nouveau, 1912-1914. Gare centrale (A3) (8) Place de la Gare et Rue des Sénégalais. Bel exemple d’architecture moderne retenant l’attention par la rigueur de la composition cubique, horizontale et verticale. Impact n°6 / Septembre 2014 / 103 Couvent et église du Sacré-Cœur (A2) (12) Av. Père Boka. Elégante église néoromane, sur la même concession que l’actuel Lycée Bosangani, de style Art Déco, construit à partir de 1928. Tour Sozacom (A3) (9) Bvd 30 Juin. Très remarquable immeuble cherchant à concilier «fonctionnalisme» et «plastique» africaine. Arch. Claude Strebelle et André Jacqmain, 1969-1977. Paroisse Ste-Anne (A3) (10) Av. Isiro. Ensemble de bâtiments religieux en style néogothique dont la cathédrale (Arch. frère R. Reygearts, 1913-1914) et une remarquable résidence pour religieux et visiteurs. Arch. P. Dequeker, 1970. Palais de la Nation (A1) (11) Av. de Lemera. Ancienne résidence du Gouverneur général, aujourd’hui bureau du Président de la République. Edifice qui clôture une perspective urbaine structurant tout le quartier autrefois dénommé «Kalina». Supermarché Michael-African-Lux (A3) (13) Pl. du Marché. Edifice comptant parmi les plus anciens commerces de Kinshasa. Coupoles orientales. Arch. Ernest Callebout, 1925. Casino Bingo Royal (A3) (14) Av. de l’Equateur. Intéressant édifice agrémenté d’une façade rappelant l’architecture portugaise (fronton) et bel espace intérieur (mezzanine, colonnes), 1925-1928. Min. du Portefeuille (A3) (15) Av. Wagenia. Architecture au modernisme classicisant. Auvent monumental et larges claustras. Arch. M. Houyoux, 1949-1953. 104 / Impact n°6 / Septembre 2014 Maisons «Cape Dutch» (A3) (16) Av. Tombalbaye, angle av. Kasaï. Etonnant lotissement de maisons à fronton hollandais, 1925-1930. Ministère des Affaires étrangères (A1) (17) Place de l’Indépendance. Dans cet ensemble de bâtiments modernes, on retient la grande salle aux formes audacieuses qui allient béton brut, wenge et cuivre. Esthétique et acoustique réussies. Arch. E. Palumbo et M. Tolleri, 1963-1973. Ministère de la Fonction Publique (A1) (18) Av. des Héros nationaux. Ensemble monumental moderniste classicisant avec dispositifs climatiques. Arch. J. Genet, 1954-1955. Clinique Ngaliema (B1) (20) Av. des Cliniques. Derrière l’ensemble des pavillons de l’ex-hôpital Reine Elisabeth, attestant d’une architecture «hygiéniste», on découvre ce brillant édifice Art Déco. Immeubles Sabena (B2) (21) Bld du 30 Juin. Ces deux tours « ex-Sabena » sur pilotis rappellent Le Corbusier et demeurent une des meilleures expressions du modernisme tropical. Arch. Claude Laurens, 1952-1954. Collège Boboto (A2) (22) Croisement Av. Kisangani et Av. Pierre Boka. Bâtiments scolaires, ex-Collège Albert Ier. Plusieurs sont de «style paquebot», dont le remarquable centre culturel éponyme (ici). Arch. E. Popijn, 1938-1947. Min. des Transports (A3) (19) Bld du 30 Juin. Colossal immeuble au modernisme classicisant. Arch. A. Van Ackere, 1952-1955. www.impact.cd Article réalisé en collaboration avec la Faculté d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Crédits photos : ULB, Institut Supérieur d’Architecture et d’Urbanisme de Kinshasa (ISAU), Martin van der Belen, archives. VIE PRATIQUE www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 105 VIE PRATIQUE Les élections des conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) Ce scrutin proportionnel à un tour, à la plus forte moyenne, était organisé dans quinze circonscriptions. 42 listes avaient été enregistrées. 242 conseillers consulaires étaient candidats à ces élections. Les élections ont été organisées dans les 15 bureaux de vote ouverts dans les chefslieux de circonscription électorale. 422 électeurs ont voté, soit un taux de participation de 95% ; 40 votes étaient blancs ou ont été déclarés nuls. Au total, 382 suffrages ont été reconnus valides. Les 37 conseillers consulaires de la circonscription électorale «Afrique centrale, australe et orientale» à laquelle est rattachée la RDC, ont élu à Libreville le 22 juin dernier, 5 des 90 conseillers de l’A FE (33 suffrages exprimés). Les élus, dans l’ordre de présentation des listes, sont : - M. Bruno Dell’aquila (5 voix) - M. Jean-Danier Chaoui (9 voix) - M. Hervé Serol (9 voix) - Mme Marie-Philippe Giraud (10 voix) - M. Hervé Fraslin (10 voix) verts dans le monde ; dix jours avant la possibilité de se rendre dans l’isoloir, un portail de vote par internet avait été ouvert, pendant six jours pleins. 1.130.000 électeurs sont inscrits sur les listes électorales consulaires. Parmi eux, 185.000 ont participé à ces élections, soit un taux de participation de 16,5 % : 80.000 électeurs ont choisi le vote par internet, soit une participation de 7,08% et 105.000 électeurs ont préféré le vote traditionnel, en personne ou par procuration, soit 9,39 %. Les résultats de l’élection dans la circonscription de la RDC sont les suivants : - Nombre d’électeurs inscrits : 1.553 - Nombre de votants : 316 - Nombre de votes blancs : 8 - Nombre de bulletins et enveloppes nuls : 5 - Nombre de suffrages exprimés : 303 Suffrages obtenus, sièges obtenus et élus : - Liste Union pour la France en RDC : 211 (2 sièges) M. Jean-Claude Olivie Mme Madeleine Katende Tshikunda AP RDC A5H-2012:AP RDC A5H-2012 13/12/12 18:21 Page1 - Liste Français Solidaires en RDC : 92 (1 siège) Mme Michelle Mwenetombwe Les élections consulaires et européennes Jean-Pierre Guegan L’année 2014 aura été pour les électeurs établis hors de France une année riche en élections. En effet, en mai et juin il y a eu trois rendez-vous avec les urnes. Les élections des conseillers consulaires Le nouveau dispositif de représentation des Français de l’étranger est désormais constitué de deux niveaux de représentants, en plus des douze sénateurs et onze députés déjà existants. 106 / Impact n°6 / Septembre 2014 • 443 conseillers consulaires (auxquels s’ajoutent 68 délégués consulaires pour l’élection des 12 sénateurs) ; • 90 conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), élus par les conseillers consulaires en leur sein. 442 conseillers consulaires ont été élus les 24 et 25 mai 2014 (aucun candidat ne s’étant présenté dans la circonscription de Kiev, le siège prévu en Ukraine n’a pas été pourvu). Dans les 108 circonscriptions à scrutin de liste, 346 listes avaient été enregistrées ; dans les 21 circonscriptions à scrutin uninominal majoritaire, 98 candidats s’étaient présentés. Au total, 2.968 Françaises et Français étaient candidats à ces élections consulaires. Pour l’élection, 482 bureaux de vote ont été ouwww.impact.cd Assister les gouvernements et les institutions internationales dans la facilitation des échanges commerciaux pour Protéger le consommateur en matière de sécurité et d’environnement Assurer le respect des réglementations en vigueur et la conformité des marchandises aux spécifications contractuelles Mettre à disposition un outil performant de suivi et de gestion du commerce extérieur http://verigates.bureauveritas.com *Avançons en confiance Les élections européennes Les élections européennes ont eu lieu le dimanche 25 mai. Les 1.063.551 électeurs inscrits sur les listes électorales consulaires (1.389 à Kinshasa) ont pu se prononcer pour désigner les représentants parlementaires de leur choix. Tous les électeurs de l’étranger étaient rattachés à la circonscription « Ile de France et Français hors de France » qui présentait 31 listes de candidatures pour 15 des 74 sièges français au Parlement européen. Pour en connaître les modalités, nous vous invitons à nous contacter. Bureau Veritas / BIVAC RDC avenue des Etoiles 22 09 - La Gombe Kinshasa – République Démocratique du Congo Tél. : + (243) 09 90 03 69 10 / 11 Bureau Veritas - Services aux Gouvernements & Commerce International 67/71 Boulevard du Château - 92200 Neuilly-sur-Seine - France Tél. : +33 1 55 24 77 65 - Fax : +33 1 55 24 70 40 - gsit@bureauveritas.com www.impact.cd www.bureauveritas.com/gsit n°6 / Septembre * 2014 / 107 Move Forward withImpact Confidence VIE PRATIQUE Pas de lézard au Gekko’s Non, aucun souci, que de bonnes surprises vous attendent en poussant la porte de ce restaurant ou plus exactement de « ces » restaurants. C onnue à l’origine pour ses seuls sushis, l'offre se diversifie pour proposer un éventail de plats traditionnels et même innovants. Les cinq chefs s’expriment en fonction de leur talent. Avant de consulter les cartes, intéressons nous à l’histoire. Comme toute aventure humaine, celle-ci est extraordinaire. Une famille veut créer une affaire. Lui, Stephen Beebee, sélect et avenant comme seuls savent l’être les hôtes britanniques, est un gestionnaire. Sa femme, Nathalie Blattner, a suivi une formation de haut niveau en restauration. Très attirée par la nouvelle cuisine moléculaire et cryogénique, elle veut faire partager sa passion. Par où commencer ? La réponse est donnée par Michael Douglas. Vous avez bien lu, Michael Douglas alias Gordon Gekko, dans le célèbre film «Wall street». Le héros du film s’associe avec Charlie Sheen pour vendre des sushis qu’ils fabriquent Un Vodka Martini au «shaker pas à la cuillère» Contacts 9, avenue Kauka, Gombe Tél.: +(243) 97 00 02 681 +(243) 82 00 04 200 sbeebee@gmail.com www.gordonsgekkos.com à l’aide d’une machine mécanique actionnée par une manivelle. Voilà l’idée recherchée. Il faut proposer un concept de restauration rapide à base de sushis. Le couple se précipite sur internet et veut retrouver cette machine. Elle existe toujours, mais en vingt ans, elle a bien évolué. Entièrement électronique, elle fabrique, dans une hygiène parfaite et à une vitesse surprenante, les sushis que vous dégustez. Le nom du restaurant rend hommage au personnage du film qui a tant contribué au démarrage du projet. En Afrique, on trouve ces petits lézards sympathiques appelés geckos. L’idée d’un jeu de mot entre le personnage du film et le nom de ce petit animal, est naturellement venue à l’esprit. Ce sera le Gekko’s avec la silhouette du lézard comme emblème. Dans un premier temps, la réhabilitation des locaux est une priorité. Plus de deux ans de tra- Photos : Bernard Poudevigne Le chef adjoint Marvin Lattrez Et bientôt le Gordon's 108 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd vaux sont nécessaires. En février 2013, le Gekko’s ouvre ses portes et offre un service de livraison à domicile. Le succès n’est pas tout de suite au rendez-vous ; pour cela il faudra attendre octobre 2013. Mais cette période permet de roder le concept et surtout de former les serveurs. Avec le succès constaté, il convient d’offrir une alternative à la clientèle qui préfère une cuisine plus traditionnelle. En janvier 2014, une deuxième carte est alors proposée, c’est « la Terrasse ». Mais poursuivons. Bientôt, dans un cadre extrêmement raffiné, Nathalie Blattner et son chef français, Marvin Lattrez, vont recevoir les amateurs d’une cuisine innovante et très haut de gamme. Rendez-vous au Gordon’s, pour garder une référence au film, avant la fin de cette année. La quête de la perfection culinaire ne s'arrête pas là. Dans une salle privative au décor étudié, le nec plus ultra est déjà pensé. Ici, pas de carte, vous prenez place pour un moment de pur plaisir gustatif. Une variété de plats vous est servie avec une sélection de vins. Vous vous laissez initier à l’art de la table. Si vous le souhaitez, ce même service est disponible chez vous. Impossible de conclure sans parler du mariage des mets avec les vins. La carte proposée est essentiellement composée de vins français et sud-africains. Bientôt un tour du monde des meilleurs vins sera présenté. Le personnel, formé à cet effet, vous conseillera pour que votre soirée soit vécue comme un moment de bonheur mais aussi de découverte. Que ce soit les sushis qui vous attirent ou l’envie d’une cuisine gastronomique, poussez la porte du Gekko’s et laissez vous surprendre. Bernard Poudevigne «Entrez» ! Stephen vous attend vos idées comme jamais imaginées ... .Applications .Web & Technologie .Imprimés .Multimédias .Campagnes de com .Design d’espaces +243 (0) 82 1418 466 +243 (0) 81 3766 223 idea@secretary.net www.idea.cd CARNET t! n e v ils arri ils partent... - Premier conseiller : M. Jean-Charles ALLARD succède à M. Olivier HUOT, nommé premier conseiller à l’ambassade de France à Bogota, en Colombie ; - Attaché de coopération éducative : M. Patrick DEMOUGIN succède à M. Alain MASETTO, nommé attaché de coopération à Kaboul en Afghanistan ; - Proviseur du Lycée français René Descartes : Mme Emmanuelle DAILLANT succède à M. Maurice DEMAILLY ; - Conseiller de santé régional : le Dr Hélène DEGUI succède au Dr Jean-Pierre Lamarque, nommé conseiller de santé à Dakar, au Sénégal ; - Attaché de sécurité intérieure : le colonel Pierre GAZAN, colonel de gendarmerie à l’Etat-major de la gendarmerie de la région PACA, succèdera au colonel Philippe LEDOUX ; - Conseiller du ministre de la Fonction publique : M. Michel CHAMPREDON succède à M. François BEHUE, nommé conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France à Bangui en République centrafricaine ; - Chef du projet SESAM : départ de M. Gérard Foucault suite à la clôture du projet ; - Chef de projet FSP Appui à la maîtrise et à l'usage du français en RDC : départ de M. Johann Robinet, nommé attaché de coopération à l’ambassade de France au Kenya ; - Directeur-adjoint de l’Agence française de développement (AFD) : M. Philippe Bosse succède à Mme Virginie LEROY ; - Chargé du secteur privé à l’Agence française de développement (AFD) : M. Marino PREKA succède à Mlle Clara ARNAUD. 110 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 111 COLIN DELFOSSE AGENCE FRANÇAISE POUR LA PROMOTION DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, L’ACCUEIL ET LA MOBILITÉ INTERNATIONALE PHOTOGRAPHIES SORCIERS DU RING & CATCHEURS CONGOLAIS LES Réussir vos études en France c’est d’abord faire confiance à Campus France, pour vous aider à trouver votre formation et à préparer votre séjour. QU’EST–CE QUE LE CAMPUS FRANCE RDC Le Campus France RDC est l’interlocuteur unique des étudiants congolais et étrangers résidant sur le sol Congolais, désireux de poursuivre leurs études supérieures en France. Il est le point de départ de tout projet d'étude en France et constitue un passage obligatoire pour effectuer toute demande de pré-inscription auprès d'établissements d'enseignement supérieur français et réaliser les démarches préalables au dépôt d'une demande de visa pour étude. SES MISSIONS > Il a pour mission d'informer les étudiants sur les études en France et de les orienter dans leur recherche > D'organiser la procédure Campus France, d'évaluer la motivation des étudiants, leur projet pédagogique et la cohérence entre leur parcours et leur projet d'étude. > Il met à leur disposition les outils qui leurs permettront de définir leur projet d'étude et de construire leur parcours de réussite. LE PUBLIC CIBLÉ L'Espace Campus France de Kinshasa s'adresse à tous les Congolais ou étrangers (non ressortissants de l'Union Eu112 / Impact n°6 / Septembre 2014 ropéenne) résidants en RD Congo (étudiants ou personnes déjà en activité) qui : > Souhaitent obtenir une pré inscription en France > Ont déjà obtenu une pré inscription en France > Sont des bacheliers français > Sont boursiers > Partent dans le cadre d'un échange > Ont fait leur procédure Campus France dans un pays étrangers et souhaitent demander un visa depuis la RD Congo DU 19 SEP > 18 OCT 2014 www.rdc.campusfrance.org Cef3.kinshasa@gmail.com Tel :(+243)84 39 64 803 (+243)81 51 55 228 Facebook : rdccampusfrance VERNISSAGE VENDREDI 19 SEPTEMBRE 2014 18H 30 // SALLE D’EXPOSITION SPECTACLE DE CATCH // 20H // GRANDE HALLE ENTRÉE LIBRE www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 113 pub agb 114 / Impact n°6 / Septembre 2014 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°6 / Septembre 2014 / 115 Découvrez les nouveaux forfaits Internet Orange. 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